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CHAP ITRE XII

Dans le document L'Epître de saint Paul aux Romains (Page 172-200)

(1) Je vous exhorte donc, frères, au nom de la miséricorde de Dieu, à offrir vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu. Voilà ce que serait, de votre part, un culte spirituel.

Une nouvelle fois, la matière et le style de la lettre changent. En outre, plus de développement systématique étendu, mais des thèmes divers, qui se succèdent sans que leur unité soit très aisée à saisir. L'exhortation enfin se substitue à l'enseignement dog-matique. Néanmoins, ces chapitres se rattachent étroitement aux précédents. La ques·

tion se posait de savoir comment concevoir désormais la fonction éthique que la loi exerçait en Israël, dans la perspective nouvelle que l'apôtre avait ouverte devant ses lecteurs? Si la jeune Eglise doit se rattacher au vieux tronc, est-ce pour retrouver encore la loi, sinon comme occasion de mérites, du moins dans ses prescriptions pratiques?

Qu'est-ce que la nouvelle « justice» dont les croyants sont maintenant les esclaves (v. 6. 11-23; 7.4; 8. 13) ? Comment l'Eglise vit-elle concrètement la justification par la foi?

Le caractère non systématique de ces dernières pages comporte un enseignement.

Paul n'a point écrit là un petit traité d'éthique. Jugea-t-il impossible de le faire, ou simplement inopportun? En tout cas, il a trouvé suffisant de ne pas s'avancer jusque-là.

L'éthique qui découle de sa théologie de la grâce conserve ainsi une spontanéité qui la préserve de tout légalisme. On va se rendre compte que cet avantage pédagogique trouve sa raison dans la façon même dont l'apôtre envisage la signification de l'obéissance chrétienne.

Trois thèmes seront abordés: les relations des chrétiens entre eux; leurs relations avec les gens du dehors; enfin un aspect particulier des problèmes des relations entre chrétiens, qui concerne leurs différentes traditions.

(1) Avant tout, Paul pose le fondement. Il dit ce que doit être pratiquement le chrétien dans sa conduite, en lui rappelant ce qu'il est dans sa foi. Un mot s'impose dès l'abord; il fait à lui seul le pont avec ce qui précède, il évoque tout ce qui a été dit et fonde tout ce qui va être dit: 01 Oh<TIPlloi TOÜ &oü. La miséricorde divine était à l'œuvre dans l'élection: elle a donné son sens à l'histoire d'Israël; elle a fait aboutir cette histoire en Christ Jésus; elle associe les croyants à son sacrifice et à sa victoire. La misé-ricorde de Dieu a fait de chacun de ceux qui lisent la lettre de l'apôtre ce qu'il est. Paul s'appuie sur ce fait premier et décisif de la miséricorde divine, pour exhorter ses lecteurs à regarder ce que celle-ci comporte pour eux 1.

1 Le pluriel ohmplJo( provient de l'hébreu C"~",.

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L'importance fondamentale de la miséricorde dans l'économie nouvelle a fait douter que le judaïsme fût autre chose qu'une religion de la stricte rétri-bution. W. BOUSSET, Rel. d. Jud., p. 382, proteste contre le tort qu'on fait au judaïsme en le jugeant à la lumière de la polémique paulinienne ou évangélique. n demeure vrai, toutefois, que la miséricorde, souvent évoquée par les Juifs, consistait principalement à tempérer la justice, plutôt qu'à la sunnonter.

Jamais la miséricorde, reconnaît BOUSSET, ibid., p. 386, n'a constitué le fondement de la foi juive.

(2) Ne vous modelez pas sur le monde présent, mais laissez-vous transformer grâce au renou-vellement de votre esprit, de manière à pouvoir discerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui

Or la miséricorde divine éclate pleinement dans le sacrifice de la croix, auquel chaque croyant est associé par la foi et le baptême. En 6. 11, Paul avait déjà posé une pierre d'attente; il revient à cette même pensée. Le Christ est victime sacrificielle en faveur, et à la place du pécheur, afin de l'entraîner dans cette mort, en sorte qu'il ne vive plus pour lui-même (2 Cor. 5. 15). Le verbe "TTaplOTérval nous ramène également aux idées exposées au chap. 6; Paul en avait usé pour indiquer comment le croyant met son corps et ses membres au service de la justice (6. 12-23). Le mot, qui signifie offrir, présenter, mettre à la disposition, se trouve ici en relation avec l'idée de sacrifice et, de ce fait, il évoque la consécration de l'offrande sur l'autel: l'offrande consacrée n'appartient plus à qui l'a présentée, il n'en dispose plus 1. C'est donc une image audacieuse et très forte que l'apôtre dresse ici: le croyant sacrifie sur l'autel son propre corps; cet autel, c'est la croix! Le corps (crwlla) c'est la réalité de l'existence, c'est la personne concrète. Aucune offrande intérieure, qui ne se manifeste; l'intériorité pure serait, pour l'apôtre, une contradiction et une fuite.

