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Comparaison entre participation aux campagnes et la valorisation scientifique

Figue Chap II-23 – Répartition des spécialités des chefs de mission pour les campagnes avant et après les années 2000. IU : Crustacé, Chim : Chimiste ; IC : Ichtyologue, GEO : Géologue, IP : Eponge, IE : Echinoderme, NA : Sans groupe taxonomique; IM : Mollusques.

Comparaison entre participation aux campagnes et la

valorisation scientifique.

L’objectif de cette section est d’explorer plus en détails le rôle de la communauté de chercheurs définie par le graphe 3-3 dans l’évolution de la valorisation scientifique du matériel. Cette section porte donc sur l’analyse des articles produits par les participants en fonction de leur rôle sur le terrain.

10 Parmi les chefs de mission de la période à partir de 2000, Sarah Samadi n’est pas centrée sur un taxon et Wei-Jen Chen et Nicolas Puillandre sont spécialistes respectivement de systématique moléculaire des poissons et de systématique moléculaire des mollusques.

Le graphe 3-3 (Figure ChapII-18) met en évidence l’existence de deux périodes distinctes avant et après 2000, que l’on peut associer à la succession des les générations des chercheurs impliqués, ainsi qu’au départ en retraite d’Alain Crosnier et à l’implication plus forte de la communauté travaillant sur les mollsuques. Par conséquent, l’analyse de la production scientifique des chercheurs doit tenir compte de ce contexte temporel segmenté. En effet, quand on considère la production scientifique des chercheurs qui participent aux campagnes de la première période, on prend en compte des carrières complètes, alors que la carrière de ceux qui ne commencent à participer aux campagnes qu’à partir de 2000 est encore en cours. Le Tableau ChapII-2 permet de montrer que les participants du graphe 3-3 qui ont contribué de manière importante à la valoristion scientifique des campagnes ont été impliqués dans le programme dès ses débuts : Alain Crosnier (34 articles), Philippe Bouchet (77 articles), Betrand Richer de Forges (109 articles), Bernard Séret (29 articles) Cécile Debitus (57 articles) et René Grandperrin (27 articles). Les trois seuls participants qui ont un nombre d’articles au moins aussi importants que ce groupe de chercheurs, mais qui ont été impliquées uniquement à partir des années 2000 sont Tin-Yam Chan (62 articles), Sarah Samadi (34 articles) et Nicolas Puillandre (34 articles). Ces trois chercheurs ont été au moins une fois chef de mission durant la seconde période. Parmi ces chercheurs, seulement deux sont spécialistes de mollusques. On constate ainsi que parmi les participants récurrents de ce programme, les chercheurs ayant le plus contribué à la valorisation scientifique des campagne ont été à deux exeptions près au moins une fois chef de mission. Les deux seules exeptions sont Bernard Séret et Alain Crosnier.

Pour analyser l’implication des participants aux campagnes en ce qui concerne la valorisation scientifique du matériel récolté, le nombre d’articles par auteur a été calculé en fonction de sa place dans la signature des articles (premier ou dernier auteur). L’ordre dans lequel sont mentionnés les auteurs est une convention qui varie d’une discipline à l’autre. L’International Committee of Publication Ethics (COPE) a formulé des recommandations générales pour la signature des articles scientifiques. Elles ont été reprises par l’Alliance Nationale pour les Sciences de la Vie et de la Santé (AVIESAN). En biologie, la place du dernier auteur est généralement celle de la personne qui a guidé ou surpervisé le projet de l’équipe d’auteurs signataire de la publication (COMETS - Comité d’éthique du CNRS, 2017) alors que la première place traduit une implication plus ciblée sur la production et l’analyse des données. Les articles de taxonomie sont souvent associés à un petit nombre d’auteurs. Cette situation résulte du fait que le nom d’un nouveau taxon est associé aux noms des auteurs de la

