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Conclusion générale

Dans le document Justice spatiale et ruralité (Page 174-180)

Il est maintenant temps de refermer ce travail à visée exploratoire et critique. J’espère, à tout le moins, être parvenu à démontrer en quoi le terme même de rural, reposant sur une partition structurante de l’espace en deux grandes catégories de pensée, opposées deux à deux, pouvait servir de base à l’entretien de stéréotypes de lieu. Ce terme, qui nous semble fondamental à déconstruire à l’heure où l’agenda politique s’empare des questions de « France périphérique » (Guilluy, 2010 & 2014) ou de

« fractures territoriales » (Davezies, 2011), désigne d’une manière générale, comme on l’a vu, le fait

d’essentialiser une population en fonction de son lieu de résidence. Or, si la banlieue a pu faire l’objet d’un traitement attentif à cet enjeu, le rural reste ainsi l’un des derniers recoins dans lesquels se tapit encore l’hydre du déterminisme, pourtant traqué sans relâche par la recherche en géographie depuis de nombreuses décennies.

De fait, dès lors que le terme de rural est implicitement associé à des jugements de valeur – et il l’est, par nature, presque systématiquement – son usage contribue à amplifier des inégalités dans l’organisation de l’espace au lieu de les réduire ; il peut ainsi être un support à l’injustice dans la manière dont sont politiquement envisagés les territoires.

Stéréotypes de lieu et ruralité

Ce n’est pourtant pas l’existence même du terme de « rural » qui pose question, ni de la dichotomie sur laquelle il s’appuie. Le principe de catégorisation reste inhérent aux sociétés humaines. La géographie ne cesse d’ailleurs de produire de telles partitions spatiales dans son processus de régionalisation (Claval, 1995) : définir des propriétés spatiales et délimiter des territoires par la différence, c’est là le cœur de la démarche de la discipline lorsqu’elle cherche précisément à montrer des nuances, à prouver l’importance de la différence entre lieux. Le rural, à ce titre, garde toute légitimité en tant qu’outil de différenciation spatiale, surtout lorsqu’il est mis au pluriel et permet de démontrer la diversité des territoires ruraux. Dans une finalité d’étude, il peut s’appuyer, comme on l’a vu, sur une approche morphologique voire représentationnelle, sans volonté de hiérarchisation ni de domination. Non, décidément : les catégorisations et les dichotomies ne sont problématiques et condamnables que lorsqu’elles sont débordées par des jugements de valeur qui font que leur usage en vient à transgresser les valeurs morales de la société (ex : hiérarchisation de la valeur des individus par la race, la richesse, le genre ou le handicap, entre autres).

Ce n’est pas non plus l’existence de différences dans l’espace qui pose problème : l’idée de « différence » est un donné ; elle est même source de richesses, et d’une variété sans cesse renouvelée dans les paysages, les cultures et l’organisation des sociétés humaines à la surface du globe. Les différences de localisation des ressources sont un fait matériel qui – sans être déterminant, puisqu’une ressource est toujours relative à un usage donné pour une époque donnée – produit un système d’organisation socio-économique, lequel joue sur les différences de lieu et hiérarchise les espaces selon le vocabulaire cher à l’approche structurale de la nouvelle géographie (pôles, périphéries, axes structurants, diffusion, intégration, etc.).

Ces différences génèrent bien souvent, il est vrai, des inégalités sociales dans l’accès aux ressources, dans la capacité à se structurer efficacement aux plans économique ou politique : là encore, ce fait est banal, et le modèle économique de l’économie de marché n’a de cesse de jouer sur les différences

pour amplifier les écarts de richesse entre lieux, comme cela se produit entre individus. Cependant l’inégalité peut être combattue par des politiques publiques adaptées, tout comme la société tente de le faire sur bien d’autres plans (politiques sociales contre la maladie, le chômage, pour accompagner le grand âge ou l’enfance en difficulté, etc.). S’il y a effectivement une logique compensatoire à l’œuvre dans les politiques publiques, alors l’inégalité ne produit pas nécessairement une injustice.

Ce qui pose problème avec le terme de rural est donc bien la capacité qu’ont les politiques publiques à ne pas envisager pleinement les inégalités qui peuvent subsister entre les formes d’organisation socio-spatiale que l’on observe dans les campagnes et celles des espaces métropolitains, du fait de l’entretien d’une vision réductrice et – donc – injuste du territoire. Si l’inégalité générée par les différences de lieux n’est effectivement pas prise en charge par un principe de compensation équitable – ou, plus encore, si elle n’est même pas clairement identifiée – alors il y a bien injustice. La connaissance fine de la géographie des territoires est ainsi, en soi, la première réponse possible en faveur de la réduction des injustices spatiales.