Pourquoi Paul dit-il que l'offrande en question est vivante, sainte et agréable à Dieu? On a peine à penser que ces expressions soient sans rapport avec les prescriptions établissant que l'offrande animale offerte à Jahvé devait être, pour lui plaire, à la fois vivante et indemne de toute contamination des objets impurs. Néanmoins on voit mal comment ces exigences seraient valables pour « le corps», qui doit être mis à mort parce qu'il est contaminé par la pensée de la chair et frappé de la mort salaire du péché.

Paul doit donc plutôt appliquer ces qualifications antiques à l'offrande déjà sacrifiée et abandonnée au domaine de Dieu. Il s'agit là, non de la condition, mais des effets du sacrifice. La mort avec Christ ouvre l'accès à une vie nouvelle (8. 13) : l'Esprit envahit l'offrande comme le feu autrefois la consumait sur l'autel; il lui donne une vie nouvelle et la sanctifie. Comme le parfum de l'holocauste est agréable à Dieu (Ex. 29. 18;

Lév. 1. 9, 13, etc.), de même encore l'offrande du ( corps» vivifiée et sanctifiée par l'Esprit saint. Les chapitres 6 et 8 sont la source de ce que Paul dit ici avec l'image du sacrifice.

C'est encore à cet ordre de pensées que l'on rapportera l'expression qui termine la phrase. Le sacrifice est un élément du cuile (ÀCXTpela), du service que Dieu attend des fidèles 2. L'offrande du « corps »), de la personne, réunit tous les éléments essentiels du culte-service que réclame le Dieu miséricordieux en Jésus-Christ.

Cette conformité de l'offrande du « corps» avec l'exigence fondamentale de la misé-ricorde divine rend très plausible l'explication que beaucoup d'auteurs ont donnée de

ÀOYIK6ç: qui est conforme à la nature de Dieu et de l'homme (Lagrange) 3. Mais il est difficile de ne pas accorder une attention particulière à l'emploi de ÀOY1K6ç dans plusieurs textes du judaïsme hellénistique et de l'hermétisme; ce terme qualifie, dans cette

litté-1 naplC7Tavcn Svalav est une expression technique du sacrifice (cf. références dans Lietzmann et Michel).

• TI est utile de rappeler que le culte, au sens liturgique du terme, n'est qu'un aspect particulier du ([ service» que Dieu est en droit d'attendre de ses serviteurs, son point culminant sans doute, mais inséparable de tous les ([ services. qui sont comme la base de ce sommet, lequel n'a aucun fondement réel sans eux. Dans LXX, Àcrrpevw traduit généralement ,:l17 : (travailler, servir), dans l'acception reli-gieuse du mot. Ailleurs ,:l17 est rendu par 2.0VMVeIV. L'idée dominante dans t.crrpela est le service, le travail, l'œuvre accomplie pour Dieu parce qu'il est le maUre qui commande. Toute obéissance est un culte-service.

• Sans employer le tenne a logique " c'est cette idée que retient MICHEL quand il parle d'un sacrifice ou d'un culte confonnes à la révélation ou à la Parole (Onenbarungsgemt'isses Opter, p. 260; dem Worl gemt'isser Gollesdienst, p. 258).

rature, ce qui est intérieur, ce qui concerne l'être profond, par opposition au fonnel, à l'extérieur, au théâtrall . L'expression soulignerait alors que le sacrifice du « corps-personne» engage bien l'être tout entier, peut-être en opposition aux sacrifices anciens qui plaçaient sur les autels les corps des animaux. Le sens philosophique de hOylK6s (conforme au logos, en relation avec lui) se trouvait ici atténué à l'extrême 2; peut-être cependant n'est-il pas étranger à l'apôtre, car les mots hOYU<T) Àcrrpe{a désignent sous sa plume, par un renversement caractéristique, le culte inspiré par l'Esprit saint, qui est la réalité dernière du croyant, à la place du logos dont parlaient les stoïciens comme raison ultime des choses. On voit la richesse et la complexité de cet adjectif. Par cette référence à l'Esprit, comme réalité dernière de l'être du croyant, on peut même rejoindre la signi-fication proposée en premier lieu: le culte est intérieur et véridique parce qu'il est con/orme à l'Esprit; finalement parce qu'il est spirituel, étant l'œuvre même de l'Esprit 3.

