• Aucun résultat trouvé

B) Exposition thématique des entretiens

4. Thème IV : vivre avec sa douleur

4.2. Conséquences de la douleur

4.2.2. Conséquences sur la vie sociale

H3 « Je ne peux même pas m’exprimer pour sortir mes mots »

4.2.Conséquences de la douleur

4.2.1. Conséquences sur la santé

Conséquences sur la santé

Handicap F1, H1, H2, H6

Insomnie H2, H4, H5, H6

La douleur a déréglé la vie de quelques répondants. Des activités physiques et sociales simples sont devenues difficiles voire impossibles à réaliser.

H1 « Je ne pouvais pas me lever suite à une sciatique »

H6 « Bon, c’était un handicap par rapport aux copains, je ne pouvais pas faire comme eux »

Un besoin naïf mais essentiel, le sommeil s’est vu altéré, pour d’autres.

H5 « J’ai eu très mal, je n’ai pas pu dormir »

H6 « Lance un tout petit peu de temps à autre, surtout pendant la nuit que je dors »

4.2.2. Conséquences sur la vie sociale

4.2.2.1.Conséquences sur l’entourage familiale

a) Compréhension de la douleur par l’entourage familial

Compréhension de l’entourage F1, F2, F3, H1, H2, H6 Incompréhension de l’entourage H1, H2

Les interviewés ayant vécu la compréhension de leur entourage ont exprimé les notions suivantes : relativisme, empathie, conseils, prière, signification de la douleur, analogie à son vécu, encouragement et présence physique.

Les motifs d’incompréhension ont résulté du repli sur soi, pour quelques interviewés. L’absence de communication et l’absence de descendance ont formé les raisons de cette incompréhension.

b) Aide de l’entourage familial face à la douleur

Aide F1, F2, F3, H1, H2, H6

48 Pour certains répondants, l’agir des proches est surtout vu à travers la compensation du handicap et tentative de soulagement du souffrant par le biais de la prière ou d’aides diverses.

F3 « Oui quand on a mal, là j’ai mal au pied, ils prient pour moi comme ça, quand ils font leurs prières, ils prient pour moi »

H2 « Je suis venu ici à *13, c’est * qui gérait mes dossiers tout ça et elle m’a beaucoup aidé sur ma vie aujourd’hui, si je dis grâce à Dieu, c’est grâce à elle que je suis là bien portant, que j’essaye d’oublier des trucs car elle m’a beaucoup, beaucoup ! »

H6 « C’était des douleurs que je ressentais tellement fortes que moi-même pour me rhabiller, c’était ma fille qui me rhabillait à l’époque, mais tout a disparu »

Cependant certains interviewés ont exprimé un sentiment d’impuissance ressenti par les proches.

Nous avons observé que pour H5 la famille n’agit pas, les raisons de cette passivité n’ont pas été explicitées.

H5 « La famille fait rien »

c) Partage de la douleur avec l’entourage familial

S’isoler F1, H1, H2, H3, H5

Partager F2, H6

Certains répondants se sont isolés de leurs proches par un repli sur soi mais aussi dans le but de les épargner.

H3 « Ils n’ont pas à le savoir, ce que nous, on connaît ici, ils ne le connaissent pas là-bas, ils ne veulent pas aller à l’hôpital » ;

H5 « Ils ne m’ont pas dit ça [l’origines des douleurs de ses proches] »

La famille était un maillon de vie essentiel pour eux. Ne pas exprimer la souffrance permet de préserver le partage, le dialogue. Néanmoins, le partage de la douleur a pour H6 renforcé les liens familiaux.

La distance physique par rapport à la famille restée dans le pays d’origine participait au repli sur soi, pour quelques migrants.

d) Médecine recommandée par les proches face à la douleur

49 Médecine traditionnelle F1, F3, F4, H1, H2, H5, H6

Médecine moderne F1, F3, F4, H1, H2, H3

L’entourage familial a préconisé dans des proportions sensibles les deux médecines (Cinq des huit personnes).

H2 « Ils [les proches] vont avoir tendance à trouver des remèdes pour aider à soulager, à surmonter tes douleurs »

Cependant, seule la médecine traditionnelle a contenu une dimension préventive. e) Impact de la douleur sur les obligations vis-à-vis la famille restée au pays

Respect des obligations F1, F2, F3, F4, H3, H4, H5

Non-respect des obligations H2

Globalement, les obligations envers la famille restée dans le pays d’origine ont été reconnues par les participants comme la norme.

