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2. PRINCIPAUX ENJEUX DE LA NAVIGATION COMMERCIALE

2.4 Considérations socioéconomiques

Cette section du chapitre présente l’importance du fleuve Saint-Laurent à l’égard de l’approvisionnement en eau potable, du dynamisme économique des villes portuaires et enfin, de la qualité de vie des communautés riveraines. Les informations révélées dans cette section complètent le portrait économique détaillé à la section 1.2 du chapitre 1, concernant l’importance de l’industrie maritime pour l’économie régionale et nationale.

2.4.1 Qualité et sécurité d’approvisionnement en eau

Le fleuve Saint-Laurent approvisionne en eau potable 40 % de la population québécoise et environ 80 % de la population du Québec est concentrée sur ses rives (MDDELCC, 2015a). Les fluctuations des débits et des niveaux d’eau ainsi que la pollution humaine de sources diverses représentent autant de menaces pour la sécurité d’approvisionnement en eau potable. La navigation commerciale représente une des nombreuses activités humaines qui en affectent la qualité, en raison notamment des déversements opérationnels et accidentels ainsi que de la remise en suspension de sédiments par le passage des navires. Les eaux usées municipales peu ou pas traitées rejetées directement dans le fleuve

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ainsi que les polluants acheminés par ses affluents s’ajoutent à la pollution engendrée par la navigation commerciale (Environnement Canada, 2006).

Malgré les efforts déployés par les autorités publiques et les armateurs pour prévenir tout déversement d’envergure, il suffit qu’un seul ait lieu pour compromettre l’approvisionnement en eau potable pour des milliers voire des millions de résidents. De façon régulière, le fleuve Saint-Laurent fait l’objet de plusieurs déversements ou fuites mineurs par les navires, tels que le rejet de mazout, d’eaux huileuses et de résidus de cargaison (Gerbet, 2015). Dans un contexte de protection de la qualité de l’eau, le caractère cumulatif des incidents attribuables aux navires et d'autres sources de pollution, tels que la contamination bactériologique et les rejets industriels, est non négligeable. Conformément à la Politique nationale de l’eau, l’eau à l’état naturel fait partie intégrante du patrimoine collectif québécois et sa qualité doit être assurée. C’est une question de santé publique. Les autorités publiques doivent donc veiller à ce que les activités humaines ne compromettent pas l’approvisionnement en eau potable par une gestion intégrée des sources de pollution, à l’échelle du bassin des Grands Lacs et du fleuve Saint- Laurent.

2.4.2 Dynamisme économique pour les villes portuaires et les municipalités riveraines

Le fleuve Saint-Laurent a joué un rôle primordial dans l’essor économique de l’Est du Canada. La région des Grands Lacs et du Saint-Laurent dessert le cœur industriel de l’Amérique du Nord et regroupe 55 % des industries de fabrication et de service du continent nord-américain (CGVMSL, 2007). La voie navigable joue un rôle stratégique clé dans l’approvisionnement des industries en matières premières, telles que le minerai de fer et le charbon pour la fabrication de l’acier (CGVMSL, 2007). Les secteurs agricole, forestier, pétrolier et minier dépendent du transport des marchandises sur le Saint-Laurent. Il s’agit du corridor de commerce le plus achalandé et le plus important au Canada (SODES, s.d.c).

Les dépenses d’exploitation de l’industrie du transport maritime s’élèvent à un peu moins de trois milliards de dollars, alors que celles associées aux dépenses d’investissement se chiffrent à 459 millions. Les dépenses d’exploitation du transport maritime supportent tout au moins 27 349 emplois et les dépenses d’investissement appuient la maintenance de 3 275 emplois. En 2011, le transport maritime et portuaire contribuait à la prospérité de 262 établissements. Les effets directs, indirects et induits des dépenses d’exploitation de l’industrie maritime se traduisent par une contribution au produit intérieur brut (PIB) de 2,3 milliards, à la valeur marchande de 2011. Les régions qui bénéficient le plus des retombées économiques, soit par le nombre d’emplois ou en production

