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7 – Confrontation des résultats entre les deux enquêtes

Nous avons pu présenter les deux étapes de notre travail d'enquête : l'observation des pratiques des élèves, et la réalisation d'un questionnaire que nous avons ensuite analysé. Dès le départ, nous avons réalisé ces deux travaux afin d'en croiser les résultats et répondre à des questions précises . Quelles sont les conclusions que nous pouvons effectuer si l'on combine les résultats de ces deux enquêtes ?

La première conclusion que nous pouvons apporter grâce à nos deux enquêtes, c'est que nos élèves disposent de bonnes compétences informatiques. Pendant les travaux de TPE, les élèves n'ont eu aucun problème à utiliser l'ordinateur et ses périphériques, à se mouvoir dans le système d'exploitation, à utiliser des fichiers… Le questionnaire corrobore cette idée puisque les quelques questions en partie liées à des compétences informatiques ont été plutôt réussies. Néanmoins, les

choses sont différentes lorsque l'on s'intéresse aux compétences info-documentaires des élèves. D'après le questionnaire, les élèves semblent avoir de bonnes connaissances info-documentaires : ils ont conscience qu'ils laissent des informations personnelles à disposition sur l'Internet. Ils savent quels sont les grands mécanismes qui régissent le fonctionnement des moteurs de recherche. Ils semblent même capables de différencier les sites Internet selon leur fiabilité. Pourtant, lorsque nous avons observé les élèves, nous avons remarqué d'une part que les élèves n'avaient pas toujours le réflexe de vérifier les sources. Nous avons vu également que lorsqu'on leur posait des questions à ce sujet, tous les groupes n'étaient pas capables d'identifier spontanément, en temps réel, quels sont les sites les plus fiables parmi ceux qu'ils utilisaient, et ils avaient parfois des difficultés à identifier les sources idéologiquement orientées. Ainsi, nous trouvons une différence marquée entre les résultats du questionnaire, et les pratiques réelles des élèves. Je vois deux explications possibles à ce phénomène : premièrement, il est possible que les élèves ne parviennent tout simplement pas à traduire leurs connaissances en pratiques. Mais aussi, on peut penser que les élèves mettent en place ce comportement non pas parce qu'ils n'ont pas connaissance des comportements à adopter, mais plutôt par facilité ; ils se disent peut-être qu'il ne s'agit « que » d'un travail de TPE et qu'ils n'ont donc pas besoin d'appliquer une démarche totalement rationnelle…

D'autres conclusions peuvent être effectuées au sujet des éléments retenus par les élèves pour évaluer la fiabilité d'une information. Dans le questionnaire, les élèves sont parvenus à identifier quel était le site le plus fiable parmi les trois qui étaient proposés. Pourtant, beaucoup d'élèves ne sont pas parvenu à expliquer concrètement pourquoi l'information sur ce site était plus fiable ; beaucoup d'élèves ont choisi le site du Monde en disant qu'il est plus connu et renommé. Ce résultat concorde avec nos observations, où nous avions constaté que les élèves donnaient la priorité aux informations issues de sites Internet connus sans forcément se poser de réelles questions au sujet de l'information et de sa source. Comme nous l'avons vu précédemment, ce comportement est susceptible de produire des dérives. Mais surtout, il apparaît qu'au final, nos élèves ne semblent pas avoir été capables d'évaluer réellement la fiabilité et la qualité des informations proposées. Ce comportement est problématique. Toujours au sujet des informations recueillies par les élèves, nous pouvons croiser les réponses données aux questions relatives aux moteurs de recherche avec les comportements que nous avions observés. Les observations effectuées concordent avec les réponses que nous avons recueilli : les élèves connaissent les mécanismes de fonctionnement de base des moteurs de recherche, mais ils n'ont pas connaissance des fonctions avancées qui permettraient de

les aider pendant leur travail. Notons aussi qu'une fois de plus, ces connaissances ne se traduisent pas en actes ; si nos élèves semblent savoir que les moteurs de recherche commerciaux donnent la priorité aux résultats sponsorisés, cela ne les empêche pas de se contenter des premières réponses données par ledit moteur même si ces réponses sont d'ordre commercial...

Nous pouvons ajouter d'autres remarques : que ce soit dans le questionnaire ou pendant nos observations, nous constatons que les pratiques globales des élèves restent tout de même inégales d'un groupe à l'autre. Certains élèves étaient très autonomes dans la recherche et mettaient en œuvre des pratiques qui correspondaient aux attentes du B2i, alors que d'autres ne les mettaient pas en œuvre. Tous nos élèves n'ont pas les mêmes connaissances au sujet de l'information, n'ont pas les mêmes habitudes, et cela transparaît dans nos deux travaux d'enquête. De plus, nous constatons qu'il est difficile de trouver des élèves qui maîtrisent totalement l'information. Pendant nos observations, j'avais constaté que certains groupes mettaient en place de bonnes pratiques pendant leur recherche. Mais même dans ces groupes, il y avait des moments où les élèves finissaient par ne plus être assez attentifs, et par ne plus mettre en œuvre de bonnes pratiques ; ils réussissaient spontanément certaines compétences du B2i, mais échouaient sur d'autres. Nous retrouvons ce mécanisme dans le questionnaire : nous avons vu que certains élèves qui estiment avoir une bonne utilisation des moteurs de recherche et qui ont répondu juste à la plupart des questions de connaissances pouvaient se tromper sur certaines d'entre elles.. Ainsi, il n'y a pas de véritable « expert » de l'information parmi nos élèves et cela transparaît à la fois dans le questionnaire, et dans nos observations. D'ailleurs, la plupart des élèves reconnaissent eux-même ne pas être des experts d'Internet ; en témoignent les différents temps des TPE où ils nous ont demandé de l'aide, mais aussi le questionnaire où beaucou d'entre eux estiment ne pas maîtriser cet outil. Enfin, notons que dans nos deux enquêtes les élèves avaient parfois du mal à identifier ce qu'ils désignaient eux-même comme étant de « bonnes informations », et se trompaient parfois, en choisissant des informations peu fiables. Ce comportement a été observé pendant les TPE, et se retrouve dans le questionnaire puisque les élèves n'ont pas été capables de décrire ce qu'est une bonne information.