1.6 D´emarche
2.1.3 Des concepts et th´eor`emes principaux utiles pour notre d´efinition de
Cette sous-section d´ebute par le rappel de la d´efinition du concept d’´evolution viable.
Dans le cas d’un syst`eme contrˆol´e dont l’´evolution de l’´etat d´epend de cet ´etat, mais ´ega-lement d’actions ext´erieures maˆıtrisables, le sous-ensemble form´e des ´etats desquels part au moins une solution viable est appel´enoyau de viabilit´e. Ce sous-ensemble peut ˆetre ca-ract´eris´e par des conditions de tangentialit´e. Les probl`emes d’optimisation en horizon infini comme la fonction de temps de crise minimal peuvent ˆetre r´esolus par la d´etermination de noyaux de viabilit´e de syst`emes auxiliaires.
L’´evolution de l’´etat du syst`eme peut ´egalement ˆetre influenc´ee par des perturbations non
4Voir section1.3.
CemOA : archive ouverte d'Irstea / Cemagref
CHAPITRE 2. LA R ´ESILIENCE DANS LE FORMALISME DE LA VIABILIT ´E 24
maˆıtrisables. Ces perturbations peuvent ˆetre interpr´et´ees comme le fait d’une nature indiff´e-rente ou comme l’´ecart entre la dynamique r´eelle et la dynamique mod´elis´ee, dˆu `a nos igno-rances de certains comportements du syst`eme. Dans ce contexte non coop´eratif, le concept d’´etat viable qui suppose implicitement que tous les processus de r´egulation peuvent ˆetre choisis, n’a plus de sens. Le concept pertinent est celui de noyau discriminant qui peut
´egalement ˆetre caract´eris´e par des conditions de tangentialit´e. Les fonctions valeurs associ´ees
`a ces jeux diff´erentiels peuvent ˆetre calcul´ees `a l’aide de noyaux discriminants ou d’intersec-tions de noyaux de viabilit´e de syst`emes auxiliaires.
Le concept d’´evolution viable
Soit X ⊂ Rn l’espace des ´etats du syst`eme. Les ´evolutions x(t) d´ecrivent l’´etat du syst`eme en fonction du tempst ∈R+ := [0,+∞[.
Aubin (1991) d´efinit le concept d’´evolution viable dans un ensemble de contraintesK ⊂X [80].
D´efinition 2.1.3.1 La trajectoire d’une ´evolution viable est contenue dansK:
∀t ≥0, x(t)∈K. (2.1)
Etude d’un syst`eme contrˆol´e´
Description de la dynamique. L’´evolution de l’´etat du syst`eme d´epend de cet ´etat, mais elle peut ´egalement ˆetre influenc´ee par des actions ext´erieures appel´eescontrˆoles. Ces con-trˆoles sont appel´escommandeslorsqu’ils sont le fait d’acteurs our´egulonslorsque la source n’est pas vraiment identifi´ee. L’´evolution de l’´etat du syst`eme est donc gouvern´ee par un syst`eme dynamique de la forme :
( x0(t) =f(x(t), u(t)) (action)
u(t)∈U(x(t)) (retroaction) (2.2)
prenant en compte le fait que les diff´erents contrˆoles u qui peuvent intervenir au temps t appartiennent `a un ensemble U(x(t)) qui d´epend de l’´etat du syst`eme au temps t. Soit Y l’espace des contrˆoles, la correspondanceU : X Y d´ecrit les contraintes d´ependant de l’´etat sur les contrˆoles.
Partant d’un point initial donn´ex0, il peut exister plusieurs ´evolutions possibles correspondant aux diff´erents contrˆoles op´er´es au cours du tempst→u(t).
Une solution du syst`eme (2.2) est une ´evolution t → x(t)telle qu’il existe une fonction de
CemOA : archive ouverte d'Irstea / Cemagref
CHAPITRE 2. LA R ´ESILIENCE DANS LE FORMALISME DE LA VIABILIT ´E 25
contrˆole mesurablet →u(t)telle que les conditions de (2.2) soient v´erifi´ees presque partout.
