référence pour initier cette thèse. La méthodologie était différente car il s’agissait, dans l’étude de Véronique Dubayle, d’une enquête de pratique et dans la nôtre d’une enquête expérimentale. Cependant, dans les deux cas, il s’agissait pour les médecins généralistes d’inclure dans l’étude tous les nouveaux patients anémiques qu’ils rencontraient pendant une
certaine durée, et de tenter de poser un diagnostic. Dans le premier cas, ils utilisaient leurs propres connaissances et références ; dans le second cas, ils avaient l’aide, en plus, s’ils le souhaitaient, de notre outil diagnostique. Les critères d’anémie étaient les mêmes et les critères d’inclusion et d’exclusion quasiment identiques. Un critère d’exclusion
supplémentaire dans notre étude était la mauvaise tolérance de l’anémie. 8 patients de l’étude
de Véronique Dubayle avaient une anémie mal tolérée (patients hospitalisés d’emblée). 1β ans
86
comparaisons possibles. Cependant, il est intéressant de mettre en évidence les parallèles et différences pouvant être faits entre les deux études.
Tableau 7 : Comparaison avec l’étude de Véronique Dubayle concernant les médecins Notre étude Étude de Véronique Dubayle
Nombre 40 45 Âge - <40 ans - 40-49 ans - 50-59 ans - > 60 ans 27% 23% 30% 20% 0% 67% 31% 2% Sexe - Hommes - Femmes 70% 30% 84% 16% Lieu d’installation - Urbain - Rural et semi-rural 45% 55% 73% 27% Participation à la formation médicale continue 98% 98% Maîtres de stage 60% 100%
Dans notre étude, les âges des médecins sont plus variés, il y a plus de femmes et plus de médecins installés en zone rurale ou semi-rurale, tous ne sont pas maîtres de stage, ce qui
peut être expliqué par notre volonté d’obtenir un panel varié de médecins, ce qui n’était pas le cas dans l’étude de Véronique Dubayle. On peut se demander si des médecins plus jeunes ont
des connaissances mieux actualisées que les autres. Cependant, quasiment tous participent à la formation médicale continue et peuvent donc mettre leurs connaissances à jour. Dans notre étude, il y a beaucoup plus de médecins installés en zone rurale ou semi-rurale. Ceux-ci ont
été sélectionnés pour apporter de la variété à l’échantillon et dans l’idée que certaines propositions de l’outil pourraient se heurter aux problématiques liées à ce mode d’exercice, ce qui n’a pas été le cas. Ainsi, dans notre étude, aucun médecin n’a exprimé de difficulté dans la prise en charge diagnostique des anémies en lien avec son lieu d’exercice.
Quelques mots concernant la population de médecins généralistes en Aquitaine. En 2013, 32% des médecins généralistes exerçant en cabinet libéral en Aquitaine étaient des femmes. 16% avaient moins de 40 ans, 23 % de 40 à 49 ans, 36 % de 50 à 59 ans, 25 % plus de 60 ans. 9% des médecins généralistes étaient installés en milieu rural (66). Ainsi, sans que cela soit volontaire, notre échantillon de médecins comprenait un pourcentage quasiment similaire de femmes que dans la réalité. Par contre, l’échantillon n’était pas représentatif de la
population des médecins d’Aquitaine (ce qui n’était pas le but) concernant les âges et la zone d’installation, avec des médecins plus jeunes et davantage de médecins installés en zone
rurale dans notre échantillon. Notons que ce dernier point est difficile à comparer, les caractéristiques de notre échantillon reposant sur les déclarations des médecins avec une répartition « urbain », « semi-rural » et « rural » tandis que les statistiques officielles
87
découpent les zones différemment, à savoir « urbain » et « rural » avec un découpage au niveau des villes en fonction du nombre d’habitants.
