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3.3. Discussion

3.3.2. Conformité des pratiques aux recommandations :

Selon les recommandations, une prise en charge doit être initiée dès la phase de surpoids (IMC >25 kg/m²) (3). En effet, un surpoids simple (sans tour de taille élevé et sans comorbidité) doit entrainer des conseils généraux sur un poids de forme et le mode de vie afin de prévenir une prise de poids supplémentaire.

Dans notre étude, plus de la moitié des médecins proposent une prise en charge à partir du stade d’obésité, ce qui entraine indiscutablement un retard dans la prise en charge et une probabilité d’apparition de comorbidités augmentée. Seulement un peu plus d’un tiers proposent une prise en charge au stade de surpoids.

Dans une étude menée en 2014 en Maine et Loire, les auteurs retrouvent des résultats proches de ceux de notre étude (32 % à partir d’un IMC >25 kg/m² et 51 % à partir d’un IMC >30 kg/m²) avec un pourcentage de médecins intervenant significativement lié à la présence de comorbidités et croissant

selon l’IMC (à partir de 25 kg/m²) (13). Des résultats similaires sont également retrouvés par les auteurs d’une étude britannique en 2015 avec un taux d’intervention croissant avec l’IMC et la présence de comorbidité (14).

Comme l’exposent le tableau 5 et la figure 3, nos résultats montrent une insuffisance de calcul de l’IMC et de mesure du tour de taille et ce, malgré la simplicité de ces deux marqueurs et une possibilité d’amélioration quant à l’évocation du sujet de l’excès de poids.

D’autres études récentes présentent des résultats similaires (13, 15, 16). Elles observent que : la majorité des médecins mesurent et pèsent leurs patients mais qu’un nombre insuffisant calculent systématiquement l’IMC et mesurent le tour de taille.

Une thèse, étudiant l’abord par les médecins du problème pondérale en l’absence de demande du patient, montre que les trois quarts des médecins abordent systématiquement la notion d’excès pondérale chez un patient non demandeur (consultant pour un motif quelconque), qu’à peine 10 % n’abordent pas la question systématiquement (la question pondérale n’étant pas le motif de consultation) et que moins de 10 % des médecins abordent le problème du poids seulement si le patient présente des comorbidités (13).

Lors du bilan initial d’une prise en charge pour excès pondéral, il est recommandé de retracer l’histoire pondérale (3). Dans notre étude plus des deux tiers des médecins interrogés déclarent le faire. Nos résultats sont ainsi en accord avec ceux d’une autre étude, retrouvant un pourcentage élevé de médecins retraçant systématiquement l’histoire pondérale et encore plus élevé si les médecins ont participé à des formations abordant la prise en charge de l’excès de poids (13).

Notons que la dénutrition est insuffisamment recherchée par les médecins interrogés, près de la moitié d’entre eux ne la recherchent pas.

Ce résultat est selon nous très préoccupant car la prévalence de l’obésité sarcopénique est de l’ordre de 5 à 15 % dans la population générale.

Ce résultat pourrait s’expliquer par le fait que le concept d’obésité sarcopénique est une préoccupation clinique débutante pour laquelle il y a peu d’études et que la définition des seuils de sarcopénie dans cette population n’est pas fixée. (17).

Ce résultat pourrait également s’expliquer par le fait que dans l’opinion générale (médecins inclus) l’obésité est associée à un excès d’apports alimentaires et que la qualité de l’alimentation (notamment ce qu’il manque dans leur alimentation) est moins prise en compte.

La quasi-totalité des médecins interrogés pensent qu’une perte de poids même faible était bénéfique pour la santé.

Nous avons retrouvé des résultats similaires dans d’autre études, preuve que les médecins généralistes sont convaincus qu’une perte de poids de l’ordre de 5 % à 15 % du poids initial est très profitable sur le plan médical si elle peut être maintenue à long terme (18, 19).

Très peu de médecins de notre population d’étude organisent des consultations dédiées à la prise en charge de l’excès de poids comme le recommande le guide de la HAS.

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D’après différentes études analysant entre autres les difficultés des médecins dans la prise en charge du surpoids et de l’obésité, le manque de temps et l’absence de prise en charge financière constituent des obstacles à la mise en place de consultations dédiées (20, 21).

Pour résumer, nous avons observé que :

• concernant la mesure du poids, de la taille, l’évocation du sujet de l’excès pondéral avec le patient, le retraçage de l’histoire pondérale et l’idée selon laquelle une perte de poids même faible est bénéfique pour la santé des patients en excès pondéral, les médecins généralistes des Côtes d’Armor ont des pratiques conformes aux recommandations émises par la HAS. • concernant le choix de l’IMC nécessitant une prise en charge médicale, le calcul de l’IMC, la

mesure du tour de taille, l’évaluation du risque de dénutrition et l’organisation de consultations dédiées à la prise en charge de l’excès pondéral, il y a des améliorations possibles.

Il est difficile de conclure de façon globale quant à la conformité des pratiques aux recommandations du fait de l’hétérogénéité des réponses.

C’est pour pallier à cette difficulté que nous avons créé un critère composite (nombre de réponses conformes aux recommandations sur 10 questions sélectionnées) permettant de séparer les « moindres » répondants (ayant répondu en conformité avec les recommandations à moins de 7 questions) des « bons » répondants (ayant répondu en conformité aux recommandations à au moins 7 questions).

Nous n’avons pas retrouvé, dans la littérature médicale, d’étude comparant de façon globale les pratiques des médecins généralistes aux recommandations éditées par la HAS en 2011.

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