La correspondanceS associe `a tout ´etat initialx ∈ Xle sous-ensemble S(x)⊂ C(0,∞;X) des solutions issues dex.
Nous aurons besoin de la d´efinition d’un syst`eme contrˆol´e Marchaud dans les ´enonc´es des th´eor`emes suivants :
D´efinition 2.1.3.2 SoientU : X Y etf : X ×Y → X. (U, f) est un syst`eme contrˆol´e Marchaud si Graph(U)est ferm´e,f est continue,f etU ont des croissances lin´eaires5 et les ensembles{f(x, u)|u∈U(x)}sont convexes pour toutx∈Dom6(U).
Caract´erisation d’un ensemble viable. Un ensemble K est viable si pour tout x ∈ K, il existe une solution de (2.2) partant dexet viable dansK. Intuitivement, un ensemble est viable s’il existe en chaque point de sa fronti`ere, une d´eriv´ee tangente `a ce sous-ensemble qui permet `a la trajectoire de rentrer `a l’int´erieur ou de poursuivre sur la fronti`ere.
La notion de tangentialit´e est d´efinie `a partir de celle de cˆone contingent7:
D´efinition 2.1.3.3 Le cˆone contingent `aK enxest l’ensemble TK(x) :={v ∈X|lim inf
h→0+
dk(x+hv)
h = 0}, (2.4)
o`udK(y)est la distance dey `aKd´efinie par dK(y) := inf
z∈Kky−zk.
5SoitF :X Xune correspondance. Notons kF(x)k:= sup
y∈F(x)
kyk,
F a une croissance lin´eaire s’il existe une constante positivectelle que
∀x∈Dom(F), kF(x)k ≤c(kxk+ 1).
Cette hypoth`ese ´evite l’explosion en temps fini des solutions puisqu’elles sont born´ees par une expo-nentielle.
6Le domaine d’une fonction multivoqueU est d´efini par
Dom(U) :={x∈X|U(x)6=∅}. (2.3)
.
7introduit par Georges Bouligand et Francesco Severi au d´ebut des ann´ees 1930.
CemOA : archive ouverte d'Irstea / Cemagref
CHAPITRE 2. LA R ´ESILIENCE DANS LE FORMALISME DE LA VIABILIT ´E 26
Sixappartient `a l’int´erieur deK, le cˆone contingent `aK enxen l’espaceX tout entier.
SiK est une vari´et´e diff´erentielle, le cˆone contingent co¨ıncide avec l’espace tangent et siK est convexe, il co¨ıncide avec l’espace tangent de l’analyse convexe.
Theor`eme 2.1.3.1 Soit(U, f)un syst`eme contrˆol´e Marchaud. SoitK ⊂Dom(U)ferm´e.
Alors K est viable pour le syst`eme contrˆol´e (2.2) si et seulement si la correspondance de r´egulationRK d´efinie par
∀x∈K,RK(x) := {u∈U(x)|f(x, u)∈TK(x)} (2.5) a des valeurs non vides pour toutx∈K.
Caract´erisation du noyau de viabilit´e. SoitK ⊂ Dom(U), le noyau de viabilit´e de K pour le syst`eme contrˆol´e (2.2), not´e Viab(K), est le sous-ensemble des ´etats initiauxx0 ∈K tels qu’il existe au moins une solutionx(.) ∈ S(x0)du syst`eme (2.2) partant de x0et viable dansK.
Theor`eme 2.1.3.2 Soit(U, f)est un syst`eme contrˆol´e Marchaud. SoitK ⊂Dom(U)ferm´e.
Alors le noyau de viabilit´e deK existe et est ´egal au plus grand sous-ensemble ferm´e de K viable pour (2.2).
Les ´equilibres, les trajectoires de solutions p´eriodiques, les ensembles limites et les attrac-teurs, s’ils existent, sont contenus dans le noyau de viabilit´e.
Caract´erisation du noyau de viabilit´e d’ordre T. Le noyau de viabilit´e d’ordre T est l’ensemble des ´etatsx ∈ K tels qu’il existe au moins une solution de (2.2) partant de xet viable dansK pour toutt∈[0, T]. Il est not´e Viab(K, T).
