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CONCEPTS D’INTEGRITE BIOTIQUE ET DE SANTE DES RIVIERES

PUBLICATIONS ISSUES DU PROJET BEEST

A. CONCEPTS D’INTEGRITE BIOTIQUE ET DE SANTE DES RIVIERES

Des controverses ont eu lieu en Amérique du Nord il y a déjà quelques décennies, autour des concepts d’intégrité biotique et de santé des écosystèmes qui ne sont pas sans rappeler celles que suscite le bon état écologique. Que peut-on tirer de ces débats qui ont suscité un grand nombre de travaux scientifiques ?

Après des années de discussions et de réflexion, la définition de l’intégrité des écosystèmes proposée par Karr

& Dudley (1981) fit plus ou moins concensus : "the capability of supporting and maintening a balanced, integrated, adaptive, community of organisms having species composition, diversity, and functional organisation comparable to that of natural habitats of the region". (Capacité d’accueillir et de maintenir une communauté d’organismes équilibrée, intégrée et adaptative dont la composition en espèces, la diversité et l’organisation fonctionnelle sont comparables à celle d’habitats naturels de la région). Un des critères mis en avant est la résilience aux perturbations. Karr & Dudley ont insisté sur la nécessité de prendre en compte le système aquatique dans son ensemble, à l’échelle du bassin versant, et de ne pas se limiter à des approches locales. Ils recommandent de se focaliser sur les 4 grands paramètres influençant la structure et le fonctionnement des écosystèmes :

Le régime hydrologique (variabilité annuelle et interannuelle) La qualité de l’eau

La structure de l’habitat physique

La nature et les sources d’énergie dans l’écosystème

La notion de santé des écosystèmes fut introduite ultérieurement en Amérique du Nord. De manière schématique, elle part du principe que les activités humaines entrainent des « dysfonctionnements » (ou considérés comme tels) dans les écosystèmes fortement anthropisés (Rapport et al, 1998). Nous devons donc nous intéresser aux « remèdes » à apporter. Ce concept donna également lieu à de nombreux débats et de vives critiques furent émises. Plusieurs auteurs estimèrent ainsi que la notion de santé des rivières dépendait beaucoup de la perception sociale et des aménités fournies par ces écosystèmes (Rapport, 1989). Dans cette perspective Boulton (1999), proposa que « santé des rivières » ne se limite pas aux seuls aspects écologiques (couverts par la notion d’intégrité biotique), mais couvre également les aspects sociétaux en prenant en compte les usages et les aménités fournies par ces systèmes (figure 1). Il introduit ainsi les notions de bien et de services rendus par les écosystèmes qui seront par la suite mise en avant par le Millenium Assessment.

Figure 1 – La santé des écosystèmes inclut non seulement les aspects écologiques mais aussi les représentations sociales et les usages tirés des systèmes aquatiques. (d’après Boulton, 1999)

Aucun indicateur ne peut prétendre répondre à toutes les questions. Les métriques peuvent être physiques, chimiques ou biologiques

On peut résumer comme suit les arguments développés en faveur de l’utilisation du terme « santé des rivières ». Il est facilement compréhensible par le public. Les citoyens et les scientifiques peuvent envisager de partager un objectif commun en matière de restauration, dans la mesure où cet objectif trouve un écho auprès du public par ses dimensions économique, éthique ou ludique.

B. L’IMPORTANCE DE LA NOTION D’HABITAT

Parmi les enseignements que l’on peut tirer des travaux sur « l’intégrité biotique » et « la sante des écosystèmes », il y a le rôle de l’habitat. Sur le plan écologique, les auteurs américains ont en effet mis l’accent sur les facteurs physico- chimiques comme paramètres structurants des communautés biologiques. Le concept d’Habitat templet avait été formulé par Southwood (1977). L’habitat agit comme un « gabarit », un « filtre » qui va sélectionner les espèces qui partagent des traits biologiques « adaptés » aux caractéristiques de l’habitat. Au cours des temps écologiques, il y aurait eu sélection de certaines combinaisons d’adaptations biologiques dont le résultat est une adéquation entre les traits biologiques actuels et les caractéristiques de l’environnement dans lequel vivent les espèces. Ce concept met l’accent sur les caractéristiques biologiques, pas sur les espèces. Il prend mieux en compte les aspects fonctionnels. C’est à partir de « l’habitat templet » qu’a été développée la démarche dite des « traits biologiques ».

