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CHAPITRE PREMIER

Dans le document L'Epître de saint Paul aux Romains (Page 24-57)

(1) Paul, serviteur du Christ Jésus, apôtre par vocation (de Dieu), mis à pari pour (1) Paul est inconnu de l'Eglise de Rome. Il se présente à elle au double titre de

cc serviteur du Christ Jésus)) 1 et d'cc apôtre)). Dans ses adresses, Paul s'est qualifié de serviteur une seule fois, écrivant aux Philippiens, et là précisément il ne revendique pas son titre d'apôtre, qu'il souligne au contraire si fortement, et non sans quelque impatience, quand il écrit aux Galates dont il a à se plaindre. Le premier de ces titres évoque l'humi-lité, le second l'autorité. S'adressant à des gens qu'il ne connaît pas, il y aurait une pointe d'arrogance à n'invoquer que le second, mais cela serait une concession fâcheuse à l'hahileté de ne donner que le premier 2.

Dans les autres épîtres, Paul se dit apôtre « par la volonté de Dieu ». Il exprime la même idée en se disant ici « appelé à être apôtre n, apôtre par vocation. Il exerce un man-dat qu'il a reçu et dont il tire la justification de ses activités missionnaires et l'autorité qu'il revendique pour les exercer 3.

En disant qu'il a été « mis à part pour l'Evangile )), Paul précise le caractère parti-culier de sa vocation apostolique. En efTet, Gal. 1. 15, 16, avec les mêmes termes, montre que la vocation apostolique de Paul se confond avec sa mission à l'égard des païens.

« Mis à part pour l"Evangile » évoque donc certainement la tâche propre de Paul comme apôtre des gentils, cette mission pour l'accomplissement de laquelle il a renoncé à tout, et qu'il veut maintenant poursuivre jusqu'à son achèvement en portant son activité missionnaire jusqu'en Espagne 4. Toute l'épître est placée, dès l'abord, dans la pers-pective de la publication de l'Evangile aux païens et de l'accès des païens à la connais-sance du Messie Jésus.

L'expression « l'Evangile de Dieu )) 5 indique que la prédication dont l'apôtre a été chargé a pour auteur dernier Dieu lui-même, qui met à part ses hérauts et leur donne leur message. Ce message n'est pas seulement une parole d'homme, mais une Parole de Dieu, une action dans laquelle Dieu est présent et actif, un événement dans lequel

s'ac-1 Les mots sont ainsi disposés dans B. PlO. Orig., etc. Paul a plusieurs fois renversé l'ordre primitif, Christ devenant un nom propre (Rom. 8. 34; 2 Cor. 4. 5; Col. 2. 6). XpICTT6s signifiait déjà "le Messie D.

2 Tout chrétien est" serviteur du Christ» (1 Cor. 7. 23; Eph. 6. 6), mais le mot est pris ici en un sens fort; cf. Phil. 2. 22: il s'agit ici d'être serviteur de la Parole; les prophètes l'étaient déjà, mais éga-lement tout croyant (v. LIETZMANN, ad 1. 1).

3 Dans la pensée juive, l'apôtre (IJ~) est un délégué qui jouit de l'autorité que lui donne son man-dant; il le représente juridiquement. On appelait ainsi non seulement les envoyés représentant l'autorité ecclésiastique, mais les hommes qui avaient exercé une charge particulièrement importante de la part de Dieu (prêtrise ou autre; par ex. Moïse, Elie, etc.). L'apostolat chrétien, qui remonte à Jésus lui-même très probablement, a conservé les mêmes caractères: l'apôtre représente celui qui l'envoie. Sur la ques-tion, cf. STRACK-BILLERBECK, III, p. 2 s; RENGSTORF, ThWbNT, l, p. 406 s.

4 «Vocation» et «mise à part» rapprochent l'apôtre des prophètes. Paul a eu certainement cons-cience d'être, entre les mains de Dieu, l'instrument de la réalisation de son plan de salut. C'est le point Stlr lequel insiste, non sans quelque exagération, mais avec une grande force, JOH. MUNcK, Paulus und die Heilsgeschichie, 1954, pour nous délivrer des interprétations psychologisantes de l'apostolat paulinien.

