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Sous-section 1 – Démarche exploratoire

Encadré 1 Collecte de données complémentaires (Londres)

Notons qu’un séjour de recherche à Londres (septembre 2014-décembre 2014) nous a permis de collecter des données complémentaires à celles recueillies sur les trois sites sélectionnés. Les matériaux collectés à cette période nous ont permis de conforter nos premières conclusions dans un contexte où la densité et la mobilité des travailleurs sont élevées. En ce sens, les matériaux collectés dans deux espaces de coworking londoniens (ClubWorkspace12 et Google Campus13) mettent le plus souvent en scène une forme exacerbée de certaines de nos observations et sont utiles à la mise en évidence de cas

limites dans nos résultats. Les observations menées à Londres nous ont par ailleurs permis

de satisfaire au critère de transférabilité des résultats (chapitre 6, section 3).

1. Co-nnexion, l’espace de coworking wallon

L’espace de coworking montois a ouvert ses portes en décembre 2012, à la suite d’autres espaces de coworking réunis au sein du réseau CoWallonia. Pour rappel, CoWallonia est le réseau wallon des espaces de coworking coordonné par l’Agence Wallonne des Télécommunications (AWT). Avec le lancement du réseau d’espaces de coworking en Wallonie, l’AWT veille « au développement des projets, à l’exploitation des synergies au sein

du réseau ainsi qu’à la bonne connexion des espaces à l’international ». Par ailleurs, elle « joue un rôle d’information et de promotion du coworking en Wallonie »14.

Bien qu’ils s’inscrivent tous dans des environnements différents (en plein centre-ville à Liège, dans d’anciennes casernes à Charleroi, dans une ancienne librairie à Mons etc.) et qu’ils soient présentés comme endossant chacun des identités distinctes, les espaces du réseau CoWallonia proposent une offre relativement homogénéisée, tant du point de vue de l’animation que des installations.

En effet, les huit espaces de coworking ont été conceptualisés en aval, à travers l’appel à projet de l’AWT : « un espace de coworking se caractérise par deux éléments fondamentaux:

un espace physique adapté et une animation spécifique pour la communauté de

12 http://www.workspace.co.uk/co-working/locations/clubworkspace-chiswick

13 https://www.campus.co/london/en

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coworkers »15. Chaque espace dispose d’un animateur spécifique, dont le rôle « vise à créer

les liens à l'intérieur de la communauté des coworkers et en dehors ».

Par ailleurs, l’appel à projet initié par l’AWT recommande une organisation spatiale particulière, formulée en amont : « l'agencement des pièces et du mobilier ainsi que le modèle

d'animation sont étudiés en vue de favoriser la rencontre, la collaboration, la discussion et le travail, pour la mise en oeuvre des projets. Dans ce lieu règne une ambiance décontractée et informelle qui libère la créativité »16.

Les huit espaces de coworking wallons sont coordonnés par Lisa Lombardi,expert en charge du coworking. Ils sont établis dans différentes provinces de Wallonie (La Forge à Liège, le Switch Coworking à Charleroi, The Cowork Factory à La Louvière, le Louvain Cowork à Louvain-la-Neuve, Co-nnexion à Mons, Coworking Namur à Namur, Cristal Hub à Seraing et l’ESCO à Tournai).

Le développement de chacun des espaces a été pensé en concertation avec plusieurs partenaires (publics et privés), en regard d’une proposition de valeur particulière.

A Mons, l’espace de coworking a été initié par un partenariat entre la Ville de Mons et différentes structures d’accompagnement à la création et au développement entrepreneurial. Le projet initial a été pensé à partir du modèle du Betacowork à Bruxelles pour son expertise (ci-après), et Exeko à Montréal pour son ancrage dans le milieu créatif et socioculturel17. L’intention première du projet montois était en effet de s’orienter vers une gestion « coopérative » de l’espace de coworking, assurée conjointement par l’animateur et les coworkers.

Au moment de nos premières collectes de données, l’espace de coworking montois n’est pas encore opérationnel : nous assisterons à l’ouverture et à l’inauguration, en compagnie de Ruben Casad qui a été engagé pour en assurer l’animation.

Lors de nos démarches, l’espace de coworking est situé dans une ancienne libraire, à proximité de notre campus. Il a aujourd’hui déménagé et est hébergé par La Maison du Design de Mons, en centre-ville.

15 http://www.awt.be/web/wor/index.aspx?page=wor,fr,100,000,000 [en ligne, consulté le 20/02/2016]

16 Creative Wallonia (2011), Appel à projet « Espaces de coworking », p.4.

162 Scène 1

L’atmosphère de la pièce principale, à laquelle on accède en entrant, est réchauffée par l’installation (à gauche de l’entrée) d’un salon de seconde main (fauteuil, canapé et table basse en bois) et d’un tapis de récupération (d’après les coworkers, ces meubles ont été apportés par les uns et les autres, « en attendant »). Le tout est exposé « à rue », à travers la grande vitrine de ce qui fût une librairie, située en rez d’un immeuble résidentiel.

Il fait froid (on est en décembre), l’insonorisation est moyenne, surtout dans la grande salle de réunion qui n’a pas de fenêtre (on entend les canalisations des appartements situés aux étages du dessus). Il y a quelques images et post-it collés aux murs. Ruben a entrepris de réaliser une fresque à partir de collages divers, au niveau du « salon ». Il y a également un vieux vélo d’intérieur.

Les salles de réunion sont indiquées par des intitulés imprimés et collés sur les portes avec du papier-collant. Il y a quelques affiches en papier avec le nom de l’espace, également fixées au mur avec du papier collant. A priori, l’espace n’a rien de très abouti pour l’instant. C’est fonctionnel, chacun s’installe où il veut, aucune place n’est réservée à un coworker en particulier. Il y a le wifi, un chauffage électrique, des casiers et du café.

[Plus tard, à l’occasion d’une autre visite sur les lieux]

Au fur et à mesure de mes visites sur les lieux, je constate la disparition du vieux vélo et du salon de seconde main au profit de l’installation de meubles Ikea. Lors de l’installation des nouveaux meubles, un petit nombre de coworkers a répondu présent à l’appel de Ruben pour « donner un coup de main » au montage des meubles et à la mise en place d’un « mur d’expression » (peinture tableau noir). La fresque de « collages » entreprise par l’animateur se poursuit, essentiellement à partir de ses contributions propres, ou d’éléments rapportés par les coworkers (affiches publicitaires, cartes postales, petits mots etc.) qu’il ajoute lui-même à la composition.

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