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En 2015,après une première enquête, (Khouzaimi, 2015) constate la disparition de 47 des 153 sites de l’e-Diaspora marocaine. La blogo- sphère est alors réduite à 17 membres actifs24

. Par ailleurs, une série 24. Pour comprendre le décompte

de J. Khouzaimi, un blog ac- tif est (selon sa méthodolo- gie) un blog toujours en ligne.

d’entretiens, enrichissant ce travail, nous apprend que les blogueurs toujours actifs ne sont pas tous de jeunes étudiants comme le pensait en premier lieu l’auteure. Nombre d’entre eux sont des quarantenaires ou des cinquantenaires qui ont choisi, malgré les évolutions du Web, de maintenir ouverts leurs sites sur la toile.

Mais une frontière entre étudiants de 2015 et anciens blogueurs se dessine : chez les étudiants, l’attachement en ligne à un passé vécu au Maroc se traduit au mieux par l’appartenance à certains groupes communautaires sur Facebook et Whatsapp25

, plus que par la consul- 25. Tout comme Telegram, l’appli-

cation de messagerie Whatsapp permet de créer des salons de dis- cussions virtuels à plusieurs, voir https://frama.link/JnjBqw8u

tation des anciens blogs d’émigrés, dont ils ne connaissent pas toujours l’existence d’ailleurs.

Début 2018, nous choisissons, à notre tour, de revenir en détail sur le cas des blogs de l’e-Diaspora marocaine. Pour ce faire, nous visitons chacune des 47 URL associées et classons les sites selon trois catégories : 1. vivant : le blog est en ligne et a été mis à jour au moins une fois au

cours de l’année passée (courant 2017 donc)

2. abandonné : le blog est en ligne mais n’a pas été mis à jour récem- ment

3. mort : le blog n’est plus en ligne ou a été victime de cybersquatting (le blog n’est plus celui qu’il a été au moment de sa cartographie, il a été volé ou squatté)

La Figure 5.6 présente l’état26

de la blogosphère, telle que nous la 26. La position des nœuds est conser-

gure 5.6, (a)), 23 ont été abandonnés (Figure 5.6, (b)) et les 19 autres sont morts. Parmi les blogs toujours en vie, deux sont, en fait, des transformations de blogs cartographiés en 2008 mais déplacés depuis par leurs auteurs : louladekhmissbatata.wordpress.com devient louladekh- missbatataprise2.com en 2009 et cabalamuse.wordpress.com devient amo- roccandrifter.wordpress.com en 2012. Le collectif en ligne de 2008 s’est éteint. degré blog vivant lailalalami.com (a) (b) blog abandonné mlouizi.unblog.fr lailalalami.com mlouizi.unblog.fr Figure 5.6: La blogosphère en 2018, (a) blogs vivants, (b) blogs vivants et abandonnés, la position est conservée

Définir l’espace d’exploration

Partant de cet état de fait, nous pouvons, en rassemblant les informa- tions collectées, commencer à formuler quelques hypothèses. Nous savons qu’en 2015 certains étudiants marocains préféraient les groupes Facebook aux blogs d’émigrés pour maintenir le lien avec leur vie passée au Maroc (Khouzaimi, 2015). Ces groupes Facebook étaient, par ailleurs, déjà contemporains de la blogosphère au moment de sa carto- graphie. En effet, S. Marchandise a réalisé, dans le cadre de l’Atlas, une e-Diaspora (Marchandise, 2014) entièrement centrée sur la présence27

27. http://www.e-diasporas.fr/wp/ marchandise.html

des étudiants émigrés marocains au sein de groupes Facebook. De plus, les mécanismes des réseaux sociaux (Facebook, Twitter. . .) ne sont pas

si éloignés que ça des fonctionnalités démocratisées par les blogs en leur temps (Kwak et al., 2010) : ils en reprennent certaines fonction- nalités (publication, création de liens, création de communautés. . .), en améliorent d’autres (vitesse de diffusion, intégration mobile. . .) et introduisent leurs propres règles (partage, retweet, flux d’informations et timeline. . .).

Arrivés à ce niveau de notre exploration, nous nommons maintenant auteurla personne ou l’ensemble de personnes ayant créé ou maintenu l’un des 47 blogs de la blogosphère marocaine. De même, nous nom- mons lecteur une personne qui visite, réagit ou laisse un commentaire sur l’un de ces sites.

