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4.2 Les outils de simulation numérique

4.2.2 Le code NEPTUNE_CFD

4.2.2.1 Présentation

NEPTUNE_CFD est un outil de simulation numérique permettant la simulation 3D d'écoulements diphasiques rencontrés dans les centrales nucléaires à eau pressurisée. C'est un code multichamps qui utilise, à l'échelle de la CFD, une approche de type RANS1.

Ce code est fondé sur le modèle à deux uides et à une pression développé initialement par Ishii et Hibiki [36], ce modèle ayant été ensuite généralisé de façon à pouvoir traiter un grand nombre de phases (1 à 20 phases). En ce qui concerne la méthode numérique, le code NEPTUNE_CFD est un code à volumes nis, capable de travailler sur n'importe quelle forme de cellules de maillage (tetraèdre, hexaèdre, prismes, pyramides, . . . ). Pour résoudre le système d'équations aux dérivées partielles, l'algorithme de résolution, fondé sur une méthode elliptique à pas fractionnaires, se déroule en deux étapes majeures. En premier lieu, une prédiction de la vitesse des phases à partir de l'équation de conservation de la quantité de mouvement est eectuée. Ensuite, un couplage avec les équations sur les fractions volumiques, pression, et énergie est réalisé.

4.2.2.2 Modélisation des écoulements diphasiques dispersés dans le code NEP- TUNE_CFD

L'évolution des grandeurs locales de l'écoulement est décrite par des équations de conservation moyennées statistiquement (ou en temps). Pour simuler les écoulements di- phasiques à phase dispersée, sous les hypothèses présentées au Ÿ3.2, le système d'équations résolu par le code est composé de quatre équations principales2, un bilan de masse et un

bilan de quantité de mouvement pour chacune des deux phases. An de caractériser la turbulence des deux phases, des équations supplémentaires sont également résolues.

1. Reynolds Averaged Navier-Stokes, approche moyennée en temps de toutes les grandeurs physiques de l'écoulement.

2. Sous l'hypothèse d'un écoulement isotherme adiabatique, l'équation de conservation d'enthalpie to- tale n'est pas considérée dans cette étude.

a. Les équations de conservation locales moyennées Bilan de masse

Les bilans de masse résolus dans le code NEPTUNE_CFD sont les équations (3.27) et (3.43) du modèle diphasique présenté au Chapitre 3 (Pouvreau [67]). Pour la phase k, le bilan de masse s'écrit :

∂t(αkρk) + ∂xi

(αkρkUk,i) = 0 (4.2)

Bilan de quantité de mouvement

Les bilans moyens de quantité de mouvement résolus par NEPTUNE_CFD sont des versions simpliées du modèle à deux uides (Ishii et Hibiki [36]), ils sont par conséquent parfaitement symétriques pour les deux phases.

L'équation de bilan de quantité de mouvement de la phase k peut s'écrire, de façon non conservative et pour un modèle à une pression (Pouvreau [67]) :

αkρk dkUk,i dt = αk ( −∂Pf ∂xi +∂ ¯τ¯f,ij ∂xj ) + ∂xj [ αkτk,ijT ] + αkρkgi+ Ik,i (4.3)

 La pression moyenne Pf résolue par le code correspond à la pression moyenne de la

phase continue.

 Le tenseur des contraintes visqueuses ¯¯τf,ij est écrit de façon classique :

¯ ¯ τf,ij = µf ( ∂Uf,i ∂xj +∂Uf,j ∂xi ) (4.4)  τT

k,ij représente le tenseur des contraintes turbulentes de la phase k,

τk,ijT =ρkv′k,ivk,j′

k (4.5)

 Le terme Ik,i correspond au transfert interfacial de quantité de mouvement de la

phase k, auquel les contributions liées à la pression moyenne et au transfert de masse ont été soustraites. D'après le Chapitre 3, ce terme s'écrit pour chacune des deux phases,

Ip,i

αpρp

= −If,i

αpρp

= Uf,i+ Vd,i− Up,i

τp (4.6)

Où τp est le temps de relaxation de la phase dispersée, déni par la relation (2.19). Il

dépend du coecient de traînée CD, modélisé dans cette étude par la relation (2.18),

établie par Ishii et Zuber [37] pour un écoulement gaz-gouttes. Vd,i est la vitesse de

dérive, fermée par la relation (3.95). b. Modélisation de la turbulence

4.2. Les outils de simulation numérique 65 Le code NEPTUNE_CFD propose plusieurs modèles pour fermer le tenseur des contraintes turbulentes τT

k,ij dans chaque phase.