H4 « Non, non, même hier j’ai téléphoné à ma femme »

H5 « Si ça ne va pas, tu restes à la maison et si ça va aller, tu vas partir aux champs encore »

Ces obligations ont été aussi appelées « devoirs » pour signifier leurs importances. Par ailleurs, quand cette norme n’a pas été respectée, il en découlait de vifs regrets (H2).

4.2.2.2.Conséquences sur la sphère amicale

S’isoler H2

Aide H1, H2

Le repli sur soi était toujours présent, pour un répondant. Ce repli a fait suite à la peur du rejet par les amis. Dès lors que cette appréhension a été franchie (H2), elle a laissé la place à l’aide et l’empathie des amis.

H2« Je partais voir des amis le week-end et tout ça, maintenant je ne fais plus tout ça » ; « Parce que même moi j’étais au Sénégal il n’y a pas longtemps, je disais à mes copains, là j’ai mal je vais aller me reposer, là ils me comprennent, on va aller te déposer et on retourne » ; « J’ai eu des conseils des gens » ; « Eux [les amis] qui me raccompagnent, va te reposer »

4.2.2.3.Conséquences sur la sphère professionnelle

50 La moitié des intervenants, nous ont parlé d’interruption plus ou moins longue de leur travail à cause de l’irruption de douleurs. Le travail a été interrompu, adapté aux douleurs ou réalisé alors même qu’ils ont été préoccupés par la souffrance. Ce qui l’a rendu fastidieux.

F2 « Oui ça m’empêche [de travailler] »

H1 « Pour mon mode de vie, je me suis adapté, c’est là que je suis rentré dans la musique » ; « Ah dans une proportion sérieuse [rire], sérieuse, euh sérieuse [handicap par rapport au travail] !! »

4.2.2.4.Conséquences sur la vie intime

Amoureuse H1, H2

Sexuelle Altérée F4, H1, H2

Non altérée H6

Fertilité H1

En limitant les activités, les douleurs ont été source de conflits et d’incompréhensions dans le couple aboutissant à la séparation, pour une partie des interviewés.

H1 « J’ai été 10 ans en couple et la séparation est due à cela [aux douleurs] » ; « Oui, elle, elle s'est sauvée, elle »

H2 « Parce que j’étais marié et c’est à cause de mes douleurs que j’ai divorcé »

Sur le plan sexuel, la douleur a fréquemment limité l’acte ou le passage à l’acte, par gêne ou par appréhension. Cette contrainte avait une forte connotation négative chez les intéressés. Ce fait a été confirmé par le soulagement (H6) lorsque la contrainte n’a pas eu lieu.

F4« Parce que j’ai trop mal et je ne peux rien faire » ; « Non, ça me gêne, ça me dérange »

H2 « Suite à tes douleurs, tu es marié, tu fais plus l’amour pour ne pas réveiller tes douleurs » ; « Oui, pour exemple si je fais l’amour, il y a des positions que je ne peux pas même je ne peux plus maintenant » ; « Ou bien, si je vais le faire, je vais faire bien attention à ne pas réveiller les douleurs »

51 5. Thème V : Prise en charge de la douleur

5.1.Médecine moderne

5.1.1. Efficacité/ inefficacité de la médecine moderne

Efficacité F2, F3, F4, H1, H2, H3, H4, H6

Critères d’efficacité H1, H2, H4, H6

Inefficacité F1, F3, F4, H1, H3, H4

Les répondants ont analysé le couple efficacité/ inefficacité de la médecine moderne par le prisme thérapeutique.

La médecine moderne soulageait leurs douleurs. Cependant, la plupart ont rectifié le propos, c’était un soulagement temporaire et/ou partiel.

F4 « oui, ça soulage et au bout d’un moment ça recommence, comme si je n’avais jamais pris de médicaments »

H2 « Prends tel ou tel médicament pour calmer les douleurs ou aller voir le kiné »

H4 « Oui, ça soulage la douleur c’est Codoliprane®, ça soulage un peu »

Le critère principal d’efficacité a été l’utilisation d’une méthode invasive par la piqûre, l’administration intraveineuse ou l’infiltration.

H6 « Ça m’a soulagé, onze piqûres ! une par une ! Onze ! » ; « Soulager ça parce qu’on n’a pas pu faire l’opération, ni l’infiltration, c’est délicat, fallait éviter tout ça et passer par l’injection quoi »

L’inefficacité est venue nuancer un peu plus le soulagement. Ce dernier n’a soit jamais été atteint soit il a été amoindri par l’accoutumance à la thérapeutique.