L’habitat n’est pas un concept statique. C’est l’ensemble des milieux dont une espèce a besoin pour accomplir son cycle biologique. Pour le poisson par exemple, l’habitat est l’ensemble des milieux nécessaires à sa reproduction, à la croissance des juvéniles, à l’alimentation, au repos (voir conclusions du programme habits-poissons). Dans cette même veine, on peut mentionner l’ensemble des réflexions qui ont eu lieu sur les notions d’hétérogénéité des habitats et les notions de connectivité.

Figure 2 : notion d’Habitat Templet

Les concepts de filtres biogéographiques sont également issus des notions d’habitat. Selon le principe développé par Tonn, 1990 , l’assemblage d’espèces dans un bassin hydrographique est un sous ensemble d’assemblages existant à des échelles géographiques supérieures. Cet assemblage reflète l’histoire géologique et climatique du bassin, et les caractéristiques de l’habitat dans le bassin vont sélectionner le pool d’espèces locales. Les notions d’habitat et de traits biologiques sont partiellement prises en compte dans la construction de l’indice poissons.

De nombreux concepts écologiques au cours des dernières décennies s’appuient sur le principe selon lequel l’habitat structure les communautés. Ce sont les caractéristiques de l’habitat qui sont affectées par les activités humaines. Ce sont ces mêmes caractéristiques sur lesquelles on peut agir pour faire évoluer l’écosystème dans le sens souhaité. On ne peut pas agir sur les espèces….

C.BIBLIOGRAHIE

Boulton A.J., 1999. An overview of river health assessment : philosophies, practice, problems and prognosis.

Freshwater Biology, 41: 469-479

Karr J. & Dudley D.R., 1981. Ecological perspective on Water Quality Goals. Environmental Management, 5(1):

55-68

Rapport D.J., Costanza R. & McMichael A.J., 1998. Assessing ecosystem health. TREE, &" : 397-402.

Rapport, 1989

Southwood T.R.E., 1977. Habitat, the templet for ecological strategies ? Journal of Animal Ecology 46:337-365 Tonn W.M., Magnuson J.J., Rask M., Toivonen J., 1990. Intercontinental comparison of small-lake fish

assemblages: The balance between local and regional processes. Am Nat 136:345-375 Filtres

biogéographiques

Dispersion Introductions

d’espèces

Communautés biologiques

« Habitat templet »

Régime Qualité

Hydrologique Habitat physique chimique eau

V. LE BON ETAT ECOLOGIQUE VU, PAR LA SOCIETE, AU TRAVERS D’INDICATEURS EN SEINE, LOIRE ET GIRONDE

Tableau 1 : Les indicateurs de l’état écologique d’un estuaire

Indicateurs SEINE LOIRE GIRONDE

Tableau 2 : Les contextes socio naturels caractéristiques de l’état écologique d’un estuaire

SEINE LOIRE GIRONDE

Tableau 3 : Perception des questions de référence, bon état et DCE pour les groupes sociaux des trois estuaires

Groupe enquêté

BON ÉTAT ECOLOGIQUE REFERENCE RELATION AU CADRE

REGLEMENTAIRE Scientifiques,

spécialistes

Écologie de fonctionnalités

absente Danger des indicateurs et seuils de la DCE

Associations naturalistes, écologistes

Espèce emblématique Nature sanctuaire Jeu européen avec natura 2000, Grenelle média

Industrie, économie Vernis vert empreinte lourde

Choix économique Contrainte peur du gel

Usagers Nature près de chez soi Tradition, usages Complot, les autres

VI. LE ZOOPLANCTON PEUT-IL ETRE UTILISE COMME INDICATEUR DE LA QUALITE DES EAUX ESTUARIENNES ? - SYNTHESE DE L'ENQUETE -

- Résumé exécutif -

Auteurs : Souissi S. et Devreker D. - Université des Sciences et Technologies de Lille, CNRS UMR 8013 ELICO - Station Marine de Wimereux, Laboratoire d'Océanologie et de Géosciences, UMR 8187