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Classe thermique du cours d’eau

Dans le document Direction de la faune et des habitats (Page 22-28)

3. RÉSULTATS ET RECOMMANDATIONS PARTICULIÈRES

3.2.2 Classe thermique du cours d’eau

Selon les résultats présentés au tableau 3, les rivières Mistigougèche et Pelletier présenteraient une problématique de température estivale trop élevée pour l’omble de fontaine. De ce fait, elles obtiennent un IQTM de 0,5 (tableau 4). Il est à noter que la problématique est claire pour la rivière Mistigougèche mais que dans le cas du ruisseau Pelletier, les températures indiquent plutôt une situation limite entre les zones acceptable et de transition sur l’abaque d’acceptabilité thermique (annexe 1).

Aucun problème particulier n’a été rencontré dans l’évaluation de cette variable.

Il faut cependant tenir compte des restrictions et de la mise en garde exprimées dans le nomogramme d’acceptabilité thermique. En cas de doute, un suivi plus rigoureux et complet de la température doit être effectué. Lorsque les études de terrain se déroulent sur plusieurs jours, il est pertinent de répéter les mesures quotidiennement afin d’avoir plusieurs points à positionner sur le nomogramme.

Il est recommandé de conserver la température maximale estivale dans l’évaluation des rivières à omble de fontaine. Il s’agit d’un facteur limitant très pertinent pour l’espèce.

3.2.3 Proportion de fosses

La proportion de fosses dans les cours d’eau examinés variait de moins de 1 % à 14 % (tableau 3). De ce fait, l’IQPF varie de nul à 0,5 (tableau 4).

L’estimation de cette variable est d’autant plus complexe que le cours d’eau est important en termes de débit ou de largeur. Pour les grosses rivières comme la Mistigougèche et la Montmorency, la présence de fosses d’une importance écologique pour l’omble de fontaine devient difficile à détecter. De ce fait, notre évaluation est peu fiable dans ces cours d’eau. Dans les rivières de plus petite dimension, les fosses qui constituent la plupart du temps de petits bassins entre les rapides sont plus faciles à localiser et à évaluer. Par contre, de très petites fosses qui peuvent jouer un rôle non négligeable pour les juvéniles passent facilement inaperçues, à moins d’examiner chaque portion de segment au peigne fin. Dans les deux cas, il est difficile d’extrapoler le pourcentage de fosses d’un segment à l’autre, ce qui implique un examen systématique de toute la rivière, pour avoir une idée juste de l’importance des fosses comme composante de l’habitat. Des expériences d’aménagements d’habitats ont démontré que l’accroissement du nombre de fosses n’augmente pas nécessairement le nombre d’individus présents, mais crée plutôt un site de concentration (Fausch et al. 1995). Par exemple, dans la forêt Montmorency, il existe très peu de fosses dans la rivière à cause de la pente accentuée et du fort encaissement du lit de la rivière. Par contre, les densités d’omble de fontaine sont élevées. La taille des ombles y est toutefois inférieure à celle retrouvée dans le secteur amont, là où les faciès d’écoulement sont plus variés et où les assemblages granulométriques sont plus hétérogènes.

Étant donné que l’absence de fosses n’empêchera pas l’omble de fontaine de bien survivre dans une rivière, contrairement à une problématique de température ou d’acidité qui peut limiter sévèrement la densité d’une population, nous recommandons de retenir la proportion de fosses pour évaluer le potentiel d’un cours d’eau, mais seulement à des fins qualitatives et ce, afin d’estimer les besoins d’aménagements, particulièrement dans les petits cours d’eau.

3.2.4 Qualité du substrat des frayères potentielles

Deux des rivières examinées, à savoir les rivières Saint-Louis et Mistigougèche, présentaient un substrat nettement trop grossier pour que des aires de fraie potentielles pour l’omble de fontaine soient identifiées (tableau 3). Le régime hydrique de ces rivières ne semble pas favoriser le dépôt de gravier d’un diamètre approprié pour la reproduction, du moins dans les secteurs examinés.

Pour ces raisons, des IQSF quasi nuls sont attribués à ces rivières (tableau 4).

Pour les deux autres cours d’eau, en l’occurrence les rivières Montmorency et Pelletier, l’analyse granulométrique des échantillons de substrat dans les aires de fraie potentielles a permis de calculer un indice de fredle moyen de 2,2 et 1,6 respectivement (tableau 3). À ces valeurs sont associés des IQSF de 0,45 et 0,35 (tableau 4).

Le principal problème concernant cette variable réside en la localisation des sites de fraie potentiels. Dans les rivières, il est possible que les populations résidentes fraient dans de petits secteurs restreints disséminés un peu partout. Il n’y a pas nécessairement de zones de fraie de vaste superficie. Pour les rivières de plus grande importance, les sites restreints sont souvent difficiles à déceler.

