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CHAPITRE 5 LES RÉSULTATS

5.3.3. Commentaires sur l’expérience 1 (identification de la provenance régionale) et

Le résultat principal qui ressort des 2 premières expériences est que la longueur des énoncés facilitent majoritairement l’identification de la provenance géographique pour les natifs. En principe, si l’accent est suffisamment marqué, ils ne devraient pas être confondus avec d’autres accents, ce qui arrive davantage dans les énoncés courts.

Les résultats ont confirmé ce que nous pensions sur les variétés de Leeds et de Cardiff, c'est-à-dire qu’elles sont peu représentatives de ces endroits. Par contre, nous pensions que l’accent de Cambridge était très typique alors que lors de l’expérience 2, les participants anglophones l’ont souvent confondu avec celui de Londres. Ceci reflète le continuum d’accents qui sont associés avec la capitale.

Lors de la première expérience les accents ont été classés dans l’ordre suivant :

C, L, B, M, N, (P dans la catégorie NUK seulement, sinon dans le groupe NE cette variété arrive en dernier), S, J, W.

119 Un mot-valise impliquant Bradford et Pakistan.

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Cet ordre n’est pas le même dans l’identification des villes : (J & N), (S & C), B & M, L, P, W.

Il apparaît donc clairement que l’accent de Cardiff est le moins bien identifié de tous, dans les deux expériences, ce qui correspond à nos prévisions pour cet accent.

Lorsque l’accent de Bradford est associé à la catégorie NUK, le taux d’identification est assez élevé (68%). Par contre, il s’est avéré difficile de l’associer à l’une des neuf villes proposées.

Cela signifie que l’accent panjabi prime sur l’aspect septentrional. Il ne faut pas négliger le fait que la langue panjabi est la première langue minoritaire en Angleterre. Contrairement à d’autres variétés comme le jamaïcain, il est moins associé à une seule ville. En ce qui concerne l’accent londonien, il est parmi les derniers accents correctement classés dans les résultats de la première expérience puisqu’il est associé à la fois avec la région SE et NUK.

Cependant, lorsque la ville de Londres a été proposée dans la deuxième tâche, l’ambiguïté a disparu et son taux d’identification est devenu le plus élevé. Cela montre que cet accent-là est fortement associé à Londres.

La variété de Leeds est bien associée à la région du Nord de l’Angleterre mais les participants n’ont pas toujours pu identifier sa provenance exacte dans la deuxième expérience. Comme nous l’avons vu, cet accent fait partie d’une grande zone géographique (Middle North, Wells, 1982). Pour les non-spécialistes il aurait pu être associé à beaucoup d’autres endroits dans le Nord de l’Angleterre, comme la ville de Bradford, par exemple.

Le fait que les résultats varient entre les deux expériences est sans doute largement dû au fait que les tâches ne sont pas les mêmes. Il est possible que la présence de la catégorie NUK ait influencé les participants lors de l’identification par région. Alors que dans la deuxième expérience, la difficulté a résidé dans le fait que les villes sont soit géographiquement ou phonologiquement proches. Ainsi nous avons trouvé des confusions entre Cambridge et Londres (jamaïcain), Belfast et Malahide et entre Leeds et Bradford (panjabi).

Nous pensons que l’accent de Cardiff est le moins bien identifié non pas à cause d’un manque de finesse phonétique de la part de participants mais à cause de l’accent lui-même qui est peu typique. Il ne ressemble pas suffisamment à l’idée qu’on a d’un accent gallois. En tout cas il n’est pas assez marqué pour être facilement identifiable.

Il convient maintenant de constater les jugements sur la qualité typique ou non de ces accents (par G2-ANG) avant de tester leur compréhension par plusieurs types de population.

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5.4. Expérience 3 : Représentativité des locuteurs par ville via un test de qualité (G2-ANG)

Nous avons appelé cette expérience « test de qualité », ou Goodness test en anglais. Elle vise à évaluer la typicalité des locuteurs de chaque dialecte.120 De ce fait, et par souci d’avoir un test qui ne soit pas trop long, chaque locuteur n’a été entendu qu’une seule fois. Avec ces résultats, nous avons pu avoir une idée à la fois de la typicalité de chaque individu mais aussi de l’homogénéité des locuteurs à l’intérieur d’un même groupe dialectal. Seuls les natifs (G2-ANG) ont participé à cette expérience : huit auditeurs britanniques ainsi qu’une irlandaise, en plus de deux spécialistes britanniques (phonéticiens). Les locuteurs ont été regroupés par dialecte et, avant de les entendre, le nom de leur ville de provenance apparaissait à l’écran de l’ordinateur.121 De cette façon, il n’y a eu aucune ambiguïté quant à leur origine géographique122 et les auditeurs ont eu tout le loisir de se concentrer plus spécifiquement sur l’aspect typique ou non des locuteurs.

