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Choix de la population, quasi-expérience et validité

Les individus interrogés sont tous des agents de l’université de Strasbourg. Notre démarche ne consiste pas à étudier les caractéristiques de cette population à proprement parler, mais à pouvoir aborder une population socialement hétérogène qui partage un même ancrage spatial afin de rendre possible leur comparaison.

En effet, nous nous attendons à ce que les représentations et les pratiques qui définissent la relation individu-milieu soient dépendantes des positions sociales. Dès lors, il est impossible de se concentrer sur un groupe social en particulier, ce qui empêcherait d’explorer notre problématique. Néanmoins, le fait de maintenir un ancrage (socio-)spatial comme le lieu de travail permet d’une part de réduire les variations impliquées dans la relation individu-milieu, et d’autre part d’assurer, d’un point de vue sociologique, que tous les individus évoluent dans le même champ. Ces deux critères sont essentiels pour les comparaisons que nous projetons d’effectuer. En effet, il est alors possible de comparer les représentations, les pratiques et les positions sociales selon des points communs partagés par l’ensemble des personnes. Par exemple, le fait de n’aborder que le champ académique permet de comparer les positions sociales les unes par rapport aux autres selon une hiérarchisation partagée, ainsi que par des dynamiques et des enjeux sociaux qui leur sont propres. De plus, étant entendu que la localisation spatiale du lieu de travail est un élément important dans l’organisation du rapport quotidien à la ville (Carpentier, 2010), ne pas prendre en compte ce critère géographique revient à l’exclure de l’analyse des différences observées. La localisation spatiale du lieu de résidence aurait également pu être maintenue constante, mais nous pourrions nous heurter à une possible homogénéité de la population due à l’existence des ségrégations socio-spatiales (Préteceille, 2003). Les caractéristiques sociodémographiques et les positions sociales des individus sont effectivement étroitement liées à leur lieu de résidence.

1.1. Population parente à celle de l’enquête

L’Université de Strasbourg existe officiellement depuis 1621. Après avoir été délocalisée à Clermont-Ferrand durant la Seconde Guerre mondiale, elle est réinstallée à Strasbourg et se développe considérablement. Le nombre d’étudiants triple, un campus central est construit dans le quartier de l’Esplanade et un autre campus dédié à la recherche est construit dans le quartier Cronenbourg. Suite à la loi Faure, l’Université est scindée en trois institutions distinctes en 1971 : l’Université Louis Pasteur spécialisée dans les sciences et la santé ;

l’Université Marc Bloch spécialisée dans les sciences humaines ; et l’Université Robert Schuman spécialisée dans les domaines juridique, politique, social et technologique. Ce n’est que récemment que ces trois institutions ont été réunifiées, en 2009, pour former une seule et même université pluridisciplinaire qui recouvre l’ensemble de ces domaines de formation. En 2014, elle se compose de 37 composantes d’enseignement, de 72 unités de recherche et de 6 unités de services. On y compte 2511 enseignants et enseignants-chercheurs (47.97 % des agents), 2230 personnels des bibliothèques, ingénieurs, administratifs, techniciens, de service et de santé (BIATSS) qui représentent 42.61 % des agents et 493 personnels contractuels sur mission de valorisation (9.42 % des agents). Parmi ces 5234 agents de l’Université, 64.06 % d’entre eux sont titulaires (3353 individus). On remarque 48.9 % (2559 individus) d’hommes et 51.1 % de femmes (2675 individus), qui ont en majorité entre 40 et 49 ans (figure 8).

Figure 8 : Effectif des agents de l’université de Strasbourg selon leur âge et leur sexe, d’après le bilan social 2014 de l’Université de Strasbourg.

En ce qui concerne les enseignants, 73 % d’entre eux sont titulaires. Ils ont un âge moyen de 48 ans, et 60 % sont des hommes. Les enseignants-chercheurs ont un âge moyen de 48 ans, et 63.61 % d’entre eux sont des hommes.

Pour les BIATSS, 30.1 % d’entre eux sont de catégorie A, 26.9 % de catégorie B et 43 % de catégorie C. Ils ont un âge moyen de 44 ans, 68 % d’entre eux sont titulaires et 65 % sont femmes.