• Comp. Rom. 15. 16; 2 Cor. 11. 7; 1 Th. 2. 2; 8. 9 (Mc. 1. 14; 1 Pi. 4.17).

*

annoncer l'Evangile de Dieu, (2) que Dieu a fail proclamer à l'avance par ses prophètes dans les Ecritures saintes (3) et dont l'objet est son Fils, issu de la lignée de David si l'on considère la nature humaine, (4) établi dès sa résurrection des morts Fils de Dieu en [pos-session de la] puissance si l'on considère l'Esprit saint, Jésus-Christ notre Seigneur, tualise sa pensée et par lequel elle s'insère dans l'histoire humaine. Dieu est le sujet de l'Evangile apostolique, c'est lui (i. e. le Saint-Esprit, ou le Christ lui-même) qui parle 1.

(2) En parlant de l'Evangile de Dieu, Paul rattache déjà la prédication de Jésus-Christ au dessein de Dieu dont les prophètes ont été les premiers annonciateurs. Il n'y a qu'un Dieu, qui parle différemment selon la diversité des temps; mais il dit toujours la même chose, car il est véridique; et il poursuit toujours la même œuvre, car il est fidèle. Sa véracité et sa fidélité aboutissent dans le Christ Jésus, le « oui )) des promesses, l'Amen conclusif (2 Cor. 1. 20; Ap. 3. 14); en lui, tout ce que Dieu a dit est vérifié et confirmé. En un sens, il n'y a pas de nouveauté dans l'Evangile, et toute l'épître le mon-trera: des promesses qui paraissaient réservées à quelques-uns, aux réalités qui les accomplissent pour tous, nulle solution de continuité. La conclusion que le Christ Jésus donne aux discours prophétiques les éclaire en montrant où ils tendaient. La fin rend compte des moyens termes. L'ensemble des Ecritures saintes s'ordonne et se hiérarchise.

Ce qui fut la Parole de Dieu pour le peuple élu demeure, pour les auditeurs de l'Evangile, la parole prophétique qui annonçait le Christ Jésus. L'Eglise des gentils hérite du trésor le plus précieux d'Israël, la promesse.

(3 s) Rien ne dit mieux la continuité du dessein de Dieu et de son Eglise, que l'en-racinement historique de l'Evangile. Car l'Evangile proclame essentiellement la bonne nouvelle de l'accomplissement du dessein de Dieu au sein même du peuple de la promesse.

L'Evangile n'est point rupture, mais achèvement. Le Fils de Dieu est d'abord Fils de David.

Pour exprimer sa conviction là-dessus, Paul semble bien employer une formule traditionnelle, une confession de foi probablement d'origine palestinienne, comme l'in-dique la préoccupation de rattacher le Messie à la race de David et sa parenté avec la prédication de Pierre telle que la rapporte Act. 2. 22-36 (cf. 3. 13-15; 4. 10-12) 2. Pour l'apôtre lui-même, le Fils de Dieu préexistait à sa naissance, mais celle-ci a présenté le caractère d'un événement historique, et sans doute naturel, car nulle allusion n'est faite à une naissance miraculeuse (pas davantage ici qu'en Phil. 2 ou en Gal. 4. 4) 3.

L'origine davidique du Messie était un postulat de la foi 4 : il faut chercher ici une affir-mation théologique: David, c'est toute l'histoire d'Israël et l'espérance de la voir trouver

un jour son couronnement glorieux.

