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DEUXIÈME PARTIE : HISTOIRE DE LA BIENFAISANCE ET SA LÉGISLATION DANS LE CONTEXTE BRITANNIQUE

CHAPITRE 5. AVANT LA RÉFORME PROTESTANTE (1414) Depuis l’aube de l’humanité, les humains s’entraident pour subvenir aux besoins

5.1. Le Haut-moyen âge (jusqu’à 1066) 1 Les Celtes avant le 5e siècle

5.1.1.2. Le concept du libre arbitre

Le christianisme fit son apparition au 1er siècle et se développa de façon insulaire50.

Pendant six siècles, les Romains persécutèrent et exécutèrent les druides et les chrétiens celtiques 46 Au niveau l’apprentissage des métiers, les enfants furent envoyés dans les familles d’accueil for affection (sans

frais) ou for payment (avec frais de tuition) selon le statut des parents, le tout encadré par les lois bréhaniques. (Gorman, 1913).

47 La Bretha Crèolige et la Crith Gablach, lois bréhaniques, spécifient que la victime d’une blessure intentionnelle

ou accidentelle devait être dédommagée par celui qui l’a causée. L’offenseur devait payer une amende à la victime prescrite par le médecin druide qui exigeait aussi des frais de consultation. De plus, l’offenseur devait fournir à sa victime l’hospitalité selon son rang dans la société, c’est-à-dire sick maintenance.

48 Les Senchus Mor sont les lois anciennes celtiques concernant la propriété et l’héritage, le statut, la parenté, les

garants et les garanties, les compensations requises pour avoir infligé des dommages à la propriété ou causant des blessures physiques, etc.

49 Crith Gablach, traduit par Binchy (1970, p.108)

50 Selon la tradition, Aristobulus, frère de l’apôtre Barnabé, accompagna Paul et assista l’apôtre André dans leur

mission après la mort de Jésus; l’Épître de Paul aux Romains (16 :10) salue Aristobulus50, évêque britannique chez

les Celtes, décédé vers 99 de notre ère. Celui-ci fut enterré à l’abbaye d’une communauté de moines de Glastonbury, établie en l’an 63. Celle-ci est considérée comme la plus ancienne église chrétienne au monde. Stéphane Maistre

les repoussant de plus en plus vers l’ouest, en Irlande. À partir du 4e siècle, l’introduction de

l’écriture dans les écoles bardiques permit de mettre sur papier les mythes, les lois, les traditions, et les légendes racontant l’histoire celto-brittanique, ainsi que les lois romaines. Patrick d’Irlande (385-461), ses collègues clercs, les poètes bardes connaisseurs de la Senchus Mor par cœur, et les rois avec leurs brehons (arbitres) collaborèrent à la rédaction des nouvelles lois amendées au 5e

siècle. Jadis, ces lois furent transmises oralement dans les écoles bardiques sous forme de poèmes. Plusieurs sont encore bien connues grâce à leur transcription au Moyen âge dans les monastères initiés par Patrick.

Depuis le 4e siècle, un courant de pensée habitait la philosophie britannique, le libre arbitre

de Pélage51 déclaré et condamné par le pape Zosime en tant qu’hérésie. Néanmoins, on vit l’idée

du libre arbitre (Soisson, 2010) se répandre dans les îles Britanniques (Crété-Protin, 2002, page 157). En fait, dans les siècles à venir, les débats entourant l’idée du libre arbitre furent au cœur du christianisme et influencèrent la politique parlementaire britannique.

Le pélagianisme repose essentiellement sur la conception selon laquelle l'homme peut toujours choisir également entre le bien et le mal. [...] Pour l'exercice de ce choix, [...] l'homme dispose librement de son corps et de ses membres [Pélage insista] sur la valeur de l'homme et de son autonomie. [...] dans sa Lettre à Démétriade (écrite entre 412 et 414), il développe l'idée que l'homme est le chef-d'œuvre de Dieu, et que ce dernier lui a donné, par un privilège unique, la raison, c'est-à-dire la conscience de ses actes.52

De plus, les légendes arthuriennes laissèrent sur le territoire britannique une influence « élitaire », l’idée que l’homme pouvait par son libre arbitre parfaire son destin. Depuis la fin du 5e siècle, des bardes chantèrent les prouesses d’un roi Arthur contre les invasions germaniques

(1968, pages 435 à 437) inclut Aristopolus parmi les 72 apôtres de Jésus. Il fut ordonné à Rome par Pierre en présence de Paul: Dans les Annales de l’Église britannique, à l’an 60, au nombre 9, il est encore dit : « Aristobule fut désigné

pour accompagner l’apôtre Pierre dans la Bretagne, et c’est la deuxième année de l’empire de Néron, qu’il se mit en mer et y arriva » […] pour aller lui-même travailler à l’œuvre évangélique dans les îles Britanniques. De plus, en

l’an 314 de notre ère, trois évêques de Bretagne, Eborius de York, Restitius, de Londres, et Adelfius de Lincoln, sont mentionnés dans les Actes du concile d’Arles lequel condamna le donatisme qui questionna la validité de la sainteté des prêtres qui administrent les sacrements. (Canons du Premier Concile d’Arles, Trad. Sources chrétiennes, no 241, pp.58 & 61)

51 Le pélagianisme est une thèse contestant le péché originel, soutenant que l’homme pouvait par son seul arbitre

s’abstenir au péché. Pelage, réfugié à Carthage, ne revient plus en Bretagne. En 429, Germain d’Auxerre (380-448), évêque, gouverneur et général (Soisson, 2010) se rend en Bretagne pour lutter contre le pélagianisme, répandu par Agricola, fils de l’évêque pélagien, Sévérianus, et aide les Bretons à lutter contre les envahisseurs germaniques. (Crété-Protin, 2002, p. 157).

52 Universalis, (page consutlée le 29 avril 2019), https://www.universalis.fr/encyclopedie/pelagianisme/2-la-

anglo-saxonnes, ainsi que les valeurs chevaleresques servant la paix, la justice et la bienfaisance; le tout faisant référence à la règle du droit et au libre arbitre pélagien. Le Grand conseil des chevaliers de la Table ronde53 est resté dans la mémoire collective et évolua à travers les époques

pour devenir le système parlementaire. Dans le résumé de son livre, Markale (1999) décrit bien l’influence des Celtes, encore perceptible sur l’organisation de la société anglaise.

Quand on veut étudier l'histoire des Celtes, on se heurte constamment au mythe. Le Mythe envahit ce domaine et semble lui donner une coloration particulière. Il n'y a pas d'exemples plus frappants de synthèse harmonieuse entre l'élément imaginaire et l'élément de réalité pure. « Il n'y a pas de domaines plus étranges ni plus déroutant à explorer que celui de ce peuple surgi de l'obscurité vers le Ve ou le VIe siècle avant J.-C., qui conquit toute l'Europe occidentale et qui disparut sous la poussée combinée des Romains, des Germains et aussi des chrétiens. » Disparu, le peuple celtique? En apparence, comme tout ce qui le concerne, car aucun peuple n'a finalement eu autant d'influence profonde sur l'avenir, quand bien même cette influence devrait se résoudre à emprunter des chemins détournés ou des courants sous-jacents.