Un des objectifs de cette expérience a été de confirmer (ou d’infirmer) la qualité de notre sélection initiale des locuteurs. Cette sélection devait permettre d’évaluer l’homogénéité des dialectes de ce corpus qui n’a jamais, à notre connaissance été soumise à ce genre de test. Ce corpus, comme d’autres corpus des dialectes britanniques, a parfois été critiqué pour la

« mauvaise » représentativité des dialectes. Cette expérience a été conçue pour permettre cette représentativité et garantir en quelque sorte des résultats aussi fiables que possible. Les variétés qui ont été bien identifiées au niveau des régions et des villes vont-elles également jugées typiques ? Nous pensons que lorsque les participants arrivent à identifier l’origine géographique des locuteurs, cela signifie que les locuteurs ont suffisamment de traits caractéristiques de la région ou de la ville en question. Alors que les résultats de la présente expérience (de qualité) risquent d’être davantage basés sur des stéréotypes ou des jugements personnels. Bien entendu, les trois expériences sont toutes basées sur ces facteurs mais dans le test de qualité, les avis sont davantage subjectifs. C’est pour cette raison que les deux moyens d’évaluation (celles d’identifications celle qui jugent de la qualité typique) sont très utiles mais qu’il risque de ne pas y avoir les même résultats dans les trois. Prenons l’exemple de Cambridge et le genre de stéréotypes que l’on peut y associer. Nous pourrions nous attendre

120 Pour les deux premières expériences, nous n’avons utilisé que six locuteurs sur douze afin de pouvoir les entendre plusieurs fois.

121 L’ordre des accents était toujours le même mais, à l’intérieur de chaque groupe, l’ordre de passage des locuteurs était aléatoire.

122 Ainsi, pour les locuteurs des groupes P et J, nous avons précisé le fait qu’il s’agissait de Punjabi Bradford et Jamaican London.

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à ce que l’accent soit proche de la variété RP ou celle de Londres, ou d’un accent beaucoup plus « campagnard ». Dans le cas où les participants s’attendent à un accent proche de la RP, ils pourraient bien noter cet accent en fonction de sa typicalité ; s’ils s’attendent à autre chose, ils risquent de dire que l’accent n’est pas typique.123 C’est peut etre ce qui s’est passé lors de l’expérience 2, où l’accent de Londres était souvent confondu avec l’accent de Londres. Lors du chapitre 1, nous avons vu que l’accent de Londres existe sur un continuum, allant du cockney à l’accent RP, en passant par « Estuary English ». Il est donc impossible de savoir ce que les participants considèrent comme typique. Les mêmes connotations et échelles existent pour les autres accents. Par exemple, pour celui de Liverpool, on pourrait s’attendre à la variété la plus stéréotypée de cette ville, c'est-à-dire le Scouse,124 mais dans notre corpus l’accent est moins marqué que le Scouse car les locuteurs viennent de la classe moyenne (et non ouvrière). En fait, tout dépend de l’idée que les auditeurs ont de chaque accent.

Nous avons utilisé les mêmes énoncés que lors de la première expérience.125 Cette fois-ci, afin d’éviter que l’exercice ne dure trop longtemps, les participants ont entendu chaque locuteur une seule fois. En revanche, nous avons utilisé tous les locuteurs de chaque variété.

La question à laquelle ils devaient répondre était : Is this person a typical speaker from….. ? Puis, le nom de la ville de provenance des locuteurs apparaissait à l’écran. Il fallait faire un d’autres plus près d’un accent londonien. Dans les deux premières expériences, nous avons choisi d’utiliser celui proche de RP puisque cela correspond à la fois à l’accent enseigné en France et à ce que nous voulions comme accent témoin.

124 Il ne faut pas oublier que les locuteurs appartiennent à la classe moyenne et que leur accent ne contient pas toutes les caractéristiques de l’accent scouse qui est souvent associé avec la classe ouvrière. (Well, 1982)

125 Cf. Chapitre 4 pour la liste des phrases.

126 En français nous utilisons les termes suivants : absolument ; très ; quelque peu ; assez peu ; pas de tout.

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Leeds. La difficulté que ces participants ont eu à identifier correctement l’accent P pourrait avoir des conséquences sur leur jugement.

5.4.1. Résultats de l’expérience 3 : Représentativité des locuteurs par ville via un test de