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intérieure brute, sont dans l’ordre : Montréal, la Capitale-Nationale, la Côte-Nord, la Montérégie et le Bas-Saint-Laurent. Les ports de Sept-Îles et de Port-Cartier se situent par ailleurs dans la région administrative de la Côte-Nord. (Transports Québec et SODES, 2012)

Les villes portuaires s’avèrent attrayantes pour le milieu des affaires en raison de l’accessibilité aux ressources et aux marchés internationaux (Transports Québec et SODES, s.d.e). Le transport maritime est essentiel pour les régions riveraines du Saint-Laurent et « soutient des secteurs-clés de l’économie québécoise, tels que les papetières, les alumineries, les élévateurs à grains, les terminaux de conteneur, les sidérurgies et les raffineries de pétrole, dans leur approvisionnement ou leurs expéditions » (Transports Québec, 2015b). Qui plus est, il se révèle crucial pour de nombreuses industries exigeant de très grandes quantités de marchandises. Par exemple, le minerai de fer et le concentré servent à la composition de nombreux produits à usage courant et représentent près de 60 % des exportations sur le Saint-Laurent. Ce minerai provient notamment de la Côte-Nord et des usines de traitement se situant entre autres à Sept-Îles et Port-Cartier (SODES, s.d.d).

2.4.3 Qualité de vie et bien-être des communautés riveraines

Les rives du fleuve Saint-Laurent demeurent un attrait important pour la population. Que ce soit pour l’appréciation du paysage, les activités récréatives ou le dynamisme économique associé aux villes portuaires, cet important cours d’eau contribue grandement à la qualité de vie et au bien-être des résidents. Les citoyens des villes portuaires et des municipalités riveraines prennent part aux décisions affectant leur milieu de vie en participant aux séances du conseil municipal ou aux séances de consultation publique en vue de la réalisation d’un projet de l’industrie maritime. Ces mécanismes de démocratie directe octroient une tribune aux citoyens afin qu’ils puissent influencer le déploiement de l’industrie dans leur région. Par ailleurs, la participation citoyenne est un outil de plus en plus utilisé pour juger de la pertinence d’un projet et pour apprécier les impacts d’une activité sur le milieu humain (Caron-Malenfant et Conraud, 2009).

Le fleuve Saint-Laurent offre des opportunités de baignade, des sites de pêche, de kayak, d’observation, de marche, de marinas, autant d’usages à protéger au même titre que la navigation commerciale. Les projets de remise en état des berges par les comités Zone d’intervention prioritaire (ZIP), tel que celui mené sur la rive nord et de la rive sud du tronçon fluvial, confirme l’importance accordée par la population à la protection et à la mise en valeur de leur environnement (Comité ZIP Les Deux Rives, 2008). L’importance environnementale, sociale et économique du fleuve est tout simplement

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incontestable. Adoptée le 23 mars 2010 par les députés de l’Assemblée nationale, la motion visant à reconnaître officiellement le fleuve Saint-Laurent comme patrimoine national à protéger, à développer et à mettre en valeur fut accueillie de façon enthousiaste par les divers organismes de conservation (Stainier, 2011). Dans le même ordre d’idées, le fleuve est reconnu en tant qu’unité hydrographique d’intérêt exceptionnel à l’Art. 13 de la Loi affirmant le caractère collectif des ressources en eau. Cette reconnaissance politique traduit l’importance que revêt le Saint-Laurent pour la société québécoise. Au-delà du palier provincial, les municipalités riveraines, situées entre la frontière ontarienne et la ville de Trois-Rivières, ont signé la Déclaration des maires des municipalités riveraines au fleuve Saint-Laurent situées dans la zone d’influence des Grands Lacs. Cette déclaration se veut une façon de reconnaître l’importance du fleuve Saint-Laurent pour la prospérité des communautés riveraines et par le fait même, celle d’harmoniser les multiples usages en lien avec le cours d’eau. Les municipalités signataires ont identifié quatre enjeux prioritaires : l’eau dans les usages municipaux, l’accessibilité au fleuve, la protection des rives ainsi que le développement et le maintien du transport maritime. Il s’agit en quelque sorte d’un aveu politique confirmant l’importance d’harmoniser les impératifs économiques associés à la navigation commerciale aux enjeux sociaux, plus particulièrement de santé publique. (Ville de Montréal, s.d.)

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