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ANALYSE DES DONNÉES

Chapitre 5. Classement des données en fonction du genre littéraire

et implications pour l’ethos épistolaire de Cicéron

Dans ce chapitre, nous allons classer nos données selon le genre auquel appartient l’œuvre dont est issue la citation grecque versifiée. Nous présenterons nos résultats sous forme de tableaux239 que nous commenterons de façon quantitative, notamment en les comparant à ceux obtenus par Elder et Mullen (2019). Nous poursuivrons en évoquant deux phénomènes singuliers de la Correspondance, repérés lors du relevé manuel de nos données : les citations grecques versifiées récurrentes et les citations grecques versifiées traduites en latin. Enfin, nous proposerons des hypothèses d’interprétation de nos données afin de comprendre dans quelle mesure le genre littéraire participe à la construction de l’ethos épistolaire de Cicéron ; autrement dit, nous tenterons de déterminer ce que révèlent les choix d’auteurs de Cicéron dans sa Correspondance.

1. Présentation quantitative des données

Nous avons classé nos données en deux « genres » contenant chacun des « sous-genres » ou des « catégories240 ». Nous les présentons dans le tableau (14) ci-dessous.

Genre : poésie

Sous-genres : - épopée

- poésie lyrique, élégiaque et comique - épigramme

Genre : théâtre

Sous-genres : - comédie - tragédie

Tableau (14) Genres et sous-genres des données du corpus

239 Nous adoptons les mêmes légendes que pour les tableaux (10), (12) et (13) de la partie 2.

240 Nous employons le terme « catégorie » dans le même sens que Martin et Gaillard (2013, p. 11) emploient le terme « forme » en précisant : « Ainsi distinguerons-nous quatre ‘genres’ au sens plein du terme, dont chacun se présente sous un certain nombre de ‘formes’ (qui sont les genres au sens courant du terme) ; quant à la distinction de ces formes, elle repose (…) sur des critères variés, faisant appel tantôt au contenu, tantôt à l’écriture, tantôt aux deux à la fois (…) ».

À ces deux « genres », nous ajoutons encore la catégorie des proverbes (ou locutions proverbiales) et une section réservée aux cas particuliers (données inclassables).

Nous sommes consciente que cette classification reste artificielle et dépend uniquement de nos données (elle n’est pas généralisable). De plus, nous gardons à l’esprit la remarque de Perret (Martin et Gaillard, 2013, p. 16) qui note que : « chaque genre, au fond, contient la plupart des autres à l’état au moins embryonnaire, (…) c’est seulement si on ne l’oublie pas que leur distinction peut être opératoire ». Aussi, une citation n’appartient pas à un genre (et/ou à un sous-genre) en particulier, mais, par « contamination » des propriétés communes que partagent chaque texte et qui définissent le genre littéraire, peut être classée dans plusieurs.

Pour chacun des genres et des sous-genres nommés ci-dessus, nous procéderons de la même façon : nous commencerons par en décrire brièvement les caractéristiques principales, puis nous présenterons nos données sous forme de tableaux que nous commenterons en en soulignant les faits remarquables. Les citations d’Homère et d’Euripide, pour lesquels nous avons vu dans la partie 2 (cf. supra, tableau (11), p. 170) qu’ils sont les deux auteurs les plus cités par Cicéron, feront l’objet d’un examen approfondi, exposé dans la troisième section (cf. infra, p. 215-216). Par ailleurs, nous précisons que nous étudierons les mentions des auteurs dans les citations (en caractères gras et en bleu dans les tableaux ci-dessous) dans le chapitre 6, lorsque nous nous intéresserons à la littéralité de nos données.

1.1.Poésie

Sous la dénomination « poésie », nous classons les citations grecques versifiées appartenant à la catégorie de l’épopée, de la poésie lyrique, élégiaque et comique, et de l’épigramme. Pour établir cette distinction, nous nous sommes fondée sur deux critères : - d’une part, sur le sous-genre auquel est communément rattaché l’auteur de la citation : par exemple, Stésichore et Pindare sont considérés comme des poètes lyriques (Saïd, Trédé et Le Boulluec, 2004, p. 66) ;

- d’autre part (et surtout), sur des critères métriques : l’épopée est composée en hexamètres dactyliques, la poésie lyrique, élégiaque et comique en distiques élégiaques, ainsi que l’épigramme – quoique celle-ci admet des mètres variés.