1 Cf. Mat. 10. 20; Luc 10. 16; 2 Cor. 5. 20.

• Sous la plume de Paul, « chair p opposé à « esprit. a toujours un sens péjoratif. La formule. selon l'esprit de sainteté. est étrangère à l'apôtre; il aurait écrit: «selon l'Esprit saint >. On s'étonne de ne trouver aucune allusion à la croix. La juxtaposition de son « fils » et «fils de Dieu» montre que Paul utilise une formule donnée. La christologie de cette confession de foi paraît bien distinguer deux conditions d'existence successives, séparée par la résurrection qui inaugure la vie glorieuse. Cette christologie rappelle à certains points de vue celle de Phil. 2. 5-11, mais ne peut lui être assimilée; une interprétation adoptianiste n'en est pas exclue (Michel). Sur la question, cf. C. H. DODD, Apostolic Preaching, 1936, p. 14; du même: The Epistle 01 Paul to the Romans, 1932, p. 4; R. BULTMANN, Theologie des Neuen Testaments, 1948, p. 50; O. MICHEL, p. 30-31; En. SCHWEIZER, Erniedrigung und ErhOhung bei Jesus und seinen Nachlolgern, 1955, p. 55-56.

• Au lieu de yevoiJEyov, on Ut dans 5161.441 et les man. latins, yevvwiJEyov (natus). Vulgo : qui faelus est ci.

, Cf. PS. Salo 17. 21. L'expression « fils de David. ne se rencontre que là dans la période antérieure au christianisme, mais elle était devenue d'usage courant déjà chez les contemporains de Jésus; les rabbins s'en serviront souvent (v. Sanh. 97-98). Cf. STRACK-BILLERBECK l, p. 11, 525. E. LOHMEYER,

Gotlesknecht und Davidssohn, éd., 1953, p. 64 s.

Aux conditions d'existence du Fils de Dieu comme fils de David, succèdent et s'opposent les conditions d'existence dans lesquelles l'introduit la résurrection. Il est

c( établi Fils de Dieu en puissance» 1. Paul a interprété la formule comme relative à la glorification qui suivit l'abaissement, selon le schéma de Phil. 2. Sans doute, la glorifi-cation du Fils est un acte de puissance; on peut donc comprendre: cc établi avec puis-sance Fils de Dieu» (Godet). Mais l'antithèse porte sur les caractères qu'ont présentés les conditions du Fils de Dieu; l'infirmité de sa chair a fait place à la puissance de son Esprit. La résurrection a inauguré pour lui d'abord, pour les croyants ensuite, une ère nouvelle: le Christ a été établi « Fils de Dieu - en puissance» du fait que, par sa résur-rection, il a inauguré les temps prophétisés, où l'Esprit devait être répandu 2. Les temps sont venus, où Dieu établit une communion personnelle avec les croyants; c'est le Fils qui réalise cette œuvre, manifestant par là que la puissance de Dieu est active en lui pour instaurer l'ère nouvelle qu'il avait promise. Car le Fils est à la fois le porteur et le dis-pensateur de l'Esprit 3. On ne peut donc pas restreindre l'expression c( selon l'Esprit de sainteté » à n'indiquer que c( l'action déployée en Christ par l'Esprit saint durant son existence terrestre» (Godet). La pensée de Paul se porte déjà sur le ministère post-résurrectionnel du Christ « établi Fils-de-Dieu-en-puissance»; désormais l'Esprit saint, qui est aussi son Esprit, agit avec puissance 4.

La résurrection du Christ est-elle la cause de l'exaltation du Christ, ou la manifeste-t-elle ?

peut soutenir les deux significations: en vertu de ... ou depuis. L'ambiguïté est, dans le texte, encore accentuée par l'absence d'article 5.

Il est probable que la confession de foi que vient de citer l'apôtre était connue de ses lecteurs de Rome. La précision des termes lui importait moins que l'espoir de rencontrer ses lecteurs encore inconnus, dans une même proclamation de la foi qu'il avait en commun avec eux 6. Cette foi aboutit à la confession du Christ comme Seigneur,

l 'Op{3EtV : limiter, définir; d'où déterminer, constituer, établir (en fait ou en paroles), ce qui aboutit à déclarer, manifester. Les commentateurs grecs ont adopté ce dernier sens. Le parallélisme avec YEVOlJEvov recommande de voir dans 6plOBw-ros le second moment de la carrière du Fils, et non une allusion à la prédestination divine dont il aurait été l'objet (Vulg. : praedestina/us).