Ce que l’on n’a pas démontré

Certes, ce n’est pas parce qu’on a identifié la possibilité d’injustices qu’elles sont systématiques. J’ai voulu démontrer leur présence effective dans certains pans de l’action publique, en particulier dans la statistique, dans l’éducation et dans les finances locales comme dans l’action environnementale – et chacun de ces points me semble d’ailleurs prometteur pour ouvrir à des sujets plus approfondis de recherches doctorales. Je n’ai pas démontré pour autant leur caractère systématique. Je n’ai pas non plus affirmé le fait qu’elles s’appliquaient à toutes les catégories de population vivant dans l’espace rural. On n’oublie pas le fait que l’espace reste l’une des dimensions possibles du jeu social et que l’injustice reste d’abord une production sociétale, appuyée notamment en premier lieu sur les différences de richesse. Les populations les plus aisées du monde rural n’éprouvent sans aucun doute guère de sentiment d’injustice dans la manière dont leur territoire est considéré par l’action publique, dès lors que ces habitants sont dans une logique de multi-résidentialité ou de mobilité aisée et ne sont pas dépendants des contraintes directes de la distance.

Pour autant, ce n’est pas parce qu’une injustice n’est pas systématique qu’elle ne doit pas être considérée comme un problème à traiter, et ceci d’autant plus que les phénomènes d’intériorisation des inégalités et d’invisibilisation des groupes sociaux minoritaires peuvent rendre l’expression de l’injustice moins facile à appréhender.

L’autre limite à cette démonstration réside dans la difficulté à établir ce qui relève de l’universalité du juste, malgré les hautes exigences fixées par la démarche rawlsienne dans les premiers chapitres de ce travail. Le modèle qui a été adopté tout au long de cette recherche, en effet, procède en deux temps : d’abord par l’identification des formes d’oppression préalable de Young, c’est-à-dire par la mise en lumière de formes d’injustice ; puis par la confrontation de ces critères aux deux principes de la justice de Rawls, soit le respect d’une égalité fondamentale de droit entre individus, amendée par des formes d’équité et des principes de péréquation de richesse en cas d’inégalité de fait.

Or il a été systématiquement plus facile de montrer l’injustice que de prouver la défaillance des deux critères rawlsiens et, par suite, de construire en conséquence des propositions allant dans le sens d’une réduction de l’injustice. C’est ainsi que les quelques solutions avancées face aux situations manifestes d’injustice ont été formulées, par prudence, dans le cadre bien précis d’une « procédure d’énonciation

Ces propositions s’en sont également tenues au strict principe d’égalité fondamentale de droit entre personnes, en appliquant le « voile d’ignorance » de Rawls face à tout exceptionnalisme culturel local : c’est pour cela que le présent propos est resté contenu dans le contexte bien circonscrit du rural français. Il semble par contre difficile d’aboutir, à ce stade, à une proposition plus large, et encore moins à des solutions à valeur universelle, tant les expressions géographiques et culturelles du rural sont diverses à une échelle plus vaste.

Le sentiment d’injustice n’est-il pas exagéré ?

Une dernière réserve consiste à s’interroger sur le caractère construit – voire forcé – du sentiment d’injustice, notamment lorsqu’il est énoncé, comme dans le présent travail, sans le recours à une enquête de terrain exhaustive auprès des populations rurales elles-mêmes. En effet, je justifie ici l’idée d’injustice par la seule application de critères d’oppression et de rupture d’égalité de droit. Je passe certes aussi par l’intermédiation d’autres recherches, dont il a été fait la synthèse et l’interprétation, et je m’appuie sur la fréquentation des associations et élus ruraux, donc sur une forme d’imprégnation et d’engagement ; mais pas sur une démarche systématique d’analyse de terrain. Malgré le caractère très délicat d’une démarche d’enquête relative aux ressentis de l’injustice, il y aurait donc encore matière à diriger de futures recherches doctorales sur un tel sujet. J’ai d’ailleurs déjà pu lancer une telle analyse auprès de plusieurs travaux étudiants de Master, notamment en travaillant sur le public des élèves issus du milieu rural, qui ont été interrogés sur les éventuelles discriminations ressenties dans leur cursus du fait de leur origine géographique ; ou bien par la confrontation entre les représentations stéréotypées issues des discours de presse et l’image d’un territoire que défendent les acteurs locaux.