En effet, comme nous le verrons, une des divisions possibles du genre poétique consiste à distinguer « les poèmes en fonction des mètres utilisés » (Saïd, Trédé et Le Boulluec, 2004,

p. 68). Nous obtenons ainsi trois catégories : la poésie iambique (en iambes), la poésie élégiaque (en distiques élégiaques) et la poésie mélique241 (aux mètres variés).

Épopée

Le genre de l’épopée est représenté par deux auteurs dans notre corpus : Homère, que Cicéron cite abondamment, et Hésiode. Nous allons brièvement présenter ces deux poètes grecs avant d’étudier les citations de leurs œuvres dans la Correspondance.

Nous caractérisons la poésie d’Homère par trois traits saillants : les héros sont « des modèles » ou « des symboles », les deux épopées allient deux tendances antagonistes que sont le sublime et la description de la vie quotidienne, enfin, aussi bien l’Iliade que l’Odyssée regorgent de comparaisons « qui établissent un contrepoint constant entre la vie et les actes de la guerres » (Saïd, Trédé et Le Boulluec, 2004, p. 46). Saïd, Trédé et Le Boulluec (2004, p. 46) précisent en effet que lorsque Andromaque et Pénélope sont des modèles de l’amour conjugal, Hector représente l’amour familial ; Patrocle symbolise l’amitié, Astyanax l’enfant orphelin. Par ailleurs, si l’Iliade et l’Odyssée racontent avant tout les exploits des héros et des dieux, pour autant Homère aborde de la même façon tous les aspects du quotidien des mortels, comme le remarquent encore Saïd, Trédé et Le Boulluec (2004, p. 46) : « le sublime s’allie à une nonchalante description de la vie quotidienne dont chaque évocation est d’emblée poétisée par l’usage des formules ». Enfin, alors que le dialogue domine dans les deux œuvres – entre hommes, entre mortels et immortels, ou entre dieux et déesses – le poète qui prend en charge la narration utilise de façon récurrente la comparaison : « comparaisons avec la force des éléments, comme la tempête, avec la violence des animaux sauvages, mais aussi comparaisons avec les activités les plus humbles du monde de la paix » (ibid., 2004, p. 68).

L’œuvre d’Hésiode se situe sous certains aspects dans la continuité de celle d’Homère. Un thème en particulier les relie : « le plaidoyer pour la justice » (Saïd, Trédé et Le Boulluec, 2004, p. 62). En effet, si la justice reste implicite dans l’Odyssée, elle devient le thème central des Travaux et des Jours. Toutefois, l’œuvre d’Hésiode diffère aussi de celle d’Homère. Saïd, Trédé et Le Boulluec (2004, p. 60) précisent en outre qu’avec Les Travaux et les Jours, le poète s’éloigne nettement de la tradition épique : Hésiode « ne

241 Saïd, Trédé et Le Boulluec (2004, p. 69) expliquent que les Alexandrins ont déterminé « trois-sous classes » de mètres quand ils ont édité les œuvres de Sappho : « ils distinguèrent les poèmes en strophes sapphiques (…), des poèmes en pentamètres dactyliques (…) ou de ceux écrits en asclépiades ».

raconte plus les histoires d’un lointain passé mais instruit ses auditeurs sur ce qui constitue leurs tâches quoditiennes ». Par ailleurs, si avec Les Travaux et les Jours Hésiode se détache des topoï de l’œuvre homérique, il compose en plus un poème « unique dans la poésie grecque » (Saïd, Trédé et Le Boulluec, 2004, p. 61) qui constituerait en fait une mosaïque de formes littéraires. Nous y percevons en effet des formes aussi diverses que la maxime, la fable, le mythe ou la remontrance. Avec son œuvre novatrice, Hésiode, après Homère, ouvre ainsi la voie à une nouvelle tradition, illustrée à la fois par les poètes lyriques, les Tragiques et les philosophes.

Après cette brève contextualisation littéraire, nous allons présenter dans les tableaux (15.a.) et (15.c.) suivants les citations grecques versifiées relevant de la catégorie de l’épopée. Nous exposons dans le tableau (15.a.) les citations d’Homère, dans le (15.c.) les citations d’Hésiode. Du fait de l’importance de l’œuvre homérique dans notre corpus, et de l’analyse que nous lui consacrerons, il nous a paru en effet plus cohérent de distinguer citations homériques et citations hésiodiques. Par ailleurs, nous précisons que ce classement comprend également les épithètes homériques qui, si elles se composent d’une seule lexie, renvoient implicitement à l’ensemble plus vaste que constituent l’Iliade et l’Odyssée.

