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ousavons effectué une première campagne de terrain afin d’identifier les sites potentiels et d’évaluer les difficultés d’échantillonnage inhérentes aux prélèvements de terrain dans des systèmes aussi complexes que les écosystèmes forestiers. Pour cette mission en Corse d’une semaine (10 - 17/06/2015), nous étions cinq : mes deux directeurs de thèse et moi-même avons eu la chance d’être accompagnés de deux chercheurs spécialistes du feu : Thomas Curt (Directeur de recherche, IRSTEA) et Peter Fulé (Professeur, Northern Arizona University). Peter Fulé est un spécialiste de la reconstruction des histoires de feu dans les forêts de Pinus nigra (e.g Fulé et coll.2008; Christopoulou et coll.2013) et sa connaissance des traces de feu a été cruciale dans la détermination des sites (Fig.II.1) et dans notre compréhension de l’impact des feux sur les pins noirs.

Choix des sites et des parcelles

Pour chaque variable (intensité et date du feu, profondeur et composition de la végétation dominante), nous avons effectué cinq carottes dans trois parcelles différentes et dans plusieurs massifs forestiers (les « sites »). L’ensemble du plan d’échantillonnage est résumé dans la figureII.9. Les sites, et à l’intérieur des sites les parcelles, ont été choisis en homogénéisant au maximum les variables environnementales telles que l’altitude1, la végétation de sous bois2, l’absence de coupes récentes à proximité ou encore l’âge des arbres3.

Choix des forêts ayant subi des feux de sévérité différente

Les sites sélectionnés pour étudier l’effet du feu sur les ectomycorhizes ont été choisis grâce à la campagne de terrain préliminaire et à des discussions avec les membres de la DFCI (Défense de la forêt contre les incendies) d’Ajaccio : Fabrice Torre, le commandant Jérôme Mozziconacci et

1. En moyenne les sites sont situés à 1 089m ± 158 m, avec un maximum de 1 529 m dans une Hêtraie-pinède et un

minimum de 661 m correspondant à des parcelles de pin maritime pure. Pour les parcelles de pin laricio seul, l’altitude moyenne est de 1 087m ± 181m (min : 715 m, max : 1 450 m).

2. En évitant particulièrement les autres espèces de plantes ectomycorhiziennes.

3. En dehors des zones détruites par les feux, les prélèvements étaient toujours effectués auprès d’arbres matures

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1 Phillippe Caramelle et les agents forestiers de l’ONF Pierre-Jean Pace, Germain et Antoine Paolacci,

Alain Chavenon et Stéphane Muracciole .

Trois catégories d’intensité de feu ont été établis. Les parcelles témoins (Fig.II.2a) n’ont aucune trace visible de feu et aucun feu n’est répertorié dans les bases de données des forestiers. Les parcelles parcourues par le feu (Fig.II.2b) sont constituées de pins ayant survécu au passage du feu et présentant des traces de feu (voir Fig.II.4c). Enfin, les parcelles détruites par le feu (Fig.II.2c) sont constituées de plantes qui ont recolonisées après feu, avec parfois des traces de feu encore visibles, notamment sur les troncs au sol. Les zones parcourues ou détruites se situent dans des zones indiquées comme telles dans les bases de données (voir Fig.II.4b).

Choix des forêts monospécifiques et des forêts mixtes

Les sites sélectionnés pour étudier l’effet de la coexistence des arbres sur les communautés de champignons ECM remplissent trois conditions. (i) Ce sont des massifs forestiers incluant les trois types de forêts monospécifiques (pin laricio, hêtre et pin maritime ; figureII.3a-e) et les deux forêts en mélange (hêtre-pin laricio et pin maritime-pin laricio ; Fig.II.3detf). (ii) Les parcelles ne devaient contenir en espèces de plantes ectomycorhiziennes que les essences d’intérêts. Par exemple, nous avons évité des sites et des parcelles contenant des chênes verts (Quercus ilex) en sous bois. (iii) Les forêts échantillonnées devaient être constituées de nombreux arbres âgés (dbh > 30 cm environ) pour éviter un effet confondant de l’âge des plantes sur les communautés de champignons ECM.

Au sein des parcelles de forêt mixte, les échantillons de sol et de racine ont été prélevés à proximité d’adulte des deux essences. De plus, les carottes de sol dans lesquelles seule une essence était présente sous forme de racine étaient laissées de côté et remplacées par une nouvelle carotte.

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1 Contexte biogéographique des points d’échantillonnage (légende de la figure page précédente) :

a) Carte de la distribution des feux (orange), du pin laricio (Pinus nigra subsp laricio, vert), du hêtre (Fagus sylvatica, bleu) et du pin maritime (Pinus pinaster, violet) en Corse. La distribution des feux est issue de la base de donnéesProméthéepour les années 1955-2007 (extraction du Conservatoire National Botanique de Corse). Les distributions des essences forestières sont issues du Conservatoire National Botanique de Corse à partir de données IGN (Institut Géographique National). b) Distribution du couvert forestier (en vert) et de son évolution en Corse entre 2000 et 2014. L’augmentation du couvert forestier (en bleu) est moins importante que la perte de forêt (en rouge) qui est principalement causée par les feux. Les données proviennent de l’étudeHigh-Resolution Global Maps of 21st-Century Forest Cover Change qui utilise les images Landsat pour établir la distribution et l’évolution du couvert forestier (Hansen et coll.2013) . c) Agrandissement de la zone d’étude et position des points d’échantillonnage (points gris). Légende identique à celle du panel a. d) Carte de situation de la zone d’étude (source :Open Street Map). e) Agrandissement de la zone d’étude montrant la distribution et les changements de couvert forestier. Légende identique à celle du panel b. f) Distributions temporelles de perte de couvert forestier dans la zone d’étude. Les pertes importantes de couvert forestier de l’année 2000 (en jaune) correspond aux nombreux feux de forêts ayant eu lieu en 2000 en Corse. Source identique aux panels b et e.

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a

c

e

b

d

f

Forêt témoin Forêt p ar cour ue Forêt détruite

FigureII.2–Modalités d’intensité de feu de forêt : Les forêts témoins (a et b) ne présentent pas de trace de feu. Au contraire les forêts parcoures (c et d) présentent de nombreuses traces de feu mais de nombreux arbres ont survécus. Enfin, dans les forêts détruites par le feu (e et f) la végétation présente est issue d’une colonisation post-feu et des traces du feu sont souvent encore visibles. La photo c présente des traces du feu de Tatonne en 2008, les photos d, e et f montrent des traces des feux de 2000 dans le massif de Ghisoni. Crédit photographique photo (e) : Christopher Carcaillet.

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1 Forêt monospécifique a e c Forêt mélangée b f d Pin laricio Hêtr e Pin mariti me

Figure II.3–Forêts échantillonnées monospécifiques ou en mélange : Forêts monospécifiques de pin laricio (a), hêtre (c) et pin maritime (e) dans le massif de Ghisoni. Les trois essences ont des écorces caractéristiques (b ; de gauche à droite : pin maritime, pin laricio et hêtre). Le massif de Ghisoni abrite également des forêts mixtes hêtre-pin laricio (d) et des mélanges pin maritime-pin laricio (f).

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