publication et à la date de publication. Par exemple Mytilus edulis Linnaeus, 1758 correspond au nom scientifique de la moule commune qui a été décrite pour la première fois par Linné en 1758. De nombreuses descriptions d’espèces sont ainsi publiées par un auteur seul ou éventuellement deux ou trois. Les articles écrits par un auteur seul ont été pris en compte comme articles en dernier auteur. Ce nombre a été évalué pour les 267 participants des campagnes (totalité du sous-graphe 1-1). Un découpage en 8 classes d’effectifs équivalents a ensuite été réalisé en appliquant la méthode de discrétisation en quantiles. Dans le dernier quantile défini par cette méthode, on trouve quatre participants ayant plus de 30 articles en dernier auteur : Alain Crosnier, Philippe Bouchet, Tin-Yam Chan et Bertrand Richer de Forges. On constate que ces auteurs font tous partis de la commaunuté des participants récurrents. On peut souligner qu’ils sont tous spécialistes de mollusques ou de crustacés. Tous ces participants, à part Alain Crosnier, ont été chefs de mission pour de nombreuses campagnes (voir Tableau ChapII-2). Tin-Yam Chan est rattaché à un institut de recherche taiwanais. Il est impliqué en tant que chef de mission dans six campagnes taiwanaises ayant lieu entre 2000 et 2013 ; il participe en tant que récolteur dans des campagnes en Nouvelle-Calédonie (Norfolk 1), en Papouasie Nouvelle-Guinée (Biopapua), aux Philippines (Panglao 2005, Aurora 2007) et dans l’Océan Indien (Mainbaza).

Le nombre d'articles que chaque auteur a signé en premier auteur a également été évalué. Dans ce décompte les articles signés en auteur seul ont également été pris en compte. Les articles avec un seul auteur ont également été décomptés dans cette catégorie. La classe correspondant au plus grand nombre d’articles en premier auteur est également celle des auteurs ayant publié au moins 30 articles en premier auteur. Cette classe regroupe quatre participants dont trois (Philippe Bouchet, Alain Crosnier et Bertrand Richer de Forges) figurent également parmi ceux ayant plus de 30 articles en dernier auteur. Pour les articles en premier auteur, le seul participant occasionnel qui a plus de 30 articles est Enrique Macpherson, spécialiste des crustacés, qui a participé à une seule campagne (NORFOLK 1) et qui a produit 34 articles en premier auteur.

Deux chercheurs IRD, actifs principalement dans la première période, n’apparaissent pas dans la liste de ceux qui produisent beaucoup d’articles en premier auteur, malgré un nombre d’articles en dernier auteur important. Il s’agit de Cécile Debitus, qui signe en dernier auteur 25 des 57 articles auxquels elle a contribué. Cette chercheuse en chimie a été chef de mission de six campagnes SMIB dont la thématique est périphérique par rapport au programme TDSB. De même, Bernard Séret signe en dernier auteur 18 des 29 articles auquel il a 136

contribué bien qu’il n’ait jamais été chef de mission. Ce chercheur est plus impliqué dans les programmes halieutiques que dans l’exploration de la faune benthique. Il a eu, comme Alain Crosnier pour les crustacés, un rôle important au sein de la communauté des ichtyologues. L’analyse de la production scientifique associée au programme MUSORSTOM-TDSB dans le chapitre 3 permettra de rendre compte de sa position dans les réseaux d’auteurs.

Tin Yam Chan est le seul des participants du graphe 3-3 qui arrive dans le programme à partir de l’année 2000 et qui apparait avec la méthode utilisée pour définir les derniers auteurs les plus productifs. Son nombre d’articles en dernier auteur et son rôle de chef de mission pour six campagnes suggère que Tin-Yam Chan est à l’origine d’une nouvelle dynamique scientifique.

Parmi les chefs de missions et participants de la seconde période, on distingue d’autres chefs de mission comme Sarah Samadi, pour qui on peut comptabiliser 14 articles en dernier auteur et 5 articles en premier auteur. Le décalage en faveur du nombre d’articles en dernier auteur peut être interprété comme le reflet de son rôle en tant que chef de mission sur le terrain pour huit campagnes du graphe 3-3.

Cette étude met donc en évidence le lien entre le rôle de chef de mission sur le terrain et le nombre d’articles produits en dernier auteur, mais souligne également le rôle de chercheurs moins présents sur le terrain mais actifs dans les réseaux qui valorisent les récoltes. Une analyse détaillée de la communauté des auteurs permettra de préciser les résultats de cette analyse et de préciser les liens entre les auteurs.

2.2 - Influence de la spécialité des participants sur les