2 La relation entre l'Esprit et le , siècle à venir " inauguré par la résurrection, est attestée Ez. 37. 14;

Joël 3. 1-2. - Pour le judaïsme, cf. W. BOUSSET, Die Religion des Judentums, 1926 (3e éd.), p.394 et passim. P. VOLZ, Die Escha/alogie der jfldischen Gemeinde, 1934 (2· éd.), p. 392. W. D. DAVIEs, Paul and rabbinic Judaïsm, 1948, p. 216. STRACK-BILLERBECK, III, p. 192. 134,615; IV, p. 882, 915 s.

3 Gal. 4. 6; cf. Act. 2. 33. Paul dit indifIéremment • Esprit de Dieu» et • Esprit de Christ >. On sait que la notion de "Puissance. est étroitement solidaire de la notion d'Esprit (Luc 24. 48; Act. 1. 8;

1 Th. 1. 5; 1 Cor. 2. 1-5; Rom. 15. 19; 2 Ti. 1. 7). Il faut lire notre verset à la lumière de l'antithèse , faiblesse: puissance» (cf. 1 Cor. 6. 4; 2 Cor. 13. 4; 1 Cor. 1. 24). Remarquer que les textes indiqués présentent les trois comlJinaisons possilJles: "esprit et puissance»; «puissance de l'esprit J; «esprit de puissance ù. Cf. v.'. GHUNDMANN, Der Begrifl der Kraft in der neuteslamentlichen Gedankenwell, 1932, et Th 'trbNT, II, p. 311-318.

• On ne doit pas subtiliser sur l'expression. Esprit de sainteté J (cf. Test. Lév. 18. 7). C'est raffiner que penser, avec Lagrange. qu'il s'agit u d'un esprit très spécialement saint, qui n'est pas J'Esprit saint >.

nVEV>lCl àytwenivr)s est" la réplique exacte> d'Esprit saint (Es. G3. 10; Ps. 51. 13), v. O. PROCKSCH, ThWbNT, L p. 116. Voir les sages remarques de W. SANDAY et A. C. HEADLAlII, The Epislle /0 the Romans, 1930 (50 éd.), p. 9.

6 Tandis que Godet considérait le sens temporel comme abandonné, c'est celui que retiennent, par ex., Lietzmann (sei!) ou J. SICKENBERGER, Die Briefe des lIeiligen Paulus an die Karin/lier und Romer, 1932 (4e éd.), p. 178. L'ambiguïté du texte est sauvegardée par la traduction: «en suite de ...• (A. TRICOT, in Bible Crampon; S. LYONNET, in Bible de Jérusalem). O. Michel adopte le sens causal: auf Grund der Auferslehung. Gaugler, plus explicite encore, complète: aus (der Kraft der) Aulerstehung.

• L'énoncé en est «préthéologique " comme dit DODD, Romans, p. 5. Paul utilise vraisemblable-ment des formulations courantes dans la chrétienté, ce qui expliquerait le caractère des expressions qu'il emploie ici, lesquelles ne lui sont pas familières, de même que celui des idées christologiques, les-quelles ne s'accordent pas bien aux exposés christologiques de l'apôtre. On évoquerait plutôt les données de Act. 2. 22-34.

(5) par qui nous avons reçu la grâce de l'apostolat, pour conduire en son nom à l'obéissance de la loi tous les païens, (6) au nombre desquels vous êtes, vous aussi, vous, les élus de Jésus-Christ. (7) A vous tous, bien-aimés de Dieu habitant Rome, qui êtes saints par vocation (de Dieu), à vous soient données grâce et paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ.

et c'est à la souveraineté du Christ que Paul rattache la mention de son apostolat, sur lequel il tient à donner des précisions que le v. 1 n'avait pu qu'évoquer 1.

