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Des auteurs ont identifié un processus impliquant des discours dans lequel une fille pourra exprimer à une autre qu’elle se sent «grosse», ce qui entrainera chez la seconde un questionnement autour de sa propre corpulence par un mécanisme de comparaison (194). Le Grange et al (2012), ont mis en évidence un lien significatif entre l’anorexie mentale et ce type de processus de comparaison sociale (195).

85 Ses mêmes auteurs soulignent que les femmes atteintes d’AM internalisent les informations relatives aux normes ou standards de beauté de manière plus importante que les femmes sans TCA, et chercheront à se conformer aux images véhiculés par les médias souvent inaccessibles.

Tous les individus ne développeront pas une insatisfaction corporelle, malgré les pressions socioculturelles.

Celles-ci impacteraient sur la satisfaction corporelle en fonction du degré de comparaison sociale et d’internalisation du message sociale.

Ainsi, les influences sociales pousseraient les sujets les plus vulnérables à modifier leur comportement pour se rapprocher de l’idéal de minceur promulgué (69,196,197).

Dans sa thèse, Anne Laure Moscone (2013) rapporte que « la théorie de la comparaison sociale permet de mieux appréhender la manière dont l’exposition de stimuli spécifiques à l’apparence physique majore l’insatisfaction corporelle. Les individus qui comparent leur apparence physique à des personnes considérées plus « attirantes ou attractives » qu’elles, telles que les mannequins ou les célébrités (comparaison ascendante), ont un risque majorée d’être insatisfaits de leur propre image et de développer un TCA. Cette comparaison ascendante, consistant à se comparer à une personne que l’on désigne comme meilleur que soi, nous engagerait dans une motivation personnelle avec comme objectif de devenir comme le sujet de comparaison. A l’inverse, la comparaison descendante, qui consiste à se comparer à une personne que l’on considère comme égale ou inférieure à nous-même, nous permet de nous rassurer et de nous satisfaire de ce que nous sommes.

La comparaison sociale est un phénomène commun à l’individu, mais associé au phénomène d’internalisation, il a été mis en évidence que les femmes les plus vulnérables sont plus sujettes à s’inscrire dans une quête d’un idéal de minceur afin de répondre aux normes corporelles véhiculées par la société. Il semble que pour les anorexiques, c’est deux phénomènes (comparaison et internalisation) agissent en synergie et sont fortement ancrés dans leurs processus cognitifs ». (69)

86 une pression intense sur certaines femmes à suivre un régime malgré des effets indésirables physiques et émotionnels ». Il existe un soutien constant pour l'affirmation selon laquelle l'insatisfaction corporelle, facteur de risque de pathologie alimentaire, est corrélée à une augmentation des régimes (173).

Ce modèle sociétal entretient une pression élevée pour être mince, favorise l’insatisfaction corporelle par l’internalisation de cet idéal de minceur pratiquement inaccessible. Cette insatisfaction accrue favorise à son tour les régimes amaigrissants, ce qui augmentera le risque de TCA.

L’insatisfaction corporelle est ainsi induite en partie par une culture médiatique qui privilégie les corps extrêmement maigres et numériquement modifiés par rapport à ceux de « vraies » femmes en bonne santé.

Résumé :

Des barbies anatomiquement impossibles au poids insuffisant, en passant par les blagues aux dépens des personnages féminins de poids supérieur à la normal à la télévision, les femmes sont formées à la haine de leur corps de la naissance à la mort - et désignent/investissent les régimes restrictifs comme un moyen d’être aimée et appréciée.

L'insatisfaction est ainsi la résultante d'un écart important entre un corps perçu plus gros qu'il ne l'est réellement par le biais de surestimation corporelle dont sont atteintes les patientes anorexiques, et un corps idéalisé, irréaliste modélisé par la société.

Agir sur le biais de surestimation corporelle chez ses patientes, conduirait en partie à diminuer l'insatisfaction vis à vis du corps et pourrait favoriser la guérison en diminuant la résistance aux soins, les risques de rechutes et de chronicisation du trouble.

87 La convergence entre technologie et médecine fournit de nouveaux outils et méthodes pour la santé comportementale. Entre eux, une tendance émergente est l’utilisation de la réalité virtuelle, un système imaginal avancé, qui offre aux patients un environnement sûr dans lequel ils peuvent vivre et faire l'expérience de la vie, leur permettant ainsi d'être «présent émotionnellement» dans l'environnement virtuel, et qui apparaît aussi efficace que la réalité pour induire des réponses émotionnelles.

Nous verrons comment la réalité virtuelle a pu être utilisée pour induire des changements contrôlés dans l'expérience du corps afin de modifier et améliorer l’image corporelle négative des patientes souffrantes d’AM.

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PARTIE 3 :

Réalité virtuelle : historique et apport

dans l'anorexie mentale

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III) Réalité virtuelle : historique et apport dans

l’anorexie mentale

L’anorexie fait maintenant partie des troubles mentaux les plus graves chez les adolescents et les jeunes adultes. L’expérience clinique et la recherche ont montré que les perturbations de l’image corporelle jouent un rôle important dans l’apparition, l’évolution et le pronostic de ces pathologies, et que les deux principaux systèmes classificatoires des troubles mentaux (DSM-5 et CIM-10) incluent la présence d’une perturbation de l'image en tant que critère nécessaire pour leur diagnostic.

Cependant, malgré les nombreuses recherches sur les perturbations de l'image corporelle dans les troubles de l'alimentation, le concept en soi n'est pas facile à aborder.

La technologie de réalité virtuelle offre une nouvelle ressource pour étudier, évaluer et traiter ces perturbations, contribuant ainsi à accroître les connaissances et la gestion clinique des perturbations de l'image corporelle.

A) Un média récemment mis au service de la prise en