Ø Homère, l’Iliade et l’Odyssée

Identifiant Séquence grecque Traduction Source(s)

GHomI1

Ego autem arbitror, etiam si id sit, mihi ignoscendum esse,

ἐπεὶοὐχἱερήϊονοὐδὲβοεΐην.

« Je pense, quant à moi, que même s’il en est ainsi, je mérite le pardon :

Car ce n’est pas pour un mouton de sacrifice, / Ni même pour la peau d’un bœuf… ».

Homère, Iliade, XXII, 159.

GHomI2

(…)παντοίηςἀρετῆς µιµνήσκεο

curaque et effice ut ab omnibus et laudemur et amemur.

« (…) rappelle toute ta force, et applique-toi efficacement à nous obtenir l’estime et l’affection de tous ».

Homère, Iliade, XXII, 268.

GHomI3 Ἔσπετεὅππωςδὴνῦνπρῶτον µοι, Μοῦσαιπῦρµπεσε . « Et maintenant, ô Muses, dites-moi / Comment éclata l’incendie… ». Homère, XVI, 112-113. Iliade,

GHomI4

(…) non opinor esse dubitandum quin semper nobis uideatur

εἷςοἰωνὸςἄριστοςἀµύνεσθαιπερὶ πάτρης.

« (…) aussi ne saurais-je hésiter à toujours penser que

Le meilleur augure, le seul / Est de lutter pour son pays ».

Homère, Iliade, XII, 243.

GHomI5

(…) sed hoc tempore et his mittentibus

αἰδέοµαιΤρῶαςκαὶΤρῳάδας ἑλκεσιπέπλους.

« Mais étant donné les circonstances, et la personnalité de ceux qui m’y enverraient,

… je crains d’être blâmé / Par les Troyens et les Troyennes aux longs voiles ».

Homère, Iliade, VI, 442.

GHomI6 Πουλυδάµας µοιπρῶτοςἐλεγχείην

ἀναθήσει.

« Polydamas, tout le premier, / Me couvrira d’opprobre ».

Homère, Iliade, XXII, 100.

ÉpiHom1

(…) illum uero qui nondum habitus est, quem illaβοῶπις, cum e Solonio redierit, ad te est relatura (…).

« (…) quant à celui qui n’a pas encore eu lieu, que notre déesse aux grands yeux doit te rapporter quand elle sera rentrée de Solonium (…) ».

Épithète homérique.

GHomI7

(…) et, quod est proprium artis huius,ἐπαγγέλλοµαι

ἄνδρ᾽ἀπαµύνεσθαιὅτετις πρότεροςχαλεπήνῃ.

« et – c’est proprement la manière des sophistes – je fais savoir

Que je me défendrai contre tout agresseur ».

Homère, Iliade, XXIV, 369.

ÉpiHom2

(…) de cogitatione Publi, de lituis

βοώπιδος, de signifero Athenione (…).

« (…) les plans de Publius, les trompettes guerrières de la déesse aux grands yeux, Athénion porte-enseigne, (…) ». Épithète homérique. GHomO1 Tρηχεῖ᾽, ἀλλ᾽ἀγαθὴκουροτρόφος, οὔτ᾽ἄρ᾽ἔγωγε / ἧςγαίηςδύναµαιγλυκερώτερον ἄλλοἰδέσθαι.

« Âpre terre, mais qui nourrit de rudes hommes, / Et je n’en connais pas de plus douce à mon cœur ».

Homère,

Odyssée, IX, 27.

ÉpiHom3

Quantam tu mihi moues

exspectationem de sermone Bibuli, quantam de colloquioβοώπιδος, quantam etiam de illo delicato conuiuio !

« Quelle envie tu me donnes de connaître les propos de Bibulus, et ta conversation avec la déesse aux grands yeux, et encore ce que fut ce dîner si fin ! ».

Épithète homérique.

GHomI8

Quod de Quinti fratris epistula scribis, ad me quoque fuit

πρόσθελέων, ὄπιθενδὲ…

« Tu me parles de la lettre que t’a écrite mon frère Quintus : moi aussi j’en ai reçu une qui était

Lion par devant, et par derrière… ».

Homère, Iliade, VI, 181.