Cependant, quelle que soit la force du sentiment d’injustice qui pourra éventuellement être exprimé par les habitants et acteurs de l’espace rural, on peut aussi estimer que ce sentiment n’est pas fondé sur une approche rationnelle des faits ni sur une analyse distanciée de l’intérêt général. On peut même considérer que l’injustice ne voit qu’un pan des déséquilibres entre territoires, notamment en matière de dotations publiques, et que la fiscalité locale est en réalité largement compensée par la « circulation

invisible des richesses » chère à Laurent Davezies (2008). Rappelons que les travaux de cet auteur,

relatifs à l’étude des bases économiques dans les territoires, ont permis d’identifier le fait que le levier principal du développement rural ne reposait finalement pas tant dans la croissance de l’économie productive, ni dans la quantité de subventions publiques apportées au territoire, mais dans le fait qu’un rééquilibrage s’opérait par les transferts publics et privés de revenus, via les retraites, les résidents étrangers, l’économie des loisirs et du tourisme, les traitements des fonctionnaires présents dans les campagnes, ou encore les prestations sociales individuelles apportées aux habitants qui y ont droit. En somme, on survaloriserait l’injustice au titre d’inégalités collectivement observées, alors que l’inégalité serait, en pratique, largement compensée par des mécanismes spontanés et individuels de rééquilibrage territorial. De fait, « la géographie de la croissance s’est peu à peu déconnectée de la

géographie du développement local » (Pecqueur, Talandier, 2011) car les ressources sont produites

dans d’autres lieux que ceux où elles sont consommées, et certaines zones d’emploi rurales vivent désormais principalement de la « base résidentielle » (Talandier, 2008 ; Davezies & Talandier, 2014), c’est-à-dire de ces transferts individuels et spontanés des revenus vers le rural. Les flux monétaires circulent, comme les personnes, et invalident à ce titre tout cloisonnement étanche entre rural et urbain, l’un bénéficiant spontanément des revenus de l’autre.

Le modèle de la base résidentielle n’est pourtant pas contradictoire avec l’étude des injustices en milieu rural ; tout d’abord, parce que cette base reste étroitement dépendante du mécanisme circulatoire des richesses, dont la réduction inquiète Laurent Davezies lorsqu’il identifie un « nouvel

égoïsme territorial » (Davezies, 2015) limitant les efforts publics et concentrant les richesses privées

dans les mains d’un nombre toujours plus réduit de bénéficiaires. De même, il est montré la fragilité intrinsèque de cette base résidentielle, qui jouerait tout au plus le rôle d’un « amortisseur heureux », mais « anesthésiant » en contexte d’aporie des flux financiers : pour Pierre Veltz (2008 : 15-22), « ce

décalage croissant entre les territoires de la production et les territoires de la consommation n’est pas sans poser problème à son tour. […] Il risque d’aggraver la dualisation entre une France très insérée dans la mondialisation et dans l’exploration du futur, et une France largement coupée du marché et de la mutation technique, tentée de se replier sur un confort en réalité précaire ». Plus encore, l’essor de

la base résidentielle en milieu rural apporte, avec lui, toutes les contradictions économiques qui sont liées à un modèle économique spontané. La redistribution des richesses en milieu rural reste un processus individuel, essentiellement privé, qui creuse les effets ségrégatifs sur le territoire : essor du coût du foncier et des logements, « exacerbant les tensions avec les jeunes autochtones, surtout si ces

derniers restent massivement assignés à des tâches de services peu qualifiés » (Veltz, idem : 251),

nouvelles charges publiques liées aux attentes croissantes en matière d’infrastructures et de services, risques de clubbisation et de formation de territoires de relégation (Doré, 2008).

En somme, l’effet atténuateur de cette redistribution des flux financiers n’est qu’un effet de moyenne, et masque précisément les écarts individuels, tout comme l’absence de politiques publiques offensives en direction d’une forme de justice spatiale en milieu rural. L’économie locale doit donc « marcher sur

ses deux jambes » (Tanguy, Davezies, 2005), et les effets faussement lénifiants de la base résidentielle

ne doivent précisément pas empêcher de penser les faits d’injustice dans la production et la distribution des richesses à l’échelon locale. C’est lorsque l’on croit que la circulation des richesses est un fait socialement et spatialement généralisé au bénéfice de toutes les populations rurales que l’injustice est négligée par l’action publique et finit par s’accroître.

Quelle contribution de la science géographique au politique ?

Cherchons enfin, en guise d’ultime réflexion à ce travail, à apporter une solution à la tension initialement soulevée par le premier chapitre entre la science et le politique. La recherche ici produite a donc visé à décloisonner l’analyse de l’objet scientifique que constitue l’espace rural du moment politique qui s’occupe de son traitement dans l’action publique. J’ai tenu à montrer que l’étude du fait rural restait attachée à de nombreuses valeurs et jugements moraux – voire que fait et valeur étaient même indissociables l’un de l’autre lorsqu’on envisage un tel sujet de recherche, et que c’est précisément lorsqu’on prétend séparer l’un de l’autre que l’on aboutit à une production de stéréotypes de lieux voire d’injustices.

On rejoint donc, en ce sens, la proposition centrale de Bruno Latour (1999 : 135) lorsqu’il réfute lui aussi, au sujet des questions environnementales, l’ancien partage entre science et politique et exige

« une nouvelle séparation des pouvoirs » dans la démarche scientifique. L’emprunt à Latour n’est guère

forcé lorsqu’on parle de ruralité, tant on a vu à quel point la ruralité était associée au principe de nature dans la construction de l’impératif écologique contemporain.

