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5 - Conclusion : recommandation concernant le lieu de réalisation de l’évaluation des chiens de protection des troupeaux et aspects

pratiques

Le lieu de réalisation de l’évaluation des chiens de protection a des effets significatifs sur différents comportements des chiens, et ce pour les 5 tests.

La réalisation des tests « hors exploitation », parce qu’elle entraîne ou accentue chez certains chiens un sentiment de mal-être ou de peur (engendrant plus de comportements de flairage au sol, et de port de queue bas) pourrait permettre de repérer les chiens au tempérament instable (chiens craintifs, peureux…). Mais dans le même temps, tester les chiens « hors exploitation » semble inhiber l’expression de comportements spécifiques témoignant de la qualité pastorale des chiens, notamment la position « Dans le troupeau ».

Ce résultat concluant à un effet inhibiteur de la délocalisation des chiens « hors exploitation » n’est pas favorable pour retenir cette option de lieu de réalisation des tests.

Par ailleurs, la prise en compte des résultats des taux de censure amène à considérer que la réalisation des évaluations doit préférentiellement se faire « sur exploitation ». En effet, le fait qu’environ 1/3 des chiens n’aille pas jusque « Dans le troupeau » lors des tests « Hors exploitation » est très pénalisant pour ces chiens car cette variable de positionnement

« Dans le troupeau » est à la base de l’évaluation de la qualité pastorale des chiens et est l’une des 4 variables entrant dans le modèle de prévision de la valeur pastorale des chiens de protection.

De plus, lors de la réalisation pratique des tests, nous avons pu constater combien il peut être difficile pour de nombreux éleveurs de déplacer leur chien de protection en voiture car ceux-ci sont peu (voire pas du tout) habitués à être transportés. Aussi, opter pour une évaluation « hors exploitation » serait un réel frein à la mise en place et au développement des tests proposés par le Programme National.

Sur la base de ces résultats et de ce constat, nous recommandons de réaliser les tests d’évaluation des chiens de protection des troupeaux « Sur exploitation ».

D’un point de vue pratique, réaliser les évaluations « hors exploitation » implique de former plusieurs équipes de testeur-notateur pour chacun des massifs (Alpes et Pyrénées) et de fournir à chaque équipe l’équipement nécessaire à la réalisation des tests.

CONCLUSION

Cinq tests de comportement ont été proposés par le Programme National « Chiens de protection des troupeaux » pour réaliser l’évaluation des aptitudes pastorales et les défauts rédhibitoires des chiens de protection (agressivité à l’égard des humains) (test au piquet, test mise au troupeau, test randonneur, test VTT et test stimulus sonore).

Ces tests ont fait l’objet d’une étude de validation. Le protocole expérimental de cette étude de validation, déterminé a priori n’a pas pu être respecté dans son intégralité ; le nombre de chiens « mordeurs » prévu initialement n’ayant pu être atteint. Aussi, au final, 39 chiens ont été testés, dont 29 chiens « non mordeurs » et 10 chiens « mordeurs ». Les chiens « non mordeurs » ont été testés sur leur exploitation et une seconde fois en dehors de leur exploitation dans le cadre d’une autre étude visant à déterminer le lieu le plus adapté pour la réalisation des tests.

L’étude expérimentale a consisté à comparer les réponses aux 5 tests d’évaluation, par le biais de variables de comportement constituant le catalogue comportemental des chiens de protection :

des 10 chiens « mordeurs » vs. des 29 chiens « non mordeurs », dans le cadre du volet

« agressivité vis-à-vis de l’homme » ;

des chiens présentant une forte qualité pastorale vs. des chiens de mauvaise qualité pastorale, dans le cadre du volet « qualité pastorale ».

Les principaux résultats de cette étude montrent que :

- le dispositif expérimental mis en place manque de puissance pour l’étude « agressivité vis-à-vis de l’homme ». Le nombre de chiens « mordeurs » évalués est insuffisant pour valider statistiquement certaines différences constatées entre les 2 groupes de chiens.

- malgré le manque de puissance du dispositif expérimental, 4 des 5 tests discriminent les chiens « mordeurs » des chiens « non mordeurs », par le biais de variables de comportement différentes d’un test à l’autre. Ce résultat indique que les tests d’évaluation retenus par le Programme National sont valides pour évaluer l’agressivité des chiens de protection vis-à-vis de l’homme.