ÉpiHom4

Puto Pompeium Crasso urgente, si tu aderis qui perβοῶπινex ipso intellegere possis qua fide ab illis agatur (…).

« Crassus fait pression sur Pompée : si tu es là, toi qui as les moyens, par la déesse aux grands yeux, de savoir de l’intéressé lui-même quelle est la sincérité de ces gens-là (…) ».

Épithète homérique.

GHomO2

(…) et multae emissae iam eius modi uoces :ἀλλὰαἰείτιναφῶτα

µέγαν… (…).

« (…) et on a déjà entendu maintes paroles du genre de :

Je m’attendais à voir un homme grand… (…) ». Homère, Odyssée, IX, 513-514. GHomO3 De Metello, οὐχὁσίηφθιµένοισιν…

sed tamen multis annis ciuis nemo erat mortuus, qui quidem…

« Quant à Métellus,

Il est impie, quand il s’agit de morts…

N’empêche que depuis bien des années il n’était mort aucun citoyen qui… ».

Homère,

Odyssée, XXII, 412.

GHomO4

Quid quaeris ? equidem dolui ;

ὁδὲοὐκἐµπάζετο µύθων.

« Que veux-tu ? quant à moi, leurs plaintes m’ont touché ;

Mais lui ne se souciait pas de leurs paroles ».

Homère,

Odyssée, XVII, 488.

GHomI9

(…) illud uero quod a puero adamaram,

Πολλὸνἀριστεύεινκαὶὑπείροχον ἔµµεναιἄλλων,

totum occidisse, (…).

« (…) que cet idéal dont je m’étais épris dès mon enfance,

Être premier de loin et l’emporter sur tous

n’est plus qu’un rêve mort ; (…) ».

Homère, Iliade, VI, 208 et XI, 784.

GHomI10

Viget illud Homeri :

Ἤµατ᾽ὀπωρινῷ, ὅτελαβρότατον χέειὕδωρ /

Ζεύς, ὅτεδήῥ᾽ἄνδρεσσι κοτεσσάµενοςχαλεπήνῃ.

« Belle application de ces vers

d’Homère :

Un jour d’automne où Zeus, contre l’homme irrité, / Se venge en déchaînant les torrents de la pluie ».

Homère, Iliade, XVI, 385-387.

GHomI11

Cadit enim in absolutionem Gabini :

Oἳβίῃεἰνἀγορῇσκολιὰςκρίνωσι θέµιστας, /

ἐκδὲδίκηνἐλάσωσι, θεῶνὄπιν οὐκἀλέγοντες.

« Cela coïncide, en effet, avec l’absolution de Gabinius :

Contre l’homme qui rend des sentences boiteuses, / Chassant de l’agora le Justice, au mépris / Du châtiment divin ».

Homère, Iliade, XVI, 388-389.

GHomI12

Τότε µοιχάνοι. « Ou que s’entrouvre, si je mens… ». Homère : par ex.

Iliade, IV, 182 ou VIII, 150. Formule de serment récurrente. GHomI13 Ὁδὲ µαίνεταιοὐκἔτ᾽ἀνεκτῶς

qui ludos HS CCC etiam comparet.

« Sa folie n’est pas supportable,

il [Milon ] s’apprête à donner encore des jeux de 300.000 sesterces ».

Homère, Iliade, VIII, 355.

GHomI14

Tu autem si id agis ut minus mea causa, dum ego apsim, debere uidearis quam ego tua laborarim, libero te ista cura :

πάρ᾽ἔµοιγεκαὶἄλλοι, / Oἵκέ µετιµήσουσι, µάλισταδὲ

µητίεταΖεύς.

« Si, d’ailleurs, tu te proposes d’avoir l’air d’être moins tenu envers mes intérêts, pendant mon absence, que je ne me suis mis en peine des tiens, de ce soin je te tiens quitte :

Auprès de moi j’en aurai d’autres / Qui sauront m’honorer ; / Et, plus que tous, le prudent Zeus ».

Homère, Iliade, I, 174-175.

GHomI15

(…) in quibus omnibus est :

Aἴδεσθεν µὲνἀνήνασθαι, δεῖσαν δ᾽ὑποδέχθαι.

« À tous s’applique le vers :

Scrupule à refuser et crainte d’accepter ». Homère, Iliade, VII, 93. GHomI16 Ἀπογνοὺςδ᾽ἀλόγωςἀπέστη ἐπειπών : « εἴκω : αἰσχρόντοι δηρόντε µένειν ».

