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Chapitre II Égypte Ancienne : Civilisation et Croyances

II. Les cercueils égyptiens de la XXI e Dynastie

5. Connaissances de la mise en œuvre et description

Nous proposons ici un bref bilan bibliographique des études matérielles menées sur des cercueils à fond jaune par le passé. Il apparaît que les cercueils de cette production ont fait l’objet d’études et d’analyses matérielles relativement ponctuelles. À notre connaissance, il n’existe pas d’étude archéométrique effectuée sur un large corpus. Le bilan des observations et des résultats que nous avons pu extraire de la littérature servira de base pour la compréhension de la mise en œuvre de l’objet et pour avoir un premier aperçu des éventuels matériaux employés. Ces études seront mises en regard avec les résultats obtenus au cours du Master 2 et de la thèse afin d’être étayés, nuancés ou rejetés.

Niwinski dans son ouvrage (1988), en plus de l’étude stylistique et iconographique, propose un descriptif des procédés de fabrication des cercueils. Cette procédure consiste en deux parties fondamentales : la construction de la structure en bois et le travail décoratif. Il note qu’il est probable que le travail de l’ébéniste et celui du peintre s’effectuent dans un seul et même local, comme peut le montrer la scène dans la tombe d’Ipui (fig.8) datée de la XIXe dynastie (1295-1186 av. J.C.).

Figure 8 : peinture murale ornant la tombe d’Ipui à Deir el-Medina (N°217) représentant le processus complet de fabrication

d’un cercueil, de la découpe du bois à la fabrication des couleurs tout en montrant des artisans sculpteurs et peintres en plein travail de création.©Akg-images/A. Garozzo.

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1) Le travail de la structure

Il est important de rappeler que dans l’Ancienne Égypte le bois était un matériau relativement cher et était utilisé avec modération par les artisans. L’Égypte n’est en effet pas une grande productrice de bois de qualité, la majorité des essences utilisées dans l’artisanat funéraire sont importées d’autres régions telles que le Levant. Mais cela est sans rappeler le climat socio-politique qui existait en Égypte au cours de la TPI. Pour répondre à la demande, les ébénistes avaient pour habitude de réutiliser parfois des objets, en particuliers de vieux cercueils, entiers ou alors seulement des fragments, pour en faire de nouveaux. Niwinski (1988) décrit que les premiers cercueils étaient initialement taillés directement dans des rondins de sycomore, puis, par la suite, ils ont été construits à l’aide de plusieurs planches jointes entre-elles grâce à des chevilles. Les menuisiers thébains avaient surmonté le défi technique de la construction des cercueils aux formes arrondies du type momiforme. Il est donc devenu de plus en plus commun de remplacer les anciennes formes de cercueils tels que le type « rishi » (fig.2.b et fig.4.a) ou les coffres rectangulaires (fig.2.a) qui persistaient depuis le Moyen Empire (XIe-XIIe dy. 2000-1800 av. J.C.).

Peu d’analyses d’identification des espèces de bois utilisées dans la confection des objets ont été véritablement menées par des équipes scientifiques en dehors du cadre du VCP. Nous n’avons relevé qu’un seul article en faisant mention (Stein et Lacovara, 2010). Il s’agit d’une étude de 5 cercueils à fond jaune, les analyses xylologiques ont montré que 4 d’entre eux avaient une structure à base de figuier sycomore (Ficus sycomorus), alors que le dernier serait en tamaris (Tamarix), toutes deux des espèces locales.

2) La préparation du support et du décor

Le tout premier acte effectué sur la structure en bois du cercueil consiste à recouvrir toute la surface devant être peinte avec une première couche de matière. La littérature nous apprend que des couches de préparations à base de mouna (Niwinski, 1988) ou d’argile (Stein et Lacovara, 2010) peuvent être présentes, certainement afin de lisser la surface du support. Elles sont généralement associées dans la mise en œuvre, à des couches préparatoires blanches qui servent de base à la polychromie.

Il existe deux hypothèses parmi les égyptologues concernant la couleur du fond jaune des cercueils (Niwinski, 1988). Les premiers considèrent que la couleur jaune obtenue ne serait pas intentionnelle, mais résulterait du processus d’oxydation de la couche superficielle de vernis.

Les autres pensent au contraire qu’il existe une couche physique de fond jaune sur l’ensemble de la surface de l’objet. Or, les vernis jaunissent avec le temps, et il existe en effet certains cercueils dont l’extérieur se trouve être peint en blanc et dont les zones vernies apparaissent désormais jaunes.

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D’autre part, il existe aussi des cercueils de la XXIe dynastie (1069-945 av. J.C.) n’ayant reçu aucun vernis et dont le fond apparaît bel et bien jaune, preuve que dans certains cas un fond jaune intentionnel est bien présent. Il peut donc être envisagé que les deux hypothèses soient justes, ce que propose Bartos (2011).

Niwinski propose la mise en œuvre suivante pour la polychromie : l’ensemble du fond est, dans un premier temps, peint en jaune pâle puis, le tracé du dessin est fait en rouge. Les couleurs bleu clair et bleu foncé sont ensuite appliquées. La totalité de la surface est ensuite vernie. Le vernis tout d’abord transparent prendra une teinte jaune au cours du temps. Ce jaunissement, certainement connu des égyptiens, va modifier la perception des teintes et plus principalement celle des bleus qui apparaitront verts. Dans les études les plus récentes (First Vatican Coffin Conference Proceedings, 2017 ; Bonizzoni et al., 2018) les auteurs proposent une palette comprenant à la fois du rouge, du bleu et du vert, et remarquent que le dessin préparatoire peut être effectué en rouge ou bien en noir. Différents matériaux ont pu être identifiés et il sera intéressant de pouvoir les comparer à ce que nous avons pu obtenir au cours de notre étude afin de savoir si nous pouvons établir des corrélations entre les différents cercueils ayant pu faire l’objet d’analyses. Dans la littérature disponible, la nature des matériaux identifiée est récurrente. Les matériaux blancs sont à base de calcium. Les jaunes se trouvent être de deux natures : ferreux parfois identifiés comme étant des ocres et à base d’arsenic, de l’orpiment. Les rouges sont également à base de fer et ont souvent été caractérisés comme étant des ocres. Du bleu égyptien a toujours été mis en évidence pour les teintes bleues. Quant aux verts leur identification est plus complexe et se limite généralement à l’appellation générique de verts au cuivre. Les noirs, quand analysés, sont à base de carbone.

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