Turbulence de la phase continue

Deux modèles de turbulence sont proposés pour la phase continue :

 Un modèle à deux équations de transport sur les grandeurs turbulentes : le modèle

qf2 − εf standard avec des termes supplémentaires tenant compte de l'inuence de

la phase dispersée. Il s'agit des équations (3.115) et (3.119), dont les diérentes fermetures sont précisées au Ÿ3.5.4.1.

 Un modèle à sept équations de transport sur les contraintes cinétiques et le taux de dissipation : le modèle Rf,ij− εf, présenté au Ÿ3.5.4.2.

Turbulence de la phase dispersée

Pour modéliser l'agitation des particules, trois types de modèles, parmi les modèles proposés dans NEPTUNE_CFD, sont envisagés :

 Un modèle d'équilibre local : le modèle de Tchen qui lie directement l'énergie cinétique turbulente des gouttes à celle de la phase continue par la relation (3.158).

 Un modèle à deux équations de transport sur les grandeurs turbulentes : le modèle

qp2− qf p, présenté au Ÿ3.5.5.2.

 Un modèle à sept équations de transport sur les contraintes cinétiques et la cova- riance scalaire Rp,ij − qf p. L'équation de transport des contraintes cinétiques de la

phase dispersée est donnée par l'équation (3.139), dans laquelle le tenseur des corré- lations uide-particule est modélisé par une approximation de type Boussinesq avec la relation (3.153). L'équation de transport de la covariance scalaire uide-particule correspond à l'équation (3.149).

c. Conditions limites en parois

Dans cette étude, les parois sont adiabatiques et imperméables aux gouttes. Les condi- tions appliquées aux parois sont des conditions de frottement pour la phase continue, avec des lois de paroi, dénies au Ÿ2.4.5.1 pour la vitesse moyenne et les grandeurs turbulente de l'air. La notion de loi de paroi découle de la notion de modèles "haut Reynolds". En eet, les équations des modèles de turbulence classiques étant inadaptées à la sous couche visqueuse, il faut éviter de résoudre ces équations dans cette zone. Pour représenter le comportement de la couche limite, l'évolution des variables est alors décrite analytique- ment dans les mailles de paroi avec des lois de paroi. Aussi les équations des modèles de turbulence restant inadaptées dans la sous-couche visqueuse, le premier point intérieur du calcul doit être susamment loin de la paroi pour être à l'extérieur des zones laminaire et de transition, typiquement y+ = yu∗

νf ≥ 30, où y représente la distance de la paroi au centre de la maille de paroi.

Pour la phase dispersée, des conditions de ux nul pour la vitesse moyenne et l'agitation des particules sont appliquées.

An de simuler correctement le dépôt des gouttes en paroi, un modèle de dépôt comme condition limite de paroi doit être développé pour la phase dispersée. Ce modèle fait l'objet du paragraphe suivant.

4.2.2.3 Développement d'un modèle de dépôt local en paroi

Un écoulement diphasique gaz/gouttes dans un canal horizontal est considéré. Les gouttes qui se déposent en paroi forment un lm liquide pariétal. Ainsi, sous l'hypothèse d'une paroi parfaitement absorbante, les gouttes qui atteignent la paroi alimentent le champ liquide continu au détriment du champ de gouttes. N'ayant pas modélisé le lm liquide pariétal dans NEPTUNE_CFD, le développement d'un modèle de dépôt dans les mailles de paroi est nécessaire, an de simuler ce puits de masse pour les gouttes que représente la paroi. Sans modèle de dépôt, par conservation du débit, les gouttes s'accumulent à la paroi et le gradient de concentration de la phase dispersée devient tel que les gouttes du c÷ur de l'écoulement ne diusent plus jusqu'en zone de proche paroi.

Modèle numérique

Le modèle de dépôt est développé sous les hypothèses suivantes : Hypothèses :

 La paroi est parfaitement absorbante (pas de rebond).

 La concentration des gouttes est homogène dans les mailles de paroi.  Le lm liquide qui se développe en paroi est d'épaisseur nulle3.

Soit une maille de paroi. Au pas de temps t + ∆t, la fraction volumique de gouttes est donnée par la relation :

αt+∆tp = αtp+ αp,ΣΦconvection − αd´epˆot (4.7) Où αt

pest la fraction volumique de la maille au pas de temps t, αp,ΣΦconvection représente la variation du taux de gouttes dû aux transferts de masse convectifs entre la maille consi- dérée et les mailles voisines et αd´epˆot modélise la quantité de gouttes qui se déposent en

paroi pendant l'intervalle de temps ∆t. La Figure 4.1 représente de manière schématique l'évolution du taux de gouttes dans une maille de paroi pendant un pas de temps.

Figure 4.1  Représentation schématique de l'évolution de la fraction volumique de gouttes dans une maille de paroi pendant un pas de temps.