« Il finit par renoncer et me quitter sans donner de raison, sur ces mots : ‘Je m’en vais, / Ce serait

déshonneur de s’attarder encore’ ».

Homère, Iliade, II, 298.

GHomO5

Ἀλλ᾽ἐµὸνοὔποτεθυµὸνἐνὶ στήθεσσινἔπειθεςπατρίδος…

« Mais jamais tu n’as pu persuader mon cœur / Que la patrie fût moins… ».

Homère,

Odyssée, IX, 33-34.

GHomI17

Aliter sensero;αἰδέοµαιnon Pompeium modosedΤρῶαςκαὶ Τρῳάδας.

« En sens inverse ? Quelle honte, non devant Pompée seulement, mais devant Troyens et Troyennes ! ».

Homère, Iliade, VI, 442.

GHomI18 Πουλυδάµας µοιπρῶτοςἐλεγχείην

καταθήσει.

« Et Polydamas le premier censurera mon acte ».

Homère, Iliade, XXII, 100. GHomI19 Ἀλλὰἀχνύµτὰενοί µὲνπερπροτετύχθαι. ἐάσοµεν « Mais laissons le passé, si grand soit le chagrin ». Homère, XVIII, 112. Iliade, GHomO6

Oὐγὰρδὴτόδε µεῖζονἔπικακόν

(…).

« Car il n’est pas plus grand, le mal qui nous attend, (…) ».

Homère,

Odyssée, XII, 209.

GHomI20 Etsi mihi crebro « ξυνὸς

Ἐνυάλιος » occurrebat, (…).

« Bien que souvent me vînt à l’esprit

l’indifférence d’Ényalios (…) ».

Homère, Iliade, XVIII, 309. GHomI21 Oὕτωςπουτῶνπρόσθεν

ἐπευθόµεθακλέαἀνδρῶν.

« Ainsi fut glorifié le nom de nos ancêtres ».

Homère, Iliade, IX, 524.

GHomI22

An cuncter et tergiuerser et iis me dem qui tenent, qui potiuntur ?

‘AἰδέοµαιΤρῶας’ ; (…).

« Traîner et tergiverser, pour me donner enfin au plus sûr, au plus fort ? ‘Je crains l’opinion des Troyens’ ; (…) ».

Homère, Iliade, VI, 442.

GHomI23

Sed tamen, quicumque sunt,

αἰδέοµαιΤρῶας.

« Et pourtant, quels qu’ils soient, ‘je crains l’opinion des Troyens’ ».

Homère, Iliade, VI, 442.

GHomI24

Ego igitur, si quidem apud Homerum, cui et mater et dea dixisset :

Aὐτίκαγάρτοιἔπειτα µεθ᾽ Ἕκτοραπότµοςἕτοιµος,

matri ipse respondit :

Aὐτίκατεθναίην, ἐπεὶοὐκἄρ᾽ ἔµελλονἑταίρῳ /

κτεινοµένῳἐπαµῦναι (…).

« Me voici donc comme le héros

d’Homère à qui la déesse sa mère avait dit :

Car au destin d’Hector le tien soudain se lie.

Et il répond, lui, à sa mère :

Soudain fussé-je mort, puisque je ne pouvais / au moment qu’il périt défendre mon ami. ».

Homère, Iliade, XVIII, 96 puis 98-99.

GHomI25

(…) nunc autem, postquam Pompeius et consules ex Italia exierunt, non angor sed ardeo dolore,

οὐδέ µοιἦτορ /

ἔµπεδον, ἀλλ᾽ἀλαλύκτηµαι.

« Mais à présent que Pompée et les consuls ont quitté l’Italie, ce n’est plus anxiété, mais ardente douleur,

…mon cœur est hors de lui, mon âme en désarroi… ».

Homère, Iliade, X, 94.

GHomI26

Una fuissemus ; consilium certe non defuisset ;σύντεδύ᾽ ἐρχοµένω.

« Nous aurions été l’un avec l’autre, les conseils du moins n’auraient pas manqué ;

allant tous deux du même pas… ».

Homère, Iliade, X, 224.

GHomO7

(…) sed uereor ne Pompeio quid oneris imponam,

µή µοιγοργείηνκεφαλὴνδεινοῖο πελώρουintorqueat.

« (…) mais j’appréhende de faire peser un lourd embarras sur Pompée, et qu’il ne darde contre moi

de l’horrible Gorgô les traits épouvantables ».

