• Aucun résultat trouvé

2. Mise en perspective du faciès du site

2.1. Des chefs-lieux de cité

Le site de Dax est bien connu de la littérature archéologique depuis bien des années. Nous ne reviendrons pas sur l’historique des fouilles menées sur la cité mais nous insisterons sur la place centrale qu’occupait le site durant l’Antiquité. Plusieurs facteurs peuvent expliquer pourquoi cette agglomération relativement modeste étendue sur 12 ou 13 hectares (au maximum au Bas-Empire, enserré par la muraille) occupe un rôle important en Aquitaine méridionale.

Tout d’abord, l’implantation du site est idéale : Dax se trouve sur un gué de l’Adour ce qui facilite l’accès à la voie menant à Bordeaux. Le site possède également une vocation thermale, un détachement de la Legio II Augusta a pu stationner un moment mais c’est son titre de chef-lieu de la cité des

Tarbelli qui en fait un site unique.

B. Watier a mené des sondages dans les années 1970 qui ont notammen permis la mise au jour d’un temple de plan romain classique à podium et entouré d’un péribole (Réchin 1997, p. 601). Le mobilier utilisé pour l’élaboration du faciès céramique de cette phase provient d’une fosse dans laquelle se trouvaient plusieurs objets qui pourrait assurer une fonction de dépôt rituel à la structure. Le matériel exhumé (sigillées et numéraire) semble placer la formation du lot à l’époque flavienne avant de constituer la fosse rituelle dans la première moitié du IIe siècle de notre ère (Réchin 1997, p. 602). La part des céramiques tournées fines se situe bien au-dessus de ce que l’on observe habituellement dans la région avec 20, 6 % des individus dont 92 % de sigillées (Réchin 1997, p. 603). Les quantités de sigillées et parois fines retrouvées à Gouts au Ier siècle de notre ère n’atteignent même pas la

moitié des ces proportions (8 % de la vaisselle totale). Rajoutons également que la quasi-totalité de la catégorie (92 %) est représentée par des productions sigillées gauloises (Montans et La Graufesenque) comme c’est le cas à Dax. De plus, les sigillées hispaniques sont totalement absentes bien que les quantités relatives de ce produit soient minimes à Dax (près de 4 % des individus en sigillée).

Les céramiques communes tournées (20 %) sont toujours dominées par les productions à pâte grise (presqu’un tiers de la catégorie) dont les formes sont visiblement héritées des traditions celtique du Second Âge du Fer. Les pâtes claires font timidement leur apparition puisque les proportions de A3.1 sont encore très réduites (7 %). A Gouts en revanche les quantités de c.c.t. sont plus importantes puisqu’elles approchent 50 % de la vaisselle totale. Toutefois, la tendance dégagée à Dax s’observe ici : les pâtes grises s’apparentent à plus de 82 % de la vaisselle commune de table contre 8 % de pâte claire.

Les c.n.t. priment largement avec plus de 55 % du vaisselier total alors qu’à Gouts, seules trois sous- catégories de vases non tournés s’apparentent à « seulement » 42 %.

F. Réchin estime que la diversité des formes au sein de la vaisselle fine de table dans un milieu urbain favorisé comme celui de Dax est tout à fait habituel (Réchin 1997, p. 603). Dans ce cas, la présence d’assiettes Dr. 15/17 et Dr. 18 et de coupelles VeA1, Ri8b et Dr. 29b en nombre important (respectivement un tiers de la catégorie et 41, 7 %) nous incite à considérer que le niveau de vie des

habitants de Gouts n’était pas si modeste. Cette hypothèse est confortée par la gamme typologique diversifiée présente tant au sein des c.c.t. que des c.n.t. dont l’éventail de sous-catégories implique une large variété de fonctions assumées par ces vases.

2.1.2. Saint-Bertrand-de-Comminges (Haute-Garonne)

La présence de ce site en Aquitaine méridionale est intéressante à plusieurs titres. Tout d’abord, il existe une abondante documentation archéologique puisque un temple, un forum, un théâtre, un amphithéâtre, des thermes, un marché, une domus et une basilique paléochrétienne ont été dégagés (au moins en partie). Fort de ces sources architecturales, le site a également livré près de 400 inscriptions épigraphiques. Cette agglomération a joué un rôle décisif dans la diffusion des « modèles romains de civilisation » puisque Strabon (Strabon, Géographie, IV, 2, 2) et Ptolémée (Ptolémée, Guide géographique, II, 7, 13) nous révèlent que la cité s’est vue octroyer le droit latin à l’époque augustéenne et le titre de colonie au milieu du IIe siècle. Enfin, n’oublions pas son rôle de chef-lieu

de la cité des Convènes.

A la fin des années 1980, un sondage a été ouvert contre le mur ouest de l’enceinte du marché et à l’intérieur du cardo qui longe le monument. La tranchée de fondation de l’enceinte a livré du mobilier céramique très intéressant typologiquement et chronologiquement. Ce lot céramique a livré un ensemble de 762 tessons et 99 individus qui ont permis de dater la fondation de l’enceinte de la fin du Ier siècle – début du IIe siècle de notre ère.

Les productions de céramique tournée fine ne sont guère élevées à cette période (8 %) ce qui contraste avec la période augustéenne où le taux de sigillées et de parois fines avoisinait les 21 % (Réchin 1994, p. 69). La disparition des parois fines semble être un phénomène attesté dans la région à cette période. Les niveaux évoqués supra sont tout à fait comparables à ce que l’on rencontre à Gouts à la fin du Ier

siècle après J.-C. puisque l’on approche des 6, 5 %.

Sur le site de Saint-Bertrand-de-Comminges, les c.c.t. priment sur le vaisselier non tourné. Les pourcentages sont équivoques : plus de 60 % des céramiques communes ont été fabriqués au tour. Ce phénomène est observable à la fin du Ier siècle de notre ère à Gouts (près de 50 % contre 45 % de

c.n.t.), mais encore plus au IIe siècle puisque c’est en tout et pour tout plus de 81 % du vaisselier qui

est tourné !

De plus, il apparaît qu’à la période concernée sur le site du chef-lieu les productions à pâte claire prennent le dessus sur les produits à pâte grise au sein du vaisselier des céramiques communes tournées, comme c’est le cas dans le reste de la région. Si à la fin du Ier siècle après J.-C. à Gouts les

produits A1 constituent encore 38 % de la vaisselle (contre 4 % à Saint-Bertrand-de-Comminges), la tendance s’inverse complètement au IIe siècle puisqu’à cette période les pâtes claires représentent 98

D’un point de vue fonctionnel, on observe quasiment les mêmes quantités de formes fermées relatives aux pots et aux cruches et pichets sur les deux sites : 62, 5 % à Saint-Bertrand contre 68 % à Gouts pour les premiers ; 4 % contre 4, 5 % pour les seconds.