5.1.2. Les effets indésirables de la médecine moderne

Dépendance F2, F3, H1, H2, H3, H4

Destructeur F3, H1, H2, H3

La thérapeutique était encore au cœur de ce sous-thème. Les effets indésirables se sont articulés autour de la dépendance et des effets destructeurs pour sept des dix répondants.

Certains, ont comparé les effets des traitements à une dépendance provoquée par la drogue (H2, H3), à du dopage (H1, H3). Parfois, les traitements ont été érigés comme des fétiches (F3).

52

H2 « Je prenais des antidouleurs, de la morphine je prenais, et c’est de la drogue tout ça » ; « Heureusement je n’étais pas un drogué, ni avant. Des fois, j’étais en manque de ça »

H4 « Il m’a donné un médicament mais ce n’est pas mon médicament »

Les effets destructeurs des médicaments ont été réels ou présumés : tératogénicité, ulcère, ostéoporose, sensation de malaise, effet néfaste d’une drogue.

H3 « Quand je vais la voir je lui dis Voltarène® ça me tourne la tête, l’autre ça me fait la guigne, on a supprimé tout ça là » ; « Mais l’aspirine, c’est comme la drogue, ça prend les pieds, ça fragilise les os »

En un mot, les médicaments ont été jugés incompatibles avec l’être humain mais indispensables au regard de l’intensité de la souffrance.

5.1.3. Précision de la médecine moderne

Précise H5, H6

La médecine moderne à travers la science, sa technicité et ses différents spécialistes est considérée comme précise.

Cette considération a été aussi bien partagée par un jeune migrant que par un immigré de longue date.

5.1.4. Les traitements

Médicaments F1, F2, F3, F4, H1, H2, H3, H4, H6

Médicaments « trucs » F3, H1, H2, H3, H4, H6

Traitements non-médicamenteux F3, H1, H2, H6

Le paracétamol a été un médicament de choix pour les interviewés (huit sur neuf). Ils l’ont évoqué dans sa forme pure ou combinée.

F3 « Moi c’est le Doliprane®1000 »

F4 « On prend les antidouleurs, le paracétamol »

H1 « J'ai pris différentes formes, tous les AINS, y en a même un qu'ils vont arrêter là ? »

H4 « Non, j’ai pris que Codoliprane® »

La morphine et ses dérivés et les AINS ainsi que les gels en massage complétaient la gamme des médicaments prisés.

53

F3 « Il [le médecin] me donne des AINS »

H2 « Je prenais des antidouleurs, de la morphine »

Malgré la consommation chronique de médicaments, plus d’une personne sur deux ne s’est pas souvenue plus de leurs noms.

H6 « Un moment donné, c’est le gel que je prends, quel nom ça a encore euh » ; « C’est un nom médical trop compliqué, bon, c’est du gel dont je m’enduis, ça ne sent pas fort mais ça atténue la douleur » ; « Ah justement ! C’est une bonne question, je me souviens plus du nom »

H2 « Dès que mes douleurs revenaient, on me faisait une intraveineuse ou en cachet tout ça »

En ce qui concernait les traitements non-médicamenteux, ont été mis en valeur, la ceinture lombaire et les massages par les kinésithérapeutes qui ont semblé les soulager efficacement.

F3 « Des massages »

H1 « Kiné deux fois par semaine pendant 5 ans »

5.1.5. La médecine moderne en Afrique de l’ouest

En Afrique de l’ouest

Accès H1, H2, H5

Acteurs F3

Méfiance H2

Médicaments F2, F3, H5

En Afrique de l’Ouest, il nous a semblé comprendre que le pharmacien est un acteur important de la médecine moderne.

L’accès à la médecine moderne est estimé difficile, pour quelques répondants. En cause des considérations pécuniaires ou l’éloignement des hôpitaux par rapport au village.

H1 « Oui, cela aurait été plus difficile. Déjà avec le parcours de soin que j'ai eu, il aurait fallu là-bas que j'ai un niveau de vie assez conséquent. Par contre si vous êtes sans ressource, n'en parlons même pas, alors là c'est même pas la peine quoi »

Les antibiotiques étaient parfois utilisés comme antalgiques.

Pour un migrant, il y avait une certaine méfiance vis-à-vis des médicaments disponibles sur place, du fait des dates de péremption expirées ou du manque d’informations sur le diagnostic et sur la posologie.

54 5.2.Médecine traditionnelle 5.2.1. Efficacité/ inefficacité Efficacité F2, F3, F4, H1, H3, H6 Critères d’efficacité H1, H3 Inefficacité F1, F4, H1, H2, H3

Plus de la moitié des répondants ont affirmé que la médecine traditionnelle est efficace. Elle a été présentée sous différentes formes dans l’étude : plantes, massages et « feu » …

F3 « Mais je vous assure vous pouvez essayer, ça marche »

F4 « Ça marche oui, la plupart des cas, ça marche, pour les maux de tête, ça marche »

L’efficacité s’est traduite par des résultats variés : conservation de la santé (longévité), prévention de la maladie et guérison ou soulagement de certaines affections dont la douleur et la procréation.