Homère,

Odyssée, XI, 633.

GHomO8

Hic ego uellem habere Homeri

illam Mineruam simulatam Mentori cui dicerem,

Μέντορ, πῶςτ᾽ἄρ᾽ἴω, πῶςτ᾽ἂρ προσπτύξοµαιαὐτόν;

« Je voudrais avoir auprès de moi cette Minerve qui, dans Homère, prend les traits de Mentor, pour lui dire :

‘Aller vers lui, Mentor, et tomber dans ses bras !

Mais comment ? …’ ».

Homère,

Odyssée, III, 22.

GHomI27

Aberit non longe quin hoc a me decerni uelit, neque sit contentus Galba, Scaeuola, Cassio, Antonio ;

τότε µοιχάνοιεὐρεῖαχθών !

« Un pas encore ; et tu verras qu’il voudra me faire trancher en sens contraire, sans se contenter de Galba, de Scaevola, de Cassius, d’Antoine !

Qu’alors pour m’engloutir la terre ouvre son gouffre ! ».

Homère, Iliade, IV, 182.

GHomO9

Cum tu haec leges, ego illum fortasse conuero. « Tέτλα<θι> ». « Kύντερον » ne illud quidem nostrum proprium ; (…).

« Quand tu liras ces lignes, je l’aurai peut-être rencontré. ‘Tiens bon !’ Même le grand désastre qui m’a personnellement frappé n’était pas

‘plus pénible’ ; (…) ». Homère, Odyssée, XX, 18. GHomO10 Sed tamen « ἄλλα µὲναὐτός », ut ait ille, « ἄλλαδὲκαὶδαίµων ὑποθήσεται’ ».

« Bah ! ‘J’aurai des idées’, comme dit l’autre, ‘et quelque bon génie me soufflera le reste’ ».

Homère,

Odyssée, III, 26-27.

GHomI28

« µὴ µάν » inquit ille « ἀσπουδίγε καὶἀκλειῶς,

ἀλλὰ µέγαῥέξαςτικαὶ ἐσσοµένοισιπυθέσθαι ».

« (…) et où il me répondit (Sextus) :

‘Eh bien, non ! Surtout pas sans lutte ni sans gloire, ni sans quelque haut fait, dont le récit parvienne aux hommes à venir !’ ». Homère, Iliade, XXII, 304-305. GHomI29 « ᾽Αλλὰτὰ µὲνπροτετύχθαι ἐάσοµενἀχνύµενοίπερ », in reliquis modo ne ruamus.

« ‘Mais laissons le passé être le passé, quoiqu’il nous en coûte’, gardons-nous seulement de toute précipitation dans le reste ».

Homère, Iliade, XVIII, 112.

GHomI30

(…) uolebam prope alicubi esses, si quid bonae salutis –σύντεδύ᾽ ἐρχοµένω –.

« (…) je voulais que tu restes dans les parages, au cas où s’offrirait une chance de salut dans l’honneur –

‘quand deux hommes marchent ensemble…’ – ».

Homère, Iliade, X, 224.

GHomO11

(…) praesertim cum aps te honorificentissime inuitarer, coniungerem ;

ἀλλ᾽ἐµὸνοὔποτεθυµὸνἐνὶ στήθεσσινἔπειθεν.

« (…) alors surtout que tu me faisais le grand honneur de m’y inviter :

Mais, au fond de mon cœur, je refusais toujours ».

Homère,

Odyssée, VII, 258 et IX, 33

GHomO12

Audiebam enim nostros proceres clamitantis :

ἄλκιµοςἔσσ᾽, ἵνατίςσεκαὶ ὀψιγόνωνἐὺεἴπῃ… (1) ὣςφάτο, τὸνδ᾽ἄχεοςνεφέλη ἐκάλυψε µέλαινα(2).

« Car je prêtais l’oreille aux clameurs de nos seigneurs :

Sois vaillant pour qu’un jour quelque arrière-neveu /

Parle aussi bien que toi… / (1) Il disait ; la douleur enveloppait ce cœur /

De son nuage sombre (2) ».

(1)Homère, Odyssée, I, 302. (2)Homère, Odyssée, XXIV, 315. GHomI31

(…) hominem perustum etiamnum gloria uolunt incendere atque ita loquuntur :

µὴ µὰνἀσπουδείγεκαὶἀκλειῶς ἀπολοίµην, /

ἀλλὰ µέγαῥέξαςτικαὶ ἐσσοµένοισιπυθέσθαι.

