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Commentaires et analyses

3.1. Synthèse de l'observation de l'Enseignant 1 :

3.1.3. Commentaires et analyses

138 je donnerai en revanche un point pour une dérivation relative. Il n'est donc pas très grave qu'un apprenant fasse ce genre d'erreur, d'autant plus que c'est le modèle même – enseignant – qui le dit et le confirme à plusieurs reprises.

• Différente de la lecture individuelle de la septième étape, celle de la neuvième phase du déroulement de la leçon a pour objectif d'être lue selon la mélodie que l'enseignant lui donne. C'est quand il leur dit :

«(Ah) ! ↑↑, kilεʒoli↓ lɸvolɸr de pryn ] ↓ (Ah) ! qu'il est joli, le voleur de prunes !

Il découpe le texte poétique même s'il ne dit pas le mot "strophe" et le substitue par "partie". Il reste rationnel jusqu’au bout ; le premier morceau se termine par une pause, il inscrit les deux barres, le deuxième morceau applique la même chose mais dans le troisième morceau, la double barre est avant le dernier vers. Mais comme l'enseignant voulait faire apprendre aux enfants une mélodie, il a mis la pause après "voleur" pour qu'il reprenne "de prunes" en marquant l'enjambement.

• Dans la dixième étape, l'enseignant procède à la mémorisation par parties par effacement de segments de vers et laisse une trace : un article "le". En fait, il laisse quasiment un mot par vers par exemple dans la première ligne, il a laissé (le), (au). Il a laissé "à son gré" qui n'a pas été expliqué car il a jugé que c'était compliqué et difficile. L'enseignant a effacé partie par partie, il a donc respecté la même division à chaque fois.

• La dernière étape est une évaluation. Il s'agit de la récitation qui s'est déroulée en deux parties :

1- Evaluation (individuelle /collective) de la mémorisation sans mélodie. 2- Evaluation (individuelle /collective) de la mémorisation avec mélodie. Le travail de cet enseignant est bien structuré car toutes les étapes du déroulement de la leçon sont suivies d'une micro évaluation qui a débouché sur une macro évaluation : la récitation.

3.1.2. Transcription de la communication verbale, et non verbale de l’enseignant 1 sous forme de tableau

(voir Annexes page : 3).

3.1.3. Commentaires et analyses

139 1.1. Les clausules de la leçon

Cet enseignant est conscient de ce qu'est une leçon, comment les apprenants, avec le même maître, travaillent différentes leçons : vocabulaire, grammaire, orthographe, au sein de l'activité récitation, sans difficultés.

Ce qui revient à dire que ce dernier connaît son métier et sait le faire. Les clôtures de chaque leçon sont bien marquées. Les enfants perçoivent inconsciemment les étapes une à une jusqu’à arriver à l'évaluation où il leur dit : "Très bien, voilà, on a fini". Le marquage des frontières d'une leçon existe par le biais d'une amorce et d'une formule de conclusion.

1.2. Illustration et exemplification

A chaque fois que cet enseignant évoque une nouvelle notion, et dans n'importe quel type de leçon, il la fait suivre par des exemples, des illustrations. Dans la leçon de vocabulaire, il a travaillé exclusivement sur l'axe des substitutions en parlant du paradigme animal : hamster, dauphin, serpent. Le paradigme fruit : banane, poire, pomme. Le paradigme arbres fruitiers : pommier, poirier, bananier.

Un autre exemple : le thème même du texte poétique "le rouge-gorge" qui est illustré par deux gravures de tailles différentes. Ce qui semble intéressant par contre, c'est le geste des deux mains (voir la transcription de la communication verbale et non verbale de l'enseignant et le DVD 1, partie 1) qui accompagne la phrase suivante : "Il ne pèse pas plus que plume", pour l'illustrer

1.3. La correction

Elle est utilisée de manière aléatoire. Cette irrégularité dans la correction est plutôt une bonne manière de faire car si l'enseignant devait arrêter chaque apprenant à tout moment, il n'y aurait plus le plaisir du texte, d'une part, et d'autre part sur le plan psychologique, l’enfant serait inhibé quand il prend la parole.

Cette correction individuelle se fait à deux niveaux : • au niveau du phonème

• au niveau de la liaison : - est au verger (… éto…)

140 On peut regretter, par exemple, que la confusion entre le " i " et le " é " n'ait pas été relevée par l'enseignant dans : joli / zolé.

Cette erreur est inhérente à trois élèves assis au fond de la classe. Pourquoi ne l'a-t-il pas corrigé ?

On peut émettre les hypothèses suivantes :

- L'enseignant juge que pour le moment, s'ils arrivent à prononcer [zolε ] "jolé", c'est déjà bien.

- Que c'est une étape dans leur apprentissage.

- Ces élèves sont ceux qui entendent le moins bien par rapport aux autres car ils sont situés au fond de la classe et, par conséquent, ont du mal à reproduire les sons.

- L'enseignant se donne des objectifs transitoires avec ses élèves.

- Il doit estimer qu'il y a des rythmes différents dans la classe. D'ailleurs on le remarque bien car il laisse passer des erreurs pour les même apprenants à chaque fois. Il a une bonne connaissance de ses élèves. - Par contre, en phonétique française, il n'y a pas de diphtongue comme en

anglais, par exemple to bee, et en langue arabe. Il dit : [(Ah) ! qu'il est joliiiii, le voleeer de prunes ] (voir la transcription phonétique).