Les deux th´eor`emes suivants montrent l’´equivalence entre les noyaux de viabilit´e d’ordreT et les ensembles de niveaux du noyau de viabilit´e d’un syst`eme auxiliaire.
Soit la fonction temps de sortie maximal d´efinie par τK](x) := sup
x(.)∈S(x)
τK(x(.)) = sup
x(.)∈S(x)
inf{t ∈[0,∞[|x(t)∈/ K}.
Nous rappelons les d´efinitions d’´epigraphe et d’hypographe d’une fonction ´etendue (Fig.
2.1) :
CemOA : archive ouverte d'Irstea / Cemagref
CHAPITRE 2. LA R ´ESILIENCE DANS LE FORMALISME DE LA VIABILIT ´E 27
FIG. 2.1 – L’´epigraphe de la fonction ´etendueV : X → R∪ {+∞}est colori´e en gris dans la figure de gauche. L’hypographe de la fonction ´etendueV :X →R∪ {−∞}est colori´e en gris dans la figure de droite.
D´efinition 2.1.3.4 Une fonction ´etendue est une fonctionV :X →R∪ {+∞}.
Son domaine est l’ensemble des points o`uV est finie :
Dom(V) := {x∈X|V(x)6=∞}.
V est non triviale si son domaine n’est pas r´eduit `a l’ensemble vide.
Son ´epigraphe est d´efini par :
Ep(V) :={(x, λ)∈X×R|V(x)≤λ}.
L’hypographe d’une fonctionV :X →R∪ {−∞}est d´efini par : Hyp(V) :={(x, λ)∈X×R|V(x)≥λ}.
Theor`eme 2.1.3.3 Soit (U, f) un syst`eme contrˆol´e Marchaud et soit K ⊂ X ferm´e, alors pour toutT ≥0, les noyaux de viabilit´e d’ordreT sont caract´eris´es par :
Viab(K, T) ={x∈K|τK](x)≥T}.
SoitF la correspondance d´efinie parF(x) := {f(x, u)|u∈U(x)}.
Associons `aF la correspondanceψF :K×R+ X×Rd´efinie par ψK(x, w) :=
(
F(x)× {−1} si w >0
co(F(x)∪ {0})×[−1,0] si w= 0. (2.6)
CemOA : archive ouverte d'Irstea / Cemagref
CHAPITRE 2. LA R ´ESILIENCE DANS LE FORMALISME DE LA VIABILIT ´E 28
Theor`eme 2.1.3.4 Supposons que (U, f) est un syst`eme contrˆol´e Marchaud et que K ⊂ Dom(U) est ferm´e, alors l’hypographe de la fonction temps de sortie maximal τK] est la noyau de viabilit´e deK×R+pour la correspondanceψF :
Hyp(τK]) = ViabψK(K×R+).
Probl`emes d’optimisation en horizon infini. Ces probl`emes sont ´etudi´es par Aubin et Frankowska (1996) [86]. L’objectif est de d´eterminer la fonction valeur associ´ee `a un probl`e-me d’optimisation en horizon infini. Nous rappelons la d´efinition de l’´epid´eriv´ee contingente avant d’´enoncer le th´eor`eme qui lie l’´epigraphe de la fonction valeur au noyau de viabilit´e d’un syst`eme auxiliaire.