Par exemple, malgré des recherches intensives sur trois ans, des sites de fraie réels n’ont jamais été trouvés dans la portion supérieure (16 premiers kilomètres) de la rivière Montmorency. De plus, la qualité du substrat de cette rivière ne semble pas particulièrement favorable à l’éclosion en raison de la forte

proportion de sable qu’on y retrouve. Ce phénomène est dû en bonne partie à la nature géologique des sols dans cette région et peut-être aussi aux activités de coupe forestière dans le secteur. Par contre, la rivière supporte de très bonnes densités d’omble de fontaine. Il y a donc forcément des aires de reproduction qui, même si elles ne permettent pas un taux d’émergence maximal, sont en assez grand nombre pour fournir, à tout le moins, le nombre de juvéniles nécessaire au maintien d’une population en équilibre avec la capacité de support du milieu.

Étant donné la problématique décrite ci-haut, nous recommandons de conserver la qualité du substrat dans les frayères à titre d’indicateur qualitatif plutôt que quantitatif. Cette variable mérite d’être examinée et des projets d’aménagements devraient être considérés si des lacunes importantes à ce niveau se reflètent dans l’abondance des ombles alors qu’aucun autre indice de la qualité de l’habitat ne semble limiter la production.

3.2.5 Présence d’autres espèces ichtyologiques

Les résultats pour cette variable sont présentés au tableau 3. La rivière Montmorency, dans le secteur étudié, présente une population allopatrique d’omble de fontaine. Les rivières Saint-Louis et Pelletier présentent une communauté simple constituée d’omble de fontaine et d’un cyprinidé, soit le naseux des rapides (Rhinichthys cataractae). Enfin, la rivière Mistigougèche présente une communauté plus complexe dans laquelle l’omble de fontaine est associé au naseux des rapides, au chabot visqueux (Cottus cognatus) et au saumon atlantique (Salmo salar). Cette dernière espèce serait la plus limitante pour les ombles. Selon la composition de la communauté, les IQEI pour ces rivières varient entre 0,4 et 1 (tableau 4).

Aucune contrainte particulière n’a été rencontrée dans la mesure de cette variable. Toutefois, dans le cas de rivières de plus forte envergure, il est possible

que certaines espèces aient été présentes, mais difficilement capturables étant donné leur préférence pour les habitats situés en zones profondes.

Nous recommandons de retenir la présence d’autres espèces ichtyologiques, puisque cette variable a été privilégiée dans de nombreuses études et qu’elle est relativement simple à évaluer. Par contre, des travaux de recherche en vue de quantifier l’impact des divers groupes ichtyologiques sur l’abondance des ombles en milieu lotique mériteraient d’être entrepris. En effet, les indices de qualité utilisés ici pour les différents groupes ichtyologiques ont été dérivés d’études effectuées en lac, à l’exception de l’impact des autres salmonidés sur l’omble de fontaine, évalué en rivière.

3.2.6 Classement des rivières

Si l’on tient compte de tous les indices individuels, trois des rivières examinées obtiendraient un indice de qualité global (IQG) nul. Pour deux d’entre elles, soit la Mistigougèche et la Saint-Louis, ce résultat correspond à la réalité reflétée par la biomasse mesurée. En faisant abstraction des variables concernant les proportions de fosses et la qualité des frayères, compte tenu des problèmes associés à leur mesure, des IQG de 0,8, 0,2, 0,5 et 0,4 sont obtenus pour les rivières Montmorency, Saint-Louis, Pelletier et Mistigougèche respectivement.

Les rivières présentant les IQG les plus faibles sont caractérisées par des biomasses nulles. Dans le cas de la rivière Saint-Louis, le problème d’acidité des eaux, la présence de cyprins ainsi que le régime hydrologique peu favorable à la déposition de gravier offriraient une explication possible à l’absence d’omble de fontaine dans ce cours d’eau dont le bassin est pourtant colonisé par l’espèce.

Dans la rivière Mistigougèche, une température maximale estivale légèrement limitante, la présence du saumon atlantique et un régime hydrologique favorisant un substrat très grossier plus favorable au saumon qu’à l’omble de fontaine pourraient expliquer l’absence presque totale de ce dernier. La rivière Montmorency affiche l’IQG et aussi la biomasse les plus élevés. Le ruisseau

Pelletier présente un habitat adéquat pour l’omble de fontaine, mais la présence de cyprins pourrait vraisemblablement expliquer une partie de la diminution de la biomasse par rapport à une rivière allopatrique. L’interaction entre les juvéniles d’omble de fontaine et les naseux serait à documenter puisque ce cyprin est très répandu dans les ruisseaux et rivières du Québec.

Au terme de cet exercice, il ressort que le lien entre l’IQG et l’abondance des ombles reflète une certaine réalité. Malheureusement, le nombre restreint de rivières étudiées, en raison de contraintes financières, ne permet qu’un examen de ces tendances et non l’établissement d’une relation mathématique entre la biomasse et les indices individuel ou global.

Dans le document Direction de la faune et des habitats (Page 22-28)

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