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Chapitre 5 : Discussion

5.2 Comment appuyer les projets de vie des participants ?

En ce qui concerne les projets de vie des participants, nous avons découvert au cours des entrevues que l’ensemble des jeunes ont des aspirations au niveau académique et au plan professionnel. D’autres ont, quant à eux, le souhait de se trouver un logement. Plus de la moitié nous ont fait savoir qu’ils aspiraient obtenir leur diplôme d’études secondaires (D.E.S) ou encore de tenter un retour à l’école afin de compléter leurs études secondaires.

Selon notre compréhension de la question du projet académique, il est possible de croire que les aspirations et les rêves de ces jeunes soient liés au fait que nous sommes conditionnés à devoir fonctionner dans cette société et à ne pas dépendre du système en place. De ce fait, le moyen de pouvoir accéder au marché de l’emploi est intimement lié à l’instruction de l’individu. Ses chances se voient augmentées s’il est instruit et s’il a un diplôme pouvant attester de son parcours. Nous nous permettons également d’avancer que dans notre société, il est plus aisé de s’insérer et d’acquérir une stabilité d’emploi pour ceux ayant étudié le plus longtemps possible ou « des professions libérales » telles que médecin, infirmière, etc., notamment grâce aux conditions de travail négociées et protégées par les syndicats.

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Donc, inciter les jeunes hébergés à s’enrôler dans une démarche académique, lui donner les moyens de réussir et l’inciter à poursuivre ses études aux cycles supérieurs l’amènerait à augmenter ses chances de vivre dans des conditions de vie confortables une fois son parcours académique complété. Ceci pourrait être facilité par une mécanique plus facile et plus rapide aux prêts et bourses pour ceux qui veulent poursuivre les études. Nonobstant ce fait, les programmes développés pour les jeunes hébergés à majorité ont été pensés en fonction des besoins et des limites du marché de l’emploi et sont adaptés pour répondre à ce besoin. Il est donc possible de croire que de remettre des bourses d’études significatives pour les jeunes qui devront être autonomes et subvenir à leurs besoins pourraient les inciter à poursuivre leur démarche académique plutôt que de devoir l’abandonner faute de moyens financiers.

La littérature, jusqu’à présent, nous a fait valoir l’importance de miser davantage sur les façons de motiver ces jeunes garçons à l’école pour leur permettre de mieux s’insérer socio- professionnellement. Nos données soutiennent ce qui s’est déjà dit sur le sujet et nous amènent à croire que les efforts en ce sens doivent se multiplier, se réinventer et même faire preuve d’innovation surtout dans la mesure où plusieurs des jeunes interviewés ont nommé eux-mêmes vouloir aller de l’avant dans leurs projets. Une mise en commun des forces et des interventions de tous les acteurs impliqués de près ou de loin aurait pour effet direct de multiplier les effets bénéfiques pour cette clientèle et pour notre société, et ce, d’autant plus qu’eux-mêmes nomment vouloir s’investir et réussir. Rappelons que plus de la moitié des répondants ont formulé un projet de vie sur le long terme qui inclut le volet académique. Ces derniers souhaitaient soit poursuivre soit reprendre leurs études. L’un d’eux a même avancé vouloir faire des études supérieures en fréquentant un cégep après son passage au secondaire.

À ce propos, tous les jeunes sondés nous ont fait savoir qu’ils aspiraient contribuer à leur société en s’insérant au niveau du marché de l’emploi. Or, rappelons que pour un des garçons que nous avons rencontrés, ce dernier nous faisait savoir que si son plan initial de compléter un DEP dans le secteur de son choix ne fonctionnait pas, il allait s’adonner à des activités criminelles pour pouvoir arriver à subvenir à ses moyens. Osgood, Foster, Flanagan et Ruth (2005) s’acharnent à faire comprendre à tous les intervenants impliqués de près ou de loin auprès de ces jeunes en difficulté que dans bien des cas, l’absence de réel soutien fait en sorte que des

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jeunes s’adonnent à de la criminalité pour subvenir à leurs besoins. Ceci s’accompagne souvent d’impacts conséquents pour eux, pour leur entourage et pour la société. Ils connaissent parfois une période d’incarcération parce que leurs conditions de vie, bien souvent insuffisantes et inadéquates, les poussent à commettre des délits pour assurer leur survie.

Il faut donc considérer les impacts à tous les niveaux, car chacun de nous est touché par le résultat. Il est possible de se demander si les mécanismes en place ne posent pas des freins à l’insertion pour les moins bien outillés; ce qui les pousserait vers des activités criminelles. Nous pourrions penser par exemple à l’aide de dernier recours. Depuis des décennies, le gouvernement québécois tente de s’attaquer aux fraudes commises par ceux qui travaillent de façon non déclarée en plus de recevoir l’aide de dernier recours. Peut-être que le montant mensuel offert ne permet plus de parvenir à subsister financièrement ? Dans un autre ordre d’idée, le salaire minimum permet-il vraiment de subvenir à ses besoins et de vivre décemment ? Les personnes sous-qualifiées ont fréquemment des emplois faiblement rémunérés et où les conditions de travail pourraient être remises en question. Serait-il possible de croire qu’au vu des conditions de vie dans lesquelles les jeunes sous-qualifiés se retrouvent, ils décident d’avoir un revenu d’appoint, quelle que soit la façon de se le procurer ? Malgré ces questionnements, il est possible d’affirmer que les jeunes rencontrés n’aspirent qu’à contribuer à leur société en mettant la main à la pâte et à sentir qu’ils font partie de celle-ci.

Pour ce faire, des mécanismes en place doivent leur permettre de contribuer et de s’impliquer à leur façon, peu importe leur milieu d’origine et peu importe les difficultés de départ. Il s’agit d’être flexible aux différentes réalités et d’être sensible aux différents besoins des nouvelles générations.

5.3 Compréhension des émotions et des sentiments associés à la