D´efinition 2.1.3.5 SoitV :X →R∪ {+∞}une fonction ´etendue non triviale etx apparte-nant `a son domaine, l’´epid´eriv´ee contingenteD↑V(x)v´erifie
∀y∈X,D↑V(x)(y) := lim inf
h→0+,y0→y
V(x+hy0)−V(x) h
et l’´epigraphe de l’´epid´eriv´ee contingenteD↑V(x)est ´egal au cˆone contingent `a l’´epigraphe deV en(x, V(x))
du probl`eme d’optimisation intertemporelle de la fonctionnelle actualis´ee Z ∞
t
eatW(x(τ), u(τ))dτ
sur toutes les solutions(x(.), u(.))du syst`eme contrˆol´e (2.2) partant au tempstdex0. Le th´eor`eme suivant montre l’´equivalence entre l’´epigraphe de la fonction valeur du probl`eme d’optimisation intertemporelle et le noyau de viabilit´e de l’ensemble Dom(U)×R+
pour le syst`eme auxiliaire associ´e `a la correspondanceG:X×R X×R, d´efinie par G(x, w) := {(f(x, v), λ)|v ∈U(x)et
λ+aw ∈[−c(kxk+ 1),−W(x, v)]}. (2.7)
CemOA : archive ouverte d'Irstea / Cemagref
CHAPITRE 2. LA R ´ESILIENCE DANS LE FORMALISME DE LA VIABILIT ´E 29
Theor`eme 2.1.3.5 Supposons
– (U, f)est un syst`eme contrˆol´e Marchaud,
– W : (x, v) ∈ Graph(U) → W(x, v) ∈ R+ est une fonction semi-continue inf´erieure-ment, positive et convexe par rapport `av,
– ∃c >0tel que∀(x, v)∈Graph(U),W(x, v)≤c(kxk+ 1), – le domaineK :=Dom(U)est ferm´e,
alors,V(t, x)et la plus petite fonction semi-continue inf´erieurementVαv´erifiant : – la propri´et´e de monotonie :∀x0 ∈Dom(Vα), il existe un solution du syst`eme contrˆol´e
(2.2) partant dex0 `at = 0et satisfaisant seulement si c’est une solution optimale du probl`eme d’optimisation intertemporelle :
Z ∞
Dans ce cas, cette solution v´erifie le principe d’optimalit´e :
∀t ≥0,eatVα(ˆx(t)) =
alors, les solutions optimales au probl`eme d’optimisation intertemporelle sont gouvern´ees par la loi de r´egulation optimale,
pour presque toutt≥0, u(t)∈Rα(x(t)).
Exemple d’optimisation en horizon infini : la fonction temps de crise. La fonction temps de crise a ´et´e introduite par Doyen et Saint-Pierre (1997) [87]. Le temps de crise associ´e `a
CemOA : archive ouverte d'Irstea / Cemagref
CHAPITRE 2. LA R ´ESILIENCE DANS LE FORMALISME DE LA VIABILIT ´E 30
une ´evolution est le temps pass´e hors de l’ensemble des contraintes. Soit(U, f)un syst`eme contrˆol´e et, K, un ensemble de contraintes, tout point x ∈ X peut ˆetre caract´eris´e par le temps de crise minimal :
CK(x) := inf
x(.)∈S(x)µ(t|x(t)∈/ K) (2.12)
avecµmesure de Lebesgue.
Le temps de crise minimal est la fonction valeur associ´ee `a un probl`eme d’optimisation en horizon infini :
le th´eor`eme suivant est un corollaire du th´eor`eme2.1.3.
Theor`eme 2.1.3.6 Si (U, f) un syst`eme contrˆol´e Marchaud et K ⊂ X ferm´e et v´erifiant K ∩ Dom(U) 6= ∅, alors l’´epigraphe de la fonction temps de crise CK est le noyau de viabilit´e deX×R+pour la correspondanceG:
Ep(CK) = ViabG(X×R+).
Etude d’un jeu dynamique´
Description de la dynamique. Comme dans le cas d’un syst`eme contrˆol´e (2.2), l’´evolution de l’´etat du syst`emex(t)d´epend de cet ´etat et du contrˆoleu∈U(x(t)). Nous supposons, en outre, que cette ´evolution est influenc´ee par des perturbations p ∈ P(x(t)). Ces perturba-tions peuvent ˆetre interpr´et´ees comme le fait d’une nature ind´ependante et indiff´erente8, ou comme l’´ecart entre la dynamique r´eelle et la dynamique mod´elis´ee, dˆu `a nos ignorances de certains comportements du syst`eme. L’´evolution de l’´etat du syst`eme est donc gouvern´ee par un syst`eme dynamique de la forme :
prenant en compte le fait que, comme les contrˆoles, les diff´erentes perturbationspqui peuvent intervenir au tempst appartiennent `a un ensembleP(x(t))qui d´epend de l’´etat du syst`eme
8ces perturbations sont appel´eestychesdans [88, Aubin (1997)].
