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Cohomologie de Monsky-Washnitzer

Dans le document L’UNIVERSIT´ E PARIS 7 - DENIS DIDEROT (Page 30-33)

L’id´ee de la cohomologie de de Rham p-adique de Monsky-Washnitzer pour une vari´et´e affine non singuli`ere sur Fp est la suivante. En g´eom´etrie alg´ebrique on sait associer fonctoriellement `a une alg`ebre sur un anneau son complexe de de Rham, mais la cohomologie de ce complexe est un module sur l’anneau de base et dans les cas des alg`ebres sur un corps fini, la cohomologie de de Rham est de torsion sur Z, ce qui l’exclut de la d´emarche propos´ee par Weil.

Tr`es inspir´es par les travaux de Grothendieck, Monsky-Washnitzer proposent alors d’associer `a une alg`ebre A sur Fp une certaine sous-alg`ebre A du compl´et´e s´epar´e p-adique A d’une alg`ebre A «lisse»sur Zp dont la r´eduction modulo p est isomorphe `a A. On savait depuis Grothendieck que la classe d’isomorphie des alg`ebresA ´etait ind´e-pendante du«rel`evement»A choisi, mais la cohomologie de de Rham deA ne donnant pas le bons nombres de Betti mˆeme sur des exemples tr`es simples, Monsky-Washnitzer proposent la sous-alg`ebre A A qui rel`eve toujoursA et qui non seulement est dans une classe d’isomorphie ind´ependante du rel`evement A, mais qui en plus corrige le d´efaut des nombres de Betti. L’alg`ebre A est la «compl´etionp-adique faible»de A.

2.2.1 Compl´etion I-adique faible. Soient R un anneau nœth´erien et I un id´eal dans R. Notons R:=R/I. Par r´eduction modulo I, on fait correspondre `a une R-alg`ebre A, laR-alg`ebre A:=RRA et `a un morphisme deR-alg`ebres α:A1A2 le morphisme α:A1A2 donn´e par α(x⊗a) :=x⊗α(a). Un«rel`evement d’une R-alg`ebre A» est alors la donn´ee d’un morphisme surjectif de R-alg`ebres pA:AA dont la r´eduction pA est bijective. La notion de rel`evement des morphismes de R-alg`ebres est analogue.

Dans [G1,SGA], Grothendieck introduit la notion de«morphisme lisse»dans la cat´e-gorie des sch´emas. Version relative de la notion de vari´et´e non singuli`ere sur un corps, c’est une propri´et´e stable par composition et par changement de base et donne lieu, dans le cas affine, `a la notion d’«alg`ebre lisse sur un anneau» qui remplacera dans la suite l’expression “vari´et´e affine non singuli`ere” des sections pr´ec´edentes. La r´eduction modulo I d’uneR-alg`ebre lisse est une R-alg`ebre lisse.

Pour touteR-alg`ebre A, on note A l’alg`ebre compl´et´ee s´epar´ee de A pour la topo-logieI-adique,i.e. A := lim←−mA/Im·A. Le corps de fractions de R est not´e K.

Dans [MW], Monsky et Washnitzer associent `a uneR-alg`ebre A, la sous-alg`ebre A de A des ´el´ements z pouvant s’exprimer comme une somme infinie :

z=

j0 pj(x1, . . . , xn) (∗)

o`u l’entier n et les ´el´ements x1, . . . , xn sont ind´ependants de j, et dans laquelle :





x1, . . . , xnA;

pj Ij·R[X1, . . . , Xn], pour toutj∈N;

l’ensemble{degj+1pj}j∈N est born´e.

L’alg`ebreA est«la compl´etionI-adique faible deA»(6). De mani`ere analogue, on fait correspondre `a tout morphisme deR-alg`ebres α:AB un morphismeα :AB et la correspondance ( ) est fonctorielle.

L’id´ee d’une cohomologie de de Rham I-adique `a coefficients dans Kest alors la suivante. Soit A une R-alg`ebre lisse pour laquelle il existe un rel`evement A, lisse sur R. Soit Ω1A/R le module universel des diff´erentielles relatives de A sur R et posons

1(A;K) :=1A/R

0 RK,

o`u 0 d´esigne l’adh´erence de 0 pour la topologie I-adique. Le complexe de de Rham Ω(A; R) induit une diff´ erentielle canonique sur le module gradu´e

(A;K) :=

K1(A;K) (∗)

dont la cohomologie est le candidat propos´e par Monsky-Washnitzer pour la« cohomo-logie de de Rham I-adique de A», not´ee HDR (A/K).

Ensuite, pour tout morphisme deR-alg`ebres lissesα:A1A2 pour lequel il existe des rel`evements Ai lisses sur R des Ai et un rel`evement α:A1A2 de α, on fait correspondre le morphisme induit HDR) :HDR (A1/K)→HDR (A2/K).

On voit d´ej`a dans cette description hˆative quelques-unes des difficult´es principales des fondements de cette cohomologie li´ees `a l’existence et `a l’ambigu¨ıt´e des rel`evements.

R-i) Il faut que chaque alg`ebre lisse sur R admette un rel`evement lisse sur R.

R-ii) Il faut que pour tout morphisme entre deuxR-alg`ebres lissesα:A1A2il existe des rel`evements Ai lisses sur R des Ai et un rel`evement α:AB de α.

R-iii) Il faut que les cohomologies de de Rham I-adiques d´efinies `a l’aide de deux re-l`evements soient canoniquement isomorphes, ou, ce qui revient au mˆeme, que le morphisme

HDR) :H(A1;K)

→H(A2;K) soit ind´ependant du rel`evement α de αde (R-ii).

Il s’agit l`a des conditions n´ecessaires et suffisantes pour que les cohomologies des diff´erents complexes Ω(A1;K) d´eterminent un objet canoniquement associ´e `a A, `a

6Dans le cas particulier o`uA=R, on aR=R. On d´emontre que (A )=Aet uneR-alg`ebre B est dite«faiblement compl`ete»lorsqueB =B.

savoir HDR (A/K), et pour que la correspondance AHDR (A/K),

HomomR(A1,A2)αHDR)HomK(HDR

A1/K), HDR (A2/K) soit fonctorielle.

Aucune de ces trois propri´et´es n’est facile `a v´erifier.

(R-i) et (R-ii). A la fin des ann´ees 50, Grothendieck d´emontre ces propri´et´es pour R nœth´erien et I nilpotent ([G1] et [SGA] III 6.10), il prouve ´egalement que deux rel`eve-ments lisses d’une mˆemeR-alg`ebre lisse sont isomorphes bien que non canoniquement.

Dans [MW], Monsky et Washnitzer remarquent que ces propri´et´es sont intimement li´ees

`

a l’existence d’un type particulier de rel`evement des R-alg`ebres lisses qu’ils qualifient des«faiblement complets tr`es lisses». C’est un point que l’article [MW] ne r`egle pas en dehors du cas, pour l’essentiel, o`u A est une R-alg`ebreintersection compl`ete lisse, ce qui suffisait pour les applications que les auteurs avaient en vue (7). Une g´en´eralisation importante du r´esultat de Grothendieck apparaˆıt dans la th`ese de Ren´ee Elkik (1973), o`u la propri´et´e (R-i) est prouv´ee pour tout couple (R,I) nœth´erien hens´elien, mais la question (R-ii) n’y est pas abord´ee et sera prouv´ee ult´erieurement `a l’aide du th´eor`eme

«d’approximation d’Artin»([Art]), en d´eformant un type particulier de rel`evements in-troduit ´egalement par Grothendieck (loc.cit.) : les rel`evements formels α:A1 A2 (cf.[vdP] 1986).

Au del`a du cas affine, Grothendieck d´emontre que toute courbe lisse sur le corps r´e-siduel R d’un anneau nœth´erien local completR, admet un rel`evement en une courbe lisse sur R ([G1]) et J.-P. Serre donne des exemples de sch´emas projectifs lisses sur Fp

n’admettant pas de rel`evements lisses en caract´eristique nulle ([Ser]), ce qui, soit dit en passant, interdit la g´en´eralisation de la construction de Monsky-Washnitzer telle quelle au del`a du cas affine.

(R-iii). Elle admet une r´eponse positive lorsque R est un anneau de valuation dis-cr`ete de caract´eristique nulle et que I est son id´eal maximal (8). C’est le th´eor`eme d’homotopie de Monsky-Washnitzer ([MW]).

En d´efinitive, tous les probl`emes de rel`evement sont r´egl´es dans le cas d’un couple (R,I) de valuation discr`ete de caract´eristique nulle, en particulier pour le couple (Zp,(p)). La construction de Monsky-Washnitzer fournit donc bien une th´eorie co-homologique `a coefficients dans Qp sur la cat´egorie des vari´et´es alg´ebriques affines lisses sur Fp.

7La rationalit´e de la fonction Z´eta est une propri´et´e locale et toute alg`ebre lisse est localement intersection compl`ete.

8Cas particulier de couple hens´elien nœth´erien.

Dans le document L’UNIVERSIT´ E PARIS 7 - DENIS DIDEROT (Page 30-33)