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Les Conséquences sociodémographiques et économiques de la pauvreté :

3-1. Pauvreté et Age :

L’économiste italien Franco Modigliani (Né en 1918) a étudié l’épargne des ménages grâce à sa théorie du cycle de vie : Période par période, les ménages épargnent plus ou moins et sont donc de plus en plus riches ou de plus en plus pauvres en fonction de leur âge. Les revenus des ménages augmentent avec l’activité professionnelle et l’ancienneté, atteignant un maximum vers 50 ans ; mais la retraite se traduit fréquemment par une réduction des revenus ; dans ces conditions, la pauvreté concerne surtout les jeunes ménages et les plus âgés. La pauvreté aggrave les conditions de vie des plus démunies : les jeunes qui commencent seulement leur vie professionnelle, les personnes âgées qui ne peuvent plus espérer travailler. La pauvreté accroît les risques d’exclusion (ou difficultés d’insertion) des membres les plus fragiles de notre société.

Modigliani a aussi montré que la richesse d’un ménage est une fonction décroissante du nombre d’enfants, rejoignant là des études empiriques américaines. On assisterait à un regain d’épargne, donc à une diminution de la pauvreté lorsque les enfants quittent le domicile familial. La pauvreté doit donc accélérer les processus de dissociation de la cellule familiale, et le départ des enfants pourtant soucieux conserver un refuge familial en cas de chômage ou de difficultés d’insertion professionnelle.

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3-2. Pauvreté et Sexe :

Toutes les études statistiques et économiques menées montrent que, dans de nombreuses sociétés humaines, le revenu est inégal à travail égal entre les hommes et les femmes. En France, par exemple, on observe encore dans beaucoup de professions des inégalités de 20% et plus en faveur des hommes ; la pauvreté touche donc davantage les femmes ; entre autres, les familles monoparentales les plus pauvres sont constituées presque exclusivement de femmes qui élèvent seules leurs enfants et ont des revenus particulièrement bas. La pauvreté ne touche donc pas égalitairement les hommes et les femmes, elle aggrave économiquement les différences entre conditions masculines et féminines dans la plupart des sociétés humaines.

3-3. La Natalité :

Globalement dans le monde, la pauvreté est prolifique, la richesse est malthusienne, c'est-à-dire qu’elle limite les naissances. Pourquoi les plus pauvres ont-ils beaucoup d’enfants ? dans les Etats du Tiers Monde et du quart du monde, l’enfant est considéré comme une source de revenus supplémentaires pour une famille et comme un substitut à la retraite pour les parents âgés. Dans les pays riches, un enfant est considéré comme un coût supplémentaire (en termes d’éducation en particulier).

On constate qu’avec plus d’enfants, un ménage dans un pays riche s’appauvrit, même si les allocations familiales finissent par corriger quelque peu cette baisse.

Avec plus d’enfants, un ménage de pays pauvre ne cesse de voir son revenu augmenter.

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Ainsi la pauvreté entraîne-t-elle une forte fécondité dans les pays pauvres ; celle-ci entraîne à son tour la pauvreté, force est de constater que la pauvreté s’auto-entraîne, se pérennise. Il en est autrement dans les pays riches : toutes les études démographiques montrent que ce sont les groupes de population les plus riches et les plus pauvres, en haut et en bas de l’échelle sociale et des revenus, qui ont le plus d’enfants. Par exemple, c’est chez les ouvriers, les agriculteurs et les professions libérales que les couples auront le plus fréquemment trois enfants et plus, contre deux ou moins en moyenne chez les employés, commerçants et cadres.

3-4. La Migration :

La pauvreté entraîne des mouvements migratoires, les grandes migrations internationales et internes aux Etats ont toujours eu les mêmes explications dans l’histoire : la guerre (extérieure) ou la guerre civile, la pauvreté, la persécution politique et religieuse, le voisinage. Comme la guerre et la guerre civile entraîne la misère et que les populations fuient les zones de combat, il est possible d’affirmer que la pauvreté est le principal moteur des phénomènes migratoires.

L’importance des populations déplacées ou migrantes est considérable dans le monde. L’Union Européenne est en particulier terre d’immigration, comme les Etats Unis d’Amérique. Les migrants fuient la pauvreté et recherchent dans les pays riches, outre la sécurité, une augmentation de leur niveau de vie qui y est des dizaines de fois supérieur et une amélioration de leur genre de vie (protection sociale, alimentation, éducation, etc…).

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3-5. Aspect économique :

La pauvreté et l’exclusion sont en corrélation très forte : les formes les plus graves de pauvreté débouchent en effet sur l’exclusion ; le cas des Sans Domicile Fixe en Europe est de ce point de vue très significatif.

L’alcool, la drogue, l’absence de domicile, l’isolement sont des pièges qui se referment souvent sans espoir de retour. Il n’existe pas, du reste, de structures adaptées pour les SDF alcooliques ou drogués ; dans ce cas, l’exclusion aboutit à la détérioration physique accélérée et à la mort précoce. Seul le monde médical s’intéresse à ces cas d’exclusion en pratiquant des actes médicaux à titre gratuit.

Aussi, la pauvreté a de nombreuses conséquences en matière de consommation, mais aussi d’épargne : Un revenu faible entraîne une épargne faible et parfois même une épargne négative. Afin de faire face à une situation de pauvreté, les individus peuvent être amenés à se séparer de tout leur patrimoine et même à se retrouver en situation d’endettement afin de nourrir. Cette situation peut les faire entrer dans un engrenage sans fin et les maintenir en situation de précarité.

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