CemOA : archive ouverte d'Irstea / Cemagref
CHAPITRE 2. LA R ´ESILIENCE DANS LE FORMALISME DE LA VIABILIT ´E 31
au tempst.
Une solution du syst`eme (2.14) est une ´evolutiont → x(t)telle qu’il existe une fonction de contrˆolet →u(t)et une fonction associ´ee aux perturbationst→ p(t)mesurables telles que les conditions de (2.14) soient v´erifi´ees presque partout.
Les th´eor`emes suivants sont vrais pour des jeux dynamiquesMarchaud:
D´efinition 2.1.3.6 SoitU :X Y,P :X Zetc:X×Y ×Z →X,(U, P, c)est un jeu dynamique Marchaud si Graph(U)et Graph(P)sont ferm´es, les valeursU(x)etP(x)sont convexes,cest continue et convexe par rapport `auetp,U etP ont des croissances lin´eaires.
Caract´erisation d’un ensemble discriminant. NotonsP l’ensemble des s´elections conti-nuesx→p(x)˜ ∈P(x)de la correspondanceP qui est non vide lorsqueP est semi-continue inf´erieurement et `a valeurs convexes d’apr`es le th´eor`eme de Michael [89, Aubin et Fran-kowska (1990)].
Un ensembleK est discriminantsi pour toute s´election continue p(x)˜ ∈ P(x)et pour tout x∈K, il existe au moins une solutionx(.)v´erifiant
( x0(t) = c(x(t), u(t),p(x(t)))˜
u(t) ∈ U(x(t)) (2.15)
partant dexet viable dansK9.
Theor`eme 2.1.3.7 Soit(U, P, c)un jeu dynamique Marchaud. SoitK ⊂Dom(U)ferm´e.
Supposons que P est semi-continue inf´erieurement, alors K est un ensemble discriminant pour le jeu dynamique (2.14) si et seulement si la correspondance∆K : Graph(P|K) Y d´efinie par
∀(x, p)∈Graph(P|K), ∆K(x, p) :={u∈U(x)|c(x, u, p)∈TK(x)} (2.16) a des valeurs non vides pour toutx∈K et toutp∈P(x).
Caract´erisation du noyau discriminant. SoitK ⊂Dom(U), le noyau discriminant deK pour le jeu dynamique (2.14), not´e Disc(K), est le plus grand sous-ensemble ferm´e de K discriminant pour (2.14).
Sous les hypoth`eses du th´eor`eme2.1.3.7, le noyau discriminant est un ensemble discriminant.
9Autrement dit,xviable dansK pour la dynamiquef(x, u) :=c(x, u,p(x)).˜
CemOA : archive ouverte d'Irstea / Cemagref
CHAPITRE 2. LA R ´ESILIENCE DANS LE FORMALISME DE LA VIABILIT ´E 32
La caract´erisation du noyau discriminant en tant que sous-ensemble d’´etats initiaux deK sa-tisfaisant une certaine propri´et´e est plus d´elicate que dans le cas du noyau de viabilit´e [90, Cardaliaguet (1994)].
Cardaliaguet (1994) lie les concepts de noyaux de viabilit´e et noyaux discriminants en pr´esentant les noyaux discriminants comme des intersections de noyaux de viabilit´e [90] :
Theor`eme 2.1.3.8 Supposons que le jeu dynamique(U, P, c)est Marchaud, queK ⊂Dom(U) est ferm´e et queP est semi-continue inf´erieurement. Posons
K0 :=K et∀i≥0, Ki := \
Probl`emes d’optimisation en horizon infini. Dans le cas du syst`eme contrˆol´e, l’´epigraphe de la fonction valeur est le noyau de viabilit´e d’un syst`eme auxiliaire10. Pour un jeu diff´eren-tiel, l’objectif est de caract´eriser la fonction valeur en tant que noyau discriminant, autrement dit, en tant qu’intersection de noyaux de viabilit´e d’apr`es la th´eor`eme2.1.3.8.