La compréhension de hOylK6s dépasse tous les tenues par lesquels on essaye de le traduire.

(2) Le sacrifice est une grâce, il introduit dans une existence renouvelée, parce qu'il abolit les hypothèques anciennes. Après la mort du « corps de péché )) et le silence imposé à « la pensée de la chair )) (6. 6; 8. 6), après « la condamnation du péché dans la chair)) (8. 3), la" pensée de l'Esprit préside à la vie intérieure. L'Esprit donne au croyant une vision toute nouvelle du monde et de soi-même. Le présent cesse d'être dominé par les déterminations du passé, par le poids mort du péché, car une crucifixion double a rompu le charme qui plaçait l'homme sous la loi du monde (Gal. 6. 14); un avenir est ouvert, que Dieu crée par le Christ ressuscité, vainqueur des puissances qui asservissent; le chrétien est, en Christ, une nouvelle créature (2 Cor. 5. 17). Il doit donc agir en fonction, non de ce qu'il était, mais de ce qu'il est appelé à être, non en héritier d'Adam, mais en cohéritier du Christ. Pour lui, la vie et le monde prennent un autre sens, et il en use différemment, parce que la réalité du monde n'est pas à ses yeux dans ce que le monde est aujourd'hui sous la domination des puissances évoquées à différentes reprises (péché, mort, chair, convoitise, etc.). Ce monde-là passe (1 Cor. 7. 31); il n'a pas de consistance;

il joue un rôle, il tient la scène; mais il n'a aucune réalité ontologique. Une fois que l'on sait cela, quelle folie de s'associer à ce jeu de fantoches qui se déroule sur une scène croulante: « Ne vous joignez pas au jeu de ce monde-ci )) 4. En revanche, un monde nouveau a commencé avec la venue du Christ; c'est avec lui qu'il faut compter. Cela implique un renversement des valeurs (cf. Phil. 3. 8), qu'évoque bien l'opposition d'un trésor terrestre à un trésor céleste qu'on trouve dans la bouche de Jésus (Mat. 6. 19-21;

Luc 12. 33-34), ou l'opposition de ce qui est En-haut à ce qui est En-bas (Col. 3. 2).

Paul l'évoque ici d'une façon plus théorique, en parlant de la « métamorphose)) de

}'« intelligence)) par l'effet d'un « renouvellement )). L'intelligence est ici beaucoup plus

1 Cf. Const. Apost. VII, 34, 6, etc.; Test. Levi 3. 6; Philon Spec. Leg. I, 277. Herm. I, 31; XIII, 18, 21 CMÇCX1 ÀOytKàç 6vcrlCX) ... ÀOyIKf}V 6vcrlav). Le judaïsme considérait la prière comme le culte intérieur, distinguant celui-ci du culte où dominait le sacrifice (cf. Sifré Deut. 11. 13, § 41. Cf. STRACK-BILLERBECK, III, p. 26).

• Cf. SÉNÈQUE, Ep. 95. 50; De benef. l, 6. 3.

• Dans 1 Pi. 2. 2, le lait dont le chrétien se nourrit est également appelé ,logique '. Le contexte montre que ce lait est ainsi qualifié en raison de sa fonction à l'égard de la « maison spirituelle " qui offre des, sacrifices spirituels» (v. 5). Sur toute la question, cf. KITTEL, ThWbNT, IV, p. 145-147. Il semble un peu arbitraire de vouloir sauver l'acception. rationaliste. de ÀoytK6s, en admettant que ce terme signi-fie • spirituel. parce que la raison (voiis, v. 2) a été rénovée (cf. L. CERFAUX, La théologie de l'Eglise suivant saint Paul, 1948, p. 114, n. 2); c'est jouer sur les mots. « Culte raisonnable. est, de toute façon, une traduction ambiguë.

