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Selon les derniers chiffres de l’INSEE66 le niveau de vie médian est de 19  740 euros annuels en France métropolitaine67 et 13,9 % des personnes se situeraient en deçà du seuil de pauvreté (987 euros mensuels). Ce chiffre était de 19 % en 1970. Un enfant sur cinq en France vit sous le seuil de pauvreté.

Il faut noter que les informations utilisées pour mesurer les niveaux de vie et la pauvreté ne couvrent pas toutes les populations de France métropolitaine. S’agissant en effet de données fiscales, les personnes sans domicile fixe ne sont pas comptabilisées dans ces statistiques68, de même, pour d’autres raisons, que les personnes vivant dans des maisons de retraites, prisons, couvents. Ces personnes sont généralement parmi les plus pauvres.

L’INSEE estime entre 100 000 et 500 000, le nombre de personnes pauvre non comptabilisées pour ces raisons, soit entre 1 et 5 % du nombre total des personnes pauvres.

Pour autant, la pauvreté dite « monétaire » ne représente pas la seule estimation de la pauvreté, car on ne vit pas exclusivement de revenus quantifiables. On est pauvre aussi lorsque l’on ne peut pas atteindre certaines normes de confort ou de consommation, et on en viendra à parler de pauvreté en conditions de vie, dont la mesure objective est complexe.

Qu’il s’agisse d’endettement, de retards de paiement, de difficultés de logement ou de restrictions de consommation, l’INSEE a posé des questions très concrètes aux ménages consultés pour dresser des statistiques fiables. La pauvreté en conditions de vie, dépasse la pauvreté en niveau de revenus et englobe une large partie de la population.

Il faut aussi souligner que les inégalités s’additionnent : un récent avis du CESE69 pointait ainsi l’articulation entre inégalités sociales et inégalités environnementales et indiquait par exemple que les populations les plus pauvres étaient souvent les plus exposées à la pollution et aux risques sanitaires qui en découlent. De même, les populations les plus fragiles sont aussi les victimes de la fracture digitale du pays : éloignées des facilités du numérique et d’internet, elles peinent à sortir de l’isolement.

66 INSEE : enquête 2014 – Revenus fiscaux et sociaux (ERFS) et INSEE Première de juin 2015.

67 Le niveau de vie est, selon les normes définies par l’OCDE le revenu disponible du ménage divisé par le nombre de personnes (unités de consommation) que compte le ménage, selon des paramètres définis. On attribue une unité de consommation (UC) au premier adulte d’un ménage, ½ UC aux autres personnes de 14 ans ou plus et 0,3 UC aux enfants de moins de 14 ans.

68 Une enquête menée conjointement par l’INSEE et l’Institut d’étude démographiques (INED) a comptabilisé 141 500 personnes sans domicile e n France.

69 Avis du CESE, Inégalités environnementales et sociales : identifier les urgences, créer des dynamiques, P. Crosemarie, janvier 2015.

Carte 3 : Taux de pauvreté monétaire par région en 2011

Source : INSEE, Revenus disponibles localisés, 2011 La crise a été un accélérateur : entre 2008 et 2011, le nombre de personnes ayant un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté a progressé de près d’un million pour atteindre 8,7 millions en 2011, ainsi que l’illustre le tableau ci-après.

Tableau 3 : Taux de pauvreté et nombre de personnes pauvres de 2000 à 2011

Dans la même période, la pauvreté monétaire, touchait 16,9 % des habitants de l’Union européenne à 27 soit environ 84 millions de personnes qui se situaient, pour chaque pays, en dessous du seuil de pauvreté de 60 % du niveau de vie national médian. Ce taux de pauvreté masque néanmoins des disparités importantes les taux variant, selon les pays entre 9,6 et 23,1 %.

Dans un tel contexte et malgré des dispositions législatives protectrices70, le surendettement progresse. Les commissions de surendettement ont ainsi enregistré une moyenne de 223 700 dossiers annuels, ces dernières années71. L’étude menée par la banque de France note que les pertes et les dégradations d’emploi sont à l’origine directe de 23  % des situations de surendettement. Cependant, 50,1 % de surendettés sont sans activité professionnelle sans que cette situation soit à l’origine directe du surendettement.

Le niveau généralement modeste des revenus est en outre constaté dans la majeure partie des cas enregistrés. L’étude fait ressortir le caractère multi-causal du surendettement. Ainsi, la précarité, la pauvreté, la faiblesse des revenus, concourent à un endettement de nature mixte, combinant principalement des crédits à la consommation et des arriérés de charges courantes, notamment de loyers. Les données issues du baromètre trimestriel de la banque de France établit que l’endettement moyen se situe à 39 300 euros par dossiers72.

L’emploi ne représente plus une garantie absolue contre la pauvreté  : selon l’Observatoire des inégalités73, la France compterait entre un et deux millions de travailleurs pauvres en fonction des définitions adoptées et un million de salariés exerçant un emploi

70 Loi n° 2010.737 du 1er juillet 2010 portant réforme du crédit à la consommation.

71 Étude de la banque de France sur les parcours menant au surendettement, décembre 2014.

72 La moyenne n’est cependant pas un indicateur très pertinent.

73 Les travailleurs pauvres en France, 26 mars 2013.

qui disposeraient, après avoir comptabilisé les prestations sociales ou intégré les revenus de leurs conjoints, d’un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté. Ce phénomène touche, si l’on tient compte de l’ensemble des personnes constituant le foyer (conjoint et enfants compris) plus de 2 millions de personnes.

Ainsi, l’exercice d’une activité ne constitue pas une protection contre le risque de pauvreté74. La réalité de cette situation repose sur des situations diverses  : faiblesse des salaires (dans de très nombreux secteurs d’activité), temps partiel subi qui touche essentiellement les femmes, jeunes faiblement diplômés titulaires d’un emploi précaire, personnes alternant périodes d’activités ou de chômage. Les salariés ne sont d’ailleurs pas la seule catégorie sociale touchées par ces phénomènes : selon un rapport sénatorial75 les travailleurs indépendants, qui constituent 10 % de l’ensemble des travailleurs représenteraient 27 % des travailleurs pauvres et ils seraient de surcroit davantage exposés au risque de pauvreté que les travailleurs salariés (19,2 % contre 5,8 % soit 3 fois plus).