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Cohortes mère-enfant en France

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E. Apport des études en population agricole et des cohortes mère-enfant

3. Cohortes mère-enfant en France

En France, plusieurs cohortes ont été mises en place depuis les années 2000 afin de suivre le déroulement de la grossesse et le développement des enfants depuis leur naissance. Ces cohortes ont également pour objectif d’étudier l’effet de multiples expositions environnementales et ce dans le contexte de la population générale.

a) Pélagie

Cette cohorte peut être considérée comme la première cohorte de grande ampleur initiée en France dans l’objectif de documenter les troubles de la reproduction et du développement de l’enfant en lien avec diverses expositions environnementales. Entre 2002 et 2006 environ 3 421 (80% de participation) femmes enceintes résidant en Bretagne ont été recrutées au cours de la grossesse lors d’une visite prénatale (Chevrier et al. 2011). Ces femmes ont, lors de leur inclusion, complété un questionnaire et fourni un échantillon des premières urines du matin. D’autres échantillons biologiques (sang de cordon, fragment de placenta et mèche de cheveux) étaient recueillis à l’accouchement. Les informations concernant la mère, et notamment ses habitudes de vie, sa profession et les diverses expositions professionnelles pendant la grossesse étaient recueillies grâce au questionnaire d’inclusion. Le dossier médical recueilli auprès des maternités et des services de pédiatrie permettait le recueil d’information concernant le déroulement de la grossesse, la naissance et la santé de l’enfant. Au total, 3 322 grossesses se sont achevées par une naissance vivante et unique. Ces enfants ont par la suite été suivis à 2 ans, 6 ans et 12 ans. A chacune des phases de suivi, des questionnaires permettaient de recueillir des informations auprès des 2 parents, notamment sur l’environnement physique et affectif de l’enfant ainsi que sur le développement physique et comportemental de l’enfant. A 6 ans, des échantillons biologiques de l’enfant (urine et salive) ont été collectés ainsi que des échantillons de poussières à l’intérieur du domicile. Un suivi des enfants et de leur développement comportemental et cognitif est réalisé depuis et portait initialement sur un sous-échantillon de la cohorte constitué d’environ 600 enfants choisis aléatoirement pour un suivi plus approfondi du développement cognitif.

121 L’évaluation de l’exposition aux pesticides a principalement reposé sur la mesure de molécules dans différentes matrices biologiques recueillies pendant la grossesse, avant la 19ème semaine de grossesse (Chevrier et al. 2009). La détermination des marqueurs biologiques d’exposition prénatale n’a été réalisée que sur une sous-cohorte de 600 femmes (Tableau 18).

Tableau 18 : Liste des composés de triazines et d’insecticides organophosphorés mesurés dans l’étude Pélagie, Bretagne, France, 2002-2006

Famille chimique Molécule Métabolite

Insecticides

Organophosphorés Dialkylphosphates (DMP, DMTP, DMDTP, DEP,

DETP, DEDTP) Chlormephos Chlorpyrifos Chlorpyrifos methyl Chlorpyrifos-oxon TCPY : 3,5,6-trichloro-2-pyridinol Chlorpyrifos méthyl-oxon Diazinon Dichlorvos Ethion Fenthion Malathion Ométhoate Paraoxon-méthyl

Parathion méthyl / éthyl 4-Nitrophénol

4-Nitrophenyl (sulfate) potassium salt Phorate Phoxim Terbufos Terbufos-sulfoxyde Terbufos-oxon-sulfone Terbufos-oxon Terbufos sulfone Terbufos-oxon-sulfoxyde Herbicides

Triazines Atrazine Atrazine désipropopyl-2-hydroxy

Atrazine déséthyl désisopropyl 2-hydroxy Atrazine déséthyl

Atrazine 2-hydroxy

Atrazine déséthyl désisopropyl Atrazine déséthyl 2-hydroxy Atrazine désipropyl

Atrazine mercapturate

Simazine Simazine mercapturate

Les analyses conduites dans le cadre de cette cohorte ont permis de documenter les effets de l’exposition aux pesticides sur la croissance inta-utérine de l’enfant ou le risque de malformations (Chevrier et al. 2011; Petit et al. 2012) ou sur le développement post-natal et cognitif de l’enfant (Viel et al. 2015; Cartier et al. 2016). Dans ces analyses, l’exposition aux

122 pesticides mesurée dans les urines pouvait être due à des expositions domestiques ou résidentielles à proximité de surface agricole. Toutefois aucune analyse n’a porté sur les femmes engagées professionnellement en agriculture (seulement 58 à l’inclusion).

