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L’étude sur les réseaux d’établissements présentée dans ce rapport a été commandée au centre associé au Céreq de Grenoble à l’automne 2017 par le rectorat de Grenoble9. Une enquête a été menée entre décembre 2017 et mai 2018, dans les deux académies, quasiment en parallèle des visites de la mission « Calvez-Marcon » mais avant la formulation des propositions ministérielles de mai 2018. L’étude répondait alors à plusieurs attentes.

Caractériser le mode de pilotage académique et le fonctionnement des réseaux

D’après un bilan interne dans l’académie de Rouen, un an après leur lancement, les réseaux

« s’emparent du travail sur la carte des formations » et produisent des effets sur quatre domaines. Ils permettent « un nouveau maillage territorial pour faciliter les échanges entre les équipes éducatives et la mobilité des apprenants ». Ils produisent « un réel décloisonnement des voies de formation ». Ce sont des outils de « management pédagogique ». Ils servent à « la professionnalisation des cadres intermédiaires ». Ils sont perçus comme des espaces de partage des innovations pédagogiques et comme un moyen d’associer les proviseurs au pilotage de la politique académique. Ce « véritable mode de pilotage [est] fort bien perçu par les partenaires de la formation que sont les régions ou les branches professionnelles » (Schmidt-Lainé, 2015). Convaincu de leur utilité pour la voie professionnelle, le recteur souhaite les transposer dans l’académie de Grenoble et porter un regard extérieur sur le dispositif. Deux interrogations orientent plus particulièrement la commande d’étude.

La première concerne l’impossibilité d’appliquer à l’identique le « modèle » de Rouen à Grenoble, qui pose la question de l’existence de plusieurs « modèles » de réseaux. La seconde concerne la pérennité des réseaux en regard des multiples évolutions institutionnelles : changement de recteur, alternance politique à la Région, réformes territoriales (fusion des conseils régionaux de Haute et Basse-Normandie en janvier 2016, rapprochement des rectorats de Rouen et Caen puis naissance d’une région académique en janvier 2017).

Une double approche était préconisée pour cette étude :

- caractériser le mode de pilotage académique, l’appropriation par les « têtes de réseau » d’un rôle d’animation relativement nouveau, évaluer la mobilisation du système d’acteurs (chefs d’établissements et équipes pédagogiques) sur des objectifs partagés, étudier son impact sur les pratiques professionnelles et les postures, sur les collaborations entre établissements.

- observer le fonctionnement opérationnel des réseaux (acteurs impliqués, partenariats locaux, actions développées), mesurer leur valeur ajoutée et leurs effets sur l’offre de formation, sur les partenariats avec le monde économique, sur les parcours de réussite des élèves.

L’étude a été menée moins d’un an après le lancement des réseaux à Grenoble, cinq ans après leur lancement à Rouen. À Grenoble, elle rend compte d’un processus d’installation et, dans l’académie de Rouen, d’un processus d’adaptation aux évolutions institutionnelles. La méthodologie retenue, basée sur des enquêtes par entretiens, ne permet pas de mesurer des effets objectifs, mais des effets perçus par les acteurs.

9 L’étude porte sur les deux académies, avec l’aval du rectorat de Caen.

Une enquête auprès de tous les acteurs parties prenantes

48 entretiens ont été menés d’une durée comprise entre 30 minutes et deux heures, enregistrés et retranscrits, soit près de 50 heures de discours (cf. encadré 4). Ils ont fait l’objet d’une analyse thématique.

Encadré 4 ● Méthodologie

L’enquête a été menée dans la région académique de Normandie, principalement dans l’ex-académie de Rouen où sont installés les réseaux depuis 2013. Quelques entretiens concernent aussi l’ex-académie de Caen, à laquelle les réseaux sont étendus depuis 2017. Elle a également été menée dans la région académique AURA (Auvergne-Rhône-Alpes), principalement dans l’académie de Grenoble, porteur de la mise en réseau y compris pour ceux installés à l’échelle de la région académique en lien avec les deux autres rectorats de Lyon et Clermont. Quelques responsables de la voie professionnelle ont également été enquêtés au ministère.

Les entretiens se répartissent ainsi :

- 15 au sein de rectorats, conseils régionaux, services ministériels : rectrices, délégués académiques à la formation professionnelle initiale et continue, secrétaires généraux d’académie, chargés de mission, responsables de services. Ces entretiens ont traité de l’origine, des enjeux et de la place des réseaux dans la politique académique et de leur mise en place opérationnelle (pilotage, cartographie, périmètres...).

- 33 dans 5 réseaux couvrant une variété de thématiques professionnelles industrielles et tertiaires (16 dans des réseaux normands et 17 dans des réseaux grenoblois), dont :

- 11 « têtes » de réseau (5 inspecteurs et 6 proviseurs animateurs) et 3 directeurs de CMQ, - 5 « parrains » et/ou partenaires professionnels,

- 3 partenaires internes à l’Éducation nationale : 1 proviseur d’EPLE non animateur, 2 conseillers en formation continue (CFC) de GRETA,

- 6 partenaires externes à l’Éducation nationale (2 proviseurs de lycées privés sous contrat, 1 responsable de CFA, 1 directeur de MFR, 2 responsables d’organismes privés de formation continue),

- 5 auprès des équipes pédagogiques : 2 DDFTP (directeurs délégués à la formation technologique et professionnelle) et 3 enseignants des matières professionnelles impliqués dans l’élaboration des actions des réseaux. Peu d’enseignants étaient mobilisés au moment de l’enquête, ce qui explique leur faible nombre parmi les acteurs interrogés.

Ces entretiens ont abordé la question de l’appropriation de la démarche de réseau par les différents acteurs et leur vision du réseau (implication des acteurs, perception des enjeux, fonctionnement et réalisations).

L’échantillon couvre les trois secteurs de la formation professionnelle, la formation scolaire (publique et privée), l’apprentissage et la formation continue. Les entretiens ont été répartis de manière à être représentatifs des différents types d’acteurs que les réseaux tentent de fédérer, avec deux limites. Le nombre d’entretiens prévu n’a pas permis d’élargir le nombre de CFA et d’EPLE non « têtes de réseau ».

Le « parrain » qui devait logiquement venir en appui au binôme pour l’animation n’était pas toujours présent et seuls deux « vrais » parrains ont été interrogés. Dans un des cinq réseaux, un partenaire professionnel a été désigné et non un parrain. Deux réseaux n’avaient pas de parrain lors de l’enquête. A l’exception de 9 entretiens par téléphone, tous ont été conduits en face en face. À l’exception de 2 entretiens collectifs (avec deux et trois interlocuteurs), tous sont individuels.