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La Théorie des Systèmes Agraires a été développée pour permettre une compréhension des changements dans l’espace et l’histoire des différentes agricultures en concurrence sur le marché mondial. Le système agraire est une construction théorique scientifiquement élaborée dans le but de rendre compte et d’expliquer la complexité des agricultures (MAZOYER, ROUDART, 2002).
Un système agraire intègre l’ensemble des systèmes d’activité/de production agricole et leurs rapports avec les ressources naturelles, en permanente évolution, et rend compte des voies et moyens par lesquels se structurent l’agro-écosystème et le système social productif.
Le concept de système agraire, défini initialement par des agro-économistes et par des géographes, peut être requis pour étudier les processus productifs en milieu rural. Il peut s’appliquer indifféremment à des échelles allant de la communauté rurale ou de la petite région à la grande zone agro-écologique (Jouve et Clouet apud CARON, SABOURIN, SILVA et HUBERT, 2004).
Un système agraire, c’est d’abord un mode d’exploitation du milieu historiquement constitué et durable, un système de forces de production (un système technique), adapté aux conditions et aux besoins sociaux du moment (DUFUMIER, 1996).
Un mode d’exploitation du milieu est le produit spécifique du travail agricole utilisant une combinaison appropriée de moyens de production inertes et de moyens vivants pour exploiter et reproduire un milieu cultivé issu des transformations successives subies historiquement par le milieu originel (DUFUMIER, 1996).
L’agro-écosystème ou écosystème cultivé et pâturé correspond à la manière dont s’organisent les éléments physiques, chimiques et biologiques de l’écosystème artificialisé et les changements imposés à l´écosystème originel. Il s’agit d’un écosystème historiquement structuré, produit des transformations que la société humaine a apporté à l’écosystème «naturel» de départ.
Selon Silva Neto et Basso (2005), le renouvellement de la capacité de production d’un écosystème, comme la forme de reproduction de sa fertilité, est un critère qui permet de comprendre l’évolution historique et la différenciation géographique de l’agriculture. Comme l’affirment Frantz et Silva Neto (2005), les systèmes agraires sont l’expression de décisions et d´actions techniques de production qui sont mises en œuvre dans les territoires et les institutions structurées et constituées historiquement. La compréhension des systèmes agraires actuels suppose que l’on ait analysé leurs processus d’évolution antérieurs.
Nous avons tout d‘abord procédé à la délimitation de zones relativement homogènes du point de vue du développement agricole et à une typologie des systèmes de production pratiqués dans le Territoire du Sisal avant de réaliser nos enquêtes sur les systèmes d’activité.
Les catégories sociales sont des ensembles d’agents économiques relativement homogènes en ce qui concerne leurs moyens de production et d’échange disponibles et les conditions socio-économiques dans lesquelles ils opèrent. Ces catégories sociales nouent entre elles des relations sociales qui conditionnent fortement les capacités d’accumulation de chacune d’entre elles.
Nous présentons ici les concepts de système d’activité, système de culture, système d’élevage, sous-système de transformation, sous-système d’extrativisme, sous-système d’activité non-agricole et sous-système de travail domestique (ménager):
a) Système d’activité: combinaison (dans le temps et l’espace) des ressources disponibles pour l’obtention des productions végétales et animales, leur transformation, la réalisation d’activités non-agricoles et des tâches ménagères (domestiques). Combinaison plus ou moins cohérente de divers sous-systèmes d’activité;
b) Système de production agricole: combinaison, dans le temps et l’espace, des productions et des facteurs de production (capital, foncier, travail et capital d’exploitation) dans l’exploitation agricole. C’est un mode de combinaison entre terre, force et moyens de travail à des fins de production végétale et/ou animale, au sein d’une exploitation. Un
système de production est caractérisé par la nature des productions, de la force de travail (qualification), des moyens de travail mis en œuvre et par leurs combinaisons;
c) Sous-système de culture: l’ensemble des modalités techniques mises en œuvre sur un groupe de parcelles traitées de manière identique. Chaque système de culture se définit par la nature des cultures et leur ordre de succession; les itinéraires techniques appliqués à ces différentes cultures, incluent calendriers culturaux, etc;
d) Sous-système d’élevage: un ensemble d’éléments en interaction dynamique organisé par l’homme en vue de valoriser des ressources par l’intermédiaire d’animaux domestiques pour obtenir des productions variées ou pour répondre à d’autres objectifs. Il correspond à l’ensemble des ateliers et des techniques qui permettent de produire des animaux ou produits animaux dans des conditions compatibles avec l’objectif de l’agriculteur et avec les contraintes d’exploitation: sélection animale, alimentation des animaux, déplacement des troupeaux, vaccination, etc;
e) Sous-système de transformation: transformation des produits agricoles d’origine végétale et animale au sein de l’unité de production agricole;
f) Sous-système d’extrativisme: ensemble d’activités par lesquelles on réalise la collecte de produits de la nature (végétaux, animaux et minéraux) pour l’auto-consommation familiale ou à des fins commerciales;
g) Sous-système d’activités non-agricoles: ensemble d’activités non-agricoles réalisées par les membres (AFs) de la famille, pour leur propre compte, ou comme employés, caractérisant la nature pluriactive de la famille;
h) Taches ménagères (domestiques): exercées par les membres de la famille, comme une activité dont le produit est une valeur d’usage: le bien-être procuré par ces dernières au sein de la famille. Cette valeur d’usage peut être estimée comme à peu près égale au salaire fourni aux employées domestiques dans la région.
4.3 La démarche historique et systémique