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Compétitivité des huiles alimentaires réexportées du Bénin et du Togo vers le Ghana et le Nigéria

COMMERCIALE SUR L’OFFRE ET LA DEMANDE DES HUILES

HUILES ALIMENTAIRES

4.3 Compétitivité des huiles alimentaires réexportées du Bénin et du Togo vers le Ghana et le Nigéria

Evaluation des marges de réexportation en % Années

91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08

Marge Bénin 118 181 102 11 297 71 70 72 43 77 86 60 109 110 40 36 32 17

Marge Togo 33 -78 52 180 192 84 3 -6 -5 39 43 6 12 41 50 15 -1 65 Source : A partir des données de FAOStat.Org(2011) où les calculs sont présentés en

annexes.

 Le premier constat qui se dégage de l’analyse de ce tableau est que les évolutions des prix sont erratiques au niveau des deux tendances (Gha.PI/Tog.PE) et (Nig.PI/Bén.PE). 4 points en 1995 contre 1,2 point en 2008 pour le ratio (Nig.PI/Bén.PE).

 Les activités de rente sur la réexportation des huiles alimentaires sont plus bénéfiques pour le Bénin, voisin du Nigéria que le Togo, voisin du Ghana. Ainsi, en 1992 (-78%), 1998 (-6%), 1999 (-5%) et 2007 (-1%), il est carrément déconseillé au cours de ces périodes, de faire de la réexportation sur le marché des huiles alimentaires du Togo vers le Ghana.

 Au Bénin par contre, les activités de réexportation des huiles alimentaires vers le Nigéria sont rentables sur toute la période référée.

 Ensuite, en moyenne, l’ouverture commerciale a permis au Bénin et au Togo de tirer des rentes de leurs voisinages immédiats dont le Ghana et le Nigéria qui ont préféré le protectionnisme par rapport à l’ouverture commerciale. Ainsi, déjà en 1991, toutes choses étant égales par ailleurs60, le Bénin pouvait avoir une marge de 118% sur les réexportations des huiles alimentaires sur le marché du Nigéria. Le Togo pouvait en dégager 33% sur le marché du Ghana. En 1992, le Bénin disposait d’une marge de 181% (toutes choses étant égales par ailleurs) sur les activités de réexportation des

60. L’analyse n’a pas intégré les coûts de transport et les tracasseries des PDG (Polices, Douanes, Gendarmerie), qui sont légion dans la sous-région.

huiles alimentaires sur le marché du Nigéria. Après des déprimes de ces marges de profit entre 1996 et 2002 (oscillant entre 43% et 86%, toutes choses étant égales par ailleurs), les activités redeviennent lucratives en 2003 (109% de marge) et 2004 (110%). À partir de 2005, les réexportations des huiles alimentaires du Bénin vers le Nigéria sont moins lucratives, mais très rentables tout de même car dégageant des marges très significatives, 40% en 2005, 36% en 2006, 32% en 2007 et enfin 17% en 2008 (toutes choses étant égales par ailleurs). Ces diverses tendances confirment les travaux de Agritrade (2011) qui concluent qu’une large part des besoins en huile végétale du Nigéria est couverte par des réexportations non autorisées de l’huile de palme des pays voisins.

Au total, les activités de réexportation des huiles alimentaires sont rentables, sur certaines périodes, pour le Togo en direction du Ghana. En revanche, elle est très lucrative du Bénin vers le Nigéria sur toute la période référée. Bien évidemment, à court terme, les activités de réexportations du Bénin (vers le Nigéria) et du Togo (vers le Ghana) dégagent des profits. La recherche peut s’interroger si ces activités peuvent constituer des menaces ou des opportunités à moyen et à long termes pour le Bénin et le Togo.

Les rentes sur la réexportation des huiles alimentaires vers le Ghana et le Nigéria: opportunités ou menaces pour le Bénin et le Togo ?

À court terme, l’activité de réexportation des huiles alimentaires est une aubaine de captation des rentes du Bénin et du Togo. Cependant, il est à craindre quelques effets pervers. En effet, les importations massives et à « bon marché » des huiles alimentaires ont découragé certains efforts ou initiatives de productions locales (cf. chapitre 4). Elles ont contribué à la déstructuration de la production locale. C’est le cas justement au Bénin où, à la faveur d’un Conseil extraordinaire des Ministres61, le gouvernement a reconnu lui-même que l’organisation de la filière coton par exemple est marquée par des conflits entre les entités publiques et les partenaires privés. En effet, les rapports conflictuels et le climat délétère qui règnent dans les relations de travail nuisent gravement à la synergie nécessaire qui devrait caractériser la collaboration entre les parties (Cf. Communiqué de la Présidence de la République du Bénin (2012)).

61 Communiqué de la Présidence de la République du Bénin (2012) : Les propositions des Experts de l’UEMOA pour la relance du coton béninois. Communiqué du Conseil des Ministres N°08/PR/SGG/Extra/Com du 29 avril 2012. Secrétariat Général du Gouvernement

Par contre, c’est le phénomène inverse qui est observé au Ghana et au Nigéria avec des mesures protectionnistes qui ont permis de structurer davantage la production locale. Mais depuis janvier 2012, le Nigéria a renoncé aux mesures protectionnistes et entamé le processus du libéralisme économique. Les rentes sur les importations des huiles alimentaires peuvent alors voler en éclats du fait de l’annulation du différentiel de prix entre le Bénin et le Nigéria sur le marché des huiles alimentaires.

Il est clair que le Bénin pourrait continuer de tirer profit du marché du Nigéria des huiles alimentaires dans le court terme. Cependant, des « effets retours » pervers s’observeront tant au niveau des importations qu’au niveau de la production dans le moyen et long termes.

Au niveau de la production, la politique protectionniste au Nigéria et au Ghana a permis un tissu productif plus structuré de la filière des huiles alimentaires contrairement aux pays qui ont précocement libéralisé et dans lesquels le tissu productif a été désorganisé, déstructuré et désarticulé. La concurrence à moyen terme entre économies, anciennement protectionnistes et précocement libéralisées, tournera certainement à l’avantage des producteurs anciennement protectionnistes comme le Nigéria et le Ghana surtout à l’horizon 2020 où, il est programmé la fusion de la CEDEAO en une zone monétaire.

Au niveau des importations, les prix étant presque uniformes à long terme entre le marché du Nigéria et celui du Bénin, l’importateur ne pourra plus avoir une préférence pour la destination béninoise. On pourrait alors observer une baisse drastique, voir une déprime des ressources douanières captées par le Port Autonome de Cotonou (PAC) provenant des importations des huiles alimentaires.

L’analyse pourrait particulièrement s’intéresser aux importations du Bénin des huiles alimentaires à cause de la particularité lucrative de l’activité au cours de la période référée de l’étude (Cf. Courbes sur l’évolution des prix moyens en $ par tonne des huiles alimentaires et Compétitivité des huiles alimentaires réexportées via le Bénin et le Togo sur les marchés du Ghana et Nigéria). Les recettes douanières perçues par le Bénin sur les huiles alimentaires en milliards de FCFA sont contenues dans le tableau 4.4.

Tableau :

4.4 Taxes douanières perçues par le Bénin sur les huiles alimentaires en