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Comment prescrire des opiacés face aux risque de dépendance ?

L’usage des opioïdes dans la douleur chronique est en augmentation constante suite à la prise de conscience d’une possible amélioration de la qualité de vie chez ces patients. Cette décision doit être fondée sur un équilibre entre le risque et le bénéfice potentiel.

Des recommandations ont été publiées ces dernières années concernant l’utilisation des opioïdes dans la douleur chronique non cancéreuse.

Principes d'usage des opioïdes :

Ce traitement ne sera envisagé que si les autres analgésiques ont été essayés, en particulier en cas de douleur neuropathique et après un délai raisonnable.

‐ Évaluation complète (physique, psychologique et un historique de consommation

des produits à potentiel de dépendance). L’évaluation des facteurs psychosociaux est extrêmement importante de même que leurs croyances et leurs attentes en ce qui concerne le traitement par les opiacés. Notions abordés dans les questionnaires : antécédents de maladie mentale, d'abus d'alcool ou d'autre substance, tenu d'un journal de la douleur, adhérence au traitement, statut physique et psychosocial. voir dans évaluation et suivi de la douleur chronique chez l'adulte en médecine ambulatoire. URL:

http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/douleur1.pdf

‐ Usage de la plus faible dose possible : analgésie adéquate avec un minimum

d'effets secondaires.

‐ Un plan de traitement doit être établi de manière précise en fixant les

objectifs et en évaluant les résultats à des intervalles réguliers en particulier l'état fonctionnel, le degré de soulagement de la douleur (échelles d'évaluation de la douleur par exemple), l'identification et le traitement des effets indésirables, et la surveillance des comportements d'abus par des dépistages.

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‐ Utilisation dans le cadre d'une prise en charge multidisciplinaire (autres

traitements pharmacologiques, thérapie comportivo-comportementale). Le besoin de traitement adjuvant doit être réévalué régulièrement.

‐ Essayer de ne pas combiner les opiacés avec sédatifs, hypnotiques,

benzodiazépines, barbituriques au long cours, pour mieux apprécier les effets indésirables.

‐ Inciter à n’avoir qu’un seul prescripteur et un seul dispensateur.

‐ En cas de dérapage avéré, réorienter vers un centre de prise en charge de la

douleur, ou vers des structures prenant en charge les pharmacodépendances.

‐ En cas de manque d’efficacité sur la douleur après une phase suffisamment

longue, diminuer progressivement les doses sur plusieurs semaines pour éviter les symptômes de sevrage et s’orienter vers une autre classe.

‐ Un contrat fixant les droits des patients et leurs responsabilités peut

contribuer à souligner l'importance de la participation des patients :

• Explications des avantages et effets indésirables du traitement

• Le patient doit dire au médecin s'il prend d'autres analgésiques, antipsychotiques, ou s'il prend de l'alcool ou d'autres drogues récréatives.

• Le patient ne doit pas demander de prescription d'analgésiques à d'autres médecins.

• Le médicament doit être pris que comme prévu, et jamais cédé à d'autres personnes.

• Le médicament doit être conservé dans un endroit sûr (hors de la portée des enfants).

 

 

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Buprénorphine 

Subutex® - subu   

Pharmacologie

     Agoniste partiel mu, antagoniste kappa.  Haute affinité pour les récepteurs mu du système nerveux central. 

Effet  plateau  à  hautes  doses  vis  à  vis  de  la  dépression  respiratoire  et  des  effets  euphorisants.    

Potentiel de dépendance

     Effet euphorisant faible par voie orale.  Syndrome de sevrage retardé 72 heures à 1 semaine, modéré, s'étalant 8 à 10 jours. La  buprénorphine reste longtemps fixée à son récepteur (période de wash‐out).  Faible tolérance.     

Signes d'imprégnation

     Voir opioïdes.     

Risques

     Nausées importantes. 

Dépression  respiratoire  faible  sauf  en  cas  d'association  aux  benzodiazépines  (plusieurs  dizaines de décès en France) 

Emboles de talc, abcès, phlegmons, nécrose cutanée en cas d'injection intraveineuse de  comprimés broyés. 

Myosis prolongé 24 à 48 heures.  Hypotension rare. 

78    Hallucinations et dysphorie rares.  Pas de libération d'histamine.  Effets digestifs moins marqués que pour la morphine : constipation, céphalées, insomnie,  asthénie, nausées, sudation, vertiges.  Augmentation des transaminases, ictère.  Provoque un syndrome de sevrage chez les morphino ou les héroïno‐dépendants.    

Grossesse

     Ne serait pas tératogène dans le cadre de traitement substitutif.  Risques de mort fœtale in utero, de troubles métaboliques graves à la naissance en cas  d'injection de comprimés broyés et/ou associé aux benzodiazépines. 

Syndrome  de  sevrage  modéré  vers  le  2ème  jour  de  vie.  Résolution  rapide.  Serait  moins  sévère qu'avec la méthadone. Mais des cas de syndrome prolongé avec épilepsie ont été  décrits. Certains auteurs ont décrit une efficacité du phénobarbital.  Allaitement contre‐indiqué.    

Effets recherchés

     Proposée comme traitement de substitution à l'héroïne, mais est l'objet d'une utilisation  abusive par voie intraveineuse voire intra‐artérielle, et d'un trafic important : comprimés  broyés,  dissous,  puis  injectés  associé  ou  non  avec  d'autres  produits  en  intraveineuse,  pour obtenir un effet flash.  

Les  doses  consommées  peuvent  être  supérieures  aux  doses  pour  lesquelles  on  observe  l'effet plateau. Peut être expliqué par la recherche du caractère érotique d'une injection  massive.           

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