b) ELFE

L’étude ELFE, cohorte de grande ampleur et de portée nationale, a inclus environ 20 000 enfants (objectif fixé lors du lancement de l’étude), nés à terme (après 33 semaines d’aménorrhée) en 2011 dans 344 maternités réparties en France métropolitaine. Le recrutement était réalisé quelques jours après la naissance et s’accompagnait d’un entretien avec la mère et un recueil de données médicales sur le déroulement de la grossesse, sur l’état de santé de l’enfant et sur les différentes expositions de la mère pendant la grossesse. Un recueil d’échantillons biologiques a été réalisé pour 4 145 femmes enceintes (Dereumeaux et al. 2016). Des dosages ont ainsi été réalisés dans près de 1 000 échantillons d’urine permettant la mesure de 11 herbicides (dont l’atrazine et ses métabolites et le glyphosate), de 2 carbamates (propoxur et 2 IPP), de 6 chlorphénols dont le pentachlorophénol (PCP) ainsi que des 6 métabolites des insecticides organophosphorés et de 5 métabolites des pyréthrinoïdes. Dans cette population, moins de 1% des femmes étaient exploitantes agricultrices

c) MecoExpo

Cette étude, initiée en 2011 a pour objectif d’évaluer les différents types d’exposition prénatale aux pesticides en Picardie et de leurs effets sur les issues de la grossesse (Mayhoub et al. 2014). Au total, 993 paires mère-nouveau-né ont été recrutées au moment de l’accouchement dans 11 maternités picardes. Seules les naissances uniques étaient incluses et le recrutement avait lieu pendant la première semaine de chaque mois. Les données néonatales comme l’âge gestationnel, le poids, la taille et périmètre crânien à la naissance étaient recueillies au sein des registres médicaux de chacune des maternités participantes.

Un auto-questionnaire complété 4 à 5 jours après l’accouchement permettait le recueil d’informations concernant les expositions prénatales aux pesticides, d’origine professionnelle, domestique, environnementale ou alimentaire. Il était notamment demandé à la mère si elle- même ou le père de l’enfant réalisait un travail exposant aux pesticides au cours de la grossesse (agriculture, élevage mais également activités de paysagisme ou de jardinage) et quelles étaient les modalités de l’exposition maternelle (durée, localisation de l’exposition, type de composés

123 et utilisation d’équipements de protection individuelle (EPI). Des dosages ont également été réalisés dans 462 échantillons du méconium collectés au moment de l’accouchement ainsi que dans 268 échantillons de cheveux (Berton et al. 2014).

Parmi les 68% des femmes qui exerçaient une activité professionnelle pendant la grossesse, seulement 43 femmes (4,3%) avaient un emploi considéré comme potentiellement exposé aux pesticides dont 22 utilisatrices et seulement 1,5% réalisaient des activités agricoles (soient 15 femmes). Au total, l’exposition professionnelle aux pesticides chez au moins 1 des 2 parents concernait 116 nouveau-nés (11,7%).

Concernant l'imprégnation aux pesticides dans cette population, plusieurs substances étaient recherchées dans les échantillons de méconium ou les cheveux maternels et sont présentées dans tableau suivant (Tableau 19).

Tableau 19 : Molécules recherchées dans les échantillons biologiques, étude MécoExpo, Picardie, France, 2011

Familles chimiques Molécules recherchées Métabolites Insecticides Organophosphorés Malathion Diazinon Chlorpyrifos Dialkylphosphates (DAPs) Pyréthrinoïdes Cyperméthrine Cyfluthrine Deltaméthrine DCCA (3-(2,2-dichlorovinyl)- 2,2-dimethyl-1- cyclopropanecarboxylic acid) Carbamates Propoxur Herbicides

Phénylurée Isoproturon Desmethylisoproturon

Phénoxyherbicides 2,4-MCPA

Fongicides

Carbamates Mancozeb1 EU (ethyl urea) et ETU (ethyl

thiourea) 1 molécule non mesurée directement

Dans cette étude, aucune association n’était observée entre l’emploi agricole et l’âge gestationnel ou le risque de naissance prématurée (1 seul cas exposé). Cette cohorte rapportait cependant un risque augmenté de 400% de PPN pour les femmes exposées professionnellement aux pesticides pendant la grossesse. Aucune diminution de la taille à la naissance ou du périmètre crânien n’était rapportée en lien avec une exposition professionnelle aux pesticides

124 avec seulement 2 cas exposés de petite taille à la naissance et de petit périmètre crânien. (Mayhoub et al. 2014)

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