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2. Méthode

2.3 Codification

La codification des verbalisations maternelles a été réalisée par deux étudiantes, l’une au baccalauréat en psychologie et l’autre en maîtrise en psychologie. Cette étude portant sur un échantillon de jumeaux, une technique en double-aveugle a été mise en place lors de la codification afin d’assurer l’indépendance des évaluations: les codificatrices ne connaissaient pas le statut de zygotie des jumeaux au moment de la cotation et chacune des codificatrices ne codifiait qu’un seul jumeau de la paire.

Suite à une première sélection des familles correspondant aux critères d’inclusion, les codificatrices ont fait un second visionnement pour partager la séquence d’interaction mère- enfant en épisodes d’attention conjointe (joint attention) et en épisodes d’attention non-conjointe selon les critères de Tomasello et Farrar (1986) (cités dans Oshima-Takane & Qram, 2002):

1- Un membre de la dyade, soit la mère ou l’enfant, initie !’interaction avec l’autre;

2- Les deux membres doivent porter leur attention sur une activité, un objet ou autre pendant un minimum de 3 secondes. Ils doivent clairement démontrer qu’ils ont le même intérêt de jeux (par des actions, des verbalisations, etc.);

3- Un membre peut détourner son focus attentionnel brièvement (moins de 3 secondes) sans mettre un terme à l’épisode d’attention conjointe;

4- L’enfant doit démontrer qu’il a conscience de !’interaction conjointe. Ceci s’exprime souvent par un regard fixe vers la mère mais peut aussi se démontrer par un sourire, un geste.

Exemples :

1- « L’enfant prend un objet et la mère focalise son attention sur l’objet saisi par son enfant. »

« L’enfant regarde par-dessus l’épaule de sa mère et celle-ci détourne son regard vers l’objet d’intérêt de son enfant. »

« La mère prend le visage de l’enfant pour le tourner vers elle. »

« La mère agite un objet de façon à attirer !’attention de l’enfant. »

2- « La mère et l’enfant poursuivent au-delà de trois secondes leur intérêt de jeu commun. » 3- « Un objet tombe, la mère le ramasse et poursuit !’interaction avec son enfant. »

« L’enfant détourne les yeux pendant 2 secondes et poursuit son intérêt face à l’objet agité par sa mère.»

4- « L’enfant regarde sa mère. »

« L’enfant, couché sur le ventre (donc ne regarde pas sa mère), rie aux éclats suite aux chatouillement de sa mère. »

« L’enfant agite sa main et tente de toucher le visage de sa mère. »

« L’enfant poursuit du regard l’objet agité par sa mère. »

Les variables retenues sont le temps total en attention conjointe pour chaque dyade et le nombre d’épisodes d’attention conjointe durant la séquence.

Finalement, un dernier visionnement a été réalisé pour sectionner le discours des mères en verbalisations distinctes selon les deux critères suivants :

1- Pause de plus de 1 seconde dans le discours qui peut se représenter comme une baisse du niveau de la voix maternelle, un changement de ton, comme un temps de respiration, ou;

2- Changement de fonction dans le discours maternel.

Chaque verbalisation maternelle relevée (contenant au minimum un phonème) a été par la suite comptabilisée et classifiée selon la définition de trois fonctions du langage (référentielle, régulation-sociale et métalinguistique) ainsi que selon leurs niveaux respectifs.

Fonction Référentielle. Le langage est utilisé dans le but de décrire, d’attribuer des qualités ou d’étiqueter les objets, les évènements. La mère doit démontrer à l’enfant un intérêt pour l’objet qui dépasse la première appellation. Le plus souvent la mère nomme l’objet mais même s’il n’est pas nommé, la catégorie référentielle peut être cotée.

Niveaux:

Etiquette:

La mère nomme avec emphase, étiquette ou décrit des parties du corps, des objets ou des évènements dans le contexte de !’interaction. Attribution de qualificatif être aux objets.

Exemples :

«Qu’est-ce que ça pourrait bien être... un hippopotame je crois...»

«Ce sont les petits pieds à Keven...»

«C’est beau, c’est plein de couleurs»

«L’auto est trop pesante pour toi...»

«Il y a plein de choses ici pour jouer»

Élaborée :

La mère fournit une description des objets, des parties du corps ou des évènements en donnant des caractéristiques utiles, des fonctions ou des associations

Exemples :

«Les petits pieds à Keven pour marcher, pour courir vite, vite, vite...»

«Qu’est-ce que ça fait une vache.... ça fait meuhhhhhhh»

«Une petite voiture pour mettre les commissions à maman»

«Ça ressemble à une spatule pour faire la cuisine»

La mère montre la trompette : « La suce fait du bruit » Relié :

La mère associe aux objets, aux parties du corps ou aux évènements des expériences, des connaissances ou des sentiments connus par l’enfant.

