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Chercher la source du problème : le secteur de l’industrie

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Consommateurs, ProduCteurs : Qui sont les res- Ponsables ?

Comme nous avons pu le voir avec l’ONG Trash Hero, la plupart des initiatives locales visent à sensibiliser les citoyens. De quelle façon s’y prennent-elles ?

Globalement, les mouvements citoyens locaux sou- lignent l’importance de ne pas montrer du doigt les comporte- ments négatifs. Au contraire les acteurs, associations, ONG etc cherchent à créer un mouvement social et convivial. Leur but est d’inciter les populations à changer leurs comportements, de façon pédagogique et ludique, en soulignant les bonnes actions, plutôt qu’en dénonçant les mauvaises.

«Le premier jour, nous avons invité des gens à ramasser les dé- chets ensemble. Les retours que l’on a eu disaient «Vous n’allez jamais y arriver si vous ne changer pas les habitudes des gens en premier» ou encore «Vous avez besoin de changer leur état d’esprit». Cependant, Trash Hero est différent, parce que nous ne nous plaignons pas, et nous n’accusons jamais personne» Docteur Nattapong Nithi-Uthai, fondateur de Tlejourn et membre de Trash Hero1

«Le message est toujours positif et apolitique. Nous ne mon- trons jamais du doigt ou cherchons des responsables : nous voulons inspirer le changement, et non que les gens se sentent observés ou jugés.»

Seema, Trash Hero Pattani

Motiver les gens à s’investir dans la protection de l’en- vironnement et de nos milieux de vie n’a de sens que si c’est solidaire, il faut «donner envie».

«Ce qui est bien c’est que c’est fun ! Il faut qu’on s’éclate pour emmener le monde avec nous»2

Philippe Comtess, Station-Service (Ressourcerie-Recyclerie)

1Interview de Nat- tapong Nithi-Uthai, The Standard, le 11 sep- tembre 2017

https://www.facebook. com/thestandardth 2 Nantes Festival Amour Amer, le 18 novembre 2017

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L’industrie du plastique : Un secteur luxuriant.

Derrière la pollution plastique se cache une industrie flo- rissante en Asie du Sud-Est. Cette industrie représente 20% de la production mondiale, au sein des 10 pays membres de l’As- sociation des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), les produits plastiques ont rapporté à la région près de 40 milliards de dol- lars de recettes d’exportation en 2013 3. Parmi les pays membres

on retrouve l’Indonésie, les Philippines, le Vietnam et bien sur la Thaïlande. Si cette association de pays vous dit quelque chose, c’est normal ce sont les mêmes que l’on retrouve au classement des cinq premiers pollueurs plastique des océans. Seule la Chine manque à l’appel, mais l’unique raison est le fait qu’elle ne fasse pas partie de l’ASEAN. En effet, le pays n’est pas en reste puisqu’il est le premier producteur et exportateur au monde.

Au niveau mondial, cette industrie est stimulée par la hausse des revenus, la croissance démographique, l’urbanisation et l’évolution des modes de vie. La consommation mondiale de plastique a quasiment triplée au cours des vingt dernières année et ne semble pas prête à ralentir, entraînant avec elle une pollu- tion croissante dans les fleuves et les oéans. Au contraire, en Asie, les pronostiques prévoient une augmentation de la consomma- tion plastique de 80% d’ici 20254.

L’exportation est le moteur de l’économie thaïlandaise, bien que fragilisée par la crise économique de 1997, ce secteur ne cesse de grossir d’année en année. Ceci est du en grande partie aux politiques gouvernementales qui ont permis aux exportateurs de tirer profit de la dépréciation du baht en mettant en place un plan de remboursement des matières premières qui a allégé les coûts d’importation les plus élevés. . De plus, le faible coût de la main d’œuvre permet à la Thaïlande d’être compétitive dans un marché mondial. 5

D’après The International Trade Center, la Thaïlande est le second producteur de plastique derrière Singapour, au sein de l’ASEAN. Au niveau national, cela représente plus de 3000 entreprises, la sixième place au classement des exportations, soit 11,4 billion de dollars annuels. De plus, ce secteur fait parti des catégories qui ont connu la plus forte croissance à l’exportation durant les huit dernières années, en hausse de 67,2%.6

3. Ron Corben, «Asia’s Booming Plastics Industry Prompts Ocean Pollution Fears», VOA, 22 juin 2017

4. McKinsey & Company and Ocean Conservancy, «Stemming the Tide: Land- based strategies for a plas- tic- free ocean», septembre 2015

5. Paitoon Kraipornsak, The plastic industry of Thailand, Research Gate, 18 no- vembre 2014

6. Daniel Workman, Thailand’s Top 10 Exports, World’s Top Exports, 30 septembre 2017

Il est important d’agir localement afin d’introduire les bons gestes et de faire évoluer les mentalités des consomma- teurs. Cependant, si responsabiliser et sensibiliser les citoyens est indispensable, ne faut-il s’intéresser à la source du problème? Trash Hero prône un discours apolitique mais finalement si des institutions comme celle-ci, regroupant 47 000 membres, ne sont pas celles qui assurent le lien entre les initiatives citoyennes et le système de gouvernance national, qui le fera ?

La question détritique pose nécessairement de la question du «avant». Que c’est-il passé avant que le produit se retrouve à l’état de «déchet». Il est nécessaire d’embrasser le système dans sa globalité : de la conception à son utilisation puis de sa mise au rebut. Alors nous pouvons nous demander, qui génère ces quantités de matières ingérables ? A qui profite l’industrie du plastique en Thaïlande ?

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