3. Dans l'expérience de dépôt de gouttes de Namie et Ueda, présentée au Ÿ 4.3et simulée avec NEP- TUNE_CFD, le lm liquide pariétal est aspiré.

4.2. Les outils de simulation numérique 67 Les ux de transferts de masse inter-mailles sont directement calculés par NEPTUNE_CFD. Soit αt+∆t

p,N CF D, la fraction volumique de gouttes calculée au pas de temps t + ∆t par NEP-

TUNE_CFD sans modèle de dépôt (il s'agit de la solution de l'équation (4.2)). L'équation (4.7) devient :

αt+∆tp = αt+∆tp,N CF D− αd´epˆot (4.8)

Sous l'hypothèse d'une concentration en gouttes homogène dans la maille de paroi, les gouttes qui se déposent sont celles qui ont une vitesse normale à la paroi susante pour atteindre la paroi pendant le pas de temps ∆t. La quantité αd´epˆot est alors fonction de

αp,N CF Dt+∆t :

αd´epˆot= αt+∆tp,N CF D∗

δ

h (4.9)

Où δ est la distance maximale parcourue par les gouttes pour atteindre la paroi pendant l'intervalle de temps ∆t et h est la dimension caractéristique de la maille, comme indiqué sur la Figure 4.2.

Figure 4.2  Dépôt des gouttes dans une maille de paroi

Si ⃗kD est la vitesse moyenne de dépôt des gouttes et ⃗nw est le vecteur unitaire normal

à la paroi, alors δ = ⃗kD.⃗nw∗ ∆t et l'équation (4.8) devient :

αt+∆tp = αt+∆tp,N CF D [ 1−⃗kD.⃗nw∗ ∆t h ] (4.10) Ce modèle (4.10) permet d'estimer la quantité de gouttes déposée, et donc la quantité de lm liquide créée, à chaque pas de temps dans chaque maille de paroi.

En réinitialisant, à la n de chaque pas de temps, la fraction volumique de gouttes dans chaque maille de paroi avec la valeur calculée par ce modèle, le lm liquide pariétal est aspiré numériquement.

Pour fermer ce modèle, la vitesse de dépôt ⃗kD doit être modélisée.

Modélisation de la vitesse de dépôt ⃗kD.

D'après le Ÿ2.5du Chapitre2, en écoulement horizontal, les gouttes sont transportées du c÷ur de l'écoulement jusqu'en zone de proche paroi, sous l'inuence de la diusion turbulente et de la gravité, où elles se "désengagent" progressivement de la turbulence et traversent la sous-couche visqueuse pour atteindre la paroi par un mécanisme de vol-libre et/ou sous l'action de la gravité. Ces deux mécanismes agissant en parallèle, en zone de

proche paroi, la vitesse moyenne de dépôt correspond à la somme des vitesses moyennes de chacune de ces deux contributions :

kD = ⃗kD,vol libre+ ⃗kD,gravit´e (4.11)

La vitesse liée à la contribution gravitaire correspond à la vitesse terminale de chute des gouttes, dénie par la relation (2.23) :

kD,gravit´e = ⃗VT p= τpg (4.12)

La vitesse moyenne des gouttes au moment d'amorcer le mécanisme de vol libre est donnée par la relation (2.42), expression dénie par Binder et Hanratty [13]. Cette vitesse est fonction de l'écart type de la composante normale à la paroi des uctuations turbulentes de vitesse des gouttes :

kD,vol libre= 1 2 √ 2 π √⟨ v′2 pp ⃗nw (4.13)

En utilisant les quatre dernières relations (4.10), (4.11), (4.12) et (4.13) le modèle de dépôt est implanté dans toutes les mailles de parois. Il est à noté que les diérentes parois, inférieure, supérieure et latérales, sont distinguées les unes des autres en raison de l'inuence de la gravité. En eet la pesanteur crée une stratication de l'écoulement favorisant le dépôt sur la paroi inférieure du canal au détriment de la paroi supérieure. Ainsi, si ⃗z est le vecteur associé à la direction verticale ascendante, la projection du vecteur

kD selon le vecteur unitaire normal à la surface considérée, donne respectivement pour les

mailles des parois inférieure et supérieure :

kD,inf =+τp∥⃗g∥ + 1 2 √ 2 π √⟨ v′2 p,zp (4.14) kD,sup=−τp∥⃗g∥ + 1 2 √ 2 π √⟨ v′2 p,zp (4.15)

Si la gravité est le mécanisme dominant, c'est-à-dire ∥⃗kD,gravit´e∥ ≥ ∥⃗kD,vol libre∥ alors

les gouttes ne se déposent pas sur la paroi supérieure du canal et αd´epˆot,sup= 0. La gravité

n'a aucune inuence sur les parois latérales.

4.2.3 Évaluation du ux de dépôt de gouttes : de l'approche microsco-