• Dans 1 Cor. 7. 31, Paul conclut un développement sur le statut moral du chrétien en disant que l'on doit user de ce monde comme n'en usant pas, parce que ce monde est comme un acteur dont la figure passe sur la scène et disparaît; axÏ\l-la y indique le rôle joué par l'acteur; le mot évoque l'apparence extérieure (cf. HÉRINO, ad loc.). On retrouve ce mot dans notre texte : avaxT]~.l(rrl3e~.

est bon, ce qui [lui] est agréable, ce qui est partait. (3) Au nom de la grâce de Dieu qui m'a été laile, je dis à chacun parmi vous de ne pas s'estimer plus qu'il ne faut, mais d'avoir de soi une opinion modeste, parce que mesurée au degré de toi que Dieu lui a départie.

que la faculté intellectueHe de connaître; voOç embrasse la personnalité sous ses aspects les plus profonds, en quelque sorte la conscience que l'homme prend de sa situation dans le monde 1. La conscience de soi métaphysique et morale sera renouvelée, parce qu'une réalité nouvelle se sera imposée à elle 2. Cette réalité transcendante, c'est Jésus-Christ.

En lui se réalise le dessein de Dieu de rendre les créatures conformes (ovIl1l6pcpovs) à l'image de son Fils (8. 29). En contemplant la gloire de Dieu rayonnant sur sa face, les croyants sont métamorphosés (llETallopcpovllSBa) en son image, c'est-à-dire intérieu-rement formés par l'action de l'Esprit du Seigneur (2 Cor. 3. 18) 3.

Son être intérieur ainsi transformé, le croyant est libre dans son jugement, il n'est plus sous « la loi du péché» (8. 2), il peut décider de son action avec discernement et s'engager comme personne morale. ll.OKlllcXsE1V = discerner exclut tout automatisme, y compris celui de la loi et de la casuistique. Phil. 1. 10 montre que le discernement trouve sa source et son critère dans l'amour de Dieu manifesté en Christ. Le croyant invente une conduite qui est sa réponse à l'agapê divine dans la circonstance donnée. C'est dans ces conditions qu'il peut iaire la volonté de Dieu.

Les trois adjectifs sont-ils des qualifications de la volonté de Dieu, ou des critères de cette volonté en vue de la discerner? L'une et l'autre interprétations sont grammati-calement possibles, mais la seconde convient mieux à l'exhortation. Il faut donc, pour discerner la volonté de Dieu, rechercher « ce qui est bien »; pour le rabbinisme, le « bien » était tel à la fois aux yeux des hommes et aux yeux de Dieu: les bonnes œuvres sont aussi des œuvres utiles aux hommes; le bien, c'est ce qui contribue au bien de l'homme, ce par quoi il est aidé, aimé, servi; 1 Th. 5. 15 le montre clairement 4. {( Ce qui est agréable» est agréable à Dieu (12. 1; Eph. 5. 10) 5. {( Ce qui est parfait)) implique un acte qui ne demeure pas suspendu sans atteindre son objectif; ce sens formel se retrouve dans les évangiles 6. Ces trois adjectifs qualifient donc de trois manières l'action que le croyant doit discerner comme étant la volonté de Dieu: elle est réglée par l'amour de Dieu et l'amour du prochain: elle est bonne - elle est agréable à Dieu, par conséquent elle est accomplie pour lui plaire - elle est achevée, sans partage, sans réticences, ne se bornant pas à des gestes inefficaces et moins encore à des intentions vaines. Ainsi est caractérisée la volonté concrète de Dieu, dans son contenu, dans son intention, dans sa forme.

On est surpris que l'apôtre use de termes si généraux pour servir de critères au discernement de la volonté de Dieu. Il reprend probablement une formule déjà tradi-tionnelle, que le judaïsme et l'hellénisme avaient contribué à forger 7. Mais s'il ne l'a pas

1 Ausdruck far die innere Bestimmlheil des Wesens oder die sittliche Grundhallung ... innere Richlung des Denkens und Wollens ... Beslimmlheit des silllichen Bewusslseins ... BEHM, ThWbNT, IV, p. 956.

• Dans O:vaxa(vw01S, l'idée de nouveauté est avant tout qualitative et métaphysique (Kal\'o.;), acces-soirement chronologique et physique (vÉos signifie de préférence: jeune, frais).

1 A D G lisent ovC1)(T]l.Io:n3Eailat et l.If'TalJ0P1'oiiaeat; ces infinitifs se rattachent à napaxaft.&; mais les impératifs sont à préférer.

, • Seul celui qui est bon à l'égard de Dieu et à l'égard des créatures est un bon juste; celui qui est bon à l'égard de Dieu, mais méchant à l'égard de la créature, celui-là est un juste, qui n'est pas bon ... »

Qid. 40 a. Cf. STRACK-BILLERBECK, IV, p. 536, 559. GRUNDMANN, ThWbNT, I, p. 14. Cf. Luc 23. 50:

O:vt1P àya66s Ka! 2dKatOS.