Les principales variables qui discriminent les chiens « mordeurs » des chiens « non mordeurs » sont le port de queue (en position haute pour les « mordeurs »), les aboiements (plus nombreux pour les « mordeurs »), les rushs et les bondissements (quasi exclusifs des chiens « mordeurs »), l’orientation du corps par rapport au testeur, la proximité du chien par rapport à l’homme, le niveau d’activité (temps passé debout plus important pour les chiens

« mordeurs » et temps passé couché sur le ventre plus élevé pour les chiens « non mordeurs »), les déplacements (les chiens « mordeurs » marchent, trottent et courent plus que les « non mordeurs »).

Les tests proposés permettent de discriminer les chiens sur leur valeur pastorale, à partir de nombreuses variables. Ces tests peuvent donc être considérés comme valides pour évaluer la qualité pastorale des chiens. Les principales variables qui discriminent les chiens de bonne qualité pastorale des chiens de mauvaise qualité pastorale sont la position du chien par rapport au troupeau (les « bons » chiens sont dans le troupeau), les variables de posture (les « bons » chiens sont plus souvent couchés), l’orientation du chien par rapport à un intrus (les « bons » sont plus « fixés » sur l’intrus), le port de queue et enfin les aboiements (plus nombreux pour les « bons » chiens).

En considérant les variables discriminant le mieux les chiens, deux modèles de décision ont été calculés :

- le premier permet de classer les chiens selon le risque qu’ils présentent d’agressivité vis-à-vis de l’homme. Ce modèle qui intègre 5 variables attribue un score aux chiens : si ce score est supérieur à 0, le chien est classé « à risque ». Les performances de ce modèle sont bonnes, avec 80 % de chiens « mordeurs » bien classés Ce modèle implique de ne faire

passer aux chiens que les 2 tests du randonneur et du VTT et ne nécessite pas de filmer les évaluations.

- le second modèle permet d’attribuer une note aux chiens allant de 0 et 10 qualifiant leur valeur pastorale. Ce modèle intègre 4 variables (ne nécessitant pas la vidéo) et demande à ce que les chiens subissent les tests de la mise au troupeau, du randonneur et du VTTiste.

Pour ces 2 modèles, le résultat obtenu par le chien peut être connu immédiatement par l’éleveur.

Au final, le dispositif d’évaluation des chiens de protection sur les volets « agressivité vis-à-vis de l’homme » et « qualité pastorale » est simplifié pour ne retenir que 3 des 5 tests initialement proposés : le test au piquet, le test du randonneur et le test du VTTiste. L’étude des effets du lieu de réalisation des tests sur les réponses des chiens aux tests conclue au fait que tester les chiens en dehors de leur exploitation entraîne ou accentue un sentiment de mal-être ou de peur qui inhibe l’expression de comportements spécifiques témoignant de la qualité pastorale des chiens (notamment la position du chien par rapport au troupeau). Les évaluations des chiens doivent donc être faites sur l’exploitations habituelle, ce qui implique que les équipes de testeurs auront à se déplacer de chien en chien.

Cette étude de validation des tests a permis d’obtenir des résultats très satisfaisants, qui valident totalement les choix de tests faits par le Programme National : privilégier des tests qui ne provoquent pas les chiens et qui retranscrivent les situations qui peuvent être vécues par les chiens de protection dans leur cadre de travail. Les modèles de décision élaborés, très pratiques et simples d’utilisation, pourront constituer de bons outils d’aide à la décision pour les éleveurs et les techniciens pastoraux. En effet, l’intérêt majeur présenté par ces tests est qu’ils constituent un ensemble qui permet d’évaluer la valeur pastorale des chiens de protection dans leur contexte de travail (en présence d’animaux et à partir de stimuli que les chiens sont amenés à rencontrés dans leur environnement) mais également leur risque d’agressivité vis à vis de l’homme a priori, avant même qu’un incident (pincement, morsure) ne soit survenu.

Cependant, afin de consolider les résultats obtenus, il nous semblerait souhaitable de tester de nouveaux chiens, notamment des chiens « mordeurs », afin de rendre le dispositif expérimental plus puissant et valider les résultats.

C HAPITRE 3

Action 3

La formation des éleveurs et l’information des