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 COMING OUT ET OUTING Le coming out est le fait de révéler soi-

même son homosexualité.

L’outing est la révélation de l’homosexua- lité d’une personne par quelqu’un d’autre qu’elle-même, à son insu.

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sont pas sans conséquence sur la manière de vivre et de révéler son homosexualité. De même une fois le coming out ou l’outing survenu, le harcèlement des pairs ou les réac- tions de rejet dans la famille peuvent causer un profond mal-être et désarroi pour le jeune concerné. Où l’on remarque une différence notable avec les autres formes de discrimina- tion existantes car s’il est bien une caractéristique marquante dans la manière dont les liens familiaux se structurent autour de la question de l’homosexualité et du coming out, c’est que « contrairement à un jeune victime de discrimination raciste, par exemple, la jeune lesbienne ou le jeune gay ne trouve pas au sein de la famille une culture ni une expérience qui lui apporterait un soutien et l’aiderait à lutter contre le stigmate6 ». On pourrait effectuer

la même remarque en utilisant la comparaison avec un jeune qui serait victime d’une dis- crimination liée à son appartenance de classe ou à sa religion, par exemple.

L’association Contact est l’une des rares à avoir choisi de centrer son action sur la mé- diation entre les LGBT et leurs proches, parents en particulier (voir p. 44). Elle part du double principe selon lequel les jeunes homosexuels ont besoin de sentir l’acceptation sinon l’approbation de leur entourage pour s’épanouir pleinement, mais l’entourage a aussi besoin de soutien pour parvenir à accepter cette homosexualité et à endosser vis-à-vis du jeune homosexuel une posture soutenante7. « Lorsque l’on écoute des parents qui viennent

d’apprendre l’homosexualité de leur fils [ou fille], on perçoit le plus souvent que cette révélation a été vécue comme une onde de choc bouleversant la vision des liens fami- liaux et provoquant une nouvelle mise en mouvement de la dynamique familiale » affirme

6. CASTANEDA M., Comprendre l’homosexualité, Robert Laffont, Paris, 2013.

7. L’association réalise également des actions de sensibilisation en milieu scolaire qui permettent aux jeunes de mieux saisir les enjeux relatifs à l’occurrence du coming out dans les familles.

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Xavier Thévenot8. C’est précisément l’objectif de l’association Contact que de jouer les

intermédiaires et facilitateurs d’échanges entre les différents acteurs afin de remettre cette dynamique familiale dans une marche positive, faite de compréhension et de bienveillance réciproques.

Les enjeux et difficultés spécifiques liés à la question trans, qui renvoient notamment à l’ab- sence d’autonomie que peuvent avoir les jeunes trans de moins de 18 ans, par rapport à leurs parents, dans leurs démarches de transition (voir « Point de vue d’Ali Aguedo », p. 33), expliquent également que les associations trans sont particulièrement attentives à cet aspect qu’est le soutien à l’entourage. Ainsi des associations comme OUTrans ont mis en place des permanences spécifiquement destinées à l’accueil et à l’écoute des parents et proches.

Le rôle des associations communautaires

Les historiens ont montré combien Paris, comme d’autres grandes capitales (New York, Londres, Berlin), avait été le théâtre dès la fin du XIXe siècle, d’une subculture gay mais aussi

lesbienne aussi dense que tolérée. De multiples bars, brasseries, tables d’hôtes et autres lieux de sociabilité et de plaisir s’ajoutent alors aux seuls espaces privés. À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, les gouvernements conservent une loi de Vichy qui poursuit les homosexuels. L’homosexualité est donc considérée comme un délit qui aggrave les peines d’outrage public à la pudeur pour deux personnes du même sexe et la clandestinité est de mise. Certains lieux publics permettent cependant des rencontres furtives, dans les grandes villes, mais toujours dans la crainte de poursuites ou de fichage par la police. Il faut attendre les années 1950 pour assister à la création de ce qui apparaît comme la première associa- tion homosexuelle, Arcadie, qui prend originellement la forme d’un club littéraire avec une revue. Ce groupe mixte affiche des objectifs intégrationnistes : il se fait discret et soucieux de ne pas choquer l’opinion. Ce n’est finalement que dans les années 1970, dans le sillon du mouvement féministe, qu’émerge un véritable mouvement homosexuel militant, s’ap- puyant sur une pluralité de groupes (Front homosexuel d’action révolutionnaire, Groupes de libération homosexuels), à Paris et dans quelques villes de province (Lyon, Rennes, Marseille…). L’arrivée au pouvoir de la gauche et la satisfaction des principales revendica- tions homosexuelles au début des années 1980 entraînent un certain retrait du mouvement homosexuel et un réinvestissement de la sphère privée gay et lesbienne, jusqu’à ce que le sida suscite une nouvelle vague de mobilisation (notamment par la création d’Act Up-Paris en 1989). Ainsi, on peut schématiser les choses en disant que le mouvement homosexuel est composé de deux branches, l’une orientée vers le militantisme et la politique, l’autre vers le subculturel et la convivialité ; deux branches dont la prévalence respective varie en partie en fonction des avancées légales majeures autour de l’homosexualité. Cependant, à l’intérieur même des groupes les plus politisés, la dimension de la sociabilité et de l’entre- soi a toujours joué et continue de jouer un rôle essentiel, en particulier pour les jeunes, dans la construction identitaire des personnes LGBT.

En 2013, dans les grandes villes et sur les campus de quelques villes moyennes de pro- vince (par exemple l’association Outcoming à Compiègne), les associations – et plus par- ticulièrement les associations étudiantes – continuent de représenter une des principales portes d’entrée dans la sociabilité homosexuelle pour les jeunes adultes. Au sein de ces associations, les jeunes développent bien souvent leurs premières relations amicales ho- mosexuelles mais effectuent aussi leurs premières rencontres amoureuses et sexuelles avec

8. THÉVENOT X., « Les homosexualités masculines et leur nouvelle visibilité : convictions et questions ». Études, no 390 (4), 1999, pp. 461-471.

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des personnes du même sexe. Au travers des permanences, réunions et autres groupes de parole9, ils et elles peuvent oublier un temps le contrôle des mots et des gestes qui dans

d’autres contextes pourraient prêter à équivoque (sur leur orientation sexuelle), partager leurs ressentis et expériences sans craindre d’être jugés, et s’enrichir des conseils de ceux qui sont déjà passés par les mêmes épreuves qu’eux ou qu’ils craignent d’avoir bientôt à surmonter. Les associations LGBT et plus spécifiquement les associations de jeunes LGBT représentent donc parfois des espaces militants portés sur les revendications politiques et l’adresse de messages de sensibilisation au public hétérosexuel, mais souvent, avant toute chose, des lieux de sociabilité et d’entraide permettant l’affirmation individuelle et une meilleure gestion privée de l’homosexualité.

Le rôle d’Internet

Internet offre désormais de nouvelles possibilités aux jeunes pour aborder leurs question- nements relatifs à l’homosexualité et pour les aider dans le processus de découverte et d’affirmation de celle-ci. C’est particulièrement vrai pour les jeunes les plus isolés, c’est- à-dire ceux et celles qui vivent là où les associations, bars, boîtes de nuit ou autres lieux de sociabilité homosexuels n’existent pas – qui sont nombreux puisque de tels espaces ne se rencontrent qu’à Paris et dans les grandes villes. De même pour les jeunes qui évoluent dans un environnement familial et culturel hostile, rendant l’affichage public de leur homo- sexualité très complexe sinon inconcevable10. On pense notamment aux milieux sociaux

où l’influence de la religion est forte11.

9. À ces cadres de sociabilité formels s’ajoute en général une sociabilité informelle très active chez les jeunes, au travers de multiples sorties de groupe dans les restaurants, les bars, les boîtes de nuit…

10. Voir par exemple ANELLI L., « Au-dessus de tout soupçon ? L’entrée dans l’homosexualité de filles de migrants nord-africains »,

Genre, sexualité & société, n° 7, juin 2012. « Internet constitue le lieu d’ancrage de la plupart de leurs histoires homosexuelles

et, plus encore, de leur parcours homosexuel, et semble être le moyen privilégié pour rencontrer des partenaires potentielles. » 11. Il existe toutefois des associations cultuelles d’homosexuel·le·s comme le Mouvement homosexuel chrétien David & Jonathan ; Beit Haverim, groupe juif gay et lesbien de France ; HM2F, groupe homosexuel musulman.

EXPÉRIENCE/INITIATIVE

LE TRAVAIL DE L’ASSOCIATION CONTACT AUTOUR DU LIEN FAMILIAL