Face au constat du vieillissement de sa population, l’approche des politiques de la vieillesse de la municipalité de Brest a évolué. Largement influencée par les schémas départementaux « bien vieillir », eux-mêmes en corrélation avec les plans nationaux sur le vieillissement, elle s’est d’abord concentrée sur le développement du maintien à domicile et de l’offre d’hébergement collectif, tout en favorisant l’intégration des personnes âgées par le biais de la création d’un office des retraités. Plus tard, les élus et les techniciens adopteront une démarche plus globale et innovante avec la création d’un secteur « bien vieillir », avant d’adhérer au réseau francophone VADA. Parallèlement, des associations se sont créées pour répondre à des besoins et des attentes non satisfaites par les institutions politiques et les organismes publics. Dans ce paysage associatif, l’office des retraités de Brest tient une place à part, puisqu’il a joué un rôle important dans la mise en œuvre d’actions sociales en faveur des personnes âgées de plus de 50 ans, en partenariat avec la municipalité. Ces acteurs institutionnels et non institutionnels se mobilisent ainsi pour la reconnaissance de la place des personnes âgées, avec les contraintes et les motivations qui leur sont propres. Des actions ont ainsi été mises en œuvre dans différents domaines : habitat, transports, sport, culture, nouvelles technologies, participation citoyenne, action sociale et santé (voir l’état des lieux de l’annexe 2). Après avoir fait le portrait territorial de la ville de Brest qui s’inscrit depuis 2015 dans un cadre métropolitain, nous verrons comment les initiatives associatives et l’évolution des politiques de la vieillesse à Brest, portées par les élus et mises en œuvre par les techniciens, ont préparé l’entrée dans la démarche VADA.
4-1-Portrait territorial : une ville qui change et une population qui vieillit Située à l’ouest de la Bretagne, la ville de Brest compte 139 386 habitants selon le dernier recensement de l’INSEE et fait partie depuis 2015 d’une petite métropole comptant 212 891 habitants. Ville portuaire, située en bordure de la rade de Brest, à l’ouest de la Bretagne, elle est traversée par la rivière de Penfeld, qui sépare les quartiers de la rive droite (quatre-moulins et Saint-Pierre) et de la rive gauche (Centre-ville, Bellevue, Lambézellec, Europe et Saint Marc). Marquée par l’activité de son arsenal et son image de ville industrielle, elle est aujourd’hui davantage tournée vers les activités du secteur tertiaire, ce qui permet le maintien des effectifs
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salariés, malgré le déclin industriel dû à la fermeture d’une partie de l’arsenal (passage de 6600 ouvriers en 1996 à 2000 aujourd’hui).
Brest est aussi une ville universitaire avec un centre de référence international en matière de recherche liée à la mer, de nombreux organismes d’enseignement supérieur et de recherche, ainsi que l’Ecole Européenne Supérieure d’Arts de Bretagne. Elle regroupe également plusieurs directions et agences nationales, civiles et militaires. Dotée d’un centre hospitalier universitaire régional, elle tient une place centrale sur le territoire. Ce territoire est également tourné vers le culturel et l’évènementiel avec l’existence d’une scène nationale et d’un certain nombre de manifestations et fêtes maritimes.
Ce qui fait aussi la particularité de Brest, c’est la destruction de l’ensemble de la ville durant la seconde guerre mondiale. La reconstruction n’a pas visé la conservation de l’esthétisme et du patrimoine historique d’avant-guerre. Le bâti historique du centre-ville a été quasiment totalement reconstruit, tandis que sur la rive droite du Penfeld, quelques rues et bâtiments ont échappé aux bombardements. On parle à propos de l’architecture de Brest de « rigueur » lorsque sont évoquées les rues rectilignes et aérées et l’aspect monumental de certains de ses bâtiments comme celui de la Mairie. Les personnes que j’ai interrogées la qualifient de « ville minérale », en référence au manque d’espaces verts et de parcs, mais « non polluée », où l’on « respire
bien ». Autre point souvent relevé auprès des personnes que j’ai pu interroger, l’aspect pentu de
la ville.
Enfin, de l’avis des personnes enquêtées, la ville se transforme, avec, notamment, les aménagements du tramway et des capucins. Pour certains, elle s’embellit même. « La ville
change. D’un côté, la marine nationale est partie avec l’arsenal et de l’autre, il y a du nouveau, des aménagements ». Après avoir décrit physiquement la ville de Brest et la manière dont elle est
perçue par certains de ses habitants, je vais focaliser mon attention sur l’aspect démographique et social et plus particulièrement sur la part des aînés dans la population des différents quartiers de la ville.
4-1-1-Les plus de 60 ans à Brest : un vieillissement moins rapide mais des disparités dans les quartiers
Au sein du département, et même de la région, on observe des disparités géographiques avec une forte concentration des populations âgées dans le centre Bretagne, qui s’explique par la
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diminution importante du nombre de jeunes dans l’espace rural. Selon les sources de l’INSEE, 246 450 finistériens ont plus de 60 ans en 2013, soit 27% de la population. Ce chiffre est au- dessus des statistiques nationales. Dans la communauté urbaine de Brest métropole, qui englobe les communes de Brest, Bohars, Gouesnou, Guilers, Guipavas, Le Relecq-Kerhuon, Plougastel- Daoulas, Plouzané, la part des plus de 60 ans est de 22%, c’est moins qu’au niveau national (24,2%) et départemental (27%). Selon une étude de l’ADEUPa, Brest métropole est l’une des intercommunalités finistériennes où les séniors sont le moins représentés par rapport aux autres tranches d’âges, même si elle est soumise à cette tendance du vieillissement global de la population. Au sein de la métropole, la ville de Brest se démarque par son vieillissement moins rapide que dans les communes périphériques, avec une part de 21% des plus de 60 ans. Le caractère universitaire de la ville de Brest rajeunit la population avec une part importante des moins de 30 ans. Au sein même de Brest, des contrastes entre les quartiers sont notables. « Le
centre-ville de Brest, constitué en grande partie de petits logements en location, est plus prisé des étudiants que des personnes âgées »64.
Schéma 2 : répartition de la population de Brest par tranches âge, source INSEE 2012
64 Enquête ADEUPa, observation du vieillissement. Site : https://www.adeupa-brest.fr/nos-publications
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9%