H1 « Pour la procréation, oui c'est efficace, et ce qui est surprenant, c'est que je n'avais aucune douleur pendant les derniers 6 mois que j'ai passé là-bas, je ne suis jamais d'ailleurs mes médicaments je les ai laissés »

H6 « Elle a fait pareil que pour les autres [le massage traditionnel] et les douleurs sont parties quoi »

Certains, nous ont fait part de critères d’efficacité de la tradimédecine à base de plantes. C’était l’amertume de la mixture et la confiance mise dans la prise du traitement qui définirai la guérison.

H3 « Un verre de médicament amer, mon père me disait toujours : « Il faut toujours boire les médicaments amers » »

Pour la moitié des individus, le critère de jugement de l’inefficacité de la tradimédecine a été centrée sur l’absence de guérison après son utilisation. Plusieurs éléments ont été identifiés par les participants pour expliquer cette inefficacité : la maladie causale, les charlatans, le manque de foi dans cette médecine.

F1 « Ça m’a laissée des traces et tout [les scarifications] et ça ne m’a pas guérie pour autant »

55 5.2.2. Précision de la médecine traditionnelle

Imprécise F1, F2, F3, F4, H1, H2, H3, H5, H6

Presque tous les interviewés ont partagé le sentiment de l’imprécision de cette médecine. Les raisons étaient diverses : elle n’est pas prouvée scientifiquement, le savoir est peu retranscrit à l’écrit et est détenu par un nombre limité de personnes. Le diagnostic manquait de précision et il n’existait pas de posologie ou de traitement spécifique à une seule et unique affection.

F1 « Je ne saurais dire ce que c’est [la poudre utilisée pour la scarification] »

F4 « Je ne sais pas, on me donne, je fais, j’ai jamais posé la question qu’est-ce qui avait dedans [rire], la composition »

5.2.3. Fonction de la médecine traditionnelle

Curative F1, F3, F4, H1, H2, H3, H5, H6

Par défaut F1, F4, H1, H2, H5, H6

Préventive F2, F3, H1, H2, H3

Il existait pour les répondants deux modes d’utilisations de la médecine traditionnelle, un mode curatif et un mode préventif. La quasi-totalité des participants a utilisé ou utilisait encore la tradimédecine sous une de ses formes

F3 « Ça dépend, y a toutes sortes, les feuilles de bambou, quand on vient d’accoucher on se lave avec pour enlever pleins de choses » ; « Justement le bambou, c’est pour les courbatures »

H2 « Mon père me donnait à chaque fois des remèdes »

La médecine curative était très variée. Elle a été fréquemment utilisée sous les formes suivantes parmi les interviewés de l’échantillon. Nous avons retrouvé la scarification, l’utilisation de plantes sous forme de décoction, d’inhalation ou de pansement externe Le mysticisme au travers du jeûne et la récitation de sourates la technique du « feu », l’appel au réducteur de fracture, et les massages avec des pommades traditionnelles tel le beurre de karité.

F4 « La poudre qu’on met sur le charbon pour que ça fasse de la fumée puis on inhale des fois, ça marche » ; « C’est des plantes, les feuilles qu’on a broyées »

Le recours à la médecine curative a pu l’être par défaut : en cas d’échec ou d’insuffisance de la médecine moderne à soulager les douleurs, si la médecine moderne était jugée incompétente

56 pour l’affection en cours (origines et conséquences), ou encore pour des modalités pécuniaires. Lorsqu’elle a été utilisée de cette manière, des réticences pré-utilisation ou des regrets post-utilisation pouvaient survenir.

F4 « J’ai un peu de mal à utiliser la médecine traditionnelle »

Ce recours pouvait être difficile d’accès pour un migrant non initié à la tradimédecine

H1 « Ces derniers temps, j'envisageais même qu’on me fasse ça sans mettre dans un liquide, ç’est à dire sec [pour lui envoyer depuis le pays] »

Lorsqu’elle était préventive (moitié des répondants), l’usage des plantes prédominait (cendres, décoctions, lavements externes). Elle était utilisée pour prévenir le vieillissement du corps et l’apparition de maladie.

