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Bien qu’apparaissant comme l’outil le plus complet dans la détection des PMI [15], cette étude a montré que les médecins généralistes interrogés n’étaient pas enclins à utiliser l’outil STOPP-START dans son format actuel. Pourtant, depuis sa validation en 2008, de nombreux articles originaux ont évalué l’utilisation de ses critères dans différentes situations médicales et dans plus de 24 pays [19]. Ces critères ont démontré, pour différentes populations (patients à domicile, en milieu hospitalier, en institutions pour personnes âgées), qu’ils permettaient de diminuer le risque de survenue d’effets indésirables [20] et d’hospitalisations non-programmées [21]. L’utilisation systématique de l’outil améliore significativement la qualité des prescriptions [22]. Utilisés en milieu hospitalier dans les 72 heures qui suivent une admission, les critères STOPP/START permettent de réduire le risque d’effets indésirables et la durée d’hospitalisation[23,24]. L’outil STOPP/START est considéré comme mieux structuré, plus sensible et d’utilisation plus facile que d’autres outils ayant le même objectif [25]. Une étude australienne a comparé les problèmes détectés par STOPP/START et d’autres outils, dont les

20 critères de Beers 2012, aux problèmes reliés à la pharmacothérapie relevés par des pharmaciens. Cette étude montre que les prescriptions inappropriées détectées par STOPP/START sont proches de celles relevées par des pharmaciens [26].

Plusieurs travaux ont montré, qu’étant donné sa densité, un certain temps d’adaptation était nécessaire pour s’approprier l’outil et pour l’intégrer à sa démarche de révision régulière des traitements [27,28,29]. C’est l’un des freins à l’utilisation de l’outil qui a été retrouvé dans la présente étude. Les travaux cités plus hauts proposaient aussi une simplification des critères pour mieux correspondre aux besoins de la pratique en soins primaires. Il y a une différence de temps d’application de l’outil entre notre étude (entre 13 et 16 min) et la littérature (entre 2 min et 8,3 min) [30]. Ces résultats sont majoritairement obtenus sur l’application de l’outil par un médecin à des dizaines d’ordonnances voire plus. Cela semble confirmer l’efficacité de l’expérience d’utilisation de l’outil sur son temps d’application.

Cependant, les performances de cette deuxième version de l’outil en matière d’utilisation au quotidien, de prévention des effets indésirables et d’amélioration de la qualité des prescriptions devront être confirmées au travers d’études cliniques spécifiques.

Ce travail a aussi montré que l’outil STOPP-START était peu connu et très peu utilisé par les médecins généralistes interrogés. Un précédent travail de thèse sur la faisabilité de l’utilisation d’une version numérique de l’outil auprès des médecins généralistes a retrouvé un taux de connaissance de l’outil de l’ordre de 20% [31]. Il serait intéressant d’améliorer la diffusion de l’outil. Pour la favoriser, une application informatique apparaît comme la solution la plus prometteuse à l’heure de la prescription électronique, comme le montrait ce travail. En effet, la version actuelle de l’outil n’apparaissait pas adaptée aux médecins généralistes qui lui préféraient un format numérique.

Ce point-là a été soulevé par les auteurs de l’outil STOPP-START. Anticipant une probable augmentation du nombre de critères pour les futures mises à jour de l’outil, ils travaillent actuellement sur son développement numérique sous la forme d’une application pour smartphones et tablettes. Elle pourrait permettre de mieux cibler les critères liés aux pathologies du patient ou ses traitements. [15]. Parallèlement aux travaux des auteurs, des recherches ont été développées par le Dr GEOFFRET qui a rendu accessible une première version informatique sur son site internet (www.stoppstart.free.fr). Elle poursuit son travail par la réalisation d’une étude, de plus grande ampleur, dont l’objectif est d’évaluer l’efficacité sur la morbi-mortalité à 1 an d’une intervention consistant à réviser systématiquement les

21 ordonnances de patients polymédiqués, âgés de 75 ans et plus, à l’aide de sa version numérique de l’outil. [31].

Des projets multicentriques européens d’optimisation thérapeutique chez le sujet âgé, SENATOR et OPERAM, devraient aboutir à la conception de logiciels d’identification de prescriptions sous-optimales en incluant notamment STOPP- START v.2 [32][33].

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Conclusion

Cette étude avait pour but d’évaluer l’intérêt pour les médecins généralistes de l’outil STOPP-START dans la détection des prescriptions médicamenteuses potentiellement inappropriées chez le sujet âgé. Les médecins généralistes ne l’ont pas jugé adapté pour les aider dans leur pratique, mais ont estimé qu’une utilisation régulière pourrait les aider à le maîtriser et auraient préféré un format numérique.

Un travail de simplification de l’outil STOPP-START pour une adaptation à la pratique quotidienne des médecins généralistes et une étude développant et évaluant une version numérique de cet outil pourraient permettre son utilisation régulière en consultation de médecine générale ambulatoire.

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ANNEXE 1

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