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5.3- ANALYSE DU COÛT DE PRODUCTION DES ALEVINS MONOSEXES MÂLES 5.3.1-Introduction

VI- CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES

__________________________________________________Conclusion générale et perspectives

La technique de récolte continue a montré son efficacité, sa reproductibilité et sa simplicité de mise en œuvre dans les conditions du Niger et plus largement elle pourrait connaître une large diffusion en Afrique sub-saharienne.

Avec cette technique, les quantités d’alevins récoltées par unité de surface, par unité de géniteurs et unité de temps sont les mêmes en étangs de 100 et 200 m². Les observations rapportées par la filière aquacole lors de la première mise en oeuvre de la technique dans les étangs de 350 m² de la Station de Sona sont proches des résultats attendus. Toutefois, ces observations devraient être validées par l’application du protocole établi pour les étangs de 100 m².

La production d’alevins par cette technique augmente de la période de mise en reproduction des géniteurs jusqu’au 30 – 45e jour et, au-delà, elle diminue de manière constante. Cette baisse de production d’alevins ne peut être expliquée uniquement par le cannibalisme suggérée par la présence des «échappés». D’autres facteurs liés au déroulement du cycle reproducteur sont impliqués dans la baisse observée. Il s’agirait notamment d’approfondir les connaissances sur les interactions sociales et l’émission de substances inhibitrices qui limiteraient l’entrée en reproduction des femelles et la capacité des mâles à féconder les ovocytes.

Ces travaux permettraient une meilleure définition des modalités de gestion des géniteurs en étangs: période de stockage, période de repos et période de mise en reproduction. Par ailleurs, la gestion des géniteurs et l’optimisation de la production d’alevins devraient être mis en relation avec le climat nigérien caractérisé par une alternance de saisons chaudes et froides et de saisons sèches et pluvieuses qui ont des conséquences sur les variation de température et de turbidité de l’eau.

L’élevage en cages flottantes dans les conditions du fleuve améliore la croissance des femelles par rapport à celle, rapportée par la littérature, en étangs. Cette amélioration permet de les valoriser à travers la production de poissons marchands de 140 g destinés aux femmes «Yao» (vendeuses ambulantes) et plus largement conforte la rentabilité de l’élevage et de la filière. La vitesse du courant est le facteur déterminant de l’avantage de croissance des femelles en cages flottantes. Elle pourrait agir sur les comportements sociaux des femelles. Ce mécanisme devrait être bien élucidé à travers des travaux de recherche qui viseront à préciser les différents comportements de l’espèce et les conséquences de la vitesse du courant.

L’élevage mixte (50% de mâles et 50% de femelles) est sans conséquences sur la croissance des femelles. En revanche, il entraîne à partir de 70 g un ralentissement significatif de la croissance des mâles. Bien que ces résultats confirment l’intérêt d’un élevage en cages flottantes des mâles en populations monosexes, les performances zootechniques des femelles pourraient autoriser leur maintien en production selon le contexte technico-économique. Par ailleurs, le sexage manuel qui intervient plus tardivement, améliore le taux de récupération des mâles et facilite de façon générale cette fastidieuse opération réduisant le risque de mortalité des poissons.

__________________________________________________Conclusion générale et perspectives

Oreochromis niloticus souche Niger est sensible aux traitements d’inversion du sexe utilisant l’hormone de synthèse (17 -MT), l’hormone naturelle (11 -OHA4) et les températures élevées (36°C). La souche s’est révélée sensible a ces différents traitements à l’image des autres souches déjà testées mais avec un avantage d’efficacité en faveur de l’hormone de synthèse.

Toutefois, les résultats des traitements hormonaux d’inversion du sexe doivent être pris avec beaucoup de précautions parce que les tests ont été réalisés sur deux fratries différentes pour les deux hormones testées. Or, la sensibilité aux traitements d’inversion du sexe étant très liée aux effets parentaux, la meilleure efficacité de l’hormone de synthèse par rapport à l’hormone naturelle ne pourrait être totalement validée que sur une même fratrie. Des précautions semblables sont à prendre concernant les résultats de la thermosensibilité qui est aussi fortement liée aux effets parentaux.

Le traitement d’inversion hormonale du sexe à la 17 -MT, appliqué en hapas à la dose de 40 µg/g d’aliment sur des alevins issus directement de la récolte continue, permet de garantir l’obtention de populations monosexes mâles à grande échelle.

Cependant, au Niger, les conditions climatiques sont favorables, à certaines périodes de l’année, à l’utilisation des températures élevées dans la production de populations monosexes mâles. Un travail de recherche visant à identifier les parents à haut degré de thermosensibilté devrait être engagé afin d’aboutir à la mise en place d’une alternative à la production massive de populations monosexes mâles par sexage manuel ou inversion hormonale qui épargne la main d’oeuvre ou respecte l’environnement et l’image commerciale du produit.

Nos résultats montrent que les différentes techniques actuellement utilisées par la filière peuvent être nettement améliorées à travers la production d’alevins par la récolte continue, la valorisation des femelles par la production de poissons marchands de 140 g ou l’inversion hormonale du sexe. La simulation de ces différents résultats pour la production de poissons marchands montre qu’on peut baisser le niveau de charge de des différentes étapes et conforter ainsi la viabilité de la filière. Dans le contexte du Niger l’élevage des mâles en populations monosexes associé à la production de femelles constituent la meilleure alternative

Malgré ces avantages, le coût de production du poisson marchand produit en cages flottantes demeure aujourd’hui encore trop élevé pour le «consommateur nigérien moyen». Les travaux de recherche futurs devront s’attacher prioritairement à poursuivre la baisse de ce coût (notamment les charges liées à l’amélioration des pratiques alimentaires non étudiées ici).