Exemples :

«C’est un beau berceau comme celui de Melissa à la maison»

«Tu veux téléphoner papa avec le téléphone»

«Une casquette comme grand-papa»

La mère montre un petit bonhomme en jouet : «On est habitué de jouer avec des petits garçons»

La mère chante une chanson a l’enfant: «C’est ta chanson préférée»

Fonction Sociale-Régulation. Le langage est utilisé dans le but de focuser sur les individus impliqués dans !’interaction et sur le canal communicatif entre eux.

Niveaux : Phatic :

Expression de la mère qui débute, maintient ou termine un acte communicatif. Correspond à une ponctuation du discours.

Attention : La mère, par ses expressions verbales, dirige ou maintient !’attention sensorielle de l’enfant.

Exemples :

«Regarde maman, regarde moi Vincent»

«Mère répète le nom de l’enfant»

La mère imite le son d’un objet en l’agitant.

La mère fait rouler la voiture en faisant : «vroum vroum...»

La mère agite un objet : « Regarde il est beau »

Activié: Les expressions verbales de la mère sont basées sur la description de ses

comportements ou de ceux de son enfant (les descriptions peuvent faire références à des comportements présents, passés ou futurs). Aucune composante d’interprétation ne doit être présente dans le discours de la mère. Comprend toute verbalisation qui vise à inciter

l’enfant à faire une action ou qui vise à donner du feedback (sans contenu émotif) à l’enfant sur une action déjà produite (composante de description).

Exemples :

«Tu mets dans la bouche, non, non, non»

«Maman habille la poupée»

«Tu perds tes petits bas»

La mère tend un objet à l’enfant : «Touche-le, prend-le»

La mère tend les mains : « u me donnes-tu tes mains»

Émotion : La mère exprime des émotions (positive ou négative) à propos du contexte, complimente l’enfant ou tente d’obtenir de !’information (composante d’interprétation).

Exemples :

«Bravo Julie»

«Maman t’envoie un beau baiser»

«Que t’es une belle fille»

L’enfant fait des mouvements de pas : «Wow ! T’es ben bonne»

L’enfant fait des efforts pour se tourner : «T’es capable»

Fonction Métalinguistique. Le langage est utilisé afin de mettre le focus sur le code communicatif lui-même, sur la langue et ses règles grammaticales (questions à choix, questions ouvertes).

Niveaux :

Question : Toutes expressions verbales de la mère qui incitent l’enfant à dire quelque chose (ces verbalisations surviennent avant les sons, les vocalisations de l’enfant). N’implique pas nécessairement une réponse de l’enfant.

Exemples :

«babababababa» (prononcés par la mère avant que l’avant émette des sons)

«Parle un peu à maman»

«Dit papa»

La mère offre le choix de deux objets à l’enfant : «Les clés ou le téléphone ?»

«Répète après moi»

Feedback : La mère donne du feedback à l’enfant sur ce qu’il dit (ces verbalisations surviennent après les vocalises ou les sons de l’enfant.)

Exemples :

«Qu’est-ce que tu veux dire à maman ?»

La mère prononce : «bababa ...» a la suite des sons de son enfant.

L’enfant vocalise et la mère l’encourage : «oui », «ouais», «t’es pas sérieuse»

Rituel de jeux : Expressions de la mère qui visent à établir des jeux verbaux, des rituels dans le but d’inciter l’enfant à donner une réponse verbale. L’enfant doit clairement démontrer par un sourire ou tout autre manifestation (il s’agite, regarde sa mère...) une participation aux jeux. Cela signifie que cette catégorie de verbalisations se retrouve seulement dans les périodes d’attention conjointe.

Exemples :

La mère fait faire des exercices à l’enfant : «Une, deux, ...» et il rie aux éclats.

La mère chatouille l’enfant sur le ventre : «la bibitte à monte, la bibitte à monte. ..»et l’enfant lui sourit.

La mère fait rouler la voiture sur l’enfant à plusieurs reprises et l’enfant la suit du regard (si elle le fait une seule fois la fonction à coter est plutôt Régulation sociale de niveau attention).

La mère débute un rituel de jeux avec le téléphone : «Allô Catherine, c’est maman...

Catherine...qu’est-ce que tu as faite aujourd’hui....» pendant que Catherine tente de saisir le téléphone.

Une grille de codification électronique permettant d’enregistrer le travail effectué par les codificatrices lors du deuxième (épisodes d’attention conjointe) et du troisième visionnement (fonctions du langage) a été élaborée (un exemplaire de la grille est disponible à l’Annexe B).

Tout comme la procédure de codification, cette grille représente une adaptation de celle utilisée par mesdames Oshima-Takame & Qram (2002) dans une étude ayant pour échantillon des enfants âgés entre 21 et 36 mois. La grille permet de dériver le nombre total de verbalisations, le nombre total par types, le % de chaque type de verbalisations, et le % de chaque type de verbalisations ainsi que du total lors des épisodes d’attention conjointe.

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