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De la compétence traductionnelle à la compétence en recherche

groupe PACTE. Plusieurs des méthodologies d’enseignement de la traduction se sont basés sur la compétence traductionnelle pour proposer leur méthodologie (Echeverri, 2008; Agost, 2008). Dans son livre Basic Concepts Models for Interpreter and Translator Training (1995, p. 251), alors qu’il traite des différentes sources de textes traductologiques, Daniel Gile présente quatre types d’auteurs en traduction et en interprétation (les practicioners, les practeachers, les researchers, les developing researchers et les bicompetent researchers and practicioners). Il introduit en même temps le concept de compétence en recherche. Selon Gile, il s’agirait d’une compétence qui commence à être acquise pendant les études supérieures, mais dont l’acquisition s’échelonne sur plusieurs années d’expérience. Elle comprend plusieurs volets, dont la logique scientifique, les connaissances linguistiques et psycholinguistiques en plus d’aspects méthodologiques comme les statistiques et le design expérimental. Gile mentionne que la traductologie, parce qu’elle est une discipline récente en développement, n’a pas encore réuni un ensemble de connaissances et de méthodes qui pourraient former une compétence de recherche en traduction et en interprétation, comme cela a été fait pour la compétence en traduction :

Doing an MA or a Ph. D. is not enough to acquire true competence in research, as such competence requires sustained efforts over time. […] The problem of Research Competence is compounded by the fact that I/T research is still developing as a discipline (or interdiscipline) and does not yet have a solid common body of knowledge and methods whose mastery could be defined as research competence in I/T. Most researchers in the field still suffer from weaknesses in one or several aspects of research competence (scientific logic, experimental design, statistical methods, linguistic knowledge, psycholinguistic knowledge, etc.)(Gile 1995, p. 251).

Certes, ces propos ont été rédigés il y a maintenant plus de 20 ans. La discipline a beaucoup évoluée depuis. Cependant, dans le cadre notre recherche, cette compétence en recherche s’avère fort pertinente car il s’agit d’une des compétences que les programmes axés sur la recherche, tels que la PGET/UFSC, cherchent à développer chez leurs étudiants. Un des objectifs de la PGET est de former des futurs chercheurs dans le domaine de la traduction.

Comme le déclarent deux fondatrices de la PGET, il faut insister sur le renforcement de la compétence de recherche par l’expérience de travail :

Ainsi, la formation de chercheurs capables d’équilibrer la réflexion théorique, la critique et l’histoire de la traduction ainsi que les supports lexicographiques voués à l’enseignement des langues sont un des points forts de ce nouveau programme. L’ample formation s’acquiert sur plusieurs années d’étude et est concrétisée par quelques années supplémentaires d’expérience professionnelle. À cet effet, le nouveau programme se justifie par l’optimisation du processus de développement d’un chercheur qualifié afin qu’il puisse exercer pleinement certaines activités liées à la traduction. Par conséquent, l’objectif principal de la PGET est de former des professionnels compétents pour l’exercice d’activités de recherche en traduction en tant que telle et de l’enseignement supérieur dans le champ de la traduction (Guerini et Torres, 2006, p. 20).18

En d’autres mots, la PGET vise à former des chercheurs dans la discipline de la traduction, soit des traductologues, qui seront aussi qualifiés pour enseigner la traductologie. Il est important d’insister ici sur le fait qu’il ne s’agit pas de former ni des traducteurs, ni des professeurs de traduction, ni des professeurs de langue. La traductologie est au centre des objectifs de formation des étudiants, qui deviendront chercheurs et professeurs de traductologie. En d’autres mots, ils sont appelés à effectuer le même travail que leurs professeurs, c’est-à-dire à enseigner la traductologie dans des établissements universitaires, dans des programmes de traductologie tels que la PGET/UFSC, ainsi que d’y effectuer de la recherche sur la traduction.

Certes, ils pourraient être amenés à enseigner d’autres matières que la traductologie et à jouer d’autres rôles au sein d’une institution ou d’un programme quelconque, mais ce n’est pas pour ces autres rôles qu’ils sont formés à la PGET/UFSC. Ils sont formés pour être spécialistes en traductologie. Notons que Daniel Gile (1995, p. 251) insiste sur la nécessité d’aller puiser dans des concepts issus de la psychologie, de la psychologie cognitive et de la

18 “Assim, a formação de presquisadores capazes de equilibrar a reflexão teórica, a crítica e a história da tradução

bem como o soporte lexicográfico voltado ao ensino de língua são os puntos fortes deste novo programa. A formação ampla é alcançada ao longo de anos de estudo e concretizada com alguns outros anos de experiência profissional. Em face disto, o novo programa se justifica pela otimização do processo esperado de um pesquisador qualificado para desenvolver plenamente algumas atividades ligadas à tradução. Portanto, o principal objetivo da PGET é formar profissionais competentes para o exercício das atividades de pesquisa em tradução propiamente dita e do magistério superior na área de tradução.”

linguistique afin d’y emprunter certains concepts transférables à la traduction et dans notre cas, à la traductologie.

Nous aborderons ici certains de ces concepts, qui ont été utilisés dans le domaine de l’enseignement en général et transposés à l’enseignement de la traduction dans les méthodologies des traductologues mentionnés au chapitre 1, soit Delisle (1993), Hurtado Albir (1999), Gile (1995), Kiraly (2000) et Echeverri (2008). Ces notions nous serviront au moment d’analyser les méthodes d’enseignement utilisées par les professeurs de la PGET/UFSC.