1.2. Population de l’enquête

Une enquête auto-administrée en ligne a ainsi été proposée à l’ensemble de cette population. Cette procédure a eu l’avantage de faciliter la diffusion d’un questionnaire à plus de 5000 personnes, tout en assurant l’anonymat de leurs réponses. Cependant, elle a également entraîné l’apparition de nombreux questionnaires inexploitables du fait de la présence importante de non-réponses. Si la procédure du recueil des données est décrite plus précisément par la suite, il semble essentiel de préciser dès à présent que seuls les questionnaires qui renseignaient au moins une caractéristique sociodémographique demandée sur la personne avaient été retenus. En effet, il s’agit d’une condition minimale pour identifier l’appartenance de l’individu à un groupe social et pour réaliser des traitements statistiques. De cette façon, il faut également noter que le nombre de participants actifs dans les descriptions statistiques peut fluctuer d’une variable à l’autre.

Finalement, 681 questionnaires/personnes sont retenu-e-s pour les besoins de l’enquête. Parmi ceux-ci, on note la présence de 248 enseignants-chercheurs (ATER et post-doctorants inclus), de 368 BIATSS et de 36 étudiants (doctorants et stagiaires). Ils représentent respectivement 36.42 %, 54.04 % et 5.28 % des enquêtés retenus. Précisons également la présence de 29 individus qui ne renseignent pas leur statut professionnel (4.26 %).

L’ensemble de ces personnes a un âge moyen de 43 ans, 236 d’entre eux sont des hommes (34.65 % des individus) et 441 d’entre eux sont des femmes (64.76 % des individus). Les variables « âges » et « sexe » ne sont pas renseignées par 4 individus (0.59 %).

En ce qui concerne les agents, hormis les 36 étudiants, 524 d’entre eux sont titulaires (81.24 % de ces individus) contre 114 contractuels (17.67 % des ces individus). Cette caractéristique n’est pas renseignée par 7 personnes (1.09 % de ces individus).

En observant plus précisément ces caractéristiques selon le statut professionnel, il apparaît que les enseignants-chercheurs ont une moyenne d’âge de 46 ans, les BIATSS de 42 ans, et les étudiants de 29 ans.

En ce qui concerne le sexe, on s’aperçoit que 47.98 % des enseignants-chercheurs sont des hommes contre 23.91 % chez les BIATSS. À l’inverse, 75.81 % des BIATSS sont des femmes contre 51.21 % chez les enseignants-chercheurs. Les étudiants se composent de

Hommes Femmes Non-réponses Total Enseignants-chercheurs 119 127 2 248 BIATSS 88 279 1 368 Étudiants 17 19 0 36 Non-réponses 12 16 1 29 Total 236 441 4 681

Tableau 2 : Effectif des individus selon leur sexe et leur statut professionnel

Parmi les BIATSS, dont 294 sont titulaires (79.9 % de ces individus), il existe 161 personnes de catégorie A (43.75 %), 93 personnes de catégorie B (25.27 %) et 90 personnes de catégorie C (24.46 %). Cette caractéristique n’est pas renseignée par 24 personnes (6.52 %).

Cette description permet de constater l’hétérogénéité sociodémographique des 681 individus retenus pour l’enquête. Il apparaît également que cette population précise ne reflète pas exactement les proportions décrites vis-à-vis de la totalité des agents de l’Université de Strasbourg. On constate par exemple une surreprésentation de BIATSS, catégorie au sein de laquelle sont déjà surreprésentés les personnels féminins de catégorie C, etc. Cela s’explique certainement par le fait que les personnes qui ont spontanément accepté de participer à l’enquête ne se distribuent pas de façon aléatoire, et qu’aucune mesure d’échantillonnage au sein de cette population n’a été mise en place. Cependant, ceci ne constitue en aucun cas une difficulté puisque, rappelons-le, notre volonté n’est pas d’avoir un échantillon représentatif des agents de l’Université de Strasbourg, mais simplement de pouvoir aborder une population socialement hétérogène qui partage un même ancrage socio-spatial, comme c’est le cas en l’espèce.