« (…) mon âme déjà consumée, on veut encore l’enflammer de la passion de la gloire avec ces paroles :

Non ! je ne mourrai pas sans lutte ni sans gloire, /

Ni sans quelque haut fait dont le récit parvienne /

Aux hommes à venir ».

Homère, Iliade, XXII, 304-305.

GHomI32

quem uersum senex Precilius

laudat egregie et ait posse eundem et « ἅµαπρόσσωκαὶὀπίσσω » (1) uidere et tamen nihilo minus

αἰὲνἀριστεύεινκαὶὑπείροχον ἔµµεναιἄλλων(2).

« le vieux Précilius cite ce vers avec prédilection et affirme qu’on peut très bien regarder

tout à la fois devant et derrière soi (1)

et néanmoins

en tout temps exceller et surpasser les autres (2) ». (1)Homère, Iliade, I, 343 et Odyssée, XXIV, 452. (2)Homère, Iliade, VI, 208 et XI, 784.

GHomI33 (…) et simul αἰδέοµαιΤρῶας,(…). (…) et, avec cela, ‘je crains les

Troyens’ ; (…) ».

Homère, Iliade, VI, 442. GHomI34

Nec tamen αἰδέοµαιΤρῶας; quid enim ?

« Et d’ailleurs ce n’est pas que je craigne les Troyens ; pourquoi aurai-je cette crainte ? ».

Homère, Iliade, VI, 442.

GHomI35

Volo Varronem, praesertim cum ille desideret ; sed est, ut scis,

δεινὸςἀνήρ: τάχακενκαὶἀναίτιον αἰτιόῳτο.

« Je tiens à Varron, d’autant plus que lui-même le désire ; mais, tu ne l’ignore pas, c’est

un homme redoutable ; il ferait des reproches /

à des gens sans reproche ».

Homère, Iliade, XI, 654.

GHomI36

(…) est mehercule, ut dicis, utriusque loci tanta amoenitas ut dubitem utra anteponenda sit :

« ἀλλ᾽οὐδαιτὸςἐπηράτουἔργα µέµηλεν, / ἀλλὰλίην µέγαπῆµαδιοτρεφὲς εἰσορόωντες / δείδιµεν·ἐνδοιῇδὲσαωσέµενἢ ἀπολέσθαι ? ».

« (…) ma foi, les deux endroits ont tant de charme que je ne sais lequel préférer :

‘Mais nous ne pensons pas aux soins d’un doux repas ; /

Voyant un tel désastre, ô nourrissons des dieux,

Nous tremblons et doutons : le salut ou la mort… ?’ ».

Homère, Iliade, IX, 228-230.

GHomI37

(…) et nescio quo pacto tibi ego possim, mihi tu dicere :

« τέκνονἐµόν, οὔτοιδέδοται πολεµήιαἔργα, /

ἀλλὰσύγ᾽ἱµερόεντα µετέρχεο ἔργαλόγοιο».

« (…) et puis, d’une façon ou d’une autre, nous pouvons nous dire réciproquement :

‘Loin de toi, mon enfant, les travaux de la guerre !

Recherche les travaux riants de la parole’ ». Homère, Iliade, V, 428-429. GHomI38 Et ais« µετ᾽ἀµύµονα » ; tu uero ἀµύµων, ille quidemἄµβροτος!

« Et tu dis : ‘… venant après

l’Irréprochable’ (Achille), mais c’est toi [Attcius] ‘l’Irréprochable’, lui [Cornelius Nepos] est un

‘Immortel’ ».

Homère, Iliade, XVII, 280.

GHomO13

Sed putabam, cum Regium uenissem, fore ut illic « δολιχὸν πλόονὁρµαίνοντες » cogitaremus corbitane Patras an actuariolis ad Leucopetram Tarentinorum atque inde Corcyram (…).

« Mais c’est, je pense, un fois arrivé à Reggio que, ‘méditant sur mon long voyage’, je procéderai au choix entre un bateau de transport à destination de Patras et des barques pour Leucopétra des Tarentins et, de là, Corcyre (…) ». Homère, Odyssée, III, 169. GHomI39 (…) tantum ut sciant παῖδες παίδων (…).

« (…) juste assez pour que les enfants de nos enfants soient informés (…) ».

Homère, Iliade,