(5) C'est par le Seigneur lui-même que Paul a été appelé à l'apostolat. Or le nom de Seigneur (!<VplOS") évoque celui devant lequel toute créature doit fléchir le genou (Phil. 2. Hl, Il). Le Messie Jésus, rattaché par sa naissance naturelle au seul peuple d'Israël, est devenu le Seigneur de tous les hommes. L'apostolat qu'il a institué les concerne donc tous. Il y a continuité de l'Israël restreint à l'Israël universel. L'extension de la prédication de l'Èvangile à tous les hommes a son fondement dans l'élévation du Messie Jésus au rang de !<VpIOS" 2.

En ce qui concerne Paul personnellement, l'appel de celui qui persécutait les pre-miers croyants constituait une grâce insigne; les notions de grâce et d'apostolat étaient, dans l'esprit de Paul, étroitement solidaires (1 Cor. 3.10; 15. 10; Gal. 2. 9; par ex. aussi Rom. 12. ;-;; 15. 15). Mais si l'apostolat fut, pour Paul, l'effet d'une grâce particulière, on sait que la grâce première qui fit de lui l'esclave du Christ qu'il persécutait se confondit avec l'appel à l'apostolat. Conversion et vocation furent un seul événement (Gal.

1. 15-16) 3.

L'apostolat auquel Paul a été appelé a pour but d'amener à « l'obéissance de la foi»

(cf. 16.26). L'expression n'est pas explicite; elle peut désigner l'obéissance du croyant à l'égard de ce qui est le contenu de la foi objective qui lui est prêchée; ou bien l'obéissance du croyant, que l'on appelle la foi; ou encore l'obéissance qui aboutit à la foi. La question de la foi sera reprise au ch. IV; on y verra que la foi est toujours une obéissance, un acte de soumission intérieure à l'égard d'une parole qui est essentiellement une promesse, pour admettre comme véridiques la parole ou la personne qui parle et qui annonce ce qu'elle va faire. La foi s'adresse à un Dieu qui intervient pour ouvrir des possibilités nouvelles; elle retient une parole qui est une action; elle s'attachc à la ( bonne nouvelle»

qui est toujours l'essence dernière de ce que Dieu dit. La foi n'a point pour objet une proposition abstraite, une vérité statique. Elle a pour objet une personne et la parole qui la rend présente et agissante. Dans la foi, par conséquent, l'aspect objectif et l'aspect subjectif sont conjoints et inséparables; les isoler l'un de l'autre c'est les dénaturer; il n'y a « foi» que dans une rencontre, dans une relation qui intéresse en même temps Dieu qui parle et l'homme qui écoute, Dieu qui offre et l'homme qui reçoit, celui qui fait la pro-messe par la prédication de la Bonne Nouvelle, et celui à qui la promesse est faite.

L'expression que Paul emploie définit admirablement le but que poursuit l'apostolat chrétien: ramener les hommes dans l'obéissance, puisque leur condition actuelle est

1 Le l'. BOIS!>IARD, RB, 1953, fail un intéressant rapprochement de notre verset avec Actes 13. 23-39 et Hbr. 1. 5, et insiste pour qu'on ne situe pas la pensée de ce verset sur le plan des essences ou des natures; Paul a pu dire que le Fils était constitué Fils de Dieu, "en prenant cette expression dans un sens surtout fonctionnel, messianique n (p. 17).

2 Le pluriel" nous avons reçu» est probablement affaire de style. Paul se désigne lui-mème, mais indirectement, modestement. Le grec populaire et la diatribe passaient facilement du sing. au plur.

