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Classes d’Euler ´equivariantes et singularit´ es

Dans le document L’UNIVERSIT´ E PARIS 7 - DENIS DIDEROT (Page 25-28)

1.5.1 Classes d’Euler ´equivariantes. Revenons sur l’expression des fractions ra-tionnelles qwu de la section1.4.5:

qwu =

1,...,ε)

1

j=1−ε1· · ·εjj), pour tous uw∈W. Ce qui nous int´eresse dans ces expressions maintenant, c’est la fait qu’il s’agit d’une somme finie d’inverses de produits de (w) poids de T. Il est a priori tr`es surprenant que le r´esultat final d’une telle somme, qui comporte la plupart du temps beaucoup de termes additifs, puisse ˆetre l’inverse d’un seul produit de (w) poids. C’est pourtant bien ce que l’on constate lorsque Xw=X, autrement dit, lorsque o`u w=s(l’´el´ement de plus grande longueur de W). Dans ce cas, la formule localisation de Berline-Vergne donne :

qsu= (−1)(u) 1

α∈∆+−α, pour tout u∈W.

La raison de cette simplification est intimement li´ee au fait que Xs est une va-ri´et´e lisse. En effet, dans ce cas, 1/qsu correspond `a la classe d’EulerT-´equivariante du plongement{u} ⊆X dont je rappelle `a continuation l’id´ee g´en´erale de la construction.

Pour fixer les id´ees, donnons-nous une vari´et´e alg´ebrique complexe Y de dimension d munie de la topologie transcendante et orient´ee par sa structure complexe. Un point y∈Y est dit«rationnellement lisse dans Y » s’il existe un voisinage UyY tel que, pour tout z∈Uy:

Hzi Y;Q

= 0 si i= 2d, et Hz2d Y;Q

Q.

Lorsque touty Y est rationnellement lisse dansY, on dit queY est«rationnellement lisse».

Supposons Y munie d’une action de T `a gauche (action continue pour la topologie transcendante suffit). Pour tout point fixey∈YT rationnellement lisse dansY, le mor-phisme de Thom-Gysin :

Y :HT,y(Y;Q)[2d]≡HT({y};Q) est bien d´efini et c’est un isomorphisme. Notons Φy,Y son inverse, puis τ(y,Y) = Φy,Y(1) la«classe de Thom».

La «classe d’Euler ´equivariante dey dans Y »est l’´el´ement de HT2 dimCY({y};Q) d´efini par la restriction de la classe de Thom au point y,i.e.

EuT y,Y

:=τ(y,Y)y,

L’identification canonique entre HT({y};Q) et QZR(T) r´ealise la classe d’Euler

´equivariante d’un point fixe rationnellement lisse comme un polynˆome homog`ene de degr´e dimCY `a coefficients dans Q. On a par construction

µy= EuT

y,Y

Y

µ , pour tout µ∈HT,y(Y).

En particulier, lorsque Y =Xs, on a qus = 1/EuT

u,X

, pour tout u∈W.

1.5.2 Classes d’Euler ´equivariantes g´en´eralis´ees. Lorsque y n’est pas rationnel-lement lisse dans Y, l’application

Y :HT,y(Y;Q)→HT({y};Q) n’est pas n´ecessai-rement surjective ou injective et le formalise pr´ec´edent ne s’applique plus tel quel.

Maintenant, si y est isol´e dans YT, le th´eor`eme de localisation permet de prouver que

Y est n´eanmoins bijective modulo R(T)-torsion, de mˆeme par ailleurs que la restriction HT,y(Y;Q)→HT({y};Q). Il s’ensuit que pour tout ´el´ement sans torsion µ∈HT,y(Y), la fraction µy−1

Y µ ∈Q(T), est non nulle et ne d´epend pas du choix d’un tel µ, d’o`u la d´efinition suivante.

D´efinition ([A8]). Soit Y une vari´et´e alg´ebrique complexe munie d’une action de T continue pour la topologie transcendante. Pour tout point y∈YT isol´e, la fraction rationnelle :

EuT y,Y

:= µy

Yµ ∈Q(T)

o`u µ est un ´el´ement sans torsion arbitrairement choisi dans HT,y(Y), est appel´ee la

«classe d’EulerT-´equivariante (g´en´eralis´ee) de y dans T ». Lorsque EuT

y,Y

Q R(T) on dit que cette classe est «polynomiale».

Il est clair que lorsque y∈YT est rationnellement lisse dans Y, la classe d’Euler

´equivariante g´en´eralis´ee est polynomiale et co¨ıncide avec la classe d’Euler ´equivariante classique.

