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Chevauchement de taille chez les calanidés

Chapitre 4. Reproductive phenology, fitness, and morphological characteristics of hybrids between

5.1 Chevauchement de taille chez les calanidés

5.1.1 Résumé, impacts et limitations

Le chevauchement de taille entre les espèces de calanidés est important dans certaines régions du nord-est de l’Atlantique. Avant cette thèse, le chevauchement de taille était connu dans le nord-est de l’Atlantique chez les stades nauplii et copépodites seulement entre les espèces C. glacialis et C.

finmarchicus (Sundt et Melle 1998 ; Lindeque et al. 2004). La variabilité spatiale de l’ampleur du

chevauchement de taille avait aussi été rapportée dans deux régions d’échantillonnage (Sundt et Melle 1998). D’une part, le deuxième chapitre de cette thèse confirme ces résultats pour l’ouest de l’océan Atlantique. D’autre part, il précise l’ampleur de la variabilité spatiale de ce chevauchement.

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En effet, la taille des calanidés du nord-ouest de l’Atlantique varie grandement en fonction du site au sein d’une même région dans le nord-ouest de l’Atlantique et de l’Arctique. Il est rapporté pour la première fois que le chevauchement de taille varie de manière interannuelle. Cette variabilité spatiale et temporelle a pour effet de rendre imprévisible le chevauchement de taille entre ces espèces dans l’ouest de l’océan Atlantique et dans l’archipel canadien arctique.

Plusieurs aspects non négligeables limitent cependant l’extrapolation des résultats de cette thèse sur la variabilité temporelle du chevauchement de taille. Tout d’abord, bien qu’aucune variabilité intra- annuelle de la taille n’ait été observée à la station Rimouski, il est possible qu’elle existe à d’autres stations ou dans d’autres régions de l’aire d’étude. Par ailleurs, la variabilité interannuelle de la taille n’a été étudiée que sur deux années à quatre stations ce qui limite la possibilité de conclure quant à l’ampleur de cette variabilité dans les différentes régions étudiées. En effet, chacune des stations étudiées présente une variabilité interannuelle qui n’est pas typique de l’ensemble des stations de sa région.

Dans les chapitres 3 et 4 de cette thèse, il est présenté que la longueur de prosome varie aussi en fonction du génotype cytonucléaire et du stade des individus. En effet, les hybrides au stade CV ont soit une taille intermédiaire aux espèces parentales ou encore équivalente à C. glacialis, tandis que les femelles hybrides ont une taille équivalente à celle de leur ancêtre maternel. La variabilité de taille entre les stades pourrait être expliquée par la variabilité spatiale. En effet, les individus de toutes les stations de l’ouest de l’Atlantique et de l’Arctique ont été utilisés pour caractériser les longueurs de prosome des différents génotypes dans le chapitre 3. Si l’on considère seulement les individus de la station Rimouski, on note que les hybrides ont aussi des tailles équivalentes à celles de l’ancêtre maternel pour le stade CV (Ff : 2,58 ± 0,02, Hf : 2,65 ± 0,08, Hg : 3,26 ± 0,05, Gg : 3,13

± 0,05, erreur-type) comme pour les femelles adultes dans le chapitre 4. Cette différence entre les chapitres 3 et 4 est donc peut-être simplement expliquée par de la variabilité spatiale du chevauchement entre les espèces C. glacialis et C. finmarchicus. Dans le quatrième chapitre, il est aussi présenté que certaines caractéristiques secondaires soit la couleur et la présence d’une membrane chez les femelles hybrides sont aussi semblables à celles de leur ancêtre maternel. Ainsi, il n’est pas possible de discriminer les hybrides des espèces parentales d’après les trois critères morphologiques utilisés et ce, peu importe le stade de développement considéré.

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5.1.2 Perspectives : caractères morphologiques distinctifs chez calanidés

D’après le deuxième chapitre de cette thèse, il semble évident que l’identification des espèces par la taille est problématique dans la zone de sympatrie puisque l’ampleur du chevauchement de taille varie spatialement et temporellement. Cependant, l’identification par la taille est la seule méthode rapide de discrimination des espèces dont les océanographes disposent. Puisque ces derniers veulent continuer d’utiliser la taille comme critère d’identification, il serait d’abord nécessaire d’évaluer, dans les années futures, la variabilité temporelle de la taille à toutes les stations étudiées dans le nord-est de l’Atlantique et Arctique en combinant l’identification morphologique et génétique. Ceci permettra tout d’abord de corriger les abondances estimées par la taille. Ensuite, ceci permettra d’évaluer la variabilité temporelle de l’erreur d’identification reliée à la taille. Au final, il sera peut- être possible de déterminer une taille discriminante optimale pour les différentes stations, tel que présenté au deuxième chapitre, et ce, seulement si la variabilité temporelle est prévisible.

Par ailleurs, la variabilité des caractéristiques discriminantes entre C. glacialis et C. finmarchicus chez les adultes identifiées par Frost (1974), Fleminger et Hulseman (1977), telles que la courbe du basipode de la cinquième paire de pattes et le profil de pores sur l’urosome chez les femelles (Frost 1974 ; Fleminger et Hulsemann 1977), restent à évaluer. Pour ces caractères, des formes intermédiaires ont d’ailleurs déjà été identifiées dans différentes régions (Jaschnov 1970 ; Frost 1974). Quant à Frost (1974), bien qu’il mentionne dans une publication l’absence d’hybrides, il a reconnu récemment que les individus avec des formes intermédiaires pour ces caractères pourraient être des hybrides (Frost, comm. pers.). Pour évaluer si ces caractères sont intermédiaires chez les hybrides, il serait possible de tout d’abord retirer la cinquième paire de pattes et l’urosome des individus et de procéder à leur analyse à l’aide des protocoles décrits dans Frost 1974 et Fleminger et Hulsemann 1977. Le reste du corps pourrait ensuite servir au genotypage.

Ailleurs dans le monde, de nombreuses espèces calanidés en zone de sympatrie sont aussi identifiées par la taille. C’est le cas notamment de C. pacificus et C. marshallae dans l’est ou de C.

pacificus et C. glacialis dans le nord du Pacifique (Frost 1974 ; Peterson 1980). Jusqu’à présent,

aucune étude ne porte sur le chevauchement de taille entre ces espèces dans ces régions. Par ailleurs, de nombreux autres invertébrés marins sont aussi toujours discriminés par la taille (Knowlton 1993). Il est très probable qu’il existe aussi des erreurs d’identification chez un bon nombre de ces espèces marines.

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