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CHAPITRE I. REVUE DE LITTÉRATURE

5. Colibacilloses aviaires

Les volailles se contaminent en inhalant les bactéries avec des poussières contaminées (191). La période d’incubation est généralement courte, variant de 1 à 3 jours dans des conditions expérimentales et de 5 à 7 jours lors d’infections naturelles (6). L’infection des voies respiratoires est souvent secondaire à une infection par le virus de la bronchite infectieuse, par le virus de la maladie de Newcastle ou par Mycoplasma gallisepticum. Les mauvaises conditions d’hygiène, l’accumulation d’ammoniac, la forte densité des oiseaux dans le bâtiment d’élevage sont autant des facteurs qui prédisposent les oiseaux à développer la colibacillose (2).

Les différentes étapes du développement de l’infection sont résumées dans la Figure 4. Brièvement, après inhalation, les bactéries adhèrent aux cellules trachéales au moyen des fimbriae (133). Elles s’y multiplient avant de gagner la circulation sanguine et divers organes tels que le foie, la rate, le cœur, etc. Dans ces organes, les E. coli expriment des facteurs capsulaires, antigéniques et autres, leur permettant d’échapper aux défenses immunitaires de l’hôte (130). En même temps, elles exportent des toxines qui endommagent l’intégrité tissulaire et peuvent entraîner des infections localisées à certains organes ou conduire à un choc et la mort.

41 Figure 4. Pathogénèse des APEC.

Source : adapté de http://www.ecl-lab.com/en/ecoli/pathogenesis.asp Avec l’autorisation du Dr. John Morris Fairbrother.

5.2 Formes cliniques

5.2.1 Colisepticémie et complexe respiratoire chronique

La colisepticémie est la manifestation clinique la plus sévère de la colibacillose aviaire. Affectant surtout les poulets de chair, elle survient dans l’élevage lorsque les oiseaux sont élevés en surnombre dans un local peu aéré, poussiéreux et chargé d’ammoniac (2). La maladie peut aussi être consécutive à un affaiblissement des défenses de l’oiseau. Les principaux facteurs prédisposants sont une infection à Mycoplasma gallisepticum, certaines infections virales comme la maladie de Newcastle, la maladie de Gumboro ou la bronchite infectieuse (2). La colisepticémie peut également être consécutive à des déficiences nutritionnelles (192).

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Les oiseaux de 4 à 12 semaines d’âge sont généralement les plus sensibles. La maladie débute par une chute de la consommation alimentaire. Les sujets atteints deviennent ensuite apathiques avec un plumage ébouriffé et une hyperthermie pouvant atteindre les 44°C, mais le signe le plus évocateur est la détresse respiratoire (bec ouvert, respiration haletante) (33). La mortalité et la morbidité sont variables; les pertes par mortalité se situent généralement autour de 5% de l’effectif mais la morbidité peut dépasser 50% (33). Les lésions sont souvent absentes. Dans de rares cas où elles existent, il s’agit de lésions de péricardites, périhépatites, aérosacculites et péritonites (2).

5.2.2 Mortalités embryonnaires et du jeune poussin

Cette expression de la colibacillose constitue, avec les erreurs d’élevage, la cause la plus importante de mortalité chez les poussins de moins d’une semaine d’âge (33). Cette forme de la colibacillose peut se transmettre aussi bien horizontalement que verticalement. En effet, les voies génitales d’une poule pondeuse atteinte de colibacillose s’en trouvent infectées (salpingites) et les bactéries peuvent ainsi infecter l’œuf avant la formation de la coquille. L’œuf peut également être contaminé lors de son passage à travers un cloaque souillé. Les œufs contaminés présentent une fragilité de leur coquillage, sont plus chauds et leur surface est mouillée. L’infection de la membrane vitelline entraîne la mort embryonnaire. Les poussins peuvent aussi être infectés dans les 24 à 48 heures suivant leur éclosion. Cette infection entraîne des retards d’involution de la vésicule vitelline provoquant des lésions d’omphalites. Chez les jeunes poussins, la mortalité peut persister pour environ 2 à 3 semaines et atteindre 20% (6). Les poussins qui survivent à la maladie présentent des lésions de péricardites.

5.2.3 Cellulite ou dermatite nécrotique

La cellulite est une affection de la peau qui constitue la deuxième cause des saisies d’abattoirs après la colisepticémie (193). Elle n’est pas toujours associée à des manifestations cliniques caractéristiques et ne semble pas non plus influencer la croissance des animaux (194). Toutefois on peut noter l’apparition de lésions inflammatoires œdémateuses et diffuses dans les tissus sous-cutanés qui peuvent parfois se localiser au niveau du pourtour cloacal et dans la partie inférieure de l’abdomen. Ces lésions sont constituées d’une masse semi-solide qui peut

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mesurer 3-5 mm d’épaisseur et de 2x1cm à 10x4cm de largeur (169). Certaines de ces lésions peuvent être observées sur la face médiale de la cuisse ou sur la zone thoracique caudale. Les lésions peuvent, dans certains cas, être associées à une abcédation (193). Ces abcès ne sont pas de nature à entraîner de mortalités chez la volaille, mais sont une importante cause des saisies d’abattoirs.

5.2.4 Coligranulome ou maladie de Hjarre

Maladie des sujets adultes, le coligranulome à E. coli est peu fréquent chez les poulets et les dindons et présente rarement des signes cliniques. Elle ne cause la mortalité des sujets atteints que de façon sporadique, mais dans certains lots d’oiseaux, la mortalité peut avoisiner 75% de la population adulte (33). Les signes cliniques ne sont pas spécifiques. Les sujets atteints sont généralement découverts morts sans altération de leur état général. A l’examen post-mortem, on peut relever des nodules (granulomes) le long du tractus intestinal et du mésentère, et dans le foie. Les lésions nodulaires siégeant au niveau du foie sont semblables à celles d’une tuberculose. Parfois, la formation des granulomes au niveau hépatique peut être due à des bactéries du genre Eubacterium ou Bacteroides (33).

5.2.5 Syndrome de la grosse tête ou "swollen-head disease"

Cette affection est très souvent secondaire à une infection virale (pneumovirus, paramyxovirus, coronavirus) ou à des teneurs anormalement élevées en ammoniac. Il s’agit d’une forme localisée de cellulite puisqu’elle se manifeste par des nodules inflammatoires au niveau de la tête et de la région périorbitaire. Elle affecte les poulets de chair âgés de 4 à 5 semaines et les poulets reproducteurs de 24 à 36 semaines d’âge (195). Nakamura et al. (196) ont décrit dans cette affection, une tuméfaction des tissus sous-cutanés de la zone périorbitaire et submandibulaire contenant un exsudat caséeux. Les espaces aériens des os du crâne et de l’oreille moyenne contiennent souvent une collection fibrino-purulente.

5. Utilisation des antimicrobiens chez la volaille et développement des résistances chez

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