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Partie 2 : Données actuelles sur la contraception orale

V. Conclusion sur Diane 35®

Dans les 4 derniers rapports de sécurité fournis par le laboratoire Bayer, les spécialités Diane 35® et Minerva® ont été examinées. L’ensemble des données de pharmacovigilance pour ces spécialités couvre la période d’octobre 2008 à mars 2012 au niveau mondial. Nous savons que ces spécialités sont présentes dans 126 pays et utilisées pour des problèmes androgéniques chez les femmes (acné,

alopécie androgénique et hirsutisme). On dénombre 15 millions de

traitements/années sur les 4 derniers rapports. Ainsi, on compte 644 cas confirmés dont 286 graves.

Les effets indésirables les plus graves pour ces spécialités sont les effets thrombotiques artériels ou veineux. C’est pour cela que les données des 4 derniers rapports ont été analysées dans ce sens. Ainsi, durant l’analyse des 4 rapports, on dénombre 145 cas d’effets thrombotiques, 28 en France, dont 15 déclarés par les CRPV. 85% des cas sont des effets indésirables thrombotiques veineux. C’est pour cela que ce risque est mentionné dans le RCP du produit. De plus, le délai de survenue de ces accidents est pour 87% des cas au cours de la première année de traitement. Il est donc nécessaire d’informer les prescripteurs et les patientes sur l’importance de consulter si des signes suspects d’évènements veineux apparaissent, surtout au cours de la première année. Les cas d’évènements thromboemboliques veineux sont généralement plus graves et conduisent plus souvent à une évolution fatale, avec 13% de cas de décès suite à un accident veineux contre aucun décès suite à un évènement artériel. Enfin si les contre-indications et les précautions d’emploi du RCP de ces produits étaient respectées, certains évènements thrombotiques veineux ou artériels auraient pu être évités. En

effet, certains facteurs de risques sont détectables lors de l’interrogatoire ou lors de l’examen clinique, comme par exemple l’âge, 22 femmes victimes d’accidents veineux avaient plus de 35 ans, et 4 femmes victimes d’accidents artériels, avaient également plus de 35 ans. De même, pour les troubles de l’hémostase ou la prise d’autres médicaments. Ainsi, 2 femmes victimes d’accidents veineux présentaient une anomalie de l’hémostase et 11 femmes prenaient d’autres médicaments susceptibles d’augmenter le risque thromboembolique veineux dont 2 avaient en plus le facteur de risque lié à l’âge. Ainsi, au total 33 femmes sur 125 présentaient un facteur de risque qui, s’il avait été pris en compte, aurait permis de diminuer, voire d’éviter la survenue de ces évènements veineux. Pour les évènements artériels, c’est 5 cas qui auraient pu être évités sur 19, puisque 4 femmes avaient un

facteur de risque lié à l’âge, et 1 présentait une maladie de Fabry.72

Enfin l’ANSM a rendu son verdict et elle considère que le rapport bénéfice/risque de Diane 35® et ses génériques n’est pas favorable, d’une part, parce que son efficacité dans le traitement de l’acné est modeste et n’apporte rien de plus par rapport aux traitement existants. D’autre part, car le risque thromboembolique est réel et la survenue de grossesses non désirées possible. De plus, l’ANSM impute à Diane35® 4 cas de décès et 125 cas de thrombose. Cependant, la France doit se conformer à la décision de l’Europe. Ainsi, suite au déclenchement de la procédure d’arbitrage lancée par l’ANSM, l’Agence Européenne du médicament a décidé du retour sur le marché de Diane 35®. Dès janvier 2014, Diane 35® fait donc son retour dans les pharmacies, soit 8 mois après son retrait. La France était le seul pays européen à avoir retiré ce produit du marché contre l’avis de la Commission européenne en février 2013.

4) Impact de la polémique des COC de troisième et quatrième

génération

I. Sur les interruptions volontaires de grossesse

En 2013, le nombre total d’IVG en France a augmenté de 4,7% par rapport à 2012, passant de 207 000 à 217 000 avortements, alors qu’on observait une légère diminution ces dernières années. Dès le début de la polémique sur les contraceptifs de troisième et quatrième génération, la vente des contraceptifs d’urgence a augmenté. En effet, sur la période de janvier 2013 à avril 2014, on note une légère augmentation de 5,6% par rapport à la même période l’année précédente. Une tendance à la hausse qui fait suite au débat concernant les pilules. Ainsi, cette augmentation est le reflet d’un arrêt brutal de contraception chez les jeunes femmes ayant peur désormais des contraceptions hormonales et de leurs effets indésirables

tels que les phlébites.60 Cependant, cette augmentation peut également s’expliquer

par la mise en place de la gratuité des IVG pour toutes les femmes, et plus seulement, pour les mineures, depuis le 31 mars 2013, et de l’augmentation de la

rémunération des établissements hospitaliers qui pratiquent une IVG78.En effet, le

remboursement à 100% de l’IVG et la prise en charge rapide de la patiente peut déresponsabiliser certaines femmes vis à vis de la pratique d’une IVG. On note désormais un report vers les contraceptions moins efficaces, tels que le retrait, l’abstinence périodique ou les méthodes locales, ce qui, inévitablement augmente, le risque de grossesses non désirées et risque donc d’entraîner une augmentation du taux d’interruptions volontaires de grossesse. Le tableau suivant permet de comparer l’efficacité des différentes méthodes existantes grâce à la comparaison de

Tableau 16 : Efficacité comparative des différentes méthodes contraceptives 84

Méthodes contraceptives Indice de Pearl

Pilule oestroprogestative 0,3 Pilule progestative 0,3 DIU hormonal 0,2 DIU au cuivre 0,6 Préservatifs masculins 2 Spermicides 18 Diaphragme 6 Cape cervicale 9 à 26 Méthodes naturelles 1 à 9 Implants 0,05