Soit la fonction semi-continue inf´erieurement
W : (x, u, p)∈X×Y ×Z →W(x, u, p)∈R+
`a laquelle est associ´e le coˆut actualis´e en horizon temporel infini Z ∞
0
eaτW(x(τ), u(τ), p(τ))dτ ∈[0,+∞].
L’objectif est de d´eterminer la fonction V qui v´erifie le crit`ere de monotonicit´e suivant appel´e monotonicit´e discriminante : pour toute s´election continuep(x)˜ ∈ P jou´ee par la na-ture et tout ´etatx0 ∈Dom(V), il existe une solutionx(.)de (2.15) partant dex0et monotone dans le sens
∀t≥0, eatVα(x(t))−Vα(x0) + Z t
0
eaτW(x(τ), u(τ),p(x(τ)))dτ˜ ≤0. (2.17) Les deux th´eor`emes suivants montrent l’´equivalence entre l’´epigraphe de cette fonction et le noyau discriminant de l’ensemble des contraintes Dom(U)∩Dom(P)×R+ pour le jeu
10Th´eor`eme2.1.3.5.
CemOA : archive ouverte d'Irstea / Cemagref
CHAPITRE 2. LA R ´ESILIENCE DANS LE FORMALISME DE LA VIABILIT ´E 33
dynamique d´efini par la correspondanceG:X×R X×R
G(x, w) := {(c(x, u, p), λ)|u∈U(x), p∈P(x)et
λ+aw ∈[−γ(kxk+ 1),−W(x, u, p)]}. (2.18) Theor`eme 2.1.3.9 Supposons
– (U, P, c)est un jeu dynamique Marchaud, – P est semi-continue inf´erieurement,
– W : (x, u, p) ∈ X × Y × Z → W(x, u, p) ∈ R+ est une fonction semi-continue inf´erieurement, positive et convexe par rapport `au,
– V :X →R+∪ {+∞}est une fonction ´etendue positive semi-continue inf´erieurement, – ∃γ >0tel que
( i)∀(x, u, p)∈X×Y ×Z, W(x, uγ, p)≤γ(kxk+ 1)
ii)∀x∈Dom(V), infu∈U(x), p∈P(x)D↑V(x)(c(x, u, p))≥ −γ(kxk+ 1) (2.19) Alors les deux propri´et´es suivantes sont ´equivalentes :
1. V poss`ede la propri´et´e de monotonicit´e discriminante.
2. V est une fonction discriminante : soit ∆P : X × Z Y d´efinie pour (x, p) ∈ Graph(P)par
∆P(x, p) :={u∈U(x)|D↑V(x)(c(x, u, p)) +W(x, u, p) +aV(x)≤0}, alors
∀x∈X, ∀p∈P(x),∆V(x, p)6=∅.
Si V ne satisfait aucune des conditions du th´eor`eme pr´ec´edente, il existe une plus petite fonction semi-continue inf´erieurement plus grande ou ´egale `aV satisfaisant la propri´et´e de monotonicit´e discriminante. Ce r´esultat est un corollaire du th´eor`eme2.1.3.8.
Theor`eme 2.1.3.10 Les hypoth`eses sont celles du th´eor`eme2.1.3.9. Partant d’une fonction semi-continue inf´erieurement non triviale V0 : X → R+ ∪ {+∞}, les fonctions Vj sont d´efinies par r´ecurrence :
Vj+1 := sup
p∈P˜
Vp,α˜j ,
avecVp,α˜j plus petite fonction semi-continue inf´erieurement positive plus grande ou ´egale `a Vj et monotone par rapport `aW(x, u,p(x))˜ pour le syst`eme (2.15).
Alors, la fonction semi-continue inf´erieurement V∞ := sup
j≥0
Vj
est la plus petite fonction semi-continue inf´erieurement plus grande ou ´egale `aV satisfaisant la propri´et´e de monotonicit´e discriminante.
CemOA : archive ouverte d'Irstea / Cemagref
CHAPITRE 2. LA R ´ESILIENCE DANS LE FORMALISME DE LA VIABILIT ´E 34