Dès lors, notre enjeu de justice spatiale suppose de ne plus chercher à cloisonner artificiellement le fait rural des valeurs qui lui sont attachées, puisque c’est par ces valeurs que le rural existe et que l’on construit, aujourd’hui encore, l’organisation du territoire. Le tournant constructiviste des sciences

sociales a bien acté cette valeur représentationnelle de l’espace [§17] et le rural est, plus que jamais aujourd’hui, une représentation sociale [§58]. La division fondamentale ne se situe en fait pas entre un fait scientifique rural prétendument objectif d’une part, et son traitement politique d’autre part, qui relèverait, lui, des seules valeurs morales : ces deux aspects de la ruralité sont indissociables. La rupture essentielle pour libérer la science du dilemme wébérien, et pour penser efficacement l’action publique, est bien plutôt à instaurer entre le moment délibératif, d’une part, et le moment de la prise de décision d’autre part – ces deux moments que Latour nomme respectivement la « prise en compte » et « l’ordonnancement » (idem : 156).

Selon le philosophe, ces deux moments sont chacun constitués de deux « exigences », qui composent alors une nouvelle grille de lecture de l’articulation entre le scientifique et le politique. On ne sépare plus le fait de la valeur, ni la science du politique, mais surtout le moment réflexif du moment de la décision. Les deux exigences de « prise en compte », qui constituent le moment réflexif, sont :

(1) l’exigence de perplexité : « ne pas simplifier le nombre de propositions à prendre en compte

dans la discussion ». Le devoir méthodologique de la démarche scientifique est ainsi, plus que

jamais, la défense de la pensée complexe, des logiques causales non-linéaires et des rétroactions ; de ne jamais se satisfaire de la première explication trouvée à un phénomène social, et encore moins d’un argument spatialiste, mais bien intégrer cela à un système plus englobant d’explication des faits géographiques. L’exigence de falsifiabilité wébérienne y trouve donc pleinement sa place ;

(2) l’exigence de consultation : « ne pas court-circuiter arbitrairement le nombre de voix qui

participent à l’articulation des deux propositions » ; ce qui signifie en particulier, pour l’analyse

géographique, une prise en compte la plus large possible des discours d’acteurs, voire des dispositifs discursifs sous toutes leurs formes dans les territoires, comme on a tenté de le faire dans cette recherche. Cela passe aussi, bien entendu, par des protocoles d’enquête de terrain suffisamment robustes en cas d’étude de cas plus détaillée.

Les deux exigences « d’ordonnancement », qui constituent le moment décisionnel, sont ensuite : (3) l’exigence de hiérarchisation : « discuter la compatibilité des propositions nouvelles avec celles

qui sont déjà instituées, de façon à les maintenir toutes dans un même monde commun » ;

l’attente implicite formulée par cette nouvelle exigence est celle d’une mise en cohérence morale de l’ensemble des règles sociales, ce qui passe – notamment – par le respect des deux principes de la justice rawlsiens ;

(4) l’exigence d’institution : « ne plus discuter la présence légitime [des nouvelles propositions] au

sein de la vie collective » ; ce dernier point relève à l’évidence surtout de la sphère du politique,

même si l’on conçoit bien que la démarche latourienne ne sépare jamais le scientifique du politique dans leur coopération pour fonder, ultimement, ce qui relève du « légitime ». La science se doit ici simplement de soutenir ce qui aura été institué par son concours critique en revenant sur les justifications qui ont abouti à une telle décision et en prouvant en continu la validité de la parole politique. Du moins la forme prise par l’action publique peut-elle être discutée, si l’exigence n°3 d’ordonnancement n’a pas été convenablement prise en compte ; mais pas le fond même de la décision publique, qui reste seule garante de l’ordre social.

La démarche latourienne vient ainsi tout particulièrement résoudre le dilemme wébérien en proclamant la crise de l’objectivité (idem : 32) dans l’approche des faits de nature – et, en ce qui nous

concerne, de l’idée même de ruralité. Elle vient apaiser finalement l’inquiétude du scientifique sur la prétendue objectivité de son message – impossible à garantir – en lui substituant un impératif politique de bon respect des deux exigences de prise en compte énoncées ci-dessus (perplexité et consultation), tout en prolongeant la mission du scientifique dans un rôle d’accompagnement face aux exigences d’ordonnancement de la sphère politique. Ce programme finalement très clair permet ainsi à la géographie de reprendre heureusement place, à son tour et plus que jamais en contexte d’interrogations territoriales croissantes, dans le débat de société.

Dans le document Justice spatiale et ruralité (Page 174-180)