L'enseignant introduit à la mélodie de la phrase une interférence en phonétique arabe qui n'est pas gênante car il s'agit d'une mélodie. Cette interférence aurait gêné, au cycle moyen, à la lecture d'un texte. L'interférence est tolérée car, nous l'avons dit, tout texte poétique est destiné à être chanté. Cette manière de faire plait aux enfants et leur convient dans la mesure où, très vite, ils ont appris la mélodie.

« Chacun doit être capable de redire parfaitement le dialogue, non

seulement du point de vue syntaxique et lexical, mais aussi du point de vue phonologique et prosodique » (M. Aupècle, op. cit. p. 123).

Grâce au support visuel (ici les deux gravures), on pourrait, selon M. Aupècle y arriver en une trentaine de minutes, y compris le temps de l'appropriation auditive, même avec des classes d'une quarantaine d'élèves. Il est à remarquer que pour cette phase, les "reprises chorales" ou réponses collectives ne sont pas rejetées mais plutôt "réhabilitées" comme le pense M. Aupècle à la suite de P. et de M. Léon ; la répétition chorale libérant des complexes, est excellente ; néanmoins, pour plus de précision, il faudra revenir aux exercices individuels.

141 C'est parce que l'interférence des deux systèmes voyelliques arabe /français existe chez l'enseignant même, que cela se répercute sur les apprenants. L'erreur prosodique commise par l'enseignant est l'utilisation de la pause au milieu d'un même mot ; réci – ta – tion

[ Resi :// ta // ʃ⌋õ ] (voir la transcription phonétique in DVD 1, partie 1) Les autres erreurs; toujours faites par l'enseignant sont d'ordre phonétique : • "les leçons précédents", prononciation du ⊃ à la place du α , aini que l'absence de la marque orale de l'accord féminin [ + ], l'enseignant prononce

[ le lɸsõ presedõ ] alors que ---dαt

Mais sa manière de faire reste une manière d'introduire une dimension chantée dans le texte poétique.

• Ce oiseau, au lieu de cet oiseau.

• C'est un petit oiseau : ne fait pas la liaison [ + ]. • C'est un étonnement : confusion masculin / féminin.

• "orangier" : formation des noms d'arbres que nous avons vue plus haut.

1.4. Objectifs / Evaluation

L'enseignant travaille d'une manière systématique dans la mesure où à chaque fois qu'il se fixe un objectif donné, il le fait évaluer immédiatement après. Quand il introduit par exemple le thème du texte poétique : l'animal ; l’élève interrogé monte au tableau et dit un paragraphe descriptif d’un animal de son choix (hamster, dauphin, serpent). Au faite, l’enseignant use de cette activité pour injecter des micros séances de révision (texte descriptif). Le procédé de vérification chez cet enseignant est très palpable (mémorisation, mélodie). Ce qui se dégage de sa pratique, c'est une micro évaluation systématique pour chacune des étapes pour arriver à une macro évaluation, c’est-à-dire la restitution du texte.

1.5. Respect du groupe classe

Effectivement notre enseignant travaille avec toute la classe même si dans ce groupe classe, il en montre très bien la hiérarchie. A chaque fois qu'il a besoin de faire faire une lecture magistrale par un élève, il interroge toujours les mêmes éléments, ceux qui ne vont pas se tromper. Il a de bons élèves sur

142 lesquels il se base pour remplacer sa lecture à lui. Sa classe est donc hiérarchisée ; il y a les bons, les moyens, les moins bons qu'il ne reprend pas beaucoup quand il voit qu'ils ne se trompent pas sur l'essentiel. Il interroge tout le monde, filles, garçons et dans tous les sens. Le questionnement est disparate.

1.6. Dimension esthétique

L'enregistrement vidéo nous a permis de voir que les cahiers des écoliers sont ornés de couleurs dans les lettres surtout, ce qui revient à dire qu'un aspect récréatif existe.

Il est à signaler que le texte poétique est recopié par les enfants à la maison, à la demande du maître, par manque de temps.

L'important est que la dimension esthétique apparaît aussi bien au niveau vocal, par la mélodie, qu'au niveau scriptural, et on le voit dans les cahiers des apprenants bien que l'enseignant écarte la dimension du beau de son enseignement de la poésie alors que là il s'agit de la beauté même ; cette attitude n'est pas propre à cet enseignant seulement mais se retrouve également chez les autres instituteurs.

- Les cahiers des élèves nous permettent de dire que la dernière récitation est celle de Prévert, "Pages d'écriture". Pourquoi l'enseignant l'a-t-il évacué du rappel alors que c'est la toute dernière ? Peut-être parce qu'il z jugé qu'elle était trop longue ou il la trouvait trop récente.

2. La gestuelle du maître

2.1. Fonction du geste

2.1.1. Discipline

Le tableau de la transcription phonétique montre que le geste du maître existe, la pause de la voix existe, mais il ne s'agit pas de ce que nous attendions ; le geste déclamatif et récitatif n'y est pas. Le corps n'est pas engagé dans son action pédagogique. Les gestes les plus redondants sont disciplinaires, destinés à instaurer la discipline en classe.

2.1.2. Faire deviner la fin d'un mot

Quand l'enseignant marque une pause à l'intérieur d'un mot et invite les élèves à deviner ce qu'est le mot, par exemple :

- réci // // - le vol // //

143 - l'oiseau est au // //

La gestion de l'espace classe par le maître est insuffisante car il se contente de tracer un itinéraire entre le bureau et l'estrade.