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Conclusion et perspectives du chapitre

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“Review on land use considerations in Life Cycle Assessment (LCA): methodological perspectives for marine ecosystems”

3.3 Conclusion et perspectives du chapitre

Le premier objectif de cet article était de dresser un panorama exhaustif de ce qui se pratique dans le cadre de l’évaluation des impacts environnementaux de l’occupation et de la transformation de l’espace continental. Ainsi, il a permis de montrer que de nombreuses voies ont été explorées depuis les 10 dernières années, avec une volonté de prendre en compte de plus en plus d’impacts différents et de ne pas se limiter aux seuls dommages sur la biodiversité. Ceci a été rendu possible par une définition de plus en plus fine des chaînes de causalité reliant des interventions humaines dues à l’usage des sols vers les catégories d’impact de l’ACV. Ainsi, les dommages induits sur la capacité des écosystèmes à accomplir des services écosystémiques ont été de mieux en mieux pris en compte jusqu’à aujourd’hui : dommages dus à la dégradation des fonctions de support de vie des écosystèmes (du fait de l’érosion ou de la perte de matière organique des sols) et dommages dus au changement climatique (du fait des changements d’affectation des sols) peuvent désormais être évalués. Le second objectif de cet article était d’identifier quelles perspectives pouvaient s’offrir a priori pour le développement d’une catégorie d’impacts dédiée au sea use. Il s’agissait donc d’une définition du problème, avec de premières esquisses de réflexion, portant notamment sur le type d’impacts devant être pris en compte (impacts de la destruction des fonds marins par des constructions benthiques ou du chalutage, impacts de l’ombrage, du bruit et de la création d’habitats artificiels). Ce premier aperçu a permis de confirmer que les mêmes problématiques d’occupation et de transformation de l’espace ont bien lieu en milieu marin, et que le cadre méthodologique du land use peut donc au moins en théorie être appliqué au cas de la mer.

Au moment de la publication de cet article en 2011 (correspondant au commencement de cette thèse), peu de consensus existaient sur la prise en compte des impacts liés au land use. Même si le cadre général fourni par Mila i Canals et al. (2007a) était souvent cité, d’autres méthodes avaient continué à être développées en parallèle. Ainsi, les recommandations de 2012 de la Commission Européenne sont restées assez précautionneuses sur ce sujet et n’ont permis de trancher pour cette méthode, appliquée à la teneur en matière organique des sols (Mila i Canals et al. 2007b), qu’en tant que méthode dite « intérimaire » (JRC 2012). Depuis, de nombreuses avancées ont eu lieu, notamment grâce à la publication d’un numéro spécial dans la revue International Journal of Life Cycle Assessment, entièrement dédié à la question du land use en ACV (Global land use impacts on biodiversity and ecosystem services in LCA,

Chapitre 3 : Utilisation des espaces continentaux et marins en ACV

51 sous presse). Ainsi, plusieurs articles clés ont été publiés depuis, avec une forte volonté de rassemblement des principaux auteurs ayant participé au développement méthodologique du land use. Ce rassemblement s’est produit à l’initiative de l’UNEP-SETAC, conduisant notamment aux articles de Koellner et al. (2012) et Koellner et al. (in press). Les lignes directrices fournies dans ces documents ayant suivi ce qui avait été proposé par Mila i Canals et al. (2007a), les conclusions du présent article quant aux méthodes d’évaluation du land use ne sont pas à remettre en cause. Au contraire, elles se voient consolidées par ces récentes avancées méthodologiques.

Ainsi, le schéma général pour l’évaluation des impacts du land use dans le cas d’activités successives peut se schématiser comme suit (Figure 3-2).

Figure 3-2: Illustration simplifiée des impacts de transformation (TI) et d’occupation (OI). Adapté de (Koellner et al. in press)

La Figure 3-2 illustre trois exemples typiques d’interventions en lien avec le land use, et de leurs impacts sur la qualité des écosystèmes. Les trois types d’usage des sols sont associés à des taux de régénération différents (tLU1,rest, tLU1,rest tLU1,rest). La qualité de l’écosystème est ici représentée par la richesse spécifique en plantes vasculaires dans le milieu. Par simplicité, la superficie d’occupation ou de transformation A, qui devrait apparaître sur la troisième, dimension n’est pas représentée ici. Au temps t1, le sol est transformé d’un état de référence (par exemple une forêt) à un état associé à l’usage LU1 (par exemple une prairie sèche à forte biodiversité), de meilleure qualité en termes de biodiversité. Ce premier usage des sols apparaît en rouge sur la figure. Les impacts de transformation sont donnés par la différence de

Time Ecosystem quality Q Qref QLU1 QLU2 QLU3 I II III IV V VI t1 t2 t3 t' t4 t5 t6 t7

