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Il nous paraît évident de commencer cette taxinomie à partir des types de plantes, c’est tout de même les premiers constituants de la tourbe. De ce fait nous distinguerons deux grands types de tourbes, celles formées à partir de mousses et celles constituées d’herbes.

Tourbes de mousse

En premiers lieu les tourbes de mousse, majeur partie des tourbes d’Europe du Nord, se différencient par leurs compositions internes. En effet même si la présence de sphaignes dans les tourbes est largement représentée, l’analyse des vestiges végétaux ont tendance à démontrer des différenciations entre des tourbières.

Les tourbes à sphaignes sont, comme nous l’avons présenté précédemment, les plus nombreuses tourbes connues à ce jour. De plus les sphaignes (sphagnum), très présentes dans les marais de zone tempéré-froid sont aussi largement représentées dans les autres types de tourbes. La sphaigne fait partie de la famille des bryophytes, elle se dessine sous la forme d’un système filamenteux, germé à partir de spores qui en fait une mousse très prolifique (une capsule libère 2  800  000 spores). Dans le sol le système filamenteux relie plusieurs tiges feuillées à croissance continue. Toutes les quatre feuilles bourge une nouvelle ramification de la tige. Cette mousse est molle et spongieuse. Sa particularité est de puiser beaucoup d’eau, que ce soit par le substrat ou par l’environnement alentour. Pour cela les membranes des grandes cellules corticales des tiges sont perforées et forment un système agissant sur l’eau du marais par capillarité (Larbalétrier A., 1900). Une expérience simple pour mettre en évidence ce fort pouvoir hygrométrique et d’installer une tige de sphaigne dans un verre remplie d’eau. La mousse, flexible, se courbera en dehors du verre. Par capillarité, nous pouvons ainsi observer l’eau envahir la tige et retomber sur le bord extérieur du verre. Les sphaignes, poussant sur des terrains peu nutritifs sont pauvres en matière minérale ce qui laisse des cendres en brûlant (Nystrôm E., 1913).

Les propriétés poreuses et légères de la tourbe à sphaigne en fait un mauvais combustible. De plus cette dernière sèche trop lentement et assez mal pour pouvoir être véritablement utilisée en combustible. Par contre elle peut être très utile dans d’autres domaines comme la conservation alimentaire, la fabrication de papier, d’alcool ou encore pour la médecine (Guieu P., 1918).

Existe aussi les tourbes d’hypnes (hypnum), caractéristiques des terrains riches en CaCO3. Morphologiquement parlant les hypnes se présentent sous forme d’un « tapis » vert. Ce sont des espèces que l’on retrouve habituellement dans les contextes humides et en forêt. Pour les milieux marécageux, la bryophyte préfère les eaux stagnantes. En effet leur paroi très épaisse est beaucoup moins poreuse que pour les sphaignes. De ce fait elle puise plus difficilement l’eau de son environnement ; il lui faut donc un environnement plutôt calme (Larbalétrier A., 1900). Cette caractéristique fait que la tourbe reste assez sèche même avant séchage. Toutefois sa légèreté et son assèchement en fait un mauvais combustible. En effet, étant très volatile, la combustion ne se fait pas correctement et laisse donc de 8 à 30% du poids original en cendre. Par contre la forte teneur en azote et en chaux établit cette tourbe en candidate idéal pour de l’épanchement en agriculture.

La dernière variété de tourbe mousseuse est de type forestier. Elle est bien sur constituée essentiellement d’un ensemble de mousse dont un part non négligeable d’hypne. Seulement, ils sont mélangés avec des bruyères, des débris d’arbustes ou d’arbre et possiblement des ptéridophytes. Cette hétérogénéité entraine une certaine incohésion dans la tourbe, entre les débris fins provenant des mousses et des fougères se trouvent la présence de troncs d’arbre ou de racines très peu décomposés. Cependant ces caractéristiques en font un bon combustible et est très riche en azote ce qui lui donne un intérêt particulier pour l’agriculture (Nystrôm E., 1913).

Tourbe d’herbes

Tout comme pour les tourbes de mousse, nous pouvons être confrontés à plusieurs types de tourbe souvent lié à un environnement particulier comme pour les tourbes de mer. Ces dernières, formées à partir d’ancien bras de mer ou d’une enclave marécageuse soumis aux influences tidales. Elles se composent essentiellement de débris de roseaux (phragmites), des Poales (scirpes et prêles) souvent associé à des trèfles d’eau (méniantes), à des nénuphars (nymphées) et à des restes fauniques (poissons et oiseaux). La tourbe de mer présente une forte teneur en azote qui pourrait induire une utilisation dans l’agriculture, seulement le retrait des autres éléments minéraux comme le chlore ou le sodium serait certainement trop couteux. La tourbe étant lourde et compacte, elle permet d’obtenir que 8 à 10 % de cendres, cependant les vapeurs diffusées peuvent être assez nocif ce qui en fait un mauvais combustible particulier mais qui a été utilisé dans l’industrie (Guieu P., 1918).

Nous parlons ensuite des tourbes de laîche ou carex  ; ce sont des plantes historiquement de la famille des Cyperaceae, cependant depuis 2009 avec la classification APG III (Angiosperms Phyologeny Group), la famille des Cyperaceae disparait et plaçait dans l’ordre des Poales (Chase M. W. et Reveal J. L., 2009). Les carex se présentent sous forme de rhizome et rameaux aériens proliférant rapidement ; ces derniers portent des feuilles simples, étroites et allongées.

Ils se retrouvent principalement dans les terrains marécageux sous forme de touffes assez importante ou de spacieux gazons. La tourbe par elle-même est composée de débris de différentes mousses en plus des autres végétaux comme la laîche. Elle est assez hétérogène latéralement, la tourbe peut apparaitre sous forme d’une masse noire et compact comme légèrement brune, poreux et sans cohésion. Ces caractéristiques expliquent le fait que nous pouvons obtenir de 3 à 25 % de cendre après combustion. La formation est cependant riche en azote (Guieu P., 1918).

Les tourbes à plantes eriophora (plantes à poils) sont caractéristiques des zones chaudes et tropicales. Nous retrouvons ainsi des plantes variant du Bassia eriophora (proche du coton) au Harrisia eriophora (famille des Cactaceae). Comme nous pouvons le deviner, la tourbe se compose de débris d’ériophores, moins sensibles que les mousses aux variations de température. Elle offre un des meilleurs combustibles connus en ne laissant que de 0,75 à 4 % de cendre grâce à sa forme compact et sa couleur noire (caractéristique d’une forte teneur en carbone). Un autre avantage est sa facilité et sa rapidité de séchage même dans des climats tropicales qui sont particulièrement humide.