F2 « On mange, comme ça on dit voilà, que c’est bon pour la santé »

H1 « Ça régénérait un peu [le remède traditionnel] » ; « Voyez, donc je pense que ça, c'est un genre de nettoyage sanguin »

5.2.4. La médecine traditionnelle dans la culture du pays d’origine

Acteurs de la tradimédecine F2, F3, F4, H1, H2, H3, H5, H6

Tabou sur les acteurs et usages de la tradimédecine F1, F4, H2, H3, H5, H6

Les acteurs ont été surtout définis comme des femmes, des « sages » qui connaissaient les plantes ou les techniques traditionnelles. Néanmoins Il nous a semblé comprendre qu’il existait une transmission verticale du savoir ancestrale et que tout un chacun pouvait acquérir ce savoir.

F4 « Non, je ne sais pas faire, c’est ma maman » ; « C’est sa maman, je pense [qui a enseigné la médecine à base de plantes à sa mère] »

H1 « J'ai posé la question à ma compagne qui m'a dit qu'elle sait, elle m'a dit « si tu veux, je te le fais, je sais ce qu'elle a mis dedans, les composants, les ingrédients » »

H2 « Mais dans m’a famille y’a des gens qui soignent traditionnellement et tout ça »

D’autres acteurs tels que les marabouts, les féticheurs et les tradipraticiens ont été également cités.

H3 « En Afrique, au Sénégal y’en a, j’ai emmené ma mère là-bas une fois, ce n’était pas bien, on est reparti, il fallait recasser, on a cassé le bras pour refaire, il n’attache même pas, hein »

57

H6 « Je ne sais pas si c’est un don [le massage traditionnel] ou si c’est ce qu’elle a appris là-bas »

Un tabou portant sur les acteurs (marabouts, sorciers) et usages (scarification) de la médecine traditionnelle, nous a marqué.

F1 « Il m’a retrouvé marqué, c’est vrai qu’il n’a pas apprécié du tout parce que en Afrique avant la pièce d’identité, c’était les cicatrices ethniques, on reconnaissait les gens comme ça, mais nous, ni mes parents, ni les enfants, mes frères et moi, ni mes cousins, on n’a pas été du tout dû, eu des … Euh des cicatrices ethniques donc là, ces petites scarifications faites sur le visage là, mon père l’a un peu mal pris »

Il nous a semblé naitre de la croyance, souvent religieuse et parfois éducative, des répondants ou de leurs familles.

H5 « Non, ce sont des histoires pour moi ! ce n’est pas vrai quoi, pour moi ça n’existe pas ! [Le magique] »

Particulièrement pour les acteurs, cette défiance s’est exprimée par leur mise à distance. Ils étaient considérés comme des charlatans. Les marabouts devenaient des Imams qui savent ou des « sages ».

H2 « C’était pour essayer de voir mais je suis tombé sur un gars honnête, malgré il te soigne traditionnellement, il te fait faire des radios et tout ça, tu amènes tes résultats et c’est là qu’il m’a dit : « Je préfère que tu retournes à l’hôpital que tu soignes là-bas, moi je ne peux pas soigner tes douleurs, je ne peux pas » »

Surtout ce qui nous a frappé, c’était le silence et les hésitations des interviewés au moment de citer les féticheurs, les sorciers et les autres acteurs sources de polémiques.

F4« Je n’ai pas encore essayé, quand même, franchement, je suis un peu réticente à le faire [les Imams]. C’est la croyance peut-être [rire] »

H6 « J’en ai connu pas mal qui ont recours à des… (…) Automatiquement, ils vont directement voir un euh, ils ne font pas la tradition, je ne veux pas dire un mot grotesque »

58 5.3.Le soulagement de la douleur

Les résultats ci-après sont présentés, afin de parfaire l’analyse des moyens de soulagement des répondants.

Soulagement de la douleur

Traitements non-médicamenteux non médicaux F2, F3, H2, H3, H6

Dialogue H2, H3, H4

Expérience F2, F3, H1, H2, H5

Identification du mal F1, F2, F3, H1, H3

Action divine F3, H3

Le soulagement était dominé par l’identification du mal et l’expérience de la douleur.

L’identification du mal consistait à vouloir donner, pour les répondants, une signification à leur douleur ou bien à vouloir connaitre son origine pour mieux l’appréhender.

F2 « Oui, parce que je pense il faut savoir de quoi on souffre avant de donner des médicaments »

L’expérience de la douleur leur a permis de mieux gérer leurs souffrances par divers moyens : usage précoce de la thérapeutique, apaisement psychologique, consultation médicale précoce, écoute de soi et d’autrui.

F2 « Donc je me calme aussi et si ça revient, je repars aussi voir le médecin »

Documents relatifs