Tableau 8 : Comparaison avec l’étude de Véronique Dubayle concernant les patients
Notre étude Étude de Véronique Dubayle
Durée d’étude 4 mois 6 mois
Patients inclus 100 139
Moyenne du nombre de patients inclus par médecin durant l’étude
2,5 3
Âge < 60 ans 19% 33%
Âge > 60 ans 79% 67%
Âge non mentionné 2% 0%
Femmes 68% 73%
Hommes 31% 27%
Sexe non mentionné 1% 0%
VGM : A. microcytaires A. normocytaires A. macrocytaires 30% 53% 17% 26% 65% 9% Diagnostic proposé par les
médecins
84% 56%
Absence de diagnostic (dont diagnostics en cours)
16% (3%) 44% (5%)
Anémies de normalisation spontanée
4% 6%
Les chiffres retrouvés dans les deux études sont assez proches concernant le sexe et
l’âge des patients, la répartition des anémies selon le VGM, les anémies de normalisation
spontanée. Ainsi, on note, dans les deux études, une population âgée avec une nette prédominance de femmes. Les anémies normocytaires sont nettement prédominantes, puis viennent les anémies microcytaires puis les anémies macrocytaires. Les nouveaux cas
d’anémie en médecine générale sont fréquents comme en témoignent les nombres moyens de
nouveaux cas par médecin, malgré un recueil incomplet des cas dans les deux études. Un petit nombre de ces anémies se sont normalisées spontanément dans les deux études.
Comme dans notre étude, dans l’étude de Véronique Dubayle, des pathologies graves
ont été mise en évidence : 7 cancers, 6 ulcères gastro-duodénaux, une sténose peptique sévère
de l’œsophage, une œsophagite, une aspergillose pulmonaire.
Il y a un nombre plus important de diagnostics posés dans notre étude. Nous ne sommes pas en mesure de déterminer la justesse ou pas de tous les diagnostics posés et donc
de déterminer s’il y a eu davantage de bons diagnostics posés dans notre étude ou dans celle
de Véronique Dubayle. Par contre, certains points particuliers peuvent être comparés. Ainsi, Véronique Dubayle estimait que 15 des 20 FOGD et 14 des 17 coloscopies préconisées par les
88
médecins généralistes étaient injustifiées. Dans notre étude, 16 FOGD ont été réalisées dont 1 était discutable (patient 12a). 17 coloscopies ont été réalisées dont 2 étaient discutables (patients 12a, 21a). Enfin, des explorations digestives en attente ou non réalisées ont été préconisées dans 8 autres cas, dont 3 étaient insuffisamment justifiées (patients 15d, 25g, 40c). Ainsi, il semble que les explorations digestives étaient réalisées à meilleur escient dans
notre étude. Dans l’étude de Véronique Dubayle, les explorations digestives jugées comme
injustifiées avaient permis de mettre en évidence une lésion digestive susceptible d’être
responsable d’une anémie dans 6 cas. Contrairement à notre étude, où une ferritinémie était préconisée par l’outil dans les anémies microcytaires, démarche fréquemment suivie par les médecins (β8 cas sur γ0), dans l’autre étude, cet examen était moins souvent réalisé (14 cas sur γ6). On peut émettre l’hypothèse que si cet examen avait été réalisé plus souvent, son
résultat aurait permis de justifier davantage d’examens endoscopiques. Il est cependant probable que certains examens étaient injustifiés ; d’ailleurs, 5 FOGD et 4 coloscopies avaient été refusées. Dans notre étude, les explorations digestives ont été refusées une seule fois (patient 25g). On peut aussi souligner que la ferritinémie, examen recommandé en première intention par la HAS en cas de suspicion de carence martiale, était beaucoup plus souvent
dosée dans notre étude. Cette recommandation a été publiée après l’enquête de Véronique
Dubayle. Les précédentes recommandations étaient de doser la ferritine sérique ou le fer sérique et le coefficient de saturation de la transferrine (6).
Les réticulocytes, dont le dosage est consensuel dans les anémies normocytaires et macrocytaires, ont été davantage réalisés dans notre étude. Ils ont été réalisés dans 4 anémies
normo ou macrocytaires sur 10γ dans l’étude de Véronique Dubayle, et dans 48 anémies
normo ou macrocytaires sur 70 dans la nôtre. Ils étaient augmentés dans notre étude dans deux cas (pour lesquels une hémolyse et une hémorragie digestive ont été diagnostiqués),
dans aucun cas dans l’étude de Véronique Dubayle.
Dans les deux études, les β principaux diagnostics posés étaient, dans l’ordre, celui d’anémie ferriprive et celui d’anémie inflammatoire.