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Nous rappelons ici que l’objectif de notre thèse est la caractérisation au-tomatique d’interaction parents-enfants. Dans ce cadre, il est important de préciser la nature de ces interactions.

Depuis son enfance, l’être humain développe continuellement des compé-tences de communication. De plus ces compécompé-tences diffèrent d’un individu à l’autre. Néanmoins, nous distinguons la communication de l’enfant qui est sans réelle intentionnalité communicative, lorsque les gestes et les vocalisations de l’enfant ne prennent sens que dans le cadre d’échanges avec l’adulte qui les interprète, de la communication de l’adulte qui est intentionnelle où l’individu utilise une conduite en sachant l’effet qu’elle va produire [Bates, 1979].

Les comportements non verbaux sont les principaux moyens de communi-cation des enfants avant deux ans. En général, les enfants ne sont pas capables de produire de la parole compréhensible donc ils expriment leurs désirs à tra-vers d’autres comportements non verbaux (gestes, postures, mimiques, cris, regard, etc). Les bébés disposent de mouvements expressifs porteurs de signi-fications pour les parents, mais pas nécessairement pour eux car, au début de la vie, ils n’ont pas conscience d’émettre des signaux pour et vers leurs pa-rents. Cependant, les parents vont essayer de les percevoir et de leurs donner un sens.

1.6.1 Compétences des bébés pour la communication

Les compétences des bébés sont assez limitées par rapport aux adultes mais leurs capacités d’apprentissage sont immenses [Thollon-Behar et Cohas,2006].

1.6. La communication chez les bébés 37 Les bébés commencent par produire des réactions simples comme se tourner quand ils entendent un bruit ou une voix. De plus, il est aujourd’hui prouvé que les compétences cognitives des bébés sont très grandes. Par exemple, les bébés apprennent très vite que les objets de leur environnement ont des noms, qu’ils parviennent aisément à extraire des productions langagières des adultes qui les entourent.

Les aptitudes perceptives et motrices sont elles aussi exceptionnelles : les bébés de quelques secondes tournent les yeux à droite ou à gauche selon qu’on fait retentir un clic dans l’une ou l’autre direction dans la salle d’accouchement.

Ce qui montre que, non seulement les bébés savent localiser les sons dans l’espace, mais qu’ils possèdent une coordination inter sensorielle. Ainsi, dès la première semaine, les enfants savent prévoir une trajectoire, se détournent et se protègent d’un objet avançant vers eux selon une trajectoire menaçante, mais ne se protègent pas d’un objet se déplaçant devant lui selon une autre trajectoire.

Du point de vue moteur, le bébé de 10 jours, tenu verticalement et le corps soutenu tend la main, touche les objets et éventuellement s’en saisit.

Par contre, les gestes ne sont pas précis et si le bébé prend l’objet il n’en fait rien, néanmoins la capacité est présente. Cette capacité motrice du bébé lui permet d’exprimer ses désirs à partir de gestes simples comme le fait de tendre la main quand il veut quelque chose.

1.6.2 Evolution de la communication non verbale chez les enfants

Bower [1997] a montré que, dès sa naissance, le bébé réalise qu’il est un être humain et dispose de réponses spécifiques déclenchées exclusivement par d’autres êtres humains. Les bébés sont capables de produire des mouvements expressifs, et au cours du temps ces compétences vont évoluer. Les premières manifestations sont le regard, le sourire, la mimique et quelques expressions vocales.

1.6.2.1 Le regard

Le regard est fondamental car il n’y a pas de communication sans le contact visuel. L’effet que produit le regard sur l’adulte lors des premiers échanges est très important, c’est le signal le plus valorisé par les parents et particulièrement la mère car il donne le sentiment de s’adresser à une personne à part entière.

De plus, il consolide l’attachement social. L’absence de regard est interprétée comme un évitement, souvent mal vécu par les parents, ou comme une rupture dans la communication.

1.6.2.2 Le sourire

Le sourire est considéré comme un signal de bien être (contrairement aux cris et aux pleurs). Plus tard, le sourire représente un signe de bonne so-cialisation (avec l’accueil des inconnus). Ce comportement est présent dès la naissance du bébé. Il y a deux types de sourires : sourire de contentement (sourire - reflexe) et sourire social (sourire - réponse). Le sourire reflexe est un signe du bien-être physique sans intention. Tandis que le sourire réponse a une dimension sociale, lorsque le bébé réplique réellement au sourire de sa mère, puis à celui de son père, et des autres. Le sourire social est un comportement dirigé et conscient. Il est souvent considéré comme le premier geste faisant de l’enfant un être social à part entière. Ensuite, au fil du temps, l’enfant apprend par imitation à nuancer ses sourires [Morris, 1994].

1.6.2.3 Les expressions vocales

Les expressions vocales sont présentes dès la naissance, et très rapidement les parents sont capables de les différencier et de les interpréter, notamment en fonction de leur intensité. Les cris ne sont pas identiques. Pendant les deux premiers mois, les vocalisations sont modulées et jouent un rôle important dans les proto-dialogues. Pendant cette période, les comportements non ver-baux, particulièrement les cris, sont très importants dans l’engagement de la communication entre les parents et le bébé. Les cris peuvent être expressifs, par exemple des démonstrations spontanées d’émotions et d’états affectifs, parfois provoqués par les parents. Ils sont aussi utilisés pour appeler les pa-rents, particulièrement la mère, pour attirer leur attention par exemple.

1.6.2.4 La mimique et la synchronie interactionnelle

Le répertoire de mimique chez les bébés est assez simple : tirer la langue, battre des cils ou ouvrir et fermer la bouche, etc. Ces mouvements semblent être des activités qui font plaisir à l’enfant. Il s’agit à ce stade d’un jeu social (activité préférée). La mimique est clairement dirigée vers les autres humains et témoigne de ce que le bébé se considère aussi comme un humain. D’une manière ou d’une autre, il sait que son visage est fait comme celui qui est en face de lui ; que sa bouche est semblable à celle qu’il voit devant lui.

Ces comportements de mimique sont très importants pour assurer la syn-chronie interactionnelle entre les parents et le bébé. La synsyn-chronie interaction-nelle désigne une forme de comportement caractéristique de la communica-tion humaine. Lorsque deux personnes appartenant au même groupe culturel s’engagent dans une conversation, une analyse détaillée de leurs mouvements montre que parallèlement, elles s’engagent dans une sorte de danse synchrone.

1.7. Autisme et enfant : aspect développemental 39