• Dans ce sens, Rom. 14. 18; 2 Cor. 5. 9; Phil. 4. 18; Col. 3. 20; Hbr. 13.21.

1 Dieu est « parfait» parce que son amour n'est pas arrêté par la méchanceté des hommes, il aime tous les hommes, et totalement (Mat. 5. 48). Le jeune homme est invité, pour être « parfait " à pousser son intention jusqu'au bout, sans partage (Mat. 19. 21).

'Cf. MICHEL, p. 262, n. 6 et 7.

forgée, du moins l'a-t-il adoptée, et il s'en est contenté. Sans doute y percevait-il l'écho de l'enseignement de son Maître: Jésus avait posé le dilemme: « faire bien - faire mal », équivalant à « faire du bien, guérir - faire du mal, tuer» (Mc. 3. 4). Par ailleurs, le refus des hommes de faire le bien, qui est le refus de faire du bien, suscite la douleur et la colère de Jésus, traduisant les sentiments de Dieu devant des cœurs durs, alors qu'il se réjouit quand un cœur se convertit (Luc 15. 7, 9; Mat. 18. 13). La « perfection» est enfin la marque de l'acte du disciple, qui ne fait rien en marchandant (Mat. 5. 48; 19. 21; Luc 9.

57-62). Au terme de ces deux versets, il faut à nouveau souligner le caractère de l'exhor-tation qu'ils introduisent. L'exhorl'exhor-tation repose sur la prédication, l'éthique sur la foi.

Le chrétien est rendu attentif à ce qu'il doit faire, en raison de ce qu'il est déjà au titre de croyant. La prédication lui apprend ce que Dieu a fait pour lui en Christ, ce qu'il est objectivement, par la grâce, ce qu'il est en tant que Dieu a renoué avec lui des relations nouvelles en l'adoptant comme fils en Jésus-Christ, en lui pardonnant et en l'accueillant dans sa présence. L'exhortation s'appuie sur ces actes de Dieu, pour engager le fils adopté à se conduire désormais en fils, afin qu'il soit digne de la grâce qui lui a été faite et bon administrateur des dons qu'il a reçus. L'exhortation n'est donc pas à bien plaire; l'éthique n'est pas un luxe; l'obéissance du chrétien est aussi nécessaire à sa foi, que sa foi à son obéissance. Les impératifs que Paul emploie ici sont de véritables impératifs catégoriques - le terme d'exhortation peut, à ce point de vue, prêter à malentendus. Si nul n'est sauvé par ses œuvres, les œuvres de celui qui est sauvé seront jugées; et s'il ne peut faire son salut par ses œuvres bonnes, le croyant peut le perdre par ses œuvres mauvaises.

(3) Après avoir donné le principe théologique, l'apôtre descend au concret, pour lïllustrer. Le style est quelque peu solennel, et même rythmé; il a quelque chose de liturgique, approprié au sujet. On irait trop loin dans ce sens, en supposant que Paul fait même appel à son autorité apostolique pour donner plus de poids à ce qu'il va dire, car l'expression: « la grâce qui m'a été accordée» est applicable à n'importe quel chrétien, comme le montre le v. 6 (cf. Eph. 4. 7, ou 1 Cor. 1. 4 à propos de la foi). Il s'agit d'indi-quer que, dans la communauté chrétienne, on trouve la première occasion de rendre à Dieu un culte spirituel par le « sacrifice )) dont il a été parlé plus haut.

Les circonstances locales fournissent-elles le thème particulier de ~ette première illustration de l'attitude du chrétien? Partout, on a besoin d'entendre des leçons prati-ques d'humilité, forme essentielle du sacrifice auquel le Christ nous entraîne. Les dons spirituels flattent l'orgueil, on y voit des performances individuelles, on en tire vanité.

Par contre-coup, on humilie ceux qui en sont moins largement bénéficiaires, on abaisse les plus pauvres. Rien de tout ceci n'a sa place parmi des frères. On ne doit pas s'élever et, pour cela, il faut garder la « mesure )). Le mot O"wq>pocrUvr) est emprunté au langage

Par contre-coup, on humilie ceux qui en sont moins largement bénéficiaires, on abaisse les plus pauvres. Rien de tout ceci n'a sa place parmi des frères. On ne doit pas s'élever et, pour cela, il faut garder la « mesure )). Le mot O"wq>pocrUvr) est emprunté au langage

Dans le document L&#039;Epître de saint Paul aux Romains (Page 172-200)

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