Chapitre 3 : Utilisation des espaces continentaux et marins en ACV

52 qualité (Qref-QLU1) multiplié par le temps qu’il faudrait après abandon de LU1 pour restaurer la référence. Les impacts de transformation (IT, surface I sur la figure) et d’occupation (IO, surface II) sont tous deux négatifs, ce qui traduit un bénéfice pour l’écosystème. Dans la seconde situation, au temps t3, en vert sur la figure, le sol est transformé d’une référence (par exemple d’une forêt) à un état associé à l’usage LU2 (par exemple une prairie intensive). Ici, la transformation (III) et l’occupation (IV) de l’espace entraînent une dégradation de l’environnement (et donc des valeurs de IT et IO positives). Dans la troisième situation, au temps t4, en bleu sur la figure, le sol passe de l’usage LU2 (une prairie intensive) à un usage LU3 (une culture arable intensive par exemple). Les impacts d’occupation (surface VI) sont calculés de la même manière que dans les deux cas précédents. Les impacts de transformation (surface V) sont quant à eux calculés en soustrayant l’impact de transformation de la référence à l’usage LU2 (ITref->LU2) aux impacts de transformation de la référence à l’usage LU3 (IT ref->LU3). Par ailleurs, il est important de noter que les temps de régénération des écosystèmes sont dépendants des types d’usage des sols (tLU1,rest tLU2,rest tLU3,rest). Ainsi, les valeurs des impacts peuvent être calculées en appliquant les formules suivantes :

Eq. 3-1 ITrefLU1 =0.5×

(

Qref QLU1

)

×

(

t3−t2

)

×A Eq. 3-2 IOLU1 =

(

Qref QLU1

)

×

(

t2−t1

)

×A Eq. 3-3 ITrefLU2 =0.5×

(

Qref QLU2

)

×

(

t5−t4

)

×A

Eq. 3-4 IOLU2 =

(

Qref QLU2

)

×

(

t4−t3

)

×A

Eq. 3-5 ITLU2LU3 =0.5×

(

QrefQLU3

)

×

(

t7t6

)

TIrefLU2×A

Eq. 3-6 IOLU3 =

(

QrefQLU3

)

× − ×

(

t6 t4

)

A

Le fait que la même méthodologie ait été sélectionnée récemment par ce groupe d’experts constitue un point important, puisque le land use a été choisi comme point de départ à la réflexion sur le sea use.

Par ailleurs, ce même article fournit un schéma des chaînes de causalité (« pathways ») du land use prises en compte dans l’ACV, c’est-à-dire un schéma de l’ensemble des relations qui conduisent d’une intervention de l’homme sur son environnement à une modification de cet environnement (impact). Ce schéma a été repris Figure 3-3. Il permet de bien comprendre comment s’articulent les différentes voies d’évaluation du land use.

Chapitre 3 : Utilisation des espaces continentaux et marins en ACV

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Figure 3-3 : Chaînes de causalité des impacts du land use sur la biodiversité et les services écosystémiques (d’après (Koellner et al. in press)

Ainsi, les différentes activités humaines ayant lieu sur les espaces continentaux induisent des interventions telles que l’épandage de produits chimiques, le drainage, l’irrigation, la compaction ou le recouvrement des sols, la modification du couvert végétal et la fragmentation des habitats. Ces interventions entraînent des modifications potentielles de la fertilité du sol, des propriétés des surfaces, des conditions physico-chimiques, de la capacité d’infiltration, de la stabilité des sols, des pertes d’habitat et des modifications du paysage. Au niveau midpoint, cela se traduit en ACV par des indicateurs d’impact relatifs à la production primaire biotique, la régulation du climat, la purification de l’eau, la régulation de l’eau douce et de l’érosion (ces impacts potentiels pouvant eux-mêmes être convertis en dommages potentiels sur les ressources naturelles, la santé humaine, la qualité des écosystèmes ou l’environnement anthropique).

Avant de pouvoir se lancer dans la construction de la nouvelle catégorie d’impacts sea use, il convient de définir son périmètre, de même que cela a été fait pour le land use, à travers la définition de ces chaînes de causalité. C’est ce point de méthode qui est détaillé dans le chapitre suivant. Produits chimiques (fertilisants, biocides) Drainage Irrigation Compaction Recouvrement Modification du couvert végétal Fragmentation

Interventions Impacts directs

Structure de l’écosystème Fertilité du sol Propriétés des surfaces Conditions physico-chimiques Capacité d’infiltration Stabilité Perte d’habitat Paysage Niveau midpoint Capacité de production de la biomasse Altération de l’albedo Capacité de séquestration du carbone

Capacité de filtration and de purification

Régulation des flux d’eau

Capacité de résistance et stabilité du sol

Diversité fonctionnelle des espèces

Diversité locale et régionale des espèces Valeur esthétique et

culturelle

Niveau endpoint Aires de protection

Production primaire biotique Régulation du climat Purification de l’eau Régulation de l’eau douce Régulation de l’érosion Santé humaine Qualité des écosystèmes Environnement anthropique Ressources naturelles Changement climatique Potentiel de dommage aux services écosystémiques Potentiel de dommage à la biodiversité Compétition

Chapitre 3 : Utilisation des espaces continentaux et marins en ACV

Chapitre 4 : Cadre méthodologique du « sea use » en ACV

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Chapitre 4 : Cadre méthodologique du « Sea

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