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La recherche sous toutes ses formes amène différentes considérations éthiques. Bien que notre recherche s’inscrit dans un projet de recherche plus large, il est essentiel de mentionner quelques spécificités éthiques s’appliquant à notre mémoire, notamment puisqu’il se déroule en contexte autochtone.

4.1.1 Consentement libre, éclairé et continuel

Bien entendu, l’aspect du consentement est essentiel dans la réalisation d’un tel projet (Gauthier, 2009). Sammy avait accepté de manière volontaire de participer aux précédentes recherches. Par ailleurs, dans les formulaires de consentement distribués pour le projet LÉÉO, il était indiqué que les données pouvaient être réutilisées par des étudiantes et étudiants de la maitrise ou du doctorat sous la direction de la professeure en charge du projet. Le projet, s’imbriquant dans le projet LÉÉO, a été accepté par le comité éthique de l’Université de Sherbrooke (Annexe F).

Malgré le fait que ces formulaires de consentement ont été signés par Sammy, nous lui avons fait parvenir un courriel (Annexe B) afin de lui demander si elle acceptait de participer à notre projet de recherche. Lorsqu’elle a répondu de manière affirmative à cette demande, nous avons organisé une rencontre téléphonique afin de discuter plus en profondeur avec elle des modalités que prendrait le projet de recherche. Sammy a été contactée à quelques reprises afin de réitérer son acceptation d’être la pierre angulaire de ce projet (gouvernement du Canada, 2014). Ces réitérations se sont majoritairement faites par le biais de rencontres en personne dans les moments où nous nous rendions dans sa communauté pour les activités en lien avec le projet

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LÉÉO. Son consentement est libre, éclairé et continuel. Elle a également consenti à ce que les données du projet LÉÉO soient réutilisées dans le cadre de ce projet.

4.1.2 Justice

Pour nous assurer de son approbation jusqu’à la fin, mais surtout dans une optique de justice et dans le but de donner à Sammy la place qu’elle mérite dans notre mémoire, nous l’avons contacté par courriel afin de lui demander de valider une version initiale du récit phénoménologique et sa version révisée. En plus de nous servir d’instrument de validation, nous voulions nous assurer que Sammy avait un droit de regard sur ce que nous présentons comme résultats dans ce mémoire. Nous lui avons demandé de commenter et de corriger le récit selon ses impressions (Annexe C). Nous avons respecté chacune de ces demandes et fait les modifications nécessaires. Cette validation a aussi permis d’enrichir considérablement le récit et de rapporter, le plus fidèlement possible, les propos de Sammy.

4.1.3 Appellation et orthographe appropriées

Le fait de travailler avec une membre d’une communauté autochtone nous a poussée à nous questionner sur les appellations et les orthographes appropriées. Dans notre mémoire, nous avons, lorsque cela était possible, préféré le terme Premières Nations à celui d’autochtone. En effet, ce terme est plus spécifique puisque le terme autochtone ne fait pas de distinction entre Premières Nations, Métis et Inuit : « [m]ême s’il est utilisé couramment, surtout dans les médias, le nom propre Autochtone devrait être évité. Le mot peut cependant être employé comme adjectif. Ainsi,

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on parlera des "peuples autochtones" plutôt que des "Autochtones". » (Simeone, 2015). Par ailleurs, nous avons demandé à Sammy, toujours par courriel (Annexe C) quelle était l’appellation qu’elle préférait que nous utilisions lorsqu’il était question d’elle. Viau (2015) a fait état que si les Euro-Canadiens avaient choisi d’appeler les Premières Nations du Nord-Ouest québécois les Algonquins (qui signifie littéralement « nos alliés »), les membres de ces communautés préféraient aujourd’hui l’appellation Anishnabeg, Anishinabeg ou encore Anicinapek (qui signifie littéralement « les êtres humains »). L’énoncé de politique des trois conseils sur l’éthique de la recherche avec des êtres humains (gouvernement du Canada, 2014) prône la mise en œuvre de cette validation dans le processus de recherche. Comme lors de nos brefs passages dans la communauté de Sammy et au fil des différentes lectures effectuées dans le cadre de notre mémoire, nous avons relevé de nombreuses orthographes correspondant aux membres des communautés du Nord-Ouest québécois, nous avons donc pris l’initiative de demander à Sammy de quelle manière elle souhaitait qu’on la désigne dans notre écrit et nous lui avons aussi demandé quelle orthographe elle souhaitait qu’on utilise pour cette appellation. Elle nous a demandé de parler d’elle comme d’une « anicinape » et de spécifier, en début de travail, la phonétique du mot pour guider les lecteurs. C’est avec plaisir que nous avons répondu à sa demande.

4.1.4 Anonymat

Nous avons choisi de ne pas anonymiser notre mémoire. Cette décision s’est prise, évidemment, avec le consentement de Sammy qu’elle nous a transmis par courriel (Annexe D). Ce choix, qui peut sembler contre-intuitif, nous a paru essentiel pour la portée et les retombées de notre recherche. En effet, un des biais de notre recherche, sur lequel nous reviendrons dans la

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section discussion, explique ce choix. Notre travail de recherche consiste à faire état du parcours d’une enseignante engagée dans son processus de développement professionnel. Faire la valorisation de certaines actions qui sont mises en œuvre en éducation dans le contexte autochtone est, pour nous, un enjeu important. Nous avons pensé que nommer l’enseignante et ne pas anonymiser le travail rendrait justice de manière plus concrète à son travail. Ce choix est en adéquation avec nos différents objectifs de recherche. Nous tenons à rapporter que sa réaction à notre demande de la nommer dans notre mémoire a été d’exprimer que si son travail pouvait aider d’autres enseignantes et enseignants, elle serait ravie que le mémoire ne soit pas anonyme.

Ces quelques considérations éthiques nous permettent maintenant d’expliciter le travail d’analyse des données qui a suivi le regroupement des données.