• Aucun résultat trouvé

COMMENT L’UNIL MESURE-T-ELLE

Dans le document DE LA MONDIALISATION (Page 28-31)

SA UALITE?

L

e troisième audit fédéral du Système Qualité de l’UNIL arrive à son terme en ce début d’été. Il a été mené par l’Organe d’accréditation et d’assurance qualité des Hautes Ecoles suisses (OAQ), pour le compte du Se-crétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’in-novation (SEFRI).

La procédure a débuté en mars 2013 par une période d’auto-évaluation qui a duré huit mois. Ce travail a débou-ché sur la production d’un document de synthèse, mis à disposition d’un groupe d’experts issus du monde aca-démique européen. En décembre, ces derniers ont passé plusieurs jours sur le campus, pour mener des entre-tiens avec une centaine de personnes. Leurs conclusions figurent dans un rapport final amendé, qui fonde la déci-sion du secrétaire d’Etat Mauro Dell'Ambrogio, communi-quée au début de l’été 2014. Cet exercice régulier, auquel se livrent toutes les universités du pays, est important sur le plan financier. Car la reconnaissance du droit aux

subventions fédérales dépend en partie du résultat. Ces dernières représentent environ 15 % du budget de l’UNIL, qui se monte à 421,8 millions de francs (2012). De plus, le canton de Vaud reprend les conclusions du rapport final de l’OAQ. Or, l’Etat contribue à plus de 55% du budget de l’institution.

A la tête du dicastère « Qualité et Ressources hu-maines », le vice-recteur Jacques Lanarès a occupé une place centrale dans le déroulement de l’audit. Il répond à Allez savoir !

SA UALITE?

La Qualité à l’UNIL www.unil.ch/cover

30 Allez savoir ! N° 57 Mai 2014 UNIL | Université de Lausanne

Nous sommes loin d’appréciations personnelles ! Cela res-semble à la démarche des chercheurs, qui fondent leurs conclusions sur des bases vérifiables. De nombreux do-cuments sont d’ailleurs consultables librement sur www.

unil.ch/cover. Le rapport final de l’OAQ y figurera.

LA QUALITÉ

Il existe toute une littérature scientifique à ce sujet et même des journaux spécialisés, dont Quality in Higher Education.

Depuis 2006, un accord s’est fait jour : il n’y a aucune défi-nition unanime (sourire). Toutefois, les hautes écoles, en Europe, parlent de fitness for purpose. C’est-à-dire d’at-teindre les objectifs fixés, quels qu’en soient les péri-mètres. Loin d’une définition absolue venue de l’extérieur, la qualité est donc liée à la mission. Cette notion se décline d’ailleurs à tous les niveaux.

Par exemple ?

Le plan stratégique de l’UNIL, négocié avec les Autorités politiques, est le premier de nos onze « processus qualité ».

Il formalise notre engagement vis-à-vis de la société. En échange, nous y gagnons notre autonomie. Des raisonne-ments similaires s’appliquent pour l’évaluation des facul-tés, des cursus, des enseignements, des services, etc.

La notion de qualité, comprise sous l’angle ISO du  terme, sous-entend l’idée de norme, qui peut être per-çue négativement. Qu’en est-il à l’UNIL ?  

Le discours sur la qualité est très imbibé de schémas ve-nus de l’industrie. Dans cette optique, vous faites entrer des étudiants d’un côté de l’usine et vous en ressortez des diplô-més « conformes », quelques années plus tard. Si ce résultat n’est pas atteint, il est facile de trouver quelles pièces de la fabrique il convient de changer. Ce n’est pas notre vision, au contraire. L’université est un monde complexe, peuplé d’in-teractions imprévisibles entre êtres humains. Chacun ap-prend à sa manière. Nous souhaitons plutôt la plus grande diversité possible chez nos étudiants, à la fin de leur par-cours à l’UNIL. Bien entendu, un bagage minimal commun est assuré, mais ce n’est pas le seul objectif.

LES ÉTUDIANTS

C’est assez peu connu : l’UNIL fait évaluer les cours  par les premiers concernés, les étudiants. Comment  cela fonctionne-t-il ?

Tous les enseignants sont tenus de faire évaluer leurs en-seignements par les étudiants (EEE). Cela fait partie de notre Système Qualité. L’opération se déroule au moyen de questionnaires, qui sont traités, selon les cas, par le Centre LA DÉMARCHE

L’enjeu financier de l’audit est clair. Mais qu’est-ce  que l’UNIL gagne dans l’opération, qui a demandé  beaucoup de travail en interne, par exemple lors de  l’auto-évaluation ?  

Jacques Lanarès : Le premier bénéfice de l’audit réside en ce qu’il permet de faire le point sur notre système qualité et d’avoir une vision globale de nos démarches dans ce do-maine. C’est notre pari : même s’il s’agit d’une demande externe, nous l’utilisons pour poursuivre notre dévelop-pement. Pour moi, l’enjeu principal des processus qualité consiste à impliquer la communauté universitaire, qu’il s’agisse du corps enseignant et intermédiaire, des étu-diants ou des services. Et que chacun se sente concerné par l’amélioration de nos activités.

L’audit a débuté par une vaste auto-évaluation, qui  a mobilisé de nombreuses personnes. Ce mot peut  porter le parfum de la satisfaction de soi. Comment  l’éviter ?

Le cœur de l’audit revient à démontrer que l’UNIL pos-sède un système qualité qui fonctionne et qui corresponde à des standards. Pas juste sur le papier, mais en vrai. Or, l’auto-évaluation doit montrer en quoi nous répondons aux standards. C’est pour cela que nous documentons tout, et que notre rapport d’auto-évaluation (RAE) est accompa-gné d’annexes (Il désigne plusieurs volumes reliés, empilés sur plus de 30 cm). La mission des experts, en décembre dernier, était justement de déterminer si les informations rassemblées dans le RAE et les entretiens leur donnaient une conviction raisonnable que les standards sont remplis.

UNIVERSITÉ

JACQUES LANARÈS Vice-recteur de l’UNIL, en charge de la qualité et des ressources humaines.

Félix Imhof © UNIL

de soutien à l’enseignement (CSE) ou l'Unité de pédagogie de la Faculté de biologie et de médecine. Une synthèse et les résultats bruts sont ensuite fournis aux enseignants.

D’ailleurs, les « règles du jeu » sont affichées dans toutes les salles de cours, par souci de transparence. Il faut être clair : l’objectif n’est pas le contrôle, mais l’amélioration des com-pétences pédagogiques et de la réponse aux attentes des étudiantes et étudiants.

Quels sont les résultats ?

Cette démarche bottom-up fonctionne très bien. Nous comp-tons en effet, de la part des enseignants, 50% de demandes d’évaluations de plus que ce qui est requis ! Certains pu-blient la synthèse des résultats sur le site de leurs cours.

De plus, l’an passé, 450 heures de conseils ont été données par le CSE, auprès de 160 personnes. Car il est inutile d’éva-luer des enseignements sans agir ensuite.

LES ENSEIGNANTS

Comment jauge-t-on les professeurs ?

Tous les postes stables, des maîtres d’enseignement et de recherche (MER) aux professeurs, sont basés sur des contrats renouvelables d’une durée de six ans, jusqu’à la fin de la carrière. Ce renouvellement, qui prend le cahier des charges comme référence et qui se mène au niveau des dé-canats en premier lieu, s’appuie sur un rapport d’activité.

Il comprend une auto-évaluation et prend notamment en compte l’intégration à l’institution, la recherche et l’ensei-gnement. La manière dont les professionnels modifient leur pratique en tenant compte des EEE figure aussi dans leur dossier. Plus de 100 enseignants sont ainsi évalués chaque année. Ainsi que deux facultés et plusieurs services : c’est un processus continu !

LA SOCIÉTÉ

Comment l’opinion des employeurs est-elle prise en  compte dans la démarche qualité ?

Outre des nombreux contacts directs avec les milieux pro-fessionnels concernés, les facultés mènent des enquêtes auprès des anciens étudiants. Elles leur demandent par exemple comment la formation dispensée leur est utile dans leur activité actuelle et ce qu’il faudrait améliorer.

L’Office fédéral de la statistique, qui réalise également des enquêtes auprès des diplômés un an et cinq ans après la fin de leur cursus, propose des données intéressantes sur le lien entre les compétences acquises à l’université et les demandes du monde du travail. En général, les employeurs cherchent des personnes à la formation solide et généra-liste et ne veulent pas transformer l’université en école professionnelle. Car en interne, elles assurent un complé-ment spécifique à leurs besoins. Toujours sur la question de l’adéquation, nous rencontrons chaque année quelques membres de la sous-commission de gestion du Grand Conseil et régulièrement les partis politiques.

UNE QUESTION DE CULTURE

Tout le monde a sa petite idée sur ce que devrait être  une bonne université. Comment en tenir compte sans  briser la cohérence de l’institution ?

Certains adorent les indicateurs et les rankings, alors que les étudiants s’y intéressent très peu. C’est l’avis de leurs amis qui compte dans le choix de leurs études. Pour les chercheurs, ce sont les peer reviews qui comptent. Cha-cun tire de son côté. Il faut donc trouver un lieu géomé-trique acceptable, en affirmant que la définition de la qua-lité ne résulte pas de l’opinion d’un groupe de personnes ou d’un milieu économique, mais qu’elle s’inscrit dans une perspective dynamique, et non pas normative. Elle régule les tensions et réduit justement les écarts entre les points de vue.

La notion de « culture qualité », à mettre en place  dans l’institution, revient régulièrement dans les do-cuments. Pouvez-vous la définir ?

Cette notion vient en rupture de celles d’assurance ou de contrôle qualité. Il s’agit de faire en sorte que la recherche

Dans le document DE LA MONDIALISATION (Page 28-31)

Documents relatifs