Avec cette d´efinition l’´egalit´e dans la proposition suivante, connue sous le nom de

«formule de localisation» dans le contexte diff´erentiable est toujours v´erifi´ee lorsque YT est discret,mˆeme si Y est singuli`ere.

1.5.2-1. Proposition ([A8]). Les donn´ees ´etant comme ci-dessus,

Y

µ=

yYT

µy EuT

y,Y, pour tout µ∈HT,c (Y,Q).

En particulier, si Y est compacte connexe de dimension strictement positive

0 =

y∈YT

1 EuT

y,Y·

1.5.2-2. Exemple. Dans le cas o`u Y =Xw, on a qwu = 1/EuT

u,Xw

pour toutuw.

0 =

uwqwu lorsquew=e.

Et la fraction qwu est l’inverse d’un polynˆome homog`ene de degr´e (w) lorsque u est rationnellement lisse dans la vari´et´e de Schubert Xw.

1.5.3 Crit`eres de lissit´e. Dans [A8] on introduit le formalise du morphisme de Thom-Gysin ´equivariant dans la cat´egorie deT-pseudovari´et´es dans le but d’´etudier les propri´et´es des classes d’Euler ´equivariantes g´en´eralis´es li´ees `a la g´eom´etrie des espaces sous-jacents. On obtient alors des conditions assurant l’´equivalence, pour un point fixe isol´ey d’une vari´et´e alg´ebriqueY munie d’une action de T, entre le fait d’ˆetre ration-nellement lisse et le fait d’avoir une classe d’Euler ´equivariante polynomiale. L’un des principaux r´esultats de ce travail est le crit`ere de lissit´e suivant.

Th´eor`eme ([A8]). Soit T := (S1)r (C)r=:H. On consid`ere une repr´esentation li-n´eaire alg´ebrique deH dansCn `a poids dans un mˆeme demi-espace ouvert, de multipli-cit´e 1 et deux-`a-deux non colin´eaires. Soit Y un ferm´e de Zariski dansCn, ´equidimen-sionnel etH-stable. Soit EY le C-sous-espace vectoriel de Cn engendr´e par les droites vectoriellesH-stables contenues dans Y. Notons dY := dimC(Y), dE:= dimC(EY) et 1, . . . , αdE} la liste des poids de T dans EY.

a)Alors : 1

EuT

0,Y = (−1)dE P α1· · ·αdE

, avec P ∈HT2(dEdY). De plus : P = 1,si et seulement si, 0 est alg´ebriquement lisse dans Y.

b)Supposons qu’il existe un plongement:CH tel que les poidsαirestreints `aC soientstrictement positifset tel que le quotient (Y\{0})/(C) soit rationnellement

lisse et sans cohomologie rationnelle en degr´es impairs. Alors : 1

EuT

0,Y = (−1)dE P α1· · ·αdE

, avec P ∈HT2(dE−dY)\{0} sans facteur lin´eaire.

De plus : P est scalaire, si et seulement si, 0 est rationnellement lisse dans Y. 1.5.4 Crit`eres de lissit´e pour les vari´et´es de Schubert. Dans le cas des vari´e-t´es de Schubert, la d´emarche de Kazhdan-Lusztig de l’appendice de [KL] conduit `a une situation o`u l’on peut appliquer directement le crit`ere1.5.3-(b) pour d´emontrer le th´eor`eme suivant.

Th´eor`eme ([A8]). Soient vw∈W. Les assertions suivantes sont ´equivalentes : a)Le point v est rationnellement lisse dans Xw.

b) EuT

y,Xw

est polynomiale, pour tout y∈W v´erifiant vy≺w.

Les m´ethodes de [A8] red´emontrent les crit`eres de lissit´e pr´ec´edemment connus sui-vants.

Th´eor`eme. Soient vw∈W.

On note S(v, w) l’ensemble des r´eflexionsr∈W v´erifiant rvw, et s(v, w) le produit des racinesγ∈v∆ telles querγS(v, w). Les assertions suivantes sont ´equivalentes :

a)Le point v est rationnellement lisse dans X(w).

b) Card(S(y, w)) =(w), pour tout y∈W v´erifiant vy≺w. ([Crl]) c) EuT

y,X(w)

=s(y, w), pour tout y∈W v´erifiant vy ≺w, ([Kum]) o`u est un scalaire non nul.

De mˆeme que :

d)Le point v est alg´ebriquement lisse dans X(w). e) EuT

v,X(w)

= (−1)Card(S(v,w))s(v, w), ([Kum],[Bri])

§2. Cohomologie de Monsky-Washnitzer

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