Cf. K. DIECK, Der schrijtslellerische Plural bei Paulus, 1900, et VON DOBSCHÜTZ ad 1 Th. 1. 3. Voir, chez Paul, 2 Cor. 1. 12-13; 1 Cor. 9. 11,12; Hom. 3. 8.

a Les mots: fi . . . par lequel nous avons reçu grâce et apostolat» peuvent s'entendre aussi bien de la gr:îce et de l'apostolat, que de la grâce de l'apostolat. Chez Paul, la conversion étant inséparable de la vocation, on doit articuler étroitement les deux termes l'un à l'autre.

essentiellement sous le signe de la désobéissance (5. 19); et l'obéissance à laquelle les hommes sont ramenés, ce n'est point l'effort stérile de l'esclave qui ne peut briser ses chaînes, c'est la participation gratuite à l'action libératrice de Dieu en Christ. c'est la communion avec celui qui incarna l'obéissance, c'est cette foi qui reçoit la promesse d'obéissance manifestée en Christ. Sans être proprement polémique, l'expression souligne bien ce qui oppose l'obéissance de la foi à l'obéissance que l'homme voudrait atteindre par soi-même, füt-ce sur la base de la Loi mosaïque.

Ainsi est préparée la mention du champ missionnaire auquel l'apostolat pauli-nien doit se consacrer. L'apostolat de Paul déborde les frontières délimitées par la connaissance de Moïse. Il s'étend à tous les peuples (cf. Gal. 1. 16; 2. 7, 9). II étend à tous les peuples la connaissance du nom du Dieu d'Israël. II accomplit la mission qui fut celle d'Israël lui-même, d'être le ministre de la révélation du nom - c'est-à-dire de la personne - de Dieu à toutes les nations.

(6) Les destinataires de la lettre sont eux-mêmes la preuve de l'extension et de l'efficacité de la grâce de l'apostolat. L'existence de leur communauté confirme que le nom du Christ rassemhle des croyants de toutes les nations. « Vous aussi vous êtes issus de ces peuples. 1 ))

(7) La longue salutation aboutit ainsi à son second membre, en nommant les destinataires (v. 7 se rattache à v. 1 : Paul... à tous ceux qui. .. ). Les chrétiens de Rome 2

sont l'objet de l'amour de Dieu; ils le sont en tant que croyants, et leur amour pour Dieu fait écho à cet amour qui les a atteints. Ils sont « saints)) non d'une sainteté acquise par leur conduite irréprochable, mais parce que la vocation de Dieu (cf. 1 Cor. 1. 2) les met à part pour qu'ils rayonnent dans le monde (cf. Gal. 1. 4; Phil. 2. 15; :Mat. 5. 14-16).

La sainteté consiste à être retiré des choses profanes et consacré à Dieu (Lév. 11. 44;

19. 2). Dieu se choisit un peuple, qui est saint pour cette raison et en fonction de cette destination. Le nouvel Israël est, comme l'ancien KÀT]TT) àyla, une assemblée convoquée en « peuple saint)) 3.

Ainsi, la vocation issue de l'amour de Dieu a fait de ces païens des « saints)), les agrégeant à une alliance à laquelle ils étaient primitivement étrangers. On est surpris de ne pas trouver dans cette adresse le mot Eglise (ËKKÀT]CJla) 4; mais les expressions employées par l'apôtre sont assez fortes pour en imposer l'idée.

Les Grecs saluaient en disant XaipE (salut! joie à toi 1), les Juifs en disant c;~~

(paix 1). Paul semble faire un jeu de mots pour constituer avec ces deux termes un couple, qui se retrouve dans toutes ses salutations 5. La bienveillance de Dieu est la source de la paix, parce que c'est elle qui, en Jésus-Christ, rétablit l'ordre en instaurant une nou-velle économie dans les relations entre l'homme et Dieu 6. Le couple « grâce et paix)}

évoque à la fois la source et la réalité de l'ordre nouveau qui se réalise dans la vie de la

l On peut aussi comprendre: vous vivez au milieu d'eux, dans cette Rome qui est le carrefour des peuples.

2 La mention de Rome manque dans quelques témoins, dont G, 0rig.; de même qu'au v. 15. Zahn (p. 51) la tient pour postérieure.

2 La mention de Rome manque dans quelques témoins, dont G, 0rig.; de même qu'au v. 15. Zahn (p. 51) la tient pour postérieure.

Dans le document L&#039;Epître de saint Paul aux Romains (Page 24-57)

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