Notre tâche d’exploration a ici pour but de comprendre, autant que faire ce pourra, le devenir d’un collectif en ligne éteint, c’est-à-dire une communauté pour laquelle peu ou plus aucune trace ne subsiste encore sur le Web vivant. Deux grandes hypothèses peuvent être for- mulées : 1) les blogs ont purement et simplement disparu de la surface du Web, les auteurs qui les ont créés n’ont pas voulu ou pu donner suite à cette présence sur la toile 2) les blogs se sont mués en une autre entité, migrant d’un territoire du Web (la blogosphère) à un autre (ici, les plateformes de réseaux sociaux). Nous chercherons donc, dans un premier temps, à identifier les indices archivés de cette possible mutation.

L’espace d’exploration est donc le suivant : un nombre connu et limité de sites Web observés pendant 10 ans, de 2008 à 2018. Grâce aux ar- chives de l’atlas e-Diasporas, nous disposons de 4 années de collectes (2010-2014), que nous allons étendre à 6 années grâce aux dates d’édi- tions des fragments Web (2008-2014), la période 2014-2018 sera, elle, couverte par les collectages d’Internet Archive.

Pour commencer, nous partons de la liste des 47 sites de la blo- gosphère que nous fragmentons (Section 4.3) et envoyons dans notre moteur d’exploration (Section 2.2). L’idée est ici de réaliser une même requête plein texte sur deux champs différents de nos fragments Web. Cette requête, nous la construisons à partir de mots clés que nous pensons être en rapport avec les réseaux sociaux, tels que :

facebook, twitter, instagram, pinterest, youtube, flicker, medium, myspace, google+, googleplus, tumblr, share, like, retweet, tweet, partager, aimer, social...

Ces mots-clés sont, ensuite, testés par rapport au contenu des champs

frag_textetfrag_labelde chaque fragment. Les requêtes àfrag_text

permettent de détecter d’éventuelles références aux réseaux sociaux dans le corps d’un texte : par exemple, un blogueur parlant de Twitter

dans l’un de ses billets. Les requêtes à frag_label sont supposées capturer et retourner les nœuds HTML dont les labels28

correspondant 28. Pour rappel, le label d’un nœud HTML est la concaténation de son nom, de son identifiant et de sa classe. à l’un des mots-clés : par exemple, un bouton partager sur facebook

présent sur une page Web. Nous cherchons donc, à la fois, du contenu textuel et des éléments de mise en forme.

#### bouton like facebook chez larbi.org

<iframe id="iframe_like" name="fbLikeIFrame_0" class="social­iframe" scrolling="no"  src="http://www.facebook.com/widgets/like.php?

width=300&amp;show_faces=0&amp;layout=button_count&amp;href=http://www.larbi.org/post/2011/02/Morocco­Feb20­ Maroc­20Fev" title="facebook" width="500" height="81" frameborder="0">

</iframe>

#### liste de comptes sociaux chez 7didane.org

<ul>    <li>

      <span>Sur twitter :</span>

      <span style="font­size: 11px; font­style: italic;"><a href="https://twitter.com/7didane">clique­ ici</a></span><br>

   </li>    <li>

      <span>Sur Facebook :</span>

      <span style="font­size: 11px; font­style: italic;"><a href="https://www.facebook.com/7didane">clique­ ici</a></span><br>

   </li> </ul>

#### widget twitter chez anasalaoui.com

<div class="textwidget">

<p style="text­align:center;"><a class="twitter" href="http://twitter.com/AnasAlaoui" title="Suivez­moi sur  Twitter ­ @AnasAlaoui" target="_blank">

#### badge flickr chez murmures.net

<div id="flickr­badge" class="widget widget_flickrbadge">    <h2 class="widgettitle">Mes Photos</h2>

   <div class="flickrbadge" align="left">       <!­­ Start of Flickr Badge ­­>

      <table id="flickr_badge_uber_wrapper" cellspacing="5" cellpadding="0" border="0">          <tbody>

      <tr>

       <td style="padding:0" class="flickr_badge_image" id="flickr_badge_image1" valign="center"  align="center"><a href="http://www.flickr.com/photos/kenzamurmures/561452263/"><img 

src="http://farm2.static.flickr.com/1308/561452263_0b79c5fe3c_s.jpg" alt="A photo on Flickr" title="Bord du  lac" width="75" height="75"></a></td>

      </tr>          </tbody>       </table>    </div>

   <!­­ End of Flickr Badge ­­> </div>

Figure